Thursday, December 16, 2010

La petite et la grande

La grande va avoir 12 ans, se désole de devoir porter des lunettes et déteste son appareil dentaire, est enfin "sur les rails" après avoir mal commencé l'année scolaire- c'est difficile, la 6ème... Elle s'étonne qu'on accepte qu'elle aime le gothique (et aimerait s'habiller en gothique mais les finances ne suivent pas pour le moment), on répond qu'on n'a pas à lui indiquer ce qu'elle peut aimer ou non et que tant qu'elle ne nous réclame pas de percing dans le nombril pour le moment, ça va! Elle donne un coup de main à la maison, prend des initiatives inattendues...

La petite a 13 mois, marche, et court même, fait le pitre, joue à "Libellule a dit" (en clair, adore qu'on fasse comme elle), expérimente, imite (on n'est toujours pas remis de la fois où elle est allée chercher l'éponge dans l'évier pour nettoyer la table à l'issue d'un repas!), fait des câlins aux poupées, tente les puzzles, aime les colliers et les sacs...

C'est un grand écart permanent, entre les soucis au collège et les problèmes pour monter sur le canapé, la recherche de vêtements gothiques et les minauderies dans une jolie robe qui tourne... Un grand écart qui m'amuse et me fait constater une fois de plus comme la roue tourne rapidement et combien je n'étais pas à la hauteur pour ma grande.

Il y a quelques jours, Princesse avait besoin d'un jeans, elle voulait une sortie entre filles. On a déambulé dans la ville toutes les trois, Libellule entre nous, nous lâchant souvent les mains pour courir dans une autre direction en riant! Princesse a trouvé un jeans et un livre à offrir à sa mamie pour Noël, Libellule a crapahuté, j'ai regardé mes deux filles avec émotion, en me disant que j'avais de la chance, vraiment. La chance d'avoir une grande et une petite, si merveilleuses, si magnifiques à regarder grandir chacune à leur manière, l'une à chercher des vêtements gothiques, l'autre à tenter de monter sur le canapé.

Tuesday, December 07, 2010

Ma colère

J'ai envie de crier ma colère envers le manque de moyens, d'effectifs, de place dans les hôpitaux, le manque de gentillesse, d'intelligence et d'humanité dans ces mêmes lieux.

Envie de crier à mon frère aîné qu'un jour il faut grandir, qu'on ne peut rester sur ce qui s'est passé quand on était ados, que mon père ne fut certes pas un bon père, mais pas un Thénardier non plus, qu'il est temps de faire la paix.

Parce que je ne peux aller foutre des baffes aux fossoyeurs du Service Public, ni aux médecins si arrogants et aux infirmières acariâtres, ni à mon frère aîné, il ne me reste que cette page pour laisser éclater mon cœur plein de chagrin; pour dire à mon père qu'il peut arrêter de lutter, que ça ne sert plus à rien, qu'il n'y a plus rien pour lui dans cette vie, que la société n'a plus rien à offrir à des personnes dans son état, qui ne se souviennent même plus du nombre ni du prénom de leurs petits-enfants.

Tu peux arrêter papa, vraiment; j'aimerais que cessent tes souffrances; je te tiendrai la main si tu veux. J'ai des remords pour ce que j'ai pu te dire, des regrets pour ce que je ne t'ai pas dit. Mais où que tu ailles, et où que m'emmène ma vie, toi et moi, on sait. On sait qu'on s'est aimés.

Tu peux partir tranquillement. Je suis avec toi, et toi, tu seras toujours là. Tu sais, là où ça fera toujours mal désormais, parce que c'est là qu'est l'essentiel.