Friday, November 25, 2005

Aller vers les enfants.....

C'est l'un de mes leitmotivs. Aller vers chacun de mes élèves, trouver avec chacun d'eux un point de rencontre.

Le truc super, par exemple, au début de l'année, ça a été de travailler sur Elmer, l'éléphant bariolé. Parce qu'entre autres couleurs, il est rose et violet. ROSE et VIOLET!!!! J'avais immédiatement gagné le coeur des minettes de ma classes, qui me montraient chaque jour sur leurs tenues l'élément rose ou violet ou à paillettes ou à défaut la fleur ou le papillon. Même les fillettes très discrètes, voire effacées.

Courant septembre est arrivée une petite fille en provenance d'Allemagne, parlant et comprenant à peine le français (mais ses parents sont francophones donc ça devrait vite se résoudre). Jusqu'aux vacances, j'ai senti la fillette totalement perdue. Plus ou moins avec nous, mais pas toujours. Ne comprenant pas pourquoi je lui demandais de faire telle ou telle chose à ce moment précis, et ne le faisant donc pas, ce qui avait le don d'agacer un peu la sortante d'iufm que je suis, mais juste un peu, surtout parce que je ne savais pas comment agir avec elle.

Et puis il y avait aussi ce petit garçon avec ses terribles larmes silencieuses et son refus de regarder l'adulte et encore plus de lui parler. Au cours des 7 premières semaines, nous avons appris à nous connaître, et sur la fin, il me parlait. Un peu, faut pas charier, mais c'était déjà énorme. Et il esquissait quelques sourires. Et puis il aimait bien travailler, il était toujours partant pour tout, pas débordant d'enthousiasme, mais je sentais par moments qu'il avait vraiment envie. La semaine avant les vacances, il s'est remis à pleurer, de terribles larmes silencieuses, et ce refus de dire pourquoi.

Puis les vacances, puis 3 semaines de stage, puis mon retour.

J'ai changé les modalités de l'accueil, en proposant en particulier un atelier découpage-collage libre. La fillette a adoré, a "produit" (selon l'expression très iufm) différentes oeuvres, et dans la foulée a sauté sur les crayons de couleur, et m'a donné toutes ses feuilles bariolées (très nouveau, jusque là ses rares productions disparaissaient!!) pour que je les accroche au tableau.

Et puis des sourires de satisfaction entre elle et moi, et de plaisir aussi, parce que nous nous sommes enfin trouvées (par le biais de quelque chose de très simple, finalement), et que nous le savons.

Petit garçon reste glacé dans ses larmes, refuse de travailler avec les autres le matin (s'assoit avec eux mais ne fait rien malgré mes propositions), puis s'enferme dans le travail pendant des heures lorsque les autres jouent ailleurs, refuse tous mes ateliers libres, semble trouver insumontable l'idée de s'asseoir parmi ses camarades sur les bancs (je lui propose une chaise, qu'il accepte), ne communique plus du tout, semble à peine s'apercevoir de mes tentatives en ce sens.

Je ne vois jamais que la mère, pour qui il est simplement "fatigué"...... Je sens cette famille si fragile que je n'ose insister..... sur les conseils de mes collègues, je vais me rabattre sur la psy scolaire, personne débordée, pour laquelle ce petit garçon ne sera sans doute pas la priorité.

Il y a des enfants qui nous échappent, et c'est pour eux que c'est le plus dommageable.......

2 comments:

Anonymous said...

merci pour ce trés joli billet

LiliLajeunebergere said...

La jeune divorcée, merci à toi d'être passée sur mon blog ;-)

doublemum, tout n'est pas entre nos mains, malheureusement parfois....