Monday, November 29, 2010

Ecologie, féminisme et maternage/paternage

Il y a quelques jours, j'ai lu "partager le sommeil de son enfant" de Claude-Suzanne Diderjean-Jouveau. C'est avec stupeur et émotion que j'y ai découvert le témoignage que j'avais écrit sur une liste de discussion autour de l'allaitement! J'avais oublié que l'auteur m'avait demandé la permission d'utiliser ce témoignage pour un livre qu'elle était en train d'écrire, et que j'avais accepté. Mon texte, concernant la difficulté maternelle, se trouve également ici.

Du coup, ça me donne envie de partager quelques réflexions que je traîne depuis des mois, sur le fait que certaines personnes opposent l'écologie et le maternage au féminisme.

Tout d'abord, petit rappel sur ce qu'est le maternage: c'est le fait de répondre aux besoins de son enfant. Cela consiste essentiellement à ne pas le laisser hurler pendant des heures parce que ça lui fait les poumons, à le porter et le nourrir à la demande sans craindre de le rendre capricieux, à ne pas lui donner de fessée vu que personne n'en est mort, à prendre en compte ses envies... La plupart des mères maternantes (ou materneuses, ou autre) allaitent, souvent longtemps, portent en écharpe,dorment avec leur bébé, pratique l'HNI, mais l'ensemble n'a rien d'obligatoire. Il n'empêche que ça implique une proximité avec son bébé qui a longuement été mal vue, et j'ai mal au cœur en songeant à toutes ces générations de mamans qu'on a culpabilisées et à qui on a fait croire que c'était "mal" - j'ai personnellement connu, d'ailleurs, quand ma Princesse est née il y a presque 12 ans.

Donc, proximité avec bébé, et disponibilité, et c'est là que le bât blesse. Parce que cela implique également qu'on se passe de pas mal de matériel de puériculture, d'une part, et d'autre part qu'on estime que nous sommes les esclaves de nos bébés, donc anti-féministes. Pire encore, comme souvent on utilise des couches lavables et qu'on reste à la maison avec nos enfants au lieu d'aller travailler, on est d'affreuses écolo et l'écologie, c'est anti-féministe. Voilà en gros les détours que j'ai pu et entendre lire à droite et à gauche ces dernières années.

Alors oui, on utilise des couches lavables - des langes ici, en fait - en pensant à la planète dont nos enfants vont hériter, et aussi à leurs petites fesses qui restent davantage saines dans du tissu que dans du plastique plein de produits chimiques (je ne vais pas m'étaler, mais écologie et maternage incitent à réfléchir à la santé, aux relations avec le corps médical etc).
Et les couches ou langes, faut les laver, donc on retournerait en arrière... Sauf que contrairement à nos mères et nos grands-mères, nous avons désormais une machine à laver. Qui lave à notre place. Bien sûr il faut étendre, mais on étend bien le reste du linge!

En gros, c'est essentiellement là-dessus que les soi-disant féministes se sont focalisées pour prétendre que l'écologie, c'est anti-féministe: les écolo utilisent des couches lavables.
Oubliant que le féminisme, c'est la lutte pour l'égalité des sexes, et que monsieur est tout à fait capable de mettre une couche sale dans une machine, d'appuyer sur le bouton pour mettre la machine en route, de sortir le linge et de l'étendre.

Le problème donc, ce n'est pas l'écologie, mais le fait que la lutte pour l'égalité des sexes a malheureusement échoué, que bien des femmes sont aujourd'hui encore vues comme des subalternes, comme des bonniches par leurs compagnons, et qu'elles bossent à l'extérieur ou non, elles doivent tout gérer, les enfants, la maison, pendant que monsieur se repose.

Comme je l'ai dit également, le maternage conduit souvent à utiliser moins de matériel de puériculture: pas de biberon, de lait en poudre, de stérilisateur, pas de couches jetables (qui reviennent plus cher que les lavables), pas de poussette chère... Lorsque la maman ne travaille pas, ça signifie aussi souvent pas de 2ème voiture (voire pas de voiture du tout), pas de vacances... Bref, moins de dépenses, moins de consommation. Ce qui n'est pas du goût de ceux qui vivent de la société de consommation, de ceux qui ont intérêt à ce qu'on continue de consommer. Ceux-là mettent en avant le féminisme, mais c'est le libéralisme et la société de consommation ainsi mise en péril qu'ils pleurent en réalité.

Une autre mauvaise vision des choses, c'est cette manière de mettre les enfants dans le même panier que les tâches ménagères.
Et puis, avoir des enfants, ok, à la limite, mais faudrait pas que ça nous change la vie, et faut pas que ça dérange plus qu'un meuble.
Quelle grossière erreur! Quelle monstruosité! Un enfant, ça change la vie, beaucoup plus qu'un meuble, c'est comme ça. Et lui consacrer du temps et de l'énergie, c'est être mère, et pas anti-féministe! Et je ne mets pas mes enfants sur le même plan que les tâches ménagères, dont je me passerais bien.
Quel dommage que les féministes (ou au moins certaines) se soient trompées de combat en reléguant les enfants loin derrière le reste... Les enfants font partie de nos vies de mère; au lieu de combattre cette évidence, il aurait plutôt fallu aider les mères à tout concilier.

Ce qui est globalement regrettable, d'ailleurs, c'est qu'aujourd'hui, l'enfant ne soit pas le centre de la société. Pourtant, il a une importance inestimable et il devrait au contraire être au centre des débats - ce qui ne signifie pas qu'il soit "roi" ni que les besoins des parents soient niés; mais avec de la volonté politique, et l'acceptation que les relations humaines sont plus importantes que les possessions matérielles, on pourrait obtenir une société plus juste, notamment pour les enfants. En attendant, c'est à chacun de faire ses choix, et de les assumer - personnellement, on n'est pas propriétaires, on n'a pas de voiture, on n'achète que ce dont on a besoin, et on se régale à voir grandir Libellule minute après minute.

Autre chose: dans tout ça, le père est souvent oublié. Heureusement, on commence à parler de "parentage", ce qui englobe les deux parents. Dans ces familles - dont nous sommes-, monsieur porte en écharpe et fait la vaisselle. Bref, il est paternant et féministe!
A une époque, la lutte pour l'égalité des sexes est passée légitimement par le travail: le droit d'avoir un travail à l'extérieur, de ne pas dépendre de son mari... Oui, c'était légitime, et oui, c'est toujours d'actualité. Mais il ne faut pas croire non plus que la libération de la femme ne passe que par le travail à l'extérieur (inversement, le travail à l'extérieur ne libère pas forcément les femmes, ni les hommes d'ailleurs...), et qu'une femme au foyer est forcément une bonniche chez elle et dépend totalement de son mari. On peut s'épanouir dans la maternité, et lorsque le souhait d'arrêter de travailler est centré sur l'enfant, sur son bien-être (et non imposé pour d'autres raisons, notamment économiques, si le coût de garde est si élevé par rapport au salaire que "ça ne sert à rien d'aller bosser"), cela n'a rien de dégradant, rien d'avilissant. Bien sûr, on n'est pas "rentable", et on retrouve là la rengaine du libéralisme...
Bref, pour en revenir au père, dans ces familles qui prennent en compte le bien-être de l'enfant, qui cherchent à répondre à leurs besoins, le père a totalement sa place de père, il n'est pas un subalterne de la mère. Il y a un respect mutuel du père, de la mère, et derrière eux, de l'homme, de la femme, dans le couple et individuellement. N'en déplaise aux détracteurs de l'écologie et du maternage, c'est dans ces couples que je vois le plus d'estime, de respect, de partage des tâches et de partage des enfants (huhu :p).

Pour finir, c'est un tout: on est rarement écolo sans être maternant et l'inverse me semble impossible, et il est difficile d'être maternant sans être écolo (faut bien que papa fasse la vaisselle pendant que maman allaite); j'ai du mal à déterminer où commence l'un et où s'arrête l'autre, ce qui relève de l'un ou de l'autre: ici, nous sommes écolo, féministes et maternants/paternants. C'est un état d'esprit aussi. Quelque chose de naturel. Quand je parle de l'allaitement ou de l'HNI, que je trouve fabuleux, que je pratique automatiquement sans me poser de question, Mister k tempère: c'est chronophage. Chez moi, ça vient des tripes, je ne pourrais faire autrement. Mais c'est clair qu'on ne peut pas faire semblant, pas se forcer.

J'espère que tout ça n'est pas trop confus, j'ai tapé vite par manque de temps!

Thursday, November 25, 2010

Le père noel n'existe pas

Bon, j'avais décidé de pondre un billet sur le père noël, suite aux commentaires sur ma perplexité au sujet de Viking qui y croit toujours, à 8 ans 1/2.

Il y a un an encore, je vous aurais dit ce que je clame haut et fort depuis que j'ai des enfants: de toute façon, qu'on le veuille ou non, les enfants croient aux loups, ogres, monstres sous le lit ou dans le placard, alors il faut bien qu'en face réponde une entité positive, le père noël quoi.

C'est vrai, c'est mentir à ses enfants, mais je ne trouvais pas ça grave comme mensonge, sans doute parce que moi-même, j'ai été baignée dans les histoires de père noël et autres cloches de pâques et que ça ne m'a absolument pas traumatisée de découvrir que c'étaient des cracks, d'ailleurs, je ne sais même plus comment je l'ai su/compris.

Donc, le père noël c'est magique, c'est désintéressé (j'ai toujours détesté les "si t'es pas sage le père noël ne passera pas").

J'ai toujours veillé à parler d'autre chose aussi, de bonheur d'être ensemble, de partage, de convivialité... J'avais parlé ici, en décembre 2005, de ma vision de noël, et je n'en déroge pas.

Je ne sais pas exactement ce qui a provoqué une évolution dans ma pensée, peut-être les discussions sur des forum ou des listes, mais je ne vois plus du même œil le fait de "faire croire" au père noël.
J'ai réalisé le contre-sens de ce que je pensais jusque là: les enfants "croient" naturellement ou presque aux loups et autre, et nous, les adultes, leur "faisons croire" au père noël - tout en nous démenant en parallèle pour prétendre que non, il n'y a pas de monstre sous le lit, les monstres n'existent pas.

Bref, nous sommes d'accord avec Mister k, nous ne prétendrons pas à Libellule que le père noël existe, nous le renvoyons là où il existe bel et bien: dans les contes, comme les ogres et les fées.

Bien sûr, il y a l'aspect magique de noël, mais à mon sens, la magie de noël, c'est à nous de la mettre. Notion qu'on a tendance à oublier dans nos sociétés industrielles soumises au marketing à outrance...

Enfin, concernant Viking... Eveine, dans son commentaire sur le billet récent où je parlais de lui, écrivait "Ce qui m'étonne, c'est qu'avec toutes les pubs avec des pères noëls (avec une mention spéciale pour la pub c+ qui est vraiment horrible je trouve, avec ses lutins démoniaques), et tous les pères noëls plus ou moins miteux dans les magasins ou dans la rue, et tous les jouets dans les magasins, les enfants croient au père noël et de plus en plus longtemps."
Ça m'étonne aussi, mais concernant Viking, pas de télévision ici, pas de pub dans la boîte aux lettres, et pas de voiture donc on ne va que très exceptionnellement dans les grandes surfaces. Il est donc beaucoup moins sollicité que nombre d'enfants.

Par contre, il rétorque à ceux qui émettent des doutes, voire qui prétendent carrément que le père noël n'existe pas, qu'il l'a vu, le vrai père noël. C'est vrai, c'était quelques jours après l'annonce de la mort de sa tante, alors que nous étions écrasés de chagrin. Pour le coup c'était magique, cette petite histoire de noël.

Je suppose donc que sa volonté de continuer à croire au père noël malgré tout ce qu'il peut entendre et voir (il m'a déjà vu acheter des cadeaux de noël, une fois où je ne pouvais faire autrement) est intimement lié à cet événement. Il existe un endroit, un moment, en dehors de la réalité, où le malheur n'existe pas, où les pères ne tuent pas les mères, où les pères ne font pas mal à leurs enfants.

Alors, le courage de lui imposer d'accepter le fait que le père noël n'existe pas (pas plus qu'un monde sans noirceur), pour le moment, je ne l'ai pas... et pourtant, je me demande dans quelle mesure ça ne devient pas symptomatique. Ca correspond totalement à sa manière d'appréhender sa propre histoire: si je n'en parle pas, ça n'a pas eu lieu. Je m'accroche à l'idée qu'au fond, il connait la réalité, la sienne, et celle du père noël. Et que lui même s'accroche simplement à ce qu'il peut pour rendre les choses un peu plus acceptables.

Wednesday, November 24, 2010

Rétroviseur

Comme Delphine me demandait, dans un récent commentaire, l'âge de mes grands, et qu'elle ne doit pas être la seule à se poser la question, j'en profite pour rédiger un billet de re-présentation!

P'tit Elfe, le fils de Mister k, a 13 ans 1/2 (il est de juin).
Princesse aura 12 ans en janvier.
Viking a eu 8 ans en août.
Et Libellule aura 13 mois le 26.

Du coup, petit coup d'œil dans le rétroviseur...
J'ai commencé ce blog en décembre 2004. Viking avait 2 ans 1/2 et Princesse presque 6.
Leur père venait de surgir dans nos vies après un an d'absence totale, et j'avais besoin d'un endroit où en parler. Finalement, j'ai peu parlé de lui, beaucoup de nous, et puis un jour, il y a eu un drame sans titre, et quelques mois plus tard, tout devint noir.
Quand j'ai commencé ce blog, j'étais stagiaire à l'iufm (j'avais eu le concours quelques mois plus tôt), j'étais célibataire, j'ai eu 2 histoires sans importance que j'ai évoquées ici, j'avais pris la ferme décision de ne pas m'investir sérieusement dans une relation, et de ne plus avoir d'enfant (je l'ai même dit )

Quelques jours après avoir écrit cette énormité, j'ai rencontré Mister k et je suis tombée enceinte.

Aujourd'hui, j'ai un amoureux, je suis triplement maman, belle-maman, je m'apprête à quitter mon boulot pour en créer un autre avec Mister k, quelque chose qui ne ressemble, l'histoire judiciaire continue de me broyer, mais je ne désespère pas d'en voir un jour la fin, heureuse si possible.

En songeant à cette note, en regardant en arrière par dessus mon épaule, je me suis demandée... et dans 6 ans?

Saturday, November 20, 2010

Lâcher prise

C'est un état d'esprit dont il est beaucoup question en matière d'éducation.
Lâcher prise.... Estimer que tout ne nous regarde pas chez nos jeunes enfants, qu'on n'a pas à avoir le contrôle sur tout, sur ce qu'ils regardent à la télé et combien de temps, sur ce qu'ils mangent, quand et en quelle quantité, sur l'heure à laquelle ils vont dormir, sur les vêtements qu'ils ont envie de porter.
Rien à voir avec le laxisme. Il ne s'agit ni de désintérêt, ni de refus d'affronter certaines situations.
Il s'agit au contraire d'avoir confiance en l'enfant et en ses capacités d'appréhender le monde.
Cela lui laisse la responsabilité de ses actes et de ce qui peut en découler; il ne veut pas mettre son manteau? Il risque d'avoir froid. Et là 2 possibilités: il n'a pas froid - on n'est pas tous égaux, ce que ne prend pas en compte l'obligation parentale de mettre son manteau et de le fermer jusqu'au menton - ou il a froid et l'expérience le persuadera de prendre son manteau la fois suivante.

Les adeptes du "lâcher prise" estiment également que l'inutile frustration créé le manque qui conduit à la boulimie/dépendance. Laisser son enfant manger des bonbons ou regarder la télévision tant qu'il veut le conduira à se restreindre de lui-même, naturellement, parce qu'il n'éprouvera pas la crainte qu'on l'en prive de manière arbitraire. Le cadre, les limites, se fixent d'elles-mêmes - ceci dit il existe un cadre familial, l'enfant dépend de ses parents et du fait qu'ils aient ou non la télévision, des bonbons ou gâteaux... Quant aux frustrations qui sont inévitables dans la vie et donc il faut bien y préparer l'enfant, bin justement, il aura déjà ces inévitables frustrations à gérer, donc pourquoi lui en imposer des inutiles/stériles?

Lâcher prise donc... mais jusqu'au où? A une époque, Princesse était devenue boulimique et Viking est à la limite de l'être. Et Viking comme Petit Elfe sont de vrais lobotomisés du cerveau lorsqu'on laisse la télévision libre d'accès (ils regardent sans réagir, la bouche grande ouverte, ça peut durer des heures, c'est effrayant).
Du coup, il a bien fallu que j'aborde le sujet avec Princesse à un moment, et nous surveillons l'alimentation de Viking, capable de s'empiffrer à s'en faire éclater la panse sinon (alors que jamais ils n'ont été obligés ou interdits de manger quoi que ce soit)
Et nous avons interdit la télé les matins sans école (il n'y avait déjà pas de télé les matins d'école); nous avons remarqué que ça joue grandement sur l'état d'excitation de Viking, d'une part. D'autre part, ils dorment tous plus longtemps le matin - ils préféraient donc se priver de sommeil que louper des débilités télévisuelles!
Du coup, ils "oublient" presque l'existence du petit écran, ne le réclament plus de la journée... nous nous contentons de louer ou emprunter des vidéos de temps en temps, et là ils sont réactifs, discutent, réagissent...

Alors, lâcher prise, oui mais... Si je suis convaincue en théorie, dans la pratique, ce n'est pas forcément adaptable à toutes les situations, tous les enfants, toutes les familles.

Par contre, je sens que je devrais vraiment lâcher prise en matière de propreté: après tout, s'ils sentent mauvais, tant pis pour eux... mais non, c'est plus fort que moi, c'est insupportable comme idée! Du coup c'est régulièrement la guerre pour ça, surtout avec Viking. Je sens bien ce que signifie le lâcher prise dans ces cas-là: ça ne concerne que l'enfant et il nous le fait savoir. Insister conduit à des batailles stériles - stériles puisque soit on "laisse tomber" (ce qui s'apparente au laxisme puisque ça nous gêne mais on n'a pas envie de "se battre") soit on obtient gain de cause mais par la force, la menace... bref, rien qui n'apporte quoi que ce soit à long terme à l'enfant (il ne sera pas convaincu par lui-même qu'il est mieux d'être propre).

J'ai l'air de me torturer l'esprit pour pas grand chose mais ça a été assez tendu ces derniers temps avec mes grands, surtout avec Princesse en fait, et je sens que ça vient en partie des "limites". Je n'ai jamais su réellement déterminer quelles étaient les miennes et ce n'est pas facile de faire attention à celles des enfants - l'éducation traditionnelle n'aidant pas beaucoup à les prendre en compte. Les limites d'ailleurs ne devraient être posées qu'en fonction des besoins des uns et des autres, et justement, j'ai du mal à établir les miens; ceci dit, depuis que j'ai posé nos problèmes relationnels en terme de besoins (ceux de tous étant à prendre en compte et à respecter), Princesse a vraiment changé son comportement.

Voilà, c'était surtout pour vous faire part de mes questionnements actuels. J'essaie de trouver les meilleures réponses possibles, pour Princesse qui entre dans une période réputée pas facile et encore moins dans son cas, pour Libellule que je veux élever dans le plus grand respect possible (et puis pour Vikings et P'tit Elfe bien sûr mais il n'y a pas trop de souci en ce moment avec eux)

Qu'est-ce que tout cela vous évoque?

Wednesday, November 17, 2010

2 bras et 2 jambes

L'avantage d'avoir 2 jambes, c'est qu'on peut marcher. Sur les 2 jambes en question. Et par rapport aux déplacements à 4 pattes, ça a l'incomparable avantage de laisser les 2 bras libres, et au bout des bras, il y a quoi? Mais oui, des mains!

Cela fait plusieurs semaines maintenant que Libellule a compris le principe. Elle transporte donc allégrement les objets d'un endroit à l'autre, au gré de l'inspiration. On en retrouve un peu partout dans la maison, curieusement disséminés, éléments de jeux, vêtements...

C'est ainsi qu'il y a quelques jours, Mister k l'a vue débarquer dans la cuisine d'un air décidé et se diriger sans hésiter vers l'un des placards, l'ouvrir et y prendre... son seau en plastique qu'elle y avait casé quelques minutes plus tôt sans qu'on s'en soit aperçu!

Avant-hier, j'ai découvert dans mon sac à dos des aimants qui se trouvent habituellement sur le réfrigérateur.

Et à l'instant, je l'ai vue farfouiller dans un autre de mes sacs, puis mastiquer allégrement quelque chose... quelques instants auparavant je l'avais vue avec un tube de baume à lèvres dans la main et j'ai cru qu'elle avait réussi à ôter le baume et que c'est ça qu'elle mangeait. Non, en fait, c'était.... un biscuit que je lui avais donné plus tôt dans la journée, et qu'elle avait très manifestement planqué dans mon sac! Elle se fait des réserves pour les jours maigres!

On n'a pas fini de faire de drôles de découverte! D'ailleurs, nous avons perdu notre carte bleue, je suis persuadée que je vais la retrouver dans un endroit totalement incongru un de ces jours ;-)

Sunday, November 14, 2010

Viking

Oui, des nouvelles de Viking, ça faisait longtemps...

Un jour où je lui demandais d'apprendre sa leçon (j'y peux rien moi, si la maîtresse donne des devoirs...) il a râlé que "je l'obligeais, c'est de l'obligeance!"
Oui, au moins :-D

Il croit toujours au Père Noël, à 8 ans bien tassés! Dur comme fer, malgré tous les copains qui lui disent qu'il n'existe pas.(La déconvenue risque d'être bien grande, je me tâte d'ailleurs pour lui révéler la vérité, et ça m'incite d'autant plus à ne pas rentrer dans ce jeu avec Libellule. )
Il croit également toujours que c'est le Père Noël qui fabrique les cadeaux, d'où sa répartie à un ami qui souhaite un chat pour Noël,"mais le père noël ne peut pas fabriquer de chats", en levant les yeux au ciel, parce que c'est une évidence quand même.

C'est sûr, coller les poils sur la peau, ça ne doit pas botter le père noël!

Pour finir, il y a quelques jours, admirant une décapotable dans la rue, il s'est exclamé "ouah, ça coûte super cher, au moins 1000 euro!"
Je lui ai expliqué qu'une petite voiture toute simple était déjà environ à 10 000 euro, que la voiture de mes parents, voiture qui n'a rien d'extraordinaire, dans les 15 000... Impressionné par tous ces chiffres, il en a conclu que cette décapotable devait coûter "au moins 2 000 euro alors!"
Bon, il n'aura probablement pas de rolex à 50 ans celui-là :-D

Saturday, November 06, 2010

Regrets...

Hier en fin d'après-midi, on discute avec une maman au parc. Elle est prof de photo. Elle a fait des études de sciences à la fac, puis a bifurqué vers une ancienne passion. Mister k parle de son parcours, de son bac, s'arrête là parce que la maman devait partir mais sachez-le, il a fait les beaux-arts, et sachez-le aussi, j'aurais voulu être une artiste, moi aussi. Comédienne même.

Parce que je n'ai pas eu le courage de m'opposer à mes parents qui ne voyaient pas mon avenir du même œil, parce que j'étais trop timide, si peu sûr de moi, parce que je me trouvais trop grosse et moche pour pouvoir brûler les planches tant que je ne serais pas mince avec un joli minois... je n'ai pas fait plus de quelques apparitions sur scène. Et puis j'ai tourné la page.

J'ai fait des études, plutôt longues, j'ai un bac+5, j'ai eu 2 enfants, un divorce, un cheminement professionnel bien loin de ce que j'avais prévu, j'ai passé le concours de professeur des écoles, enseigné plusieurs années, en me demandant régulièrement ce que je foutais là. Pour diverses raisons dont j'ai déjà eu l'occasion de parler ici, et aussi parce que ce n'est pas un métier "intellectuel", pas un métier où on se creuse la cervelle, où on maintient ses neurones en bon état de marche.
J'ai encore plus réalisé la chose lorsque Mister k est entré dans ma vie, Mister k, brillant orateur, très cultivé... Je me souviens lui avoir dit que je devais quitter l'enseignement et trouver quelque chose de plus motivant sur le plan intellectuel, et puis vous connaissez la suite (ou pas: grossesse surprise, Libellule, projet professionnel "familial").

Hier soir, conseil d'école, de l'autre côté de la barrière cette fois, en tant que parent élu. Une copine présente également est épuisée, elle rend sa thèse dans dix jours et bosse à fond les manettes. On discute, elle me parle de son sujet de thèse, qui m'emballe, je demande si je peux lire son œuvre, elle accepte sans problème, j'ose lui parler de moi, de mes deux modestes sujets de maîtrise et DEA ("les objets écrits dans les comédies de Molière", et "la blessure dans la littérature médiévale", si vous voulez tout savoir). Elle rebondit: "quels objets écrits?". Je bafouille, je m'en souviens à peine, ça a pris un an de ma vie il y a 10 ans et j'ai oublié, je me sens vieille, rouillée.

Je la regarde, elle est en train de mettre la touche finale à 400 pages de thèse, elle bosse et écrit des articles. C'est ce que je voulais faire de ma vie, il y a une éternité. J'ai choisi un autre chemin, par manque de courage et d'ambition. Je regrette, je crois. Mais ce n'est pas le pire.

Le pire, c'est qu'aujourd'hui, je serais incapable de m'y remettre.
A une époque, j'étais capable d'écrire des pages entières sur des sujets qui n'intéressaient personne, j'étais un rat de bibliothèque qui s'épanouissait dans la fréquentation des textes anciens et de théories littéraires, je lisais l'ancien français couramment et me débrouillais bien en latin, j'étais capable de soutenir des discussions en allemand et en anglais et que reste-t-il de tout ça? Certains de mes écrits (mes mémoires et mes essais) se trouvent sur des disquettes qu'aucun de nos PC ne peut plus lire, d'autres, imprimés, prennent la poussière sur les étagères des toilettes de la maison, personne ne les a jamais lus, à part les profs à qui ils étaient destinés. J'ai donné ou vendu mes livres de fac, même et surtout ceux en ancien français, démoralisée que j'étais à l'idée que je ne pouvais plus les lire. J'ai perdu toutes mes capacités en langues étrangères, le latin je n'en parle même pas. Et surtout, la mémoire me fait totalement défaut, et je ne sais plus ni écrire ni parler, je patine lamentablement, je peine à finir mes phrases.

Aujourd'hui, nous sommes en plein dans notre projet de café associatif, c'est un beau projet, qui me tient à cœur depuis longtemps. Je vais m'épanouir à servir des thés et des gâteaux (je vous assure, j'ai adoré être serveuse, il y a une dizaine d'années!), je vais tenter de monter des soirées littéraires et artistiques (entre autres... si vous saviez ce que notre projet est tentaculaire!)... mais je sens combien ça ne comblera pas le vide qui me pèse de plus en plus.
Depuis quelques jours, l'idée de me replonger dans le latin me titille l'esprit... Et hier, après cette discussion avec la copine thésarde, j'ai songé à reprendre des études, histoire de remettre en marche une cervelle pleine de toiles d'araignée. Allez hop, yapluka :-)