Monday, January 04, 2016

Exerçons nous au terrorisme

Depuis quelques années, les enseignants des écoles sont censés s'exercer et exercer leurs élèves à des exercices de confinement. Pour le cas où une centrale atomique pète (mais il paraît que c'est pas dangereux le nucléaire français pourtant?) ou si un camion plein de produits toxiques se renverse à proximité.

Autant dire qu'aucune des équipes enseignantes des nombreuses écoles où je suis passée ne s'est fait suer à le faire - nous demander de nous fournir en scotch spécial alors que souvent les locaux sont vétustes c'est se moquer du monde.
Tout au plus vérifions-nous qu'il y ait assez de bouteilles d'eau pour tous les enfants.

Cette année, petite nouveauté: il s'agit d'entraîner en plus les enfants à une éventuelle attaque terroriste.
On doit leur apprendre à se cacher et à fuir le plus vite possible, le tout en silence.

Comme c'est anxiogène et inutile!

Anxiogène, c'est évident.
Et inutile parce que s'il y a une chose qu'on a pu réaliser ces 15 dernières années concernant les terroristes, c'est qu'ils sont plein d'imagination et qu'on ne peut prévoir ni où ni quand ni comment ils vont frapper! Alors aucun "entraînement" ne peut nous préparer correctement à ce qui pourrait nous tomber dessus et dont nous ne savons rien.

J'imagine que nous sommes assez tranquilles dans notre école de village, mais on n'est jamais tout à fait à l'abri (pas forcément d'un acte terroriste mais d'un parent qui pète les plombs, ça peut arriver partout et dans cette région de chasseurs il n'est pas difficile de se procurer une arme); ceci dit, je suis sûre que dans ce cas, les adultes réagissent au mieux et que les enfants sentent qu'ils doivent obéir sans discuter.

Heureusement, les instits ne manquent ni d'idées ni de projets pour occuper les journées des élèves autrement que par de vains exercices d'entraînement aux attaques terroristes!

Sunday, January 03, 2016

Nouvelle année...

Je ne sais pas ce qui nous a pris durant ces vacances, mais nous avons avancé dans certains projets qui nous tenaient à cœur (du matériel Montessori pour Libellule, un peu de couture) et nous avons trié, rangé, réorganisé et étiqueté le bazar ambiant et quotidien de notre demeure.

Résultat, plus de lisibilité - c'est le but - plus de visibilité - c'est chouette.

Plus de place pour mieux ranger, ça pourrait presque être un slogan.

Je ne sais pas ce qui m'a pris également concernant ma classe, j'avais commencé à préparer mi-décembre pour la rentrée, et là tout est prêt pour la période, jusqu'à la moindre comptine. J'ai même commencé à regarder ce que j'allais faire à la période suivante.

Pas d'inquiétude, les enfants n'ont pas été oubliés, ils passent toujours avant tout, on leur consacre beaucoup de temps et d'énergie, on ne souhaite qu'une chose: les rendre heureux, ils ont été tellement abîmés par les actes de leurs deux aînés - de ma grande, surtout -dont nous subissons encore aujourd'hui les conséquences.

J'ai conscience que cette envie d'ordre et d'organisation de ce qui peut l'être est très symptomatique, ça me permet de me raccrocher à du sûr, du rassurant, j'imagine qu'on fait souvent ça quand la vie nous secoue, ça nous permet de ne pas tomber.

L'année qui arrive ne sera pas plus sereine que les précédentes. On ne sait absolument pas à quelle sauce nous allons être mangés, ça a un côté angoissant.

Et pourtant ça ne va pas si mal que ça. Je crois que c'est parce que notre couple est solide, et que j'ai un ado et une Libellule extraordinaires. Avec ça, on va au bout du monde.

Même pas peur.

(Enfin, si, un peu peut-être, mais je vais aller ranger un truc et ça ira mieux!)

Saturday, January 02, 2016

Réflexions sur l'art

Hier, Libellule et moi avons regardé une retransmission de spectacles de cirque à la télévision... Première chose, on doit absolument aller en voir un pour de vrai!

Deuxième chose... Libellule prend des cours de cirque depuis la rentrée. Les intervenants sont inquiets pour leur devenir. La ville s'est désengagée de l'aide financière qu'elle apportait au lieu depuis plusieurs années, et le candidat qui a été élu dans notre région s'est clairement positionné contre les trucs de saltimbanques.
Je le cite: «…fermer les formations fantaisistes comme celles des métiers du cirque et des marionnettistes…» et « ouvrir des formations débouchant sur des vrais jobs ».

Comment ça ce ne sont pas de vrais métiers? Comment ça, apporter du rêve et du bonheur aux gens, ce n'est pas un vrai métier?
Ce que font les artistes de cirque est extraordinaire, et à chaque instant on sent le plaisir qu'ils ont à réaliser leurs exploits, qui exigent des années d'entraînement exigeant.
Comment peut-on regarder ça avec mépris?

Le candidat FN, lui, prétendait fermer, s'il était élu, les écoles de beaux arts de la région qui ne suivraient pas la ligne de ce que son parti estimait beau. Foin de recherche créative, d'interrogation, de provocation, du beau et c'est tout.

L'art ne se réduit pas au seul "beau" pourtant...

Il y a quelques mois, nous avons eu la chance de voir, dans le cadre d'un festival, plusieurs spectacles qui se déroulaient... dans des caravanes! Quelle merveilleuse aventure se fut! C'était drôle, poétique, étrange... De quoi regonfler le moral pour des semaines!

Nous avons besoin de ça dans nos vies... de ces artistes qui enchantent le monde, qui nous rendent heureux, qui nous font réfléchir, qui nous dérangent parfois...

Libellule ne va pas à l'école et passe une grande partie de ses journées à inventer des histoires, à nous les faire écrire, à dessiner, et ses activités sont essentiellement artistiques: musique, flûte traversière, danse et cirque.
Il  est fréquent que les enfants qui ne vont pas à l'école se dirigent vers des activités artistiques, ou créatrices.
Je ne dis pas que l'école empêche la créativité (les artistes d'aujourd'hui sont passés par les bancs de l'école dans leur grande majorité) mais qu'elle ne permet pas de la développer, faute de temps.
Et le temps, les enfants nonsco en ont à foison!

Et je me demande du coup si l'être humain n'a pas un besoin vital de créer, quand je vois le plaisir qu'ont mes élèves à se lancer dans les différents projets que je propose (j'ai désormais une classe de maternelle), et quand je vois Libellule et d'autres enfants nonsco de notre entourage s'épanouir dans divers domaines artistiques.



L'art, sous toutes ses formes, est l'une des choses qui font de nous des êtres humains. Ne le réduisons pas à une bagatelle non essentielle. Ne réduisons pas non plus nos vies au seul utile.

Ne laissons pas des hommes politiques nous ôter cela au nom de principes économiques ou idéologiques.