Sunday, November 26, 2006

Moitié de vie

J'ai écrit ce texte il y a quinze jours mais je n'ai pas eu le coeur de le poster, après le sinistre anniversaire de mon père - j'en ai parlé sur l'autre blog.
Mais bon, voilà, quand même.

Yves Montand est mort il y a 15 ans aujourd’hui.
C’était un samedi. Je venais de rentrer au lycée et une copine organisait une boom ce soir-là. Avant l’arrivée des autres, elle et moi discutions à l’étage, et sa mère a crié par l’escalier « le papet est mort ». Je n’ai pas compris sur le moment… Le papet, dans Jean de Florette et Manon des Sources…
Je n’étais pas à l’aise avec les autres, à ce moment-là. Mal dans mes pompes au plus haut point, maladroite, pitoyable. Cette soirée a été l’occasion pour moi de constater combien j’étais borderline. Je suppose que j’ai donné la mesure de mes possibilités infinies dans le domaine du pathétique ce soir-là. C’est la seul boom à laquelle j’aie été invitée. Ah si, il y en a eu une autre quelques semaines plus tard, avec les correspondants allemands. J’ai fait une crise de tétanie et mes parents sont venus me chercher. Bon, deux booms alors, et beaucoup de solitude sinon. Ca n’allait déjà pas fort avant sur le plan relationnel, le déclin avait commencé en 5è, mais cette année-là, et même simplement en l’espace des toutes premières semaines, ce fut une véritable rupture. Avec les autres, avec moi-même. Pourtant, on ne me fuyait pas, j’étais appréciée. Mais de loin. Je crois que je trimballais trop de tristesse dans tout mon être pour qu’on ait envie de se lier davantage avec moi. De mon côté, j’en étais devenue incapable, de tisser des liens. J’ai érigé une tour autour de mon mal-être, le vide à l’extérieur, sur lequel je me concentrais pour ne pas voir à quel point l’intérieur était noir et grouillant. Sur la pente dangereuse, j‘étais. C’est le prof de philo qui m’a sauvée la vie, deux ans plus tard, en quelques paroles bien trouvées, effrayé sans doute par mes propos suicidaires, et la chance par la suite, celle de ne pas avoir rencontré trop de personnes qui m‘auraient entraînée vers le fond. J’étais sur la pente vraiment très dangereuse… C’est de donner la vie, 6 ans après cette boom - symbole de ma vie qui partait en vrille, qui m’a forcée à me raccrocher aux branches.

15 ans…La moitié de ma vie…Et c’est la date anniversaire de la mort d’Yves Montand qui me fait prendre conscience de tout ce chemin parcouru, malgré tout.

5 comments:

marie.l said...

et une note pleine d'espoir, courageuse, lucide et si émouvante...
Bonne fin de dimanche

tanette said...

A lire ton blog, tu ne manques pas de courage, tu as bien réussi à reprendre le cap même si pendant un temps tu as eu l'impression que ta vie partait en vrille. Bravo, continue à prendre ta revanche.

FD-Labaroline said...

Et dans 15 ans tu regarderas à nouveau tout le chemin parcouru ettu constateras également à quel point tu a changé en mieux, à quel point tu te sens mieux ... tues sur la bonne voie, même si parfois la pente est raide. Bises

Anonymous said...

Tu as effectué une belle remontée...

Et je t'admire de réussir à parler de ton adolescence, la mienne m'apparait comme un gouffre noir de solitude sans espoir...et je n'ose même plus y penser...

LiliLajeunebergere said...

Merci à toutes pour vos petits mots doux :-)