Monday, September 26, 2011

Journée n'importe nawak

Ce n'est pas comme si on n'avait rien à faire les jours de fermeture de notre café associatif.

Mister k doit finir de peindre le garage (où doivent avoir lieu des ateliers) et moi, je dois mettre les oeillets aux rideaux qui ornent la terrasse.

Oui mais... hier matin, c'était le vide-grenier de la MJC du quartier. Emplacement gratuit, et c'est juste le matin, tentant quand on ne sait que faire des quelques bricoles qui encombrent...

Résultat, en 3 heures, on a gagné 4€50 et Princesse 1€40. Morts de rire, nous étions, de revenir plus chargés et moins riches qu'à l'aller- parce qu'on trouve toujours des merveilles, en vide-grenier, que voulez-vous...
Je suis quand même bien contente d'avoir participé à l'installation d'un jeune couple et d'avoir vendu 6 tasses et soucoupes pour 0€50 à une personne âgée qui me tendait un billet de 10 euros, pensant que c'était 0€50 par objet... Elle ne s'attendait pas à recevoir autant de monnaie en retour!

Ce qu'il faut savoir, pour comprendre la suite, c'est que dimanche dernier, au lieu de peindre et de poser des oeillets, nous avons cumulé réunion du groupe EELV (Europe Ecologie Les Verts) de la Drôme et anniversaire de la fille d'une copine.

Et comme nous sommes apparemment relativement sympathiques, une militante de par chez nous nous a invités à la fête de son AMAP (Association pour le Maintien de l'Agriculture Paysanne; ça nous permet d'avoir de bons produits bio ou proches de l'être pour un prix plus que correct, notamment).
Et comme nous sommes totalement tête en l'air, nous avons oublié le gilet de Viking chez la copine.

Donc hier, après le vide-grenier, direction la ferme où se déroulait la fête de l'AMAP... Je pensais que c'était ouvert à tout le monde, mais en fait, c'était réservé aux adhérents, et la personne qui nous avait invités savait ce qu'elle faisait en le faisant: nous nous sommes parfaitement fondus dans le décor, connaissions déjà les éleveurs chez qui ça se passait ainsi que certains adhérents et avions pas mal de choses en commun avec d'autres!

Sur le chemin du retour, la copine nous a appelés; comme nous étions à 2 tours de roue de chez elle, nous avons fait un détour pour récupérer le gilet oublié... discuter... proposer qu'on dîne là avec la salade qui nous restait du pique-nique, sauf qu'en fait il n'y en avait pas assez. Bon, on dit les copains, on va faire cuire des pâtes alors. J'étais toute gênée, je nous étais invités sans le vouloir, heureusement les copains en question ne sont pas du genre à se formaliser, ouf.
On les a quittés un peu tard, et je crois qu'on n'a rien oublié cette fois.

On fait quoi, déjà, dimanche prochain?

Thursday, September 15, 2011

Libres

Je n'ai pas encore parlé du fait que cette année, je suis la seule à avoir fait ma rentrée, et encore, à mi-temps.

Les enfants sont donc déscolarisés.

Princesse a été détruite par sa prof d'histoire-géo l'an dernier. Par l'ambiance générale aussi, même si elle s'en rend moins compte, par les méchancetés entre élèves, les moqueries, les insultes...
Elle a toujours été une bonne élève, voire excellente, élève modèle aussi - jamais punie, le genre d'élève que tous les profs veulent.
L'entrée au collège a été très difficile, elle a eu du mal, à se fondre dans le moule tout en restant elle-même. Et puis devenir la tête de turc d'une prof, surtout la prof principale de la classe, ça n'aide pas.
Elle était devenue pessimiste, renfermée, maussade...
Lorsque, au milieu de l'année, on lui a parlé déscolarisation, elle n'a pas hésité - alors que 6 mois avant, il n'en était pas question pour elle.
Elle s'est redressée, ne s'habille plus systématiquement en noir, elle rigole et rayonne à nouveau.

Pour Viking, c'était encore plus facile: il n'aime pas l'école, c'est normal, ce n'est pas un endroit pour un enfant comme lui, qui n'a jamais réussi à être dans les rails. J'en ai souvent parlé ici, au moins à mi-mots, et depuis le début de ce blog. Viking qui ne s'y fait pas, qui pleure, hurle, qui angoisse... Qui déraille à l'école, qui décompresse à la maison, se faisant punir partout, rejeter par les autres...
Viking qui au final, n'a aucun ami, et une estime de lui plus bas que terre.

Viking qui désormais découvre la liberté.
Il n'a plus la contrainte d'apprendre telle chose à telle heure.
De rester assis.
De se taire.
De se contenir en permanence, lui si remuant, si agité.

Ca a été une grande découverte, pour lui, pour eux, pour nous: ils peuvent faire ce qu'ils veulent, comme ils veulent.
Rassurez-vous, ça ne signifie pas "tout et n'importe quoi", ni que c'est devenu l'anarchie à la maison!

Mais simplement, nous n'avons plus les contraintes horaires imposées par l'école, ce n'est plus la course, on mange quand c'est prêt, ils se couchent plus tard qu'avant (il y a quand même un couvre-feu, sauf les soirées-films ou les soirées où nous avons des invités bien sûr), ils se lèvent quand ils sont réveillés (vers 9h souvent), l'un comme l'autre peuvent passer la matinée ou l'après-midi à jouer, ils peuvent lire tant qu'il veulent quand ils veulent, faire les pitres avec leur petite soeur, travailler sur l'ordinateur...

Tout est plus cool, plus simple.

Tout s'en ressent: leur comportement, le nôtre, notre vie de famille.

La belle vie.

Dommage qu'on ait perdu tout ce temps... Pour Viking surtout, qui a été tellement, tellement abîmé par l'école...

Pour moi, c'est le grand écart entre ce que je crois et ce que je fais semblant de croire, 2 jours par semaine. Mais je fais mon boulot correctement et avec coeur.

N'empêche, vivement que je vive de mon autre boulot...

Monday, September 12, 2011

Va nu pieds!

Libellule a passé les premières semaines de sa vie toute nue, enveloppée dans des couvertures. Ca m'a fait tout drôle les premières fois où on l'a habillée.

Par la suite, HNI oblige, on l'a toujours habillée en "pratique et confortable". Clairement, elle passe une partie de ces journées à moitié nue- voire totalement nue... Elle adore ça. Je dois parfois lui courir après pour lui remettre un lange ou une culotte, et dans ce cas, je laisse tomber: après tout, qui cela dérange-t-il?
Elle a donc passé l'été sans rien, ou avec les anciens maillots de corps taille 6 ans de son frère - et de temps en temps ses jolies robes, que la miss, très coquette, choisit sur son portant.

Elle a passé l'été pieds nus aussi, à sautiller partout. On a cru que c'était parce que ses sandalettes lui faisaient mal (elle avait les pieds marqués), on a vaguement cherché d'autres chaussures, mais passé juillet, impossible de trouver des chaussures d'été.

On l'a donc laissée crapahuter pieds nus (mais habillée :-) ) dans la nature, dans les magasins, parfois sur les trottoirs...

Ce matin, nous avons déniché une ultime paire de sandalettes. Libellule était ravie.
On est sortis du magasin.
Libellule a enlevé ses chaussures.

Bon... notre fille n'aime manifestement pas tout ce qui entrave sa liberté!

Maintenant, au moins, c'est sûr! on va pouvoir économiser sur les chaussures...

Thursday, September 08, 2011

Maintenant, j'habite dans le SUD!

Il y a des habitudes que je dois prendre...

Par exemple, les gens qui te bousculent, ils s'excusent - au lieu de t'enguirlander.

Les magasins, même les grandes chaînes (enfin, la plupart), ferment à midi, parce que les employés vont manger. Et puis c'est fermé le dimanche aussi, parce que le dimanche, les gens ont une vie qui se passent ailleurs que dans les magasins.

Et puis aussi, il fait chaud. C'est idiot, mais il faut vraiment changer sa vision de la tenue vestimentaire quotidienne.
Ainsi, il paraît qu'on a eu un été pourri, bin j'ai eu un bien meilleur été - sans pull- que tout ceux que j'ai vécus dans la région parisienne!
J'ai du mal à m'y faire. Ainsi, ce matin, j'ai pris ma petite laine et ma petite veste. Superflue la veste, dès 8h du matin, mais c'était "au cas où".
A 10h, pour la récré, j'ai pris la petite laine et la petite veste... J'avais l'air bête, il faisait 30°!

Il faut vraiment que je m'y fasse: j'habite dans le sud!

Monday, September 05, 2011

Gaffe

Princesse, 12 ans 1/2: "maman, trop bonne ta tarte"
Moi: "tu me dois de l'argent ou quoi?"
Princesse: "non, mais par rapport aux gâteaux que tu fais d'habitude..."

Saturday, September 03, 2011

Chemin croisé

Il y a des enfants que je n'oublierai jamais. Des élèves qui m'ont particulièrement touchée. Je les ai parfois évoqués ici.

Et puis il y a "elle", dont j'ai soigneusement caché l'existence à tous jusqu'ici. Même à mon homme oui.

Elle, elle avait 9 ans.

Nos chemins se sont croisés il y 3 ans, un peu avant ma rencontre avec Mister k.
J'avais sollicité un remplacement en CLIS, les classes pour élèves présentant un handicap mental ou un problème de comportement lourd.

En réalité, une grande majorité de ces enfants n'ont pas de handicap mental. Ils sont handicapés de l'amour. Ils n'en ont pas reçu assez, ou du mauvais. Ou des coups. Ou l'abandon. Alors ils se construisent comme ils peuvent. Quelle importance? Aucun parent ne leur ouvre les bras le soir lorsqu'ils sortent de l'école. Non, le soir, ils se retrouvent dans leurs foyers d'accueil, avec des éducateurs certainement gentils et compétents, mais rien de comparable avec l'amour des parents, c'est évident.

Elle était de ceux-là. De ceux pour qui l'horizon, c'est le foyer. Issue d'une famille très nombreuse (plus de 10 enfants), tous enlevés aux parents pour défaut d'éducation, parents qui ne prenaient plus la peine de donner signe de vie à leurs enfants depuis un certain temps.
Et elle en crevait de douleur.

Et ce fut elle, et ce fut moi. La rencontre.
J'ai franchi la barrière. Je l'ai aimée comme si elle avait été mon enfant. Elle m'a aimée comme elle aurait aimé aimer sa mère. Et j'ai songé à devenir famille d'accueil pour qu'elle vienne vivre avec Princesse, Viking et moi. Sans faire abstraction des difficultés présentes et à venir, parce qu'une fillette comme ça, il ne suffit pas de l'aimer, il y a beaucoup à réparer.

Et puis... et puis ce n'était pas possible, voilà. Je le savais. Parce que dans le monde dans lequel nous vivons, ça ne se fait pas. L'amour ne suffit pas, il faut en passer par la justice. Qui n'aurait pas séparé la fillette de la fratrie, et moi, je ne pouvais accueillir toute la fratrie - sans doute uniquement un de ses frères, je crois me souvenir que tous les enfants étaient en réalité dispatchés partout parce qu'ils grandissaient mieux loin les uns des autres.

Alors doucement, j'ai fait ce qu'il fallait. J'ai dénoué le lien. Sans trop de mal en réalité, parce que dès le début j'ai su que rien ne serait jamais possible et que je n'ai donc jamais rien fait espérer, rien promis. Elle a eu les mêmes câlins que les autres - certains m'en demandaient beaucoup-, la même disponibilité, j'ai toujours fait attention à ce qu'elle ait ni plus ni moins - d'accord, elle a eu un peu plus de câlins, parce qu'elle les réclamait plus, et ceux-ci étaient sans doute plus affectueux.

Elle a su... Qu'entre elle et moi, c'était spécial. Qu'elle était spécial pour moi. Que j'étais plus qu'une prof pour elle. Que j'ai été pour elle, l'espace de 2 mois, ce qui pouvait le plus approcher d'une mère.

La prof de la CLIS est revenue. J'ai fini à mi-temps dans cette école. J'ai continué de la rencontrer dans les couloirs. Et puis il y a eu Mister k, la grossesse... Ma vie a continué, ailleurs.

Je ne pouvais rien faire. Rien. Rien de suffisant. Juste lui donner une toute petite dose d'amour maternelle. Peut-être juste de quoi la faire tenir, lui donner un peu de solidité, mais je ne suis ni dupe ni naïve, cette toute petite dose d'amour n'est pas grand chose face à la douleur de sa vie.