Sunday, December 31, 2006

Ici, maintenant, toujours...

Je marchais dans la rue, les enfants derrière moi jouaient avec le ballon. Nous allions rejoindre les autres membres de ma famille dans notre crêperie fétiche. Ma famille, notre crêperie fétiche… Ici et maintenant… Soudain, j’ai songé « je suis heureuse ». C’est abominable, mais je le suis – pas tellement en ce moment, mais globalement.
J’ai depuis longtemps cette certitude ; même lorsque je me suis retrouvée sans maison, sans boulot, sans argent, que je suis retournée chez mes parents avec mes deux petits bouts sous les bras, je ne cessais de me dire que ça pouvait être pire. Au moins, j’avais un toit sur la tête et mes petiots mangeaient à leur faim.
J’en ai déjà parlé, mes enfants et moi sommes les seuls membres de la famille non malades. J’ai le sentiment d’être une incroyable veinarde, et je réalise à quel point la santé est l’un des points essentiels dans la vie.
Je n’ai pas retrouvé la fameuse photo où nous sommes tous les 4, le jour de mes fiançailles. Mais je l’ai dans la tête, et d’autres semblables dans l’album photo… 4 jeunes gens souriants qui se lançaient dans leur vie d’adulte. 8 ans ½ plus tard, le bilan est désastreux. Une assassinée, un assassin, un marginal, et une gamine en plein cauchemar. Et sinon, les enfants et moi.
Je suis une rescapée… La seule qui tienne debout. C’est ce que je me dis depuis l’annonce de la « chose horrible » comme l’appelle Nana.

Je suis heureuse, parce que je n’ai pas de raison d’être malheureuse. Pas après tout ce que je viens d’évoquer.

Je n’ai jamais trop aimé les vœux que l’on s’adresse à la nouvelle année, parce que je ne les ai jamais bien compris. On se souhaite bonheur et chance juste pour l’année à venir, et en laissant penser que ça tient au hasard, qu'on verra bien ce que la nouvelle année nous réserve.
Ce que je vous souhaite, maintenant et toujours, c’est une jolie vie. Certes, le hasard a son mot à dire, mais n’oubliez pas que le reste, l'énorme reste, ce sont vos choix. Le gobelet est souvent bien plus plein qu’on ne l’imagine, et le bonheur derrière les portes qu’on n’ose pas ouvrir.

Monday, December 25, 2006

Petite histoire de Noël

Nous venions de quitter l’église où nous avions accompagné ma sœur qui voulait vérifier l’heure de la messe de minuit. C’était un prétexte qui devait permettre à nos complices de répandre les cadeaux sous le sapin pendant ce temps.

La journée avait été terrible… Ma nouvelle amie la chape de plomb m’est tombée dessus dès le lever pour ne pas me quitter... C’est lorsque je me suis retrouvée vers 18h avec deux enfants affamés dont l’un dans l’écharpe porte-bébé – grande nouveauté depuis l’annonce du drame, qui reste un concept inconcevable pour lui (la mort et le meurtre à 4 ans…)- que j’ai décidé de réagir. J’ai câliné Tom-Tom, puis nous nous sommes habillés, j’ai rassemblé nos affaires dans un sac, et ma mère est venue nous chercher pour nous emmener chez ma sœur. Le brouillard commençait à se dissiper doucement…Je dois offrir un doux Noël à mes enfants.

Nous avons tourné le dos à l’église, donc, à temps pour voir passer sur la route des rennes sur une voiture, qui tiraient le Père Noël dans son traîneau.

Ma sœur m’en avait parlé il y a quelques semaines, on pouvait s’inscrire à la mairie pour que le bonhomme rouge passe nous voir, chez nous, avec musique et lumière et même des cadeaux à offrir aux petits enfants, mais j’avais refusé sa proposition, je trouvais ça trop, trop tout, et le plus bel endroit où le père Noël puisse apparaître, c’est dans l’imaginaire des enfants, et puis on avait décidé de passer Noël chez elle parce qu’elle a une cheminée, pour que le père Noël puisse y passer, et non stationner devant la porte.

Le Père Noël est passé juste sous nos yeux, et filait en direction de chez ma sœur, le Père Noël, c'est fou non?
Tom-Tom a mis quelques secondes à réaliser, et soudain, il s’est mis à courir, alors Nana et moi avons couru aussi, laissant le reste de la famille à la traîne, nous avons couru dans la petite ville, en riant, un vrai grand rire joyeux capable de briser toute la noirceur du monde.

Nous avons tourné à droite, encore à droite, et là, là !! Devant la maison voisine de celle de ma sœur, le traîneau, le Père Noël occupé avec les enfants des voisins, les lutins qui nous ont souhaité un joyeux Noël en nous voyant arriver. Mes enfants ouvrant des yeux comme des soucoupes devant cet imposant personnage, lui, en personne, en chair en os et en barbe, lui !
Les lutins me demandent les prénoms des enfants dans un murmure, je réponds de même, ils se penchent vers le Père Noël pour signaler la présence de deux enfants non prévus, mais c’est Noël et tout est permis, tout est magique, alors le Père Noël se tourne vers mes enfants et leur parle et même leur offre une peluche à l’un et une poupée à l’autre, Tom-Tom est bouleversé, rendez-vous compte, le Père Noël est là et lui parle et y’a même ses lutins, la famille est là pour fixer l’instant sur la pellicule, le Père Noël a encore toute sa tournée à faire alors on lui dit au revoir à lui et aux lutins qui continuent de nous souhaiter un joyeux Noël, alors nous aussi on leur souhaite un joyeux Noël, à cet instant et parce qu’on a le cœur endeuillé, on a envie d’y croire, et même on y croit.

Le reste, c’est la monstrueuse montagne de cadeaux au pied du sapin, le déballage des paquets, les exclamations, les rires, les remerciements, les essais de jeux, la nuit trop courte, la journée familiale.

Ce soir, au moment du coucher, je glisse à Nana « nous avons eu un joyeux Noël, n’est-ce pas ? » Et elle me répond « presque »… C’est vrai, pour elle comme pour moi, presque seulement… Une étoile particulière nous comprimait le cœur…

Magie et tristesse, notre Noël 2006…

Saturday, December 23, 2006

La cupabilité des vivants

On a le droit d’être heureux… Qui, de Nana ou de moi, ai-je essayé de convaincre en disant cela ?

Je suis vivante, elle est morte.
J’ai survécu, elle a été détruite jusqu’à l’anéantissement.

Comment marcher, respirer, aimer, vivre, en songeant à celle qui s’est débattue pendant que deux mains lui serraient le cou ?

Comment survivre chaque journée aux multiples remords et regrets que me laisse sa disparition brutale ?

Pourtant je sais… Que rien ne la fera revenir… Que la réponse à la mort, c’est la vie, c’est l’amour…
Qu’elle était si pleine de vie et de chaleur, que continuer de vivre et d’aimer serait le plus bel hommage à lui rendre.
Qu’elle n’était plus rien pour moi depuis mon divorce et je ne l’avais pas vue depuis plusieurs mois – ou comment nier mon chagrin et le deuil que j’ai à faire, compliqué encore par les barrières que m’impose le père des enfants.

Mais non. Je n’y arrive pas. On n'efface pas neuf années comme ça. Elle n’est pas morte, ce n’est pas possible. Je n’arrive pas à accepter. Je ne peux pas continuer.

J’avais encore de la route à faire avec elle.

J’ai froid. J’ai mal. Je ne suis pas sûre d’avoir envie de me relever, cette fois.

Et demain c’est Noël et je dois faire bonne figure.

Merci pour votre soutien, ici et ailleurs.

Friday, December 22, 2006

Un bout d'enfance en moins

J'ai écrit d'autres textes ces derniers jours, mais il n'est peut-être pas utile que je les publie tous.

J’ai dit à Nana qu’elle avait le droit d’être heureuse. Nous avons elle et moi le droit d’être triste, le droit d’être en colère, mais aussi celui d’être heureuses.
(et j'ai même le droit d'avoir le coeur qui pétille...)
En fait, nous avons même le devoir d’être heureuses, parce que nous en avons la possibilité. Qui peut en dire autant dans les deux familles brisées par le drame ? Combien de temps mettra Zaza à retrouver la sensation de bonheur ? Combien de temps passera avant que les parents de l’absente esquissent un semblant de sourire ? Et la mère de mon ex-mari ?
Ce n’est pas tout à fait notre histoire… J’essaie de garder ça en tête pour les mois et années qui arrivent.

Mercredi, nous avons passé un long moment en ville, à profiter des attractions de Noel. Les enfants ont été maquillés, ont fait du ski, entre deux allers-retours au conservatoire pour Nana.
Nous avons également cherché LE cadeau parfait pour Zaza. Nous l'avons déniché dans un magasin de jeux et jouets en bois et tissus: un petit sac en bandoulière, que nous avons rempli de petits accessoires.
A un moment où Tom-Tom s'était un peu éloigné, Nana m'a glissé "maman, en fait, je ne crois plus au Père Noel... Alors il faut qu'on achète un autre cadeau pour Zaza, et je lui dirai que c'est de la part du Père Noel"

Ma petite Princesse...Cela couvait depuis un bout de temps sans doute.... Elle avait encore envie d'y croire... Mais depuis dimanche soir, elle a pénétré dans un monde que certains adultes rendent brutal, et elle a perdu un bout d'enfance, un bout d'innocence...

Wednesday, December 20, 2006

Fragments 2

Ce matin [dimanche] J’ai essayé de ne pas me réveiller.
Lorsque j’ai appris que tu avais été assassinée, une chape de plombs m’est tombée dessus et ne m’a pas quittée. Je suis épuisée et ma tête est prête à exploser. Je me suis couchée trop épuisée pour m’endormir vite. Et j’ai essayé de dormir le plus longtemps possible, pour ne pas avoir à repenser trop vite. Repousser le plus tard possible le moment où j’allais devoir affronter le jour et ton absence…Mais une pensée me harcelait : il faut remplir les bulletins pour demain ! J’ai fini par m’extraire du lit, toujours aussi épuisée, comme si je n’avais pas dormi, écrasée de chagrin, maudissant les bulletins, soudain si vide de sens, si dérisoires…
J’ai corrigé les derniers contrôles – oui, je me laisse souvent déborder mais habituellement je retombe sur mes pattes… Mais là… Corriger les contrôles, et te voir te débattre… tu dormais, tu as senti soudain des mains t’enserrer le cou, tu t’es débattue sans doute,tu as lutté pour vivre, et la dernière image que tu as emmenée dans la mort, c’est celle-ci, effroyable… ton mari qui te tuait… Où était Zaza à ce moment-là ? A-t-elle vu ? entendu ?

J’ai fini de corriger les contrôles… Il ne me reste plus qu’à remplir les 22 bulletins… D’abord appeler la mère de mon ex-mari… Apprendre que tu attendais que ton mari se remette de son opération vitale pour le quitter… Pour un autre… Zaza a été réveillée par les policiers lorsqu’ils sont venus la chercher… Comment a-t-elle appris que sa maman était morte ? J’imagine la chambre envahie par les policiers, les lumières de l’ambulance, le médecin qui essayait de te réanimer… parce qu’il y avait encore une flamme en toi mais elle n’a pas résisté… Zaza… Maman emmenée dans l’ambulance, recouverte d’un drap, papa menotté, dans la voiture de police… Zaza... comment surmonter ça à six ans ?

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Je suis allée chercher les enfants. Leur père ne leur a rien dit, rien de rien.

Je suis rentrée, je leur ai demandé de s’asseoir, j’ai quelque chose de difficile à vous annoncer. La maman de Zaza est morte. Stupeur. Larmes. Mais comment ? Tentative de mensonge : un accident. De voiture ? Ne pas tout dire mais ne pas bâtir de mensonge… Non, pas un accident de voiture. Alors quoi ? Je n’ai pas envie d’en parler pour le moment. Si, s’il te plaît, dis-nous. Elle a été tuée. Tuée ? Mais qui ? Qui l’a tuée, maman ? Je vous dirai plus tard, aujourd’hui ce n’est pas utile, elle est morte et c’est triste. Mais qui l’a tuée maman ? Papa ? Tonton ? Je ne me souviens plus des autres hypothèses proposées… Plus le choix. Foncer dans le mur… C’est tonton…

Voilà, tout est dit. Tout. L’abominable, l’inenvisageable. Les larmes, l’inquiétude pour Zaza, l’incompréhension vis-à-vis de l’acte en lui-même… Tonton était malade dans sa tête, il est devenu fou… Oui, d’accord, c’est à cause d’une maladie… Plus facile à encaisser pour eux je suppose…

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Tu as couché ta fille en lui souhaitant bonne nuit. Vous deviez vous revoir le lendemain matin. C’était un soir banal, un soir comme tant d’autres. Comme la banalité est insupportable parfois… Tu n’imaginais pas… Elle non plus… Que c’étaient le dernier regard, le dernier baiser, la dernière parole.
J’espère que vous aviez passé une bonne journée. J’espère que vous vous êtes échangées des mots d’amour. J’espère que les dernières heures, les dernières minutes, ont été emplies de sérénité et d’affection. J’espère que vous avez eu ça, au moins…

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Hier soir [mardi], j’ai fait une chose incroyable.
Il y a au fond de mon cagibi, sous une tonne de sacs et d’affaires en tout genre, un petit carton que je pensais fermé pour plusieurs années. S’il est là, c’est uniquement pour mes enfants, pour plus tard. C’est le carton maudit, comme toutes ces années dont j’essaie d’enfouir la mémoire au plus profond des méandres de mon esprit.
Hier, j’ai attendu que les enfants soient endormis, et j’ai plongé dans le cagibi.
Il m’en a fallu du courage, pour en arriver là. Et je ne sais pas vraiment pourquoi je fais ça, après avoir rapidement feuilleté les albums des années d’avant… mais j’ai besoin de le faire maintenant, de regarder en arrière, une fois le bouquet final jeté sur ta tombe. Peut-être par besoin de réaliser davantage à quel point tout était faux, à quel point nous nous sommes leurrées toutes les deux… Pour aller jusqu’au bout de ma douleur, afin de donner un coup de pied au fond pour remonter.
J’ai eu beaucoup de peine à extraire le carton. Je me suis assise à même le sol, et je l’ai ouvert.
Je n’ai pas déplié le drap, pas la peine de relire ce qu’il y avait écrit dessus. C’était le drap qui avait été fixé sur l’arrière de la voiture-balai, le jour de mon mariage. Convoi d’ange-heureux… Convoi dangereux… Ca me fait froid dans le dos, aujourd’hui.
Ma robe, mon horrible robe que je n’ai jamais aimée, imposée par mon ex, est roulée en boule dans un sac. Je l’y laisse. On m’a conseillé de la conserver pour les enfants, quelle blague…
J’ai essayé de repousser l’échéance, mais voilà, j’y suis… Les albums de mon mariage… J’ai tourné les pages en pleurant...
Quelle mascarade… Jolie fête mais mariage sans amour… Chaque photo de ces deux jours m’est une blessure… Mais j’ai besoin de te voir, et sur bien des photos tu es absente… Et lui, l’assassin, présent partout à tout moment… En représentation permanente… Comment regarder ces photos aujourd’hui ? Comme même les conserver ?
Et soudain, au détour d’une page, toi et moi, le soir du mariage civil, nos têtes collées l’une à l’autre. Nous ne sommes ni maquillées ni coiffées. Je fais l’andouille, dommage. Et toi tu souris. Ensemble, toi et moi, complices, jeunes, heureuses parce qu’on ne sait pas ce qui nous attend. J’ai arraché la photo de l’album, j’ai tout remis dans le carton, que j’ai remisé dans l’oubli, le seul lieu qu’il mérite.
Mais toi, ton sourire accompagnera mes journées.

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Noël approche… Les enfants ont décoré la maison au début du mois. Mais depuis trois jours, le sapin en plastique que les chats font sans cesse tomber a été remplacé par deux matelas… Tom-Tom et Nana ne peuvent plus s’endormir sans moi, depuis qu’ils ont réalisé qu’une maman, ça peut être tuée par un papa…

Monday, December 18, 2006

Fragments

Tant de temps perdu en disputes…

Comment avons-nous pu si souvent nous détester en si peu d’années ? Nos maris n’y étaient pas pour rien, bornés et lâches qu’ils étaient… Mais quand même… Tout ce temps désormais irrattrapable, que nous avons perdu à nous traiter de tous les noms, entre deux retrouvailles pleines d'amitié… Si nous avions su…

Et ce temps qui a filé bêtement… Il faut qu’on se voie, qu’on aille escalader les rochers de Fontainebleau avec les enfants…Mais il y a toujours tant de choses si peu essentielles à faire… On aura toujours le temps de se voir, plus tard… Et puis finalement, c’est trop tard… Toutes ces discussions qu’on n’aura plus… Si intimes parfois… Cette complicité irrémédiablement perdue… Ces rires partagés… C'est pas possible...Reviens… Tu me manques…

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J’ai mis beaucoup de temps à regarder les photos d’avant, après ma séparation d’après le père des enfants. Et aujourd’hui encore, pour ne pas avoir à m’expliquer avec les enfants, je les regarde peu.
Sans doute parce que c’est inutile, aussi : certaines sont imprimées dans ma mémoire.
Il y en a une de toi que j’aime particulièrement, prise le lendemain de mon mariage. Je ne sais pas pourquoi, mais depuis toujours, quand je pense à toi, je visualise cette photo.
Il y en a une autre, à laquelle j’évite de penser, et qui me fait plus mal que jamais aujourd’hui.
Nous quatre, le jour de notre rencontre. C’était le jour de mes fiançailles, oui, nous avions fait les choses en grand, comme ça me paraît ridicule aujourd’hui…
Nous quatre, jeunes, beaux, forts, prêts à affronter la vie du haut de nos 20 ans à peine passés.
C’était le 3 mai 1998. Je ne le savais pas encore, mais Nana était nichée dans mon ventre depuis quelques heures à ce moment-là.
Toi, moi, et les deux frères.
Nous sourions.
Nous sommes heureux.
Qui aurait pu prédire comme tout allait basculer dans le sordide et l’horreur quelques années plus tard à peine ?
3 mai 1998… Eté 2002, lorsque tout a basculé pour moi… Novembre 2006… Je ne sais même pas quel jour tu es morte, quel jour il t’a tuée, lui, celui auprès duquel nous sourions toutes les deux ce jour-là ; insouciantes… Inconscientes…

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Ce matin, sur le chemin de l’école, j’ai visualisé le trou que tu as fait dans mon cœur. Je ne sais pas pourquoi, j’y ai mis des brindilles, comme un oiseau fait son nid pour ses oisillons. Je me suis dit qu’un jour, lorsque la rage et la déchirure se seraient atténuées, tu pourrais venir t’y nicher, et que tu y serais bien. J’ai même rajouté une couverture pour que tu n’aies pas froid.
Et soudain, là, à l’intérieur de moi, je t’ai vue, et tu m’as souri. Je sais que ce n’est que le fruit de mon imagination, mais tu m’as souri. Un sourire chaud et doux, au-delà de la souffrance et de l’horreur. Puis tu t’es enroulée dans la couverture et tu t’es endormie, là, dans le nid que je t’avais fait dans mon cœur. Alors j’ai pleuré. Ce sourire m’a apaisée quelques heures. Il y a encore trop de tempête, mais je sais qu’un jour tu reviendras et que tu resteras.

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Je me souviens de ta voix, de ta manière de parler, de ton sourire, plus grand d’un côté que de l’autre, de ton rire, de tes attitudes, de tes coups de gueule, de ton franc-parler parfois agaçant…De la chaleur que tu dégageais… De ta complicité avec ta fille, au prénom chanté par Gainsbourg… Ton humour… Tes larmes… Fini… Fini tout ça, foutu, fichu, gâché… Pour toujours…

Saturday, December 16, 2006

Sans titre

Sans titre, parce qu'il y a tellement de mots qu'il n'y en a plus. Qu'il n'y a plus rien, en fait, que l'immense solitude.

Des mots, pourtant, qui se cognent dans ma tête depuis hier soir, qui tordent mon ventre, qui m'empêchent de respirer.

Tristesse, colère, haine, rage, désespoir.
L'envie d'hurler, de pleurer jusqu'à ne plus rien sentir.
De prendre mes enfants sous les bras et de fuir, loin, ne plus jamais revenir...

Elle avait le même prénom que moi. Et le hasard de la vie et des rencontres nous a fait partager le même patronyme pendant quelques années, parce que nous avions épousé deux frères.
Je me souviens d'une aventure il y a 2 ans. A cette époque, j'avais repris mon nom de jeune fille, mais je me trompais encore avec celui d'épouse parfois; je n'avais plus de nouvelle de la famille de mon ex depuis la naissance de Tom-Tom. Un dimanche matin, le téléphone a sonné, et au bout du fil, une jeune femme a dit qu'elle était moi. J'ai mis quelques secondes à comprendre.

Elle, c'était moi. Moi, j'étais elle. Mon double. Positif, négatif.
Bien sûr, il y a eu les disputes de nos 20 ans, parce que nous ne nous comprenions pas. Mais vu les types que nous avions épousé, il fallait mieux qu'on se serre les coudes. Oh bien sûr, ma séparation d'avec mon ex mari a mis un temps la distance, mais ensuite, nous appréciions toujours de nous retrouver, de nous parler, même si c'était rare.

Je l'aimais, ma petite soeur de peine.

Elle voulait fuir elle aussi, fuir une vie pas possible avec un mec qui flanchait. J'aurais dû lui tendre davantage la main.

J'ai appris hier qu'elle était morte dans son sommeil.
J'ai appris aujourd'hui que c'est son mari, le frère de mon ex mari, qui l'a étranglée.

Pardon, mon autre moi, de m'être enfuie sans toi, et d'être vivante sans toi. Je vivrai pour toi, la vie que tu n'as pas vécue, cette vie que l'homme que tu as aimé a foutu en l'air durant 15 ans jusqu'au geste final.

Quand j'aurai retrouvé les mots.

Wednesday, December 13, 2006

Un clic contre l'inacceptable

Vous avez sans doute remarqué ma rubrique "ils ont disparu" parmi mes liens. Dans quelques jours, j'en ôterai un. En effet, le corps de Céline Henry a été retrouvé il y a peu.

Mais les proches de Marc Beltra sont toujours sans nouvelles de lui, tout comme ceux de Fred Nérac, Guy-André Kieffer, et d'autres dont je rajoute ce soir les blogs.

Je ne peux rien faire, pas plus que vous, mais j'imagine, comme vous, la douleur, voire le désespoir des familles. Ne rien savoir, imaginer le pire... Et se sentir seul face au gouffre. Qui ne peut se mettre à leur place?

Alors un petit clic sur leurs blogs, de temps en temps, pour prendre des nouvelles, leur laisser un mot de soutien parfois, parce que personne ne mérite de vivre ça, et surtout pas tout seul.

Tuesday, December 12, 2006

Je l'ai fait craquer!

Vous souvenez-vous de la visite du conseiller pédagogique qui m'avait tant stressée?

Malgré mes craintes (alors que je l'avais déjà vu, ce conseiller - mais pas dans ma pratique de classe - à plusieurs reprises et qu'il est loin d'être effrayant!), ça s'est très bien passé, il a trouvé que je menais plutôt bien ma barque, et m'a proposé des pistes pour améliorer l'ensemble.

Il a bien aimé mes débuts dans l'étude des insectes, et en particulier les grillons prêtés par ma collègue de CLIS, qui chantent dans la classe par intermittence.

Samedi, celle-ci a rencontré, dans le cadre d'une formation, une personne qui travaille à l'inspection.

C'est ainsi que j'ai appris que le pauvre conseiller a été très perturbé par la visite de ma classe: en rentrant à l'inspection après m'avoir quittée, il s'est posté sous les lampes en faisant "cri-cri, je suis un grillon"!

Je n'ai plus qu'à inviter le nouvel instit de Tom-Tom, l'intervenant de sport (ah!!! les cuisses musclées de l'intervenant de sport!) et l'animateur de l'accueil dans ma classe, pour tenter de les faire craquer aussi. Bel élevage non?

Monday, December 11, 2006

Etude culturelle

Je parlais récemment de mon plaisir à lire dans le train.
Ca s’est dans l’absolu, avec cette idée de temps volé au temps.
Dans la réalité, il m’est très difficile de lire tranquille, parce que je suis sans cesse envahie par une curieuse espèce d’être humain. Échapper à ses ressortissants, sur le quai de la gare puis dans le train, est quasiment mission impossible, tant ils sont nombreux et bruyants.
Nous appelons cette espèce, curieux spécimen de la diversité que nous offre la nature humaine, le « djeune de banlieue ».

Chaque fois - c’est-à-dire plusieurs fois par jour, du coup- je songe que je dois absooooooooolument filer d’ici parce que non, je ne veux pas que mes enfants deviennent comme eux.

Parce que sinon ils vont se faire pécho par les keuf, la vie d’ma mère j’avais envie de le bastonner le bâtard qu’il cause mal à ma meuf, vazy comment elle m’a trop énervée l’ôt pétasse j’avais envie d’y foutre mon poing dans la *bip*, p*tain ça fait trop ch*ier les cours et la prof elle me fait ch*ier p’tain zyva ça sert trop à rien, ta g*eule sale blaireau va, j’la kiffe trop cte meuf elle est trop bonne, j’m’en bats les steaks de ta face.

(si vous n’avez rien compris, c’est que vous êtes normaux)

Et encore, ça, c’est tout ce que je comprends et/ou retiens, ceci dit les conversations n’ont pas vraiment d’autres sujets (flic, cours, mecs/meufs), et le vocabulaire reste bien pauvre. Si au moins ils baissaient la sourdine… mais non, on dirait qu’ils veulent faire profiter les rames entières de leurs conversations impérissables et de leurs vies si bien remplies.

Sunday, December 10, 2006

Mort d'une ordure

Un "ancien" dictateur sud-américain est mort.

Jeune adolescente, j'avais été très impressionnée par la chanson que Sting avait consacré au pays qu'il a écrasé- je n'en retrouve pas le titre.

Longtemps après, j'ai rencontré un ressortissant de ce pays qui est devenu le père de mes enfants.

Lorsqu'il est question de ce dictateur dans les médias, cela me ramène à mes enfants. Parce que sans la dictature, mon ex serait resté dans son pays d'origine, je ne l'aurais pas rencontré, les enfants ne seraient pas là. Notre naissance à tous est issue d'une multitude de hasards, d'une multitude de "et si"... Et parfois, les "et si" sont monstrueux, même si nous n'en sommes pas responsables. Et cela me met mal à l'aise parfois. Que mes enfants doivent leur naissance à une dictature sanglante.

Ce soir, la planète compte une ordure de moins, une ordure qui n'a rien eu à payer, une ordure jusqu'au bout, donc.

Friday, December 08, 2006

Bonne nouvelle!

Les sud Seine-et-Marnais s’en seront aperçu, il a plu ce matin. Beaucoup, et même plus que ça. Or je vais travailler en ? en ? Ouiiiii, train, bravo pour ceux qui suivent malgré les changements de blog. Jusque récemment, je faisais en vélo le trajet de chez moi à la gare de départ, puis de la gare d’arrivée à l’école. Mais depuis un petit mois, j’ai la flemme, et je fais les trajets avec mes petites pattes. J’aime bien marcher, moment d’intimité et d’observation.

Mais ce matin, donc, il flottait. Pas grave. Je mets ma capuche sur la tête, mes mains dans les poches, et c’est parti pour la grande aventure.

Peu de temps avant mon arrivée à la gare, j’ai senti l’humidité gagner mon dos. Tiens ? Bizarre… Le bas de mon jean est mouillé sur cinq bon centimètres, rien de méchant, ça sèchera bien. J’ai loupé le train habituel, heureusement je compte large, le suivant me permet d’arriver à l’heure à l’école malgré tout. Je m’assois, ôte mon manteau trempé, mon écharpe mouillée… Gare d’arrivée. Je me rhabille, descend du train, sors de la gare, me remets en marche.

Et je sens l’eau me gagner de partout, petit à petit. Le dos, les bras, les pieds… J’arrive à l’école, remarque que les enfants sont toujours dans la cour, j’ai une minute pour me faire un truc chaud dans la salle des maîtres. Pendant que l’eau chauffe, j’ouvre mon manteau : mon pull est trempé, mon jean aussi, des fesses aux pieds, trop glamour. Ma tasse à la main, j’arrive dans la cour : mes collègues ont fait monter mes élèves, d’ailleurs tous les élèves sont montés. Ne reste qu’un homme qui me salue, un beau-papa d’élève qui demande un rendez-vous de la part de la maman. Je suis trempée, presque en retard, une tasse à la main, ça fait un peu mauvais genre pour une instit non ?
Me voici en classe. Je suis gelée. Je glisse sur la première demi-heure. A 9h, on enfile les manteaux, et youpiiiiiiiii !! Nous allons au gymnase. A un quart d’heure de marche, et il flotte toujours. J’arrive dégoulinante, je me désape, cherche un endroit où étendre mon pull, mon écharpe, mon manteau, dans l’espoir qu’ils sèchent un peu, le gentil (et mignon) intervenant, pris de pitié, tente de dénicher un radiateur, en vain. Une heure plus tard, je remets mes vêtements trempés -pull, manteau, écharpe-sur mes vêtements trempés- jeans, tee-shirt- sur mon corps trempé-mon corps, tout court. Dehors, il ne pleut plus, mais le vent glacial se charge de m’achever. Dans la classe, je me visse sur la chaise, transformée en glaçon, je fais défiler les élèves pour la récitation, puis je leurs ponds une petite dictée de mots sur ardoise. Habitués qu’ils sont à ce que je me déplace, ils écrivent trop petits : « non pas possible que je me lève, écrivez plus gros !» Ils gloussent dans leur coin mais ils ont pitié de la pauvre maîtresse tremblante au jeans qui ne sèche pas.

Enfin ! 11h30. Je me lève, et m’étonne de découvrir une mare d’eau sous ma chaise ? Je ne suis plus à ça près… Je largue les gamins, et me précipite dans la voiture d’une collègue qui m’emmène dans un centre commercial ; au pas de course, j’y achète un jean, un pull, des chaussettes, je me change dans les toilettes, c’est dur d’enlever un jeans mouillé ! Et enfin je suis au sec et au chaud ! Nous mangeons avec un lance-pierres et nous revenons au moment où les élèves se rangent, et je tombe nez à nez avec la maman d’élève qui sollicite un rendez-vous, pour le soir même c’est bon. Décidément, ils vont avoir une piètre opinion de moi ! J’ai passé l’après-midi à vider la boîte de mouchoirs de la classe et à répondre entre deux éternuements aux élèves hilares. Mais à la fin j’ai pu chanter la blatte quand même, et cette fois, le mignon jeune animateur est apparu à un moment décent (je venais juste de finir d’éternuer) et je lui ai envoyé mon plus beau sourire (enfin mon sourire habituel quoi, il est toujours beau)

Et donc la bonne nouvelle dans tout ça ? He bien, mon manteau n’est pas étanche, mes chaussures ne sont pas étanches, mais ma capuche, si !! C’est bien la seule chose qui ait tenu le choc. Je suis certes apparue à l’intervenant de sport en serpillière, mais uniquement du cou aux pieds. L’honneur est sauf.

Wednesday, December 06, 2006

Batteries à plat

J'évite de me plaindre de ma vie d’habitude.
On n’a pas à se plaindre lorsqu’on a un boulot, un toit sur la tête, de quoi nourrir ses enfants, et la santé.

Mais il y a des moments où j’aimerais m’asseoir et pleurer, un peu.

Pourtant je suis heureuse, presque, du moins je devrais l’être, non? C’est peut-être dans ce presque que tout réside…

Lorsque je ne m’occupe pas de mes enfants, je suis avec ceux des autres. Oh, pas de panique, j’aime mon métier, je ne m’en plains pas. Mais le mener de front avec une vie de maman-solo de deux enfants, sans voiture de surcroît, c’est cumuler les difficultés.
Lorsque je colmate d’un côté (ouééééééé la vaisselle de deux jours faite!) ça déborde de l’autre (argh le linge!)
Lorsque mes enfants sont couchés, je file préparer les cours et faire les corrections.
Lorsque mes enfants sont éveillés, je m’occupe d’eux, entre la préparation des repas et les tâches ménagères qui ne peuvent attendre.
Le mercredi, nous filons prendre le bus pour emmener Nana au solfège. Deux bus aller, deux bus retour, et rebelotte l’après-midi pour le cours de flûte, après avoir déposé Tom-Tom au sport.
Comme promis à ma grande fille, au retour, nous regardons un film-interdit-aux-petits… Malheureusement, nous rentrons trop tard du cours de flûte pour avoir le temps de le regarder en entier avant que je retourne chercher Tom-Tom. Elle finit donc de le regarder seule, pendant que je joue avec Tom-Tom, tout en regardant l’heure tourner, en songeant à tout ce qu’il me reste à faire…

Je sature un peu, pas souvent parce que je trouve de la satisfaction dans bien des domaines, dans le rire de mes enfants, dans les yeux de mes élèves, dans mes relations avec mes collègues… Mais je sature parfois simplement parce que dans cet emploi du temps chargé, je n’ai pas de temps pour moi.

Et ce soir, le découragement me prend, parce que ma fille a encore pleuré hier à cause de ses camarades de classe, parce qu’elle a donné à deux reprises des coups de pied très violents à son petit frère aujourd’hui, puis une fois, de rage, dans le mur, chose à laquelle elle ne m’avait pas habituée, parce que je n’ai personne qui me prendra dans ses bras ce soir, ni aucun autre soir, parce que je n’arrive pas à faire les courses de Noël puisque je suis toujours avec mes enfants, parce que je vis dans un endroit exécrable et que je n’ai pas de solution à court ni moyen terme pour changer la donne, parce que sans voiture, j’ai finalement perdu une part de mon indépendance, parce que demain, le conseiller pédagogique vient me voir, et que ça me semble une épreuve insurmontable, d‘autant plus qu‘à force de courir après le temps je n‘arrive pas à aller au bout des choses et qu‘il le constatera, forcément.

Heureusement, j’ai un refuge. Tout petit, minuscule, qui ne suffit pas à longue échéance mais qui me permet d’être ailleurs le temps d’un voyage. Ce sont ces deux moments de transport en commun de la journée, l’un le matin, l’autre le soir au retour, où j’ouvre mon livre du moment pour me plonger dans ses mots. Ca ne rechargera pas mes batteries, mais je continuerai de m’en contenter, faute de mieux.

Pensez à moi, demain matin!

Monday, December 04, 2006

Mais quand même....

Quand même, ce fut un joli week-end.
D'abord parce qu'il m'a été donné de le passer avec les enfants, alors qu'ils auraient dû être chez leur père. Mais celui-ci n'a pas appelé... Le rythme diminue doucement... Tant pis pour mon ex, tant mieux pour moi, quant aux enfants, ils ne s'en rendent même plus compte.

Nana a ramené son classeur de classe. Sur l'une des fiches, elle devait écrire trois phrases, l'une au présent, une autre au passé, la dernière au futur. Pour cette dernière, Nana annonce " un jour papa m'emmènera dans son pays." Hypothétique futur... Sans commentaire...

Je me suis une nouvelle fois occupée du présent, si riche en ce moment.
Jeux, découpages, lectures, ballade, achat de fromages - nous en sommes très friands, c'est une vraie fête pour nous d'aller chez le fromager-, confection d'une merveilleuse tarte au citron, décoration de la maison par les enfants



(grrr, il faut vraiment que ma soeur vienne chercher ces sommiers!)

Et patouillage dans la terre pour confectionner les santons dont voici un aperçu






Pour le moment, ça fait un peu "armée des zombis", je vous l'accorde! Mais nous avons eu tant de plaisir à les façonner tous les trois...

Et puis des bisous, des calins, des "je t'aime"... N'oublions pas que c'est la réponse la plus essentielle de la vie aux douleurs qui nous accablent parfois... Ce sera sans doute le seul héritage que je laisserai à mes enfants, mais c'est le seul qui importe.

Sunday, December 03, 2006

Journée ordinaire

Tom-Tom a ressenti le besoin urgent de taper dans le ballon hier après-midi, alors que nous l’avions déjà fait 1/2h le matin même après avoir pas mal marché.
Il faut mieux se geler un peu dehors qu’avoir un viking monté sur ressort à la maison, je vous assure.

Nous n’avons que 500 mètres à faire pour arriver à une grande place entièrement piétonne à la périphérie de laquelle sont érigés quelques jeux. Nous tapons un peu dans le ballon, et au bout de quelques minutes je remarque la curieuse attitude de quelques jeunes habillés en noir… Ils étaient déjà là à notre arrivée, un type s’est mis à leur crier dessus de loin, de manière assez agressive… Zut j’ai loupé le ballon… Je le récupère, le renvoie. Le type s’est approché, en continuant d’hurler, ils ont posé des trucs par terre, pas bien compris, et se sont éloignés… Oué Tom-Tom, super! Rester naturelle... J’attrape la balle du pied, la renvoie. Des policiers arrivent, je vois les jeunes courir au loin, entre temps ils se sont encagoulés. Vas-y Tom-Tom, lance le ballon. Les policiers cherchent quelque chose, je n’ose pas les déranger, j’ai peur de paraître bête si je leur montre l’endroit où j’ai vu les autres poser je ne sais quoi. J’attrape la balle, je la renvoie. Les policiers rebroussent chemin. Moins d’une minute après surgissent les gamins. « Ils les ont pris? - Non, regarde, c’est là. » Du coin de l’œil, tout en tapant dans le ballon, j’observe ce qu’ils récupèrent. Et zut!!!! Des pierres! Quelques-unes me paraissent vraiment dangereuses. Ils prennent le chemin des policiers. Des policiers qui n’ont pour tout bouclier que leurs uniformes. Les prévenir. Et éloigner les enfants. Le tout calmement. Je sors mon portable. 17. Ca sonne dans le vide… Venez par là les enfants…Au bout de 20 sonneries, je raccroche. Que se passe-t-il maman? Je rappelle, ça met du temps à répondre mais ça raccroche aussi sec. Venez, il y a des méchants qui attaquent les policiers, il faut mieux qu’on s’éloigne un peu. Je rappelle, rebelotte. Quelques personnes arrivent en courant, s’éloignant du lieu de la bataille. Pourquoi ils attaquent les policiers maman? Larmes. Au bout du 4è essai, enfin quelqu’un, j’explique la situation, tout en continuant d‘éloigner mes enfants qui pleurent, « oui, vous êtes de quelle ville? Ne quittez pas, je vous mets en relation avec le commissariat. » Les jeunes reviennent en courant. Trop tard de toute façon. Je raccroche. Nous continuons notre chemin vers le centre-ville, c’est pas bien d’attaquer les policiers, hein, maman?, nous croisons des voitures de police, et encore au retour.

Deux feux de voitures sous nos yeux en l’espace de quelques jours, dont un dans la cour du collège, une attaque de policiers par une bande de voyous (il paraît qu’on doit parler d’esclandre entre forces de l’ordre et jeunes de la cité mais je préfère appeler les choses par leur nom), c’est plus possible. Je ne veux plus voir mes enfants pleurer de peur.

« Promis, nous allons partir. »

Partir, oui, vite, re oui… Encore faut-il avoir les moyens…

Saturday, December 02, 2006

Des fois, chez moi, c'est rangé

Mais aujourd'hui vraiment pas, je crois, hein....






(Et c'est fait exprès si c'est tout sombre, comme ça vous voyez moins)
(Je suis à votre disposition pour toute question)

Friday, December 01, 2006

Maudite blatte!

Mes élèves se sont découverts une passion pour les insectes depuis que l’un d’eux a ramené des phasmes. Ca tombait bien, on en avait fini avec l’alimentation, alors sus aux insectes!!! Je n’y connais pas grand chose, mais c’est l’occasion…

Du coup j’ai trouvé rigolo de leur faire chanter la blatte de Thomas Fersen.
Je le leur fais écouter, ils accrochent à fond. On commence à l’apprendre, et immédiatement, ils "jouent le texte", et je les accompagne, accentuant les mimiques.

Dans ma chambre d’hôtel
Je souffle la chandelle


Jusqu’ici, tout va bien.

J’entends un petit bruit

On s’étonne, on cherche...

C’est une blatte!

On n’est pas contents du tout, même très énervés.

Et c’est au moment où tout mon visage respirait la colère d’une personne en présence d’une blatte dans une chambre d’hôtel que le beau jeune animateur de l’accueil est entré dans l’école et m’a aperçue par la porte vitrée de la salle polyvalente où nous répétions.

Maudite blatte!

Encore un homme à rayer de ma liste de potentiels… Déjà qu’elle était maigre… je crois même qu’il n’y avait que lui.

Thursday, November 30, 2006

Qu'est-ce que c'est?



Un indice: c'est pas une chaise.

Tuesday, November 28, 2006

Pause harmonieuse

Nana s’est mise à jouer de la flûte traversière, comme sa tante - ma sœur. Avec le même prof, qui plus est. Elle a cours le mercredi, dans la salle en face de celle où officie la prof de piano de mon adolescence. Près de vingt ans plus tard, nouveaux rapports, très agréables.

Samedi après-midi, audition des élèves des deux profs. L’ambiance est conviviale et détendue. Nana et Tom-Tom se sont assis par terre, juste devant l’estrade, avec d’autres enfants. Nana s’imagine déjà sur scène dans quelques mois, et envisage déjà le trac qu’elle risque de ressentir… J’espère que ce trac ne finira pas par avoir raison d’elle, comme ce fut le cas pour mon histoire avec le piano.

En attendant, les élèves défilent, des duos parfois, un frère et une sœur. Vers la fin, on nous annonce un père à la flûte avec sa fille au piano. Moment rare, intense… On ne sait qui accompagne l’autre. Tous les deux sont au diapason l’un de l’autre… Un père et sa fille en harmonie… Notes d'amour...Magnifique, tout simplement.

Sunday, November 26, 2006

Moitié de vie

J'ai écrit ce texte il y a quinze jours mais je n'ai pas eu le coeur de le poster, après le sinistre anniversaire de mon père - j'en ai parlé sur l'autre blog.
Mais bon, voilà, quand même.

Yves Montand est mort il y a 15 ans aujourd’hui.
C’était un samedi. Je venais de rentrer au lycée et une copine organisait une boom ce soir-là. Avant l’arrivée des autres, elle et moi discutions à l’étage, et sa mère a crié par l’escalier « le papet est mort ». Je n’ai pas compris sur le moment… Le papet, dans Jean de Florette et Manon des Sources…
Je n’étais pas à l’aise avec les autres, à ce moment-là. Mal dans mes pompes au plus haut point, maladroite, pitoyable. Cette soirée a été l’occasion pour moi de constater combien j’étais borderline. Je suppose que j’ai donné la mesure de mes possibilités infinies dans le domaine du pathétique ce soir-là. C’est la seul boom à laquelle j’aie été invitée. Ah si, il y en a eu une autre quelques semaines plus tard, avec les correspondants allemands. J’ai fait une crise de tétanie et mes parents sont venus me chercher. Bon, deux booms alors, et beaucoup de solitude sinon. Ca n’allait déjà pas fort avant sur le plan relationnel, le déclin avait commencé en 5è, mais cette année-là, et même simplement en l’espace des toutes premières semaines, ce fut une véritable rupture. Avec les autres, avec moi-même. Pourtant, on ne me fuyait pas, j’étais appréciée. Mais de loin. Je crois que je trimballais trop de tristesse dans tout mon être pour qu’on ait envie de se lier davantage avec moi. De mon côté, j’en étais devenue incapable, de tisser des liens. J’ai érigé une tour autour de mon mal-être, le vide à l’extérieur, sur lequel je me concentrais pour ne pas voir à quel point l’intérieur était noir et grouillant. Sur la pente dangereuse, j‘étais. C’est le prof de philo qui m’a sauvée la vie, deux ans plus tard, en quelques paroles bien trouvées, effrayé sans doute par mes propos suicidaires, et la chance par la suite, celle de ne pas avoir rencontré trop de personnes qui m‘auraient entraînée vers le fond. J’étais sur la pente vraiment très dangereuse… C’est de donner la vie, 6 ans après cette boom - symbole de ma vie qui partait en vrille, qui m’a forcée à me raccrocher aux branches.

15 ans…La moitié de ma vie…Et c’est la date anniversaire de la mort d’Yves Montand qui me fait prendre conscience de tout ce chemin parcouru, malgré tout.

Saturday, November 25, 2006

Le monde est contrariant, non?

On n’a pas idée de naître en automne ou en hiver.
Y’a quand même moyen de faire autrement. Tenez, par exemple, Tom-Tom et moi sommes nés en été. Bon, ok, il y a peu de monde pour fêter notre anniversaire avec nous, mais au moins, on peut prendre le temps, l’été, les jours sont plus longs et psychologiquement c’est plus facile de veiller un peu, et puis d’ailleurs les enfants se décalent presque naturellement et encore mieux, ils n’ont pas école le lendemain et avec un peu de bol on est dans une famille d‘enseignants et d‘étudiants et on peut faire ça quand on veut dans la journée.
Mais dans ma famille, tous les autres sont rien que des pénibles qui sont nés à la fin de l’automne ou en plein hiver, aux alentours de Noël - encore des gourmands qui veulent tous les cadeaux d’un coup, Tom-Tom et moi avons compris au moins, on a réparti - et puis les enfants sont fatigués, on manque de vitamines C et D, bref d’énergie, et puis y’avait école aujourd’hui et y’aura encore le lendemain alors vite vite, soufflage de bougies entre deux portes et quelques longueurs à la piscine.
Mais qu’est-ce qui leur prend, aux gens, de naître à cette période franchement?
Et qu’est-ce qui m’a pris de dire oui pour la piscine à une amie qui se reconnaîtra? Hein? J’étais pas chaude mercredi en disant oui pour le vendredi, en plus il pleuvait, j’étais hyper pas motivée, mais qu’est-ce qui m’a pris? C’est n’importe quoi de se mettre en maillot de bain quand il caille dehors pour aller faire trempette dans un bouillon de culture avec tous ces gens qu’on sait même pas où ils ont traînés.
J’y suis quand même allée, à la piscine. Et je suis rentrée juste à temps pour manger le gâteau au chocolat. Et même que finalement tout ça c’était pas si mal et que même j‘étais contente.

Je suis une contrariée contrariante, je sais. (c’est sans doute pour ça que je n’ai pas de mec!)

(en passant, l'anniversaire de mes parents attire la mort des acteurs français.... Montand il y a 15 ans la veille de l'anniversaire de mon père, Noiret, mon cher Noiret, cette année, la veille de celui de ma mère.... Juste cette parenthèse pour évoquer mon pincement au coeur)

Wednesday, November 22, 2006

Ils grandissent

Ils grandissent, et j’aime ça, les voir grandir. Les voir insidieusement quitter un monde pour un autre, sans cesse, sans crier gare non plus.
J’aime voir des photos d’eux petits, j’aime me souvenir de telle ou telle chose qu’ils faisaient alors, mais je n’ai pas de pincement au cœur, pas la nostalgie du passé. Ils grandissent, et c’est chouette.

Parce que je peux davantage les exploiter, un petit coup de main ne fait jamais de mal, en plus ils adorent m’aider.
Parce qu’ils savent s’occuper seuls, ce qui me permet d’avoir plus de bouts de vie pour moi - peut-être aussi que je me l’autorise plus qu’avant.

Et puis les grands enfants, et même les presque grands, peuvent faire des activités extrascolaires, ce qui nous permet d’être avec l’autre pendant ce temps, de passer avec lui un moment en tête à tête, à discuter et écouter en mono et plus en stéréo, et même, luxe suprême, on peut regarder Harry Potter avec une grande fille de presque 8 ans - une grande fille qui grandit, décidément.

Bref, du bonheur en barre avec eux en ce moment, je savoure cet entre-deux, entre leur petite enfance qui fut un long combat pour moi, et l’adolescence qui arrivera un jour, un peu trop vite, peut-être....

Tuesday, November 21, 2006

J'ai survécu

L’histoire que je vais vous raconter est effrayante, j’espère que vous avez le cœur accroché.

Ca se passe il y a 8 ans, quelque part en novembre. J’étais enceinte de 7 mois passés. A l’époque, j’habitais non loin de la gare de Villeneuve Saint Georges, en région parisienne -vous saurez tout. Je remontai l’avenue. Un petit kilomètre à peine, ensuite tourner dans la rue à droite, traverser, encore quelques mètres, plonger dans l’étroite allée qui menait dans un tout petit immeuble dissimulé au fond d’une cour.

Je marchai donc, lorsque j’ai réalisé que j’étais suivie. C’était très clair: j’ai ralenti, il a ralenti. J’ai accéléré, un peu -je vous rappelle mon état de femme très enceinte - il a accéléré. Bon, me dis-je, un mec qui veut me draguer, quand il verra mon ventre, huhu… Parce que de dos, j’ai toujours donné le change lorsque j’étais enceinte, et ma grosse veste de laine m’aidait bien cet hiver là.
D’un coup, le type accélère, me dépasse, j’imagine la tête qu’il va faire lorsqu’il va réaliser que je ne suis pas dragable…

Et soudain, une chute intérieure. Je ne sais pas si ce type s’était déjà aperçu que j’étais enceinte, ce qui était très clair par contre, c’est qu’il me voulait du mal, beaucoup de mal. C’était le regard de la noirceur absolue. Si je tombais entre ses pattes, j’étais cuite.

Je ne devais pas tomber entre ses pattes. Mais que faire? Impossible de piquer un sprint dans mon état. Je ne me voyais pas non plus marcher des heures dans la ville dans l’espoir de lui échapper, d‘autant que j‘avais une grossesse difficile et que je n‘aurais même pas dû sortir ce jour-là. Attendre le père de mon bébé dans le café du coin? L’autre pouvait attendre le temps qu’il fallait pour savoir où j’habitais pour la prochaine fois. Pas de téléphone portable à ce moment là, personne qui serait venu me sauver avec une voiture…

Nous approchions de l’intersection d’avec ma rue. Le type n’essayait même pas de dissimuler ses intentions: il s’est posté au coin de la rue, m’a fixé de son regard de tueur - de tueur, je vous assure, pour savoir quelle direction j’allais prendre. Une idée, je devais trouver une idée, vite… Je suis entrée dans la librairie au coin de la rue. Il m’a suivie. Une idée, vite… Me mettre sous la protection du libraire? J’y ai songé, mais que dire? J’hésite, regarde quelques magazines, en choisis un, me dirige vers la caisse, et là, le coup de bol qui m’a sauvée la vie: le type n’a pas été assez rapide, un autre client s’est intercalé entre nous. J’ai payé, je suis sortie de la libraire… Et j’ai couru. Je suis championne olympique du 20 mètres enceinte, je vous assure. J’ai couru, parce que ma vie en dépendait. Couru parce que j’avais peur, peur de ce type, peur qu’il me fasse mal. Couru, atteint ma tout petite ruelle, que j’ai remontée sur ses quelques mètres, je me suis engouffrée dans la cour, cachée derrière le mur, j’étais invisible de la rue. Je suis restée longtemps là, comme ça, pour être sûre, avec la peur au ventre, encore, la peur qu'il cherche en se doutant que je ne pouvais pas être loin.... et là, seule, au fond d'une cour..... Mais non, rien.
J'étais sauvée.

Je ne l’ai jamais revu, du moins physiquement. Parce que sinon, je le revois souvent. Avec cette question lancinante: que me serait-il arrivé si je n’avais réussi à m’échapper ce jour-là?
Lorsque j’y pense, je me dis que ce simple fait devrait suffire à me donner envie d’être heureuse, jour après jour. A l’être, tout simplement.
Parce que ce jour-là, j’ai survécu à l'abominable.

Monday, November 20, 2006

Finalement....

Il y a quelques mois, j'ai préféré opérer une séparation entre ma vie personnelle et ma vie professionnelle, parce que l'une avait trop bouffé l'autre l'année dernière et je ne voulais pas à nouveau en pourrir ce blog....
Mais finalement, je n'ai pas le temps d'avoir deux blogs - déjà un, c'est rude.
Et puis finalement, cette année, ma vie professionnelle est plutôt agréable.

Alors voilà, retour aux sources... Un peu changée, parce que Lili, c'est un peu beaucoup moi aussi, forcément. Jeune bergère plus que jamais, de ses enfants et de ses petits élèves. Et puis dans la lune comme me le répètent les uns et les autres, bien plus que dans le ciel - mes doigts ont rippé le jour où j'ai créé l'autre blog.

Voilà, Lili lajeunebergère et les siens, en direct d'une bergerie quelque part dans la lune.

Sunday, November 19, 2006

Prévu/imprévu

Une naissance à quelques jours du terme, un petit bébé tout neuf qui flotte dans ses vêtements trop grands, un allaitement d'ores et déjà raté grâce au personnel de la maternité, mais de l'amour, beaucoup.

Une maîtresse qui apprend un lundi qu'elle a obtenu sa mutation et qu'elle doit plier bagage le vendredi. Un Tom-Tom triste de devoir renoncer à une enseignante qui lui a tant apporté en si peu de temps.... Il a choisi un beau collier à lui offrir en remerciement, nous avons fait un gâteau.... Un baiser en retour, et voilà, c'est fini.... Le nouveau maître arrive lundi-hé oui, un homme, c'est rare en maternelle mais ça arrive!

Prévu, imprévu, deux aventures qui commencent...

Adieu petit sac à dos

Que faites-vous lorsque vous trouvez dans un parking ou en bas de l’ascenseur d’un immeuble un petit sac à dos Batman contenant quelques vêtements de petit garçon et un cahier avec tampon de l’école maternelle située à quelques dizaines de mètres de là et nom et prénom du petit garçon à qui tout ceci appartient?

Non ne dites rien, je sais, vous êtes des personnes bien, amis lecteurs. Vous habitez peut-être l’immeuble où réside ce petit garçon, vous avez repéré son nom sur la boîte aux lettres, vous y glissez un mot, « retrouvé le sac à dos, vous pouvez venir le chercher à tel étage », ou même vous le rapportez carrément. Ou alors, vous ne savez pas où habite ce petit garçon, alors vous rapportez le sac à l’école, à quelques dizaines de mètres de là.

Tom-Tom a perdu son sac à dos mardi en fin d’après-midi, soit sur le parking, soit juste à côté de l’ascenseur, alors qu’il était avec ma mère. Il est porté disparu. J’habite un quartier où on garde jalousement ce qu’on trouve, qu’il y ait un nom ou pas.

Un quartier où je me dépêche de passer sous les ponts pour ne pas recevoir de crachats d’en haut.
Un quartier où je me fais appeler mémé par des imbéciles de 15 ans - ce n’est pas qu’on m’appelle mémé qui m’agace, mais que ça soit une insulte et qu’on se permette d’en user dans la tête des inconnus dans la rue, gratuitement.
Un quartier où une fille est une femelle ou une gazelle.
Un quartier où on se fait asperger de coca en passant.
Un quartier où rares sont les moins de 30 ans qui en valent encore la peine.
Un quartier dont certains aspects me manqueront, malgré tout, lorsque j’en serai partie. Parce que non, je ne peux pas, je ne veux pas rester là, dans cette ambiance si moche où le respect de l’autre ne signifie plus rien.

Et j’ai mal au bide pour le sac de Tom-Tom l’angoissé.

Saturday, November 11, 2006

Intégration

Ma collègue de CLIS et moi avons fait un nouveau décloisonnement sauvage - ça nous arrive, en plus de nos mélanges habituels théâtre-anglais-sports.
Ma collègue a pris les élèves en arts plastiques, moi en expression écrite: il s’agissait de leur faire découvrir l’album sans textes que nous allons tenter de mettre en scène.
Ambiance formidable: 14 ou 15 élèves - nous avons fait tourner nos 2 groupes, rien qui ne les différencie les uns des autres. Ensemble.
Deux des élèves de la CLIS sont aussi les miens. D’ailleurs, pour tous, je suis devenue un référent à part entière, comme l’est ma collègue pour mes élèves. Une intégration à double sens.
Prise par le temps, par ma classe, par ma vie qui ne roule pas comme je l’aimerais, je n’ai jamais eu le temps de rebondir sur ce billet d’Otir.
C’est fait. Maladroitement, parce que je ne sais que rajouter à ce qu’elle dit.
Oui, il faut faire attention aux mots. Et davantage encore, lorsqu’il s’agit des enfants. Parce que derrière les mots, il y a des pensées. Et la France est bien à la traîne en matière de handicap.

Tuesday, November 07, 2006

A taaaaaaaaaable!

(post spécial gourmands, s'ils ont la force de patienter quelques jours)

J'ai entamé le programme de biologie par l'étude du corps humain. Squelette, articulations, intérêt des os, muscles, coeur-poumons, circuation sanguine, alimentation. Oui je sais, j'ai un peu sauté du coq à l'âne sur la fin (il aurait été plus logique d'aborder la digestion au préalable), mais je sentais l'intérêt des élèves se relâcher

Pour commencer, je leur ai demandé d’élaborer des menus, en groupe de 4 ou 5. En confrontant les différentes propositions les unes aux autres, en faisant des regroupements, nous sommes arrivés aux familles d’aliments. J’ai même pu donner des noms barbares: vitamines, dont ils avaient déjà entendu parler, merci la pub, mais surtout glucides lents ou rapides, lipides, protéines…en expliquant à quoi chacun de ces apports était utile pour l’organisme.

La fois suivante - le dernier jour avec les vacances, les élèves ont créé leur « fleur alimentaire », 7 pétales pour les 7 familles d’aliments que nous avons trouvées: fruits/légumes, viande/poisson/œufs, laitages, sucres lents, sucres rapides, graisse, boisson. J’étais très étonnée de constater que la majeure partie de mes élèves était capable de réinvestir le travail de la séance précédente: ils ne se trompaient que très rarement en collant leurs images d’aliments.
Aujourd’hui, élaboration de menus sur la journée. Hier, en préparant la séance, j’avais trouvé intéressante l’idée de rassembler le menu type de chacun dans un classeur. Finalement, ils étaient tellement emballés que j’ai décidé d’aller plus loin. J’aimerais glisser en plus dans ce classeur des recettes que chaque enfant ramènerait de chez lui, et que ce classeur fasse ensuite le tour des familles.

Si l’eau me vient à la bouche à la lecture des recettes, je les partagerai avec vous! A suivre donc ;-)

Monday, November 06, 2006

Hélène sur le petit pont de bois en octobre....

Hélène, donc….
Oui pauvre Hélène, avec ses sabots crottés, et les trois capitaines l’avaient appelée vilaine-eu…. Brassens… Mon chanteur favori… Vous avez déjà entendu du Brassens chanté par des enfants? Non? Bin vous perdez beaucoup.

Mon chanteur favori, donc, et comme je suis faible j’ai commencé par lui. Enfin, pas tout à fait: j’ai déclenché les hostilités avec En Passant par la Lorraine, un chant populaire qui se perd, ma brave dame… Le parallèle entre les deux chants était évident et les élèves l’ont immédiatement perçu. Et surtout, à ma grande surprise, ils ont adoré les deux chansons! Ils les chantonnent souvent - surtout la version de Brassens, en cours, dans les couloirs, à la sortie…J’en ai vu même qui les apprenaient aux camarades des autres classes lors de récréations.

J’ai continué avec Le Petit Pont de Bois, de Duteil… Oui bon je sais… N’empêche, ça a eu un effet incroyable: la première fois que je leur ai fait écouter la chanson, ils se sont mis à sautiller dans toute la salle. C’est très entraînant, très vivant, ils ont adopté.

Et comme nous rentrions dans l’automne, juste avant les vacances, je me suis tournée vers Cabrel et son Octobre. Comme nous étions pris par le temps, j’ai procédé à l’inverse de ce que je fais d’habitude: je leur ai donné le texte, ils l’ont collé dans leur cahier, on a fait de jolies décorations avec les feuilles d’arbres aux couleurs de l’automne, puis le jour de la chorale, nous avons écouté la chanson.

Et là le bide, mais le bide!!!
Ils n’étaient pas du tout motivés, et j’ai fini par comprendre que c’était trop compliqué pour eux. Ils me l’ont dit d’ailleurs: « on comprend rien ». Je leur ai quand même passé la chanson une dernière fois, et ils ont fait les andouilles, faisant semblant de chanter dans d’invisibles micros, en faisant des mimiques irrésistibles.

Je n’écouterai plus jamais Cabrel de la même manière!

Vendredi, je tente un autre chant populaire, Sur la Route de Louviers… Croisez les doigts pour moi!

Tuesday, October 31, 2006

Recyclage

Ce blog ne mérite pas d'être ainsi laissé à l'abandon...
Mais après ce qui s'est passé j'avais besoin d'une vraie pause et ça tombe bien, les vacances sont là pour ça. Elles permettent également de tirer le bilan d'une période, et ce bilan, je n'en suis pas satisfaite. Heureusement, je sais pourquoi. Je sais ce qui n'a pas marché et doit donc être modifié. Après quelques jours de glandouillage intense, me revoilà sur le pont pour préparer la rentrée.

En attendant, voici quelques photos de 2 séances d'arts plastiques. La première que j'ai bidouillée à partir de photos déchirées et récupérées - les élèves devaient imaginer le reste de la photo.

























L'autre mise en place par la maman d'élève dont j'avais parlé, professeur d'arts plastiques. Ce qu'elle a proposé peut être choquant: les élèves ont déchiré des pages de livres et devaient les coller après les avoir manipulées (pliées, déchirées, roulées en boule....) de façon à faire du relief. Je vous rassure, la prof a bien insisté: il s'agissait de vieux livres destinés à la poubelle. Les oeuvres ainsi obtenues ont été peintes, et doivent prochainement être reliées pour être transformées en couverture de cahier.
J'ai beaucoup aimé les mélanges de couleur faits par les élèves. Cela me ramène à un film passé récemment à la télévision, Ca commence aujourd'hui, de Bertrand Tavernier, qui fait dire à un de ses personnages qu'on peut faire du beau avec du rien.



















(j'avais une autre photo à insérer dans ce post, malheureusement elle fait de la résistance et refuse d'être publiée, peut-être ce soir...)

Demain, je vous parlerai de la pauvre Hélène et de ses sabots crottés :-)

Wednesday, October 18, 2006

Et pourtant....

Il faut bien continuer.... Se lever, quand même, affronter la classe d'enfants choqués, qui pensent que leur ami va mourir et que je vais aller en prison (je me demande quel parent a pu lancer ça...). Affronter l'enfant responsable, coupable, et son terrible regard indifférent. Travailler, le son [k] et s'il faut écrire et ou est, un peu de symétrie, l'après-midi l'alimentation (les pâtes poussent sur les arbres et les céréales c'est de la farine de blé) et enfin la fameuse lettre à l'ami hospitalisé. Je demande aux élèves d'écrire un petit texte sur le cahier de brouillon, que je corrigerai avant qu'ils ne le réécrivent sur une feuille blanche, avec un dessin.

Les
"je t'aime"
"t'es mon pote"
"j'espère que tu vas bien"
"j'espère que tu vas t'en sortir"
"je pense fort à toi"
"je te fais plein de bisous"
défilent, et soudain
"pardon de t'avoir poussé"

???
Surprise, je le regarde droit dans les yeux.

Il est aussi intelligent que malin, mais peut-être, peut-être, y a-t-il de l'espoir, malgré tout....

Monday, October 16, 2006

Quelques notes de silence....

Parce que ce soir, un petit garçon est à l'hôpital par la faute d'un autre. D'un autre qui a agi volontairement, consciemment, et ne regrette rien.

Parce que je n'ai pas fait ce métier pour appeler le SAMU.

Parce que dans sa nouvelle école, ma fille se fait menacer, racketter, humilier, violenter.

Parce que je n'ai plus d'espoir pour ce navire qu'on laisse sombrer corps et âmes.

Banlieue parisienne.

Thursday, October 05, 2006

Ca y est....

Décidément, je manque de temps, entre les préparations pour ma classe et ma vie personnelle (bin oui!). Je vous remercie pour les commentaires que vous laissez, je les lis avec attention et y répondrai ce week-end.

Mes élèves préfèrent continuer d'écrire que de profiter de la récréation, ils jouent aux hommes préhistoriques, ils se battent pour lire leurs productions, un extrait de livre, faire un exposé.... Ils doivent s'inscrire à l'avance sur la liste appropriée puis cocher une autre liste après être effectivement passés. Je fais des tours pour tout: écrire la date au tableau, distribuer le matériel, faire l'appel pour la cantine....
Certains de mes élèves ont la bougeotte, et si j'avais envie de m'opposer à ce fait, je me battrais pour rien toute l'année.... alors ils ont le droit de se placer où ils veulent lors des lecture diverses et récitations.... souvent assis par terre devant l'orateur. Mais ensuite, plus le droit de bouger, il faut écouter.
Il y a 2 tables libres dans la classe, complètement isolées: parfois, l'un ou l'autre aime s'y asseoir pour travailler...

L'ambiance est très agréable et il se passe de très belles choses qu'il me tarde de raconter.
Mais tout n'est pas aussi aisé que je semble le décrire. Il y a des animosités qui explosent parfois violemment, un manque d'écoute, beaucoup de bavardages qui entravent le bon déroulement des cours. Et puis les niveaux sont si différents.... Je songe à me lancer dans le système de ceinture proposé par la méthode Freinet (hé oui, encore!). Ainsi, chacun sait dans quel groupe de niveau il se trouve dans les différentes matières, ce qui permet de diversifier les exercices sans que ce soit mal perçu; et on peut constater son évolution dans l'année. Les ceintures valent aussi pour le comportement.

Bien des choses encore à mettre en place, donc. Dans l'enthousiasme, même si je cours sans cesse après le temps.

Pour finir, une bonne nouvelle: elle part dimanche....En attendant, elle dessine des maisons sur toutes les feuilles qui lui tombent sous la main! Petit goûter d'adieu demain après-midi, pour elle et une autre de mes petites élèves qui déménage. Je leur souhaite le meilleur.

Sunday, October 01, 2006

En duo

(Je n’ai pas eu le temps d’écrire récemment, et pourtant j’ai des milliers de choses à dire. Je devrais écrire plus régulièrement et plus souvent désormais: j’ai fourni le gros travail nécessaire à la bonne marche de la classe, cela m’a demandé du temps mais me permet d’en gagner aujourd’hui.)


Je n’ai pas encore eu l’occasion de vous parler de ma collègue de CLISS. La Cliss, c’est cette classe qui change sans cesse de nom, mais qui, pour faire court, reçoit les enfants « à problème », et ces problèmes peuvent être aussi divers que variés.

Le premier jour, elle nous annonce qu’elle a l’habilitation d’anglais; cela n’intéresse pas mes autres collègues, qui ne se voient pas prendre les élèves de la cliss pendant que leur enseignante fait cours d’anglais aux leurs. Plus tard dans la journée, je vais la voir: je suis d’accord pour l’échange de service. Elle saute sur l’occasion: elle aimerait regrouper nos 2 classes pour le cours d’anglais. Tiens? Pourquoi pas….. J’accepte…. Et nous voilà embarquées dans un formidable pas de deux.

D’une manière un peu tacite, nous avons pris tous nos créneaux de sport (avec intervenant) ensemble.
Je lui ai proposé de faire du théâtre. Nous avons commencé à monter un projet autour d’un très bel album sans paroles que j’ai toujours rêvé de bosser avec une classe, Clown, de Quentin Blake. Coup de bol, nous avons eu droit à un intervenant théâtre du coup (ce qui n’était pas du tout prévu à l’origine), qui n’est jamais parti d’un album sans paroles et est ravi de tenter l’expérience.

Finalement, nous coupons notre grosse classe (33 élèves) en 2, une moitié en anglais, l’autre en théâtre, et on tourne au bout de 3/4h: tout le monde s’y retrouve.
Dans la foulée, ma collègue m’a demandé d’intégrer 2 de ses élèves dans ma classe, l’un pour les cours de français, l’autre pour les cours de mathématiques.

Les élèves dans tout ça? Ca ne leur pose pas de problème.

Les parents? J’ai eu ma réunion parents-prof samedi dernier, et je n’ai pas tout avoué; le risque en parlant de la mixité que nous avons mise en place, c’est qu’ils pointent les élèves de la cliss du doigt au moindre problème. Ils ont bien le temps d’apprendre que les classes sont mélangées pour certaines activités et que 2 élèves sont intégrés une partie de la journée dans ma classe, et ils constateront dans la foulée que ça n’empêche nullement les apprentissages.

A propos, j’appréhendais cette réunion. J’avais peur que les parents ne prennent pas au sérieux le travail d’expression écrite, le théâtre, la chorale (oui, j’ai monté une chorale! J’en reparlerai)….. Finalement, tous avaient l’air d’apprécier tout ce que j’avais mis en place! Nous avons eu un vrai échange, qui me « force » à aller plus loin dans la méthode Freinet - dont je n’ai pas cité le nom- et ça aussi, j’en reparlerai.

Je finirai par cette bonne nouvelle: à la fin de la réunion, plusieurs parents sont venus me voir pour me parler du cas de leur enfant. Une maman a commencé par me remercier: c’est la première fois que sa fille est heureuse d’aller à l’école! Rien ne pouvait me faire plus plaisir que ça…. La maman ajoute qu’elle peut venir animer mes séances d’arts plastiques; tiens, une artiste? Non, une ancienne prof d’arts plastiques à l’iufm! Elle a certainement reconnu ma démarche, ce vers quoi je tends, et cette proposition qu’elle m’a faite -qu’elle n’avait faite à aucune enseignante jusque là -sonne pour moi comme une validation… Je sens plus que jamais que je suis dans la bonne direction, même si je tâtonne beaucoup.

Thursday, September 21, 2006

Ecrire

J'ai suivi le conseil de Caroline dans le post précédent; jeudi dernier, j'ai laissé 1/2h à mes élèves pour écrire ce qu'ils voulaient.... J'ai pensé que beaucoup n'oseraient pas se lancer sans consigne, sans direction à suivre, sans filet. Il n'en a rien été, tous étaient emballés et ont écrit au moins un petit texte. Les CE1 ont eu plus de mal bien sûr, mais ont chacun écrit une phrase.

Ceux qui le souhaitaient ont pu lire leur production. J'étais étonnée de découvrir une telle richesse, les histoires étaient souvent pleines d'humour, et dans d'autres nous retrouvions les traces de textes lus en classe.... ou de dessins animés connus!

Dès le lendemain, j'ai donné à chacun des élèves un cahier destiné aux productions d'écrit libre. Le piège! Ils ne cessent de noircir des pages entières dès que j'ai le dos tourné! Me voilà obligée de leur laisser du temps chaque jour! Ils peuvent également écrire dès qu'ils ont un moment libre: voilà qui est motivant pour finir vite - et bien- son travail. Certains élèves - les filles surtout- rajoutent des illustrations. Il me faut à présent dégager un créneau chaque jour pour leur permettre de lire leurs oeuvres - c'était difficile cette semaine à cause des évaluations des CE2, qui ont pris beaucoup de temps. En attendant, je vois parfois des groupes d'élèves pouffer de rire autour d'un cahier.... Ils sont fiers.... et heureux de cet espace de liberté! Je n'imaginais pas une telle envie d'écrire!

Certains emmènent leur cahier chez eux pour continuer. Un de mes petits caïds a lu une production qui m'a surprise de sa part, une longue histoire avec de multiples rebondissements.... on découvre les enfants autrement.

La prochaine étape, c'est de leur demander, chaque mois, de choisir chacun un de leur texte, de le corriger - et là il faudra qu'ils se débrouillent au maximum en utilisant les outils mis à leur disposition - et de le taper sur l'ordinateur, afin que tous ces textes soient regroupés dans un journal que chaque élève pourra ramener chez lui.

Lundi matin, A. est arrivée en courant: "je pars lundi prochain, ça y est, je rejoins mes parents!"
C'était prévu depuis la rentrée, j'étais contente pour elle.
Aujourd'hui, elle a lu son texte. Elle y racontait que son père l'avait amenée en France lorsqu'elle avait 5 ans, l'avait confiée à son oncle et sa tante et était reparti. Elle a parlé de sa tristesse, de la promesse non tenue de ses parents: l'appeler tous les dimanches. Mais enfin elle va retrouver ses parents et sa maman et elles ne se quitteront plus.

A 16h30, le directeur et moi attrapons l'oncle au passage, pour lui demander quand la fillette part exactement afin de lui donner les papiers nécessaires: non, en fait rien n'est encore établi, il faudra bien encore une quinzaine de jours.... Mine décomposée de la fillette: "mais maman m'a dit lundi".... Je la revoyais, lisant son texte devant la classe pétrifiée de découvrir qu'elle n'avait pas vu ses parents depuis plusieurs années....

Wednesday, September 13, 2006

Enfant, je détestais l'école. En réalité, j'ai détesté l'école de la maternelle à la fin de la fac. Ca a empiré à l'entrée au collège puis à l'entrée au lycée, avec le stress des contrôles, des leçons pas apprises (bin oui....), des devoirs baclés (bin oui....), avec donc la crainte d'être interrogée, les matières que je ne maîtrisais pas et les mauvaises notes au bout.

L'enfer.... comme sans doute beaucoup d'entre vous.... Que celui qui adorait l'école et y allait en courant lève le doigt, j'aimerais faire une enquête sociologique à son sujet.

C'est sans doute la raison pour laquelle j'ai tant hésité à devenir prof moi-même.... Quoi? Moi, bourreau d'enfants à mon tour? Vous plaisantez j'espère!

Bon voilà, je le suis, j'y reste, pour un bout de temps au moins.

L'année dernière, ça allait, les petits aiment bien l'école maternelle, on joue, on fait de la peinture tout ça, ça passe encore.

Cette année, CE1-CE2, premier jour, des parents viennent me voir: vous savez, mon enfant est mort de trouille....
Mort de trouille à 8 ans!!! Mais qu'avons-nous fait de l'école? Ce lieu où on est simplement censé enseigner aux élèves ce qu'ils ne savent pas encore? Et leur donner le goût d'apprendre? de chercher? de créer?
Une usine à notes et à punitions.....

Dès les premiers jours, j'ai senti que l'école et moi, ça ne collait pas. Pas comme ça. Je le savais avant déjà, mais là j'étais dedans et forcée de réagir.
Je ne veux pas faire apprendre des règles de grammaire absconses et abstraites que beaucoup d'élèves ne sauront pas réinvestir. Je ne veux pas les faire trimer des heures sur du français et des maths. Je ne veux pas, et je ne peux pas. Je serais la première à m'ennuyer. En plus, on sait que ça ne donne guère de résultats: ceux qui s'en sortent sont souvent ceux qui s'en seraient sortis sans nous, on arrive à en attraper certains par ci par là, beaucoup sombrent, s'en fiche et n'ont plus envie de rien.

Je n'ai pas la prétention de révolutionner quoi ce que soit, d'autres l'ont fait avant moi, et tout mon cheminement me conduit à ce qu'ils ont mis en place. Je pense à Freinet en particulier.... Je vais tenter de mettre en place cette méthode cette année, petit à petit.... En attendant, j'essaie avec mes propres moyens de donner aux élèves l'envie de décrouvrir et d'apprendre.... Et de rêver....
Hier, ils ont récité Le cancre, de Prévert.... Beaucoup étaient pétrifiés, regardaient le sol, trituraient leurs vêtements, tordaient leurs mains, se liquéfiaient sur place en cas d'erreur...
Comme c'est triste de ne plus envisager la poésie que comme une épreuve à surmonter.... J'espère qu'à la fin de l'année, ils réciteront leurs poésies avec plaisir, et qu'ils en écriront....

Friday, September 01, 2006

Verdict.....

J'ai fait des cauchemars durant ces vacances. Horribles. Hyper réalistes. Avec les collègues. Ca s'est calmé un temps, puis c'est revenu, approche de la rentrée aidant.

Une pensée m'a tenaillée durant tout l'été: je risque de retourner dans cette école. Je savais que j'avais un choix à faire entre plusieurs propositions, mais sans voiture, je ne peux pas aller dans certaines des villes de ma circonscription, ce qui restreint ce choix (pour tout dire, il n'y a que 2 villes desservies depuis chez moi). Et puis l'année dernière, on ne m'a donné le choix qu'entre 2 villes.... Alors si cette année, on me propose l'école des sorcières -en pensant me rendre service puisque j'en viens- ou une école que je ne peux rejoindre en transport, la question ne se pose même pas....

Je m'y suis faite, à la longue. Ok, je retourne dans l'école infernale, au moins, je sais ce qui m'attend.

Et puis avec un peu de chance, on me proposera d'autres postes. Et là aussi j'ai commencé à cogiter: comment on fait pour choisir lorsqu'on ne connait pas les écoles, et puis faut pas que ce soit trop loin des gares RER, et puis choisir une école qui bosse le mercredi ou le samedi? sachant que mes enfants auront classe le samedi cette année, mais le mercredi y'a les activités, rha zutzutzut.

Des fois j'arrêtais de cogiter quand même, parce que cogiter sur le vide ça n'est pas productif du tout et ça ne sert carrément à rien.

Ce matin, convocation à l'inspection à 9h. On m'apprend que j'ai le barème le plus haut, je suis donc la première à choisir dans la liste. 9 postes. Wahou!

J'écarte l'école des sorcières, la ville entière de l'école des sorcières parce que décidément bosser le mercredi ça n'ira pas, la ville sans train (aucun poste dans les autres villes sans train), je vérifie l'emplacement des 2 ou 3 écoles qui restent, je préfèrerais un niveau simple, mais je n'ai pas le courage d'affronter une classe maternelle cette année (une moyenne section pourtant...j'adore, et juste à côté de la gare!)(c'est surtout une atsem que je n'ai pas le courage d'affronter)(et les collègues de maternelle)(et puis j'ai envie de changer)(enfin bref), j'opte pour un CE1-CE2, à 10 minutes à pieds de la gare...

Ecole de vieilles, je suis ravie, elles ne se prétendront pas mes copines pour mieux me piéger, elles n'ont rien à prouver, elles me ficheront sans doute la paix tant que je n'empiéterai pas sur leurs plates-bandes, ce dont je me garderai bien.

Bon, là, j'ai une pile de manuels sur la table, je ne sais pas quel bout prendre les choses, je commence à paniquer,et à me demander si je n'aurai pas dû choisir la classe de moyenne section finalement! Il faut que je m'y mette, y'a pas de doute...

Tuesday, August 22, 2006

Ah bin d'accord.....

Ma fille a eu une prof extraordinaire en moyenne section. Une artiste de métier, qui a fait faire une tonne d'art plastique aux enfants.
Beaucoup d'oeuvres de princesse ornent les murs de l'entrée et de la salle de séjour.
Depuis princesse dessine énormément, et avec talent (si, je ne vous permets pas de douter!), et en partie grâce à toutes les billes apportées par la prof.

Lorsque je me suis retrouvée avec des petite et moyenne sections l'année dernière, ça m'a mis la pression. Inutile de dire que je n'ai pas fait le 1/4 de ce que la prof de moyenne section de princesse avait réalisé cette année là.

Et avec des résultats, heu....

Je me suis demandée comment ça se faisait que princesse avait peint de jolis bonshommes (roi, sorcière....) avec tout ce qu'il faut partout alors que certains de mes élèves en étaient encore au bonhomme tétard. Et puis toutes ces fleurs, avec les volutes de tiges, les nuances de couleur.... Les animaux avec leurs 4 pattes sous le corps, la tête d'un côté, la queue de l'autre....


J'ai eu la réponse ce soir: "Annie avait fait le visage au feutre, et puis aussi le ventre et les bras". "Et là elle a fait les tiges au crayon de papiers"
" et après on repassait dessus"

Ah oué, d'accord..... si j'aurais su, huhu.....

(ça n'enlève en rien tout le mérite de la prof ;-) ça m'a juste donné une mauvaise idée de ce que les enfant de 4 ans sont capables de réaliser....)

Je rends la place aux squatteurs (mais que ça n'empêche pas les autres de poster)

Pour diverses raisons personnelles, je parlerai désormais uniquement de mon travail sur ce blog..... j'ai trouvé à m'exprimer ailleurs pour le reste.... un p'tit mail pour tout savoir ;-)

Tuesday, August 15, 2006

Blog en pause

Un peu pas longtemps ou beaucoup moins.....

Mon adresse mail reste disponible (on peut m'écrire en passant par mon profil)

A bientôt ;-)

Monday, August 07, 2006

Au bout du chemin....

C'est 2 jours avant la date du retour que je me suis souvenue qu'il habitait Noirmoutier et que justement, ça faisait 5 jours que cette île me crevait les yeux.... On a pris le car, on a marché, et plus on approchait, plus mon coeur battait.... Je ne savais pas trop à quoi m'attendre, je n'espérais pas grand chose de positif, je n'espérais rien, peut-être même qu'il ne serait pas là, ce serait dommage mais plus facile aussi, mais quand même ça serait mieux, que les choses soient dites, et puis peut-être, peut-être?

Le miracle n'a pas eu lieu..... Au bout du chemin, il m'a ouvert sa porte pour la refermer presqu'aussitôt.....

Certains ont un oncle d'Amérique, moi j'ai un oncle de Noirmoutier..... Qui m'a fermé son coeur, cette fois là comme tous les jours depuis 30 ans....

Je me suis sentie comme un pont entre deux rives, comme le trait d'union de 2 frères brouillés je ne sais pourquoi..... Mais l'âge fait réfléchir, avais-je pensé, peut-être aimeraient-ils se revoir avant qu'il ne soit trop tard, mais qu'aucun des deux n'ose le premier pas.... J'aurais aimé.... Une famille, du côté de mon père, j'aurais aimé.... Sur ma lancée, je vais tenter de recontacter la vieille soeur de mon père, mais sans espoir, juste par acquis de conscience, pour ne pas vivre avec des regrets, après.

C'est drôle, en un mois, je me suis retrouvée 3 fois à faire le chemin vers quelqu'un, et les 3 fois la porte s'est refermée.... Et vraiment, même si ça fait mal, je n'ai aucun regret..... Je ne supporte pas de vivre avec le doute, avec la petite idée qui titille le cerveau, sans savoir avec certitude. Si c'est nécessaire, je ferai encore le chemin qui m'appelle, même si c'est perdu d'avance, parce qu'il arrive que la porte ne se referme pas, quand même.

Sunday, August 06, 2006

Impressions

Ma soeur. Ma soeur en parme un jour, ma soeur en blanc le lendemain, ses larmes, les miennes que je retiens. Peu importe tout ce qu'on pense du mariage, peu importe demain ou dans 20 ans, ma soeur est heureuse et le dit et je suis heureuse pour elle.

La valse des visages sur lesquels j'ai parfois du mal à mettre un nom, le sourire partout, mes enfants très bien habillés qui jouent au foot sur la pelouse, les rires et les embrassades, ma petite nièce au nom de fleur, les amis de ma soeur, artistes bohèmes au milieu desquels l'âge n'a pas d'importance, mes 30 ans que les uns et les autres me souhaitent en souriant, les amis retrouvés, la surprenante complicité établie avec la belle-soeur de ma soeur, le jeu de chaises musicales sans musique mais avec épreuves, et me voilà avec un gage (aider les jeunes mariés à faire le ménage de printemps en avril 2007!), mes frères et leurs amies que j'ai réunis autour du Mistral gagnant de Renaud, ma fille qui danse comme une folle sur la piste à 3 h du matin et qui finalement rejoint son frère endormi sur des chaises, le réveil après quelques trop courtes heures de sommeil, le joyeux petit-déjeuner, le sentiment de voler quelques précieuses heures au temps, puis le train, mes enfant sales dans leurs vêtements de fête avachis, l'amie et sa fillette rejointes là-bas, quelques jours de sable et de mer, de soleil et de pluie, de bavardages incessants et de silences complices, le retour dans une maison qu'on redécouvre comme après une longue absence.

Jolie carte postale aux couleurs de 10 jours à part......

Tuesday, July 25, 2006

L'affaire des socquettes blanches

Ma fille est demoiselle d‘honneur au mariage de ma sœur.

Au début, ma mère voulait que toutes les petites fille d’honneur aient la même robe. Toutes les petites filles d’honneur= ma fille, notre nièce qui aura 11 mois ½ , la nièce du futur mari qui aura 8 mois. Lesquelles donc ne marcheront pas et passeront toutes la cérémonie dans les bras de leurs parents. J’ai donc fait remarquer à ma mère que c’était inutile qu’elles aient les mêmes robes, « oui mais c’est pour les photos »….. Ouais mais bon, ça fait plaisir aux parents d’acheter une jolie robe pour leur fille, de la choisir tout ça, on va pas imposer un truc particulier aux autres juste pour les photos hein? Ouf, j’ai eu gain de cause.

J’ai acheté une chouette robe pour ma fille dans un dépôt-vente, un truc qui fait un peu cérémonie, mais remettable à d’autres occasions.
Mais du coup, ma mère a acheté 3 ROBES pour ma fille. Gné? Bon il y a encore quelques semaines de répit, on verra.

Mais là, ma mère évoque de plus en plus le fait que la robe que j’ai choisie sera pour le vendredi, l’autre, une de celle qu’elle a choisie, pour le samedi - le jour le plus "important".
Là, ça commence à me gaver un peu, quand même. Mais bon, comme fait remarquer ma sœur, à juste titre, « tfaçon, ce sera moi la reine du jour ».

Tout aurait pu en rester là sans l’histoire des socquettes blanches. Ma mère a pondu ça la semaine dernière. Mes enfants doivent porter des socquettes, « je vois pas l’intérêt », « si, ça finit la toilette », assène-t-elle de son ton grande dame que j’exècre (celui qui ne souffre aucune réplique, juste parce que c’est comme ça) « oui mais bon, on s’en fout des pieds des enfants d’honneur, tout le monde n’aura d’yeux que pour la mariée », ah oui mais quand même ils seront devant la mariée, et pis la mère du futur est d’accord, les socquettes sont indispensables, et pis de toute façon, « c’est pour les photos ».

Là ça fait trop, et ça me gonfle, vous n’imaginez pas. Parce que ça me ravale au rang de la gamine qui ne sait rien et qui n’a pas son mot à dire. Parce que ça me rappelle l’époque où elle me menaçait de ne pas me laisser faire ma communion solennelle (j’ai eu un époque mystique) parce que j’avais de l’acné et ça aurait fait moche pour les photos. Toujours le même argument, 18 ans après…. Pourtant, arrêtez moi si je me trompe, mais au delà des photos, y’a quand même un truc important qui se passe, non?

J’ai demandé à ma sœur ce qu’elle en pensait, parce que c’est son mariage avant tout, ne faisons pas comme les deux futures belles-mères en oubliant ce détail. Elle m’aurait dit qu’elle tenait aux socquettes, j’aurais accepté sans problème. Mais elle trouve aussi que ça fait moche.

Quand je pense que ma mère s’est fait suer toute une après-midi à trouver les socquettes et que mes enfants ne les porteront pas…..Je la connais. Je connais sa colère froide. Qui ne tombera forcément pas sur ma sœur (ce sera pas le jour) mais sur moi. J’imagine déjà le visage fermé, les yeux qui me fusillent, comme chaque fois que je m’oppose à elle (sur des détails stupides, mais c’est ceux-là auxquelles elle tient: par exemple, elle refusait que je boive du café le matin lorsque j'ai habité chez elle après mon divorce). En plus, j’ai envie que ma fille porte le samedi la robe que j’ai choisie, parce que ce n’est pas souvent que j’achète de jolis vêtements aux enfants; peut-être surtout parce qu’elle ne m’a pas demandé mon avis, et peut-être que c’est le pire à mes yeux. Qu’elle continue de me percevoir comme une gamine incorrecte, une petite sotte qui n‘a pas à donner son avis, même sur des choses qui la regardent ou regardent ses enfants.

Heureusement, pour la robe, ma sœur a trouvé une alternative: on laisse le choix à princesse, tout simplement (plus qu’à expliquer ça à ma mère, mouarf). Mais pour les socquettes, j’ai envie d’être intransigeante.

Je perçois très bien le ridicule de la chose, et en écrivant tout cela, je rigole à moitié, je suis même à deux doigts de laisser tomber, d’enfiler les socquettes aux enfants juste au moment des photos (à imbécile, imbécile et demi), parce que, ainsi que je l’ai dit plus haut, y’a autre chose qui se passe ce jour là.

Mais d’un autre côté, j’aimerais que ma mère prenne en compte mon avis, arrête de m’imposer des choses. Et d'autant plus en ce jour où j'aurais 30 ans, quand même faudrait qu'elle prenne ça en compte, aussi, enfin.

C’est fou tout ce qu’on focalise autour d’une paire de socquettes blanches, quand même.

(ça se trouve il va pleuvoir et je mettrai des bottes aux enfants)

Monday, July 24, 2006

D'une blondozieubleux

Dans le dernier numéro de télérama, Jamel Debouzze évoque les élèves de la 6è1, les petits blonds aux yeux bleus.

Jamel, j’ai effectué ma scolarité dans une banlieue « black blanc beur », comme toi. Je viens de regarder toutes mes photos de classe, de la primaire au lycée (et au collège j‘étais en 6è1 puis 5è1 etc): les années fastes, nous étions 4 blonds (et encore, pas franchement du style scandinave). Fallait vraiment le vouloir pour réussir à faire une classe d’aryens.

Parce que c’est ça, le problème. Toujours mettre en avant le blond aux yeux bleus comme ennemi des « minorités ». Comme le seul et unique (et surtout injuste) « privilégié ».

Quand je lis ou entends ça, j’ai envie de hurler que c’est pas ma faute, si je suis châtain très clair (oui, j’ai foncé depuis l’enfance) aux yeux verts ( à mettre dans le même panier que les ozieubleu) . A une époque, ça m’a fait gerber. Quand j’ai eu conscience que c’était un laisser-passer. Parce que je ne suis pas naïve, je sais que c’est plus facile d’avoir un boulot quand on est de type européen - j’ai même refusé un boulot une fois où ça avait été clairement dit. Mais ce n’est pas réservé aux seuls blondozieubleu. Y’a aussi les châtains et même les bruns. Ou les roux.

Je plaisante, un peu. Mais le fond est sérieux: il faut arrêter de fustiger les blondozyeubleu, comme on fustige les maghrébins. Non, parce que dire que tous les 6è1 sont des blondozieubleu, c’est comme dire que tous les maghrébins sont des voleurs. Les dérives commencent comme ça.
Je dis ça aussi parce que mon fils il est blondozieubleu. On en plaisantait avec des mamans d’élèves, lorsque j’accompagnais ma fille en sortie scolaire, avec mon fils porté en écharpe. « Ah lui, ce sera LE blond de l’école ».

Je n’aimerais pas qu’il soit mis à l’écart (voire pire) pour ça. Pas plus que je ne supportais que mon petit frère se fasse traiter de « sale arabe » dans la cour de l’école (que ce soit clair, c’était le fait que ça soit une insulte qui me révoltait)

C’était un détail, Jamel, mais de ces détails qui comptent. A part ça, j’ai aimé tout ce que tu as dit dans télérama, comme je t’aime tout simplement pour tout ce que tu fais. Parole d’une fausse roussozieuverts qui a même des taches de rousseur, l’été.

Friday, July 21, 2006

Ma soeur

J'ai réalisé un truc dingue il y a quelques jours: ma soeur est une adulte. Et ouais.

Parce qu'elle est ma cadette de 6 ans, parce que, peut-être, j'ai une idée fausse des relations entre frères et soeur, entre mon père qui ne sait même pas si ses frère et soeur aînés sont vivants ou non, ma mère qui n'appelle jamais les siens alors qu'ils habitent près de chez elle, mon frère aîné parti très tôt de la maison et qui n'est, comme on dit pudiquement, "pas famille", parce que simplement j'ai oublié de la voir grandir, je ne l'avais pas encore capté.

A mon retour de Lyon, elle m'a invitée un soir chez elle. Puis le lendemain. C'est là que j'ai compris. Et que j'ai apprécié notre relation. Nous n'avons plus besoin de l'entremise de nos parents pour l'entretenir. Nous sommes toutes les deux de grandes filles, et nous nous aimons, et nous aimons nous voir. Et nous rendre service.

Nous avons suffisamment de différences pour nous apporter mutuellement des choses, sufissamment de ressemblances pour en faire une belle complicité (je sais pas si c'est bien français cette phrase, c'est l'émotion).

Nous nous connaissons assez pour pouffer des mêmes choses et pour savoir ce qui fera plaisir à l'autre - je ne me remets pas de la fois où nous avons failli nous offrir la même chose pour Noel!

Je pourrais écrire encore bien des choses mais l'heure tourne et je dois partir.

Une chose encore sur elle: je l'admire énormément pour la manière dont elle se tient droite face à la maladie. Enormément et même plus encore.

Allez ch'tite soeur, le jour de mes 30 ans, je te l'offre avec plaisir. Le principal, c'est qu'on fasse le chemin ensemble encore 2 fois 30 ans. Au moins.

Je file à son enterrement de vie de jeune fille - c'est juste histoire de faire la fête!

Thursday, July 20, 2006

Quelques fleurs face à la douleur

Je ne sais pas comment il s'appelle, je ne sais pas quel âge il a, la cinquantaine passée c'est sûr. Ca fait 15 ans qu'il est en France, ses enfants sont retournés au pays. C'est ce qu'il a expliqué à ma soeur venue manger dans son restaurant, il y a une quinzaine de jours.

Juste avant que les bombes ne remplacent les colombes au pays des cèdres.

Aujourd'hui, nous sommes allés manger dans son restaurant. Princesse et Viking lui ont tendu un bouquet de fleurs. "Nous imaginons ce que vous endurez, nous pensons à vous."
Extrêment ému, les larmes aux yeux, il nous a embrassés. "Avez-vous des nouvelles de votre famille?" " Non, le téléphone ne passe pas".

A mes parents venus nous rejoindre, il a dit "elles sont gentilles vos filles, elles m'ont apporté des fleurs."

Nous avions hésité, peu certaines que notre geste soit compris et accepté, mais nous avons touché juste. Juste quelques fleurs, minuscule attention pour épauler quelqu'un dans la peine, quelqu'un qui - il nous l'a dit- ne sait absolument pas ce que ses enfants et ses frères et soeurs sont devenus.

Aucun de nous ne peut faire quoi que ce soit pour le Liban. Mais pour les libanais installés en France, si. Ne pas se détourner.....

Monday, July 17, 2006

Vivante

Je devais récupérer hier les enfants à Rennes, à 18h. Ca me laissait largement le temps de m'offrir une grasse matinée et même de ranger la maison, tiens.

Mais l'amie de mon frère voulait voir Saint-Malo. Alors on a mis les maillots dans un sac et cap sur la bretagne au saut du lit, à 8h.

C'était complètement n'importe quoi mais c'était bien. La mer, le sable, les crêpes, le cidre.... Un périple pour à peine 3 h volées à la routine. Pour me réconcilier avec moi-même.

Je n'ai sans doute pas pris les bonnes routes, je me suis trompée bien souvent, mais j'ai toujours vécu ce qu'il me fallait vivre. Je ne vis pas avec le regret de n'avoir pas osé, même lorsque c'était perdu d'avance, même lorsque cela relevait de la pure inconscience. J'en ai toujours été consciente, comme j'ai toujours été consciente que je suis incapable de faire autrement.

Tant que je lâcherais tout pour une crêpe à Saint-Malo, que je sourirai malgré tout, et que ma fille me demandera si là, ce n'est pas le moment de m'emmener à l'hôpital "sipitiatrique", que j'irai au bout de mes petites ou grande folies envers et contre tout, je saurai que je suis vivante et que ça vaut le coup.

Saturday, July 15, 2006

Voyage

Il y a eu Lyon, ses quenelles, son écrasante chaleur et la fraîcheur d’une jolie maison aux murs épais, les discussions sans fin de deux amies heureuses de se retrouver, mon habituelle remise en question de ma vie lorsque je me trouve dans celle des autres, mon envie de plus en plus précise de quitter Paris pour Lyon.

Il y eu Vienne que je ne connaissais pas, Vienne son champagne et ses crevettes grillées à 2h du matin, Vienne son théâtre antique et son fabuleux festival de jazz, la nuit qui tombe lentement, et Eddie Bo magnifique.

Et soudain à nouveau le blues de la trentaine, je pensais en avoir fini, avoir accepté le bilan pas très positif que j’avais tiré de mes trente premières années, avoir accepté d’être celle que je suis aujourd’hui, je n’avais pas réalisé qu’accepter d’avoir 30 ans c’est aussi accepter de continuer de vieillir et là je suis moins sûre de supporter, de supporter le vide de ma vie, cette vie étriquée, cette vie sans avenir. Une vie qui n’arrive pas à se poser, sans doute parce qu’un jour je me suis trompée de chemin, et je ne retrouve pas le bon. Imaginer toutes ces années à venir où je vais encore me cogner, quel abîme…..

Je ferme les yeux, et je ne pense plus qu’au mariage de ma sœur…. Les livrets à relier, le coussin à broder, les sachets de dragées à préparer….. 3 jours de fête tourbillonnante... Et puis après, j’espère, quelques jours au bord de la mer avec une amie. Et après, je verrai, si du moins il y a quelque chose à voir…..

J’aimerais être toujours sur les marches du théâtre antique de Vienne, à écouter Eddie Bo, si rayonnant, si beau si jeune malgré son âge avancé, peut-être trouverai-je là une réponse à la vie.

Sunday, July 09, 2006

Valise

Les enfants ne sont pas là ce week-end.
Pour être précise, j’ai dû téléphoner à mon ex hier à 15h pour savoir si je devais lui amener les enfants. « Ah mais je croyais qu’ils étaient chez ma mère », c’est bien de s’intéresser. « Tu penses que c’est bien que tu les amènes maintenant? », dans la mesure où tu es leur père que tu leur manques et qu’ils ne t’ont pas vu depuis un mois, je dirais oui. Mais je ne dois pas aller les chercher trop tard ce soir, parce qu’il y a le foot.

Les enfants ne sont pas là, donc, et je dois faire leur valise pour demain. Parce que demain, je les emmène à Rennes, chez la mère de leur père. Cette fois, je ne peux y couper. Cette fois, elle a appelé au lieu de passer par une tierce personne, et a invité ses 2 petits-enfants.

C’est bien qu’ils aient un minimum de liens avec la famille de leur père. Et puis c’est leur mamie. Alors j’ai dit oui, parce que je trouvais ça aussi bien que normal.

Et puis à mesure que les jours approchaient, j’ai commencé à me sentir mal à l’idée de laisser les enfants chez elle. J’ai compris pourquoi il y a quelques nuits, parce que l’idée m’a réveillée en sursaut en me transperçant la poitrine.

Viking ne la connaît pas. Je vais le laisser une semaine chez une personne qui s’occupera sans doute bien de lui, mais qu’il ne connaît pas.

Viking, sous ses dehors à l’aise Blaise, lorsque j’arrive quelque part j’enlève mon manteau mes chaussures et je fais bisou, Viking est un immense angoissé.

Exemples.
Première idée au saut du lit: « c’est l’école? - Oui. - Je mange à la cantine? - Oui. - Je mange à la cantine? - Oui. - Mais je mange pas la viande. -Non. - Je mange pas la viande? - Non. -Je mange pas la viande. - Non.» Tous les matins pendant 2 mois.
Et si par hasard la réponse à la première question est non, il redemande illico: « c’est l’école? ». Et redemande une nouvelle fois, on ne sait jamais. Puis redemande 1/4h plus tard, puis encore 2 ou 3 fois dans l’heure, et entre deux il affirme « c‘est pas l‘école » .

Un lundi d’école où il était déçu de savoir que sa sœur mangeait une nouvelle fois avec moi le midi et pas lui, je lui ai promis qu’il mangerait avec moi le lendemain.
Dès le saut du lit: « je mange avec toi. - Oui. - Je mange avec toi. - Oui. - Je mange avec toi. - Oui-eu! - Je mange avec toi. » Etc.
Lors de la récré: « je mange avec toi. - Oui, des frites même. - Je mange avec toi. - Oui. - Des frites. - Oui. » Il va jouer, revient 30 secondes après. « Je mange avec toi? -Oui. - Des frites?. -Oui. -Je mange avec toi! - Oui - Des frites! - Oui. »
Ma gentille collègue a halluciné: il est venu au moins 20 fois pendant la récré pour poser la même question ou donner le fait comme inéluctable - d’où le point d’exclamation lorsque j’écris.
Mais c’est pas fini: sa maîtresse était absente, et il a passé la matinée dans la classe de ma gentille collègue. Il lui a posé la question une dizaine de fois entre la récré et l’heure du repas.

Et c’est comme ça pour tout! Tout! Ça paraît drôle mais c’est surtout épuisant. Il est capable de poser la question 10 fois de suite - je dis bien 10 fois de suite. Ou même plus. Et de la reposer 40 fois dans la journée. Pour les choses les plus anodines. Ou pas: lorsque je l’emmène chez mes parents ou chez son père « après tu viens me chercher? -Oui. - Et on rentre dans ma maison. - Oui. -Après tu viens etc. »

Dans mon entourage, tout le monde trouve ça compréhensible. C’est normal d’être angoissé lorsqu’on fut abandonné par son père, et même rejeté par lui, et même rejeté par sa mère (tout le monde a tendance à oublier ce dernier fait, pourtant…). Est-ce que ça joue d’être un enfant abandonné par un père qui fut lui-même abandonné? Vous savez, ce qu’on appelle la patate chaude…. Je veux croire que non. Mais lorsque j’observe le comportement de mon fils, je me dis que peut-être….. Mais qu’y puis-je de toute façon? Que puis-je faire d’autre que tenter de le rassurer en donnant autant de fois qu’il faut la réponse à sa question, en espérant que justement il n’espère pas une autre réponse que je ne trouve pas?

Et il y a d’autres choses aussi…. Comme sa grande difficulté à s’endormir le soir. Parfois il exprime clairement ce que ça cache: « tu pars pas? ». Il a peur que je le laisse…

Princesse est passée par cette peur de l’abandon, mais pas de la même manière. Et surtout, elle a passé le cap. Et puis, elle a déjà passé une semaine sans sa maman, et elle connaît sa mamie, a des souvenirs avec elle. Je ne m’en fais pas pour elle. Mais j’angoisse pour Viking. J’ai demandé à mon ex-belle-mère de m’appeler si ça n’allait pas, que je viendrais le chercher. Ça m’a apaisée de pouvoir lui dire, et qu‘elle comprenne.

Demain, je vais les emmener à Rennes. Avec leur valise. Et je reviendrai seule. Et le trajet est long. Terrible, j’imagine déjà. J’ai peur qu’il pleure, peur qu’il me réclame, peur qu’il angoisse. Et moi c’est sûr, je vais pleurer et angoisser à l’idée qu’il angoisse.

Heureusement, pour tenter de survivre à ça, je vais dès le lendemain matin prendre le train, rejoindre une amie pour 2 jours, puis prendre un autre train, pour une autre ville où quelqu’un m’attend….. Quelques jours pour moi, pour la première fois depuis que je suis maman….. Mais je reste une maman, et le téléphone portable ne sera pas loin…

Trois fois depuis ce matin que j'essaie de faire leur valise..... D'habitude, je fais les bagages en un tour de main, et là, je n'y arrive pas...