Tuesday, July 25, 2006
L'affaire des socquettes blanches
Au début, ma mère voulait que toutes les petites fille d’honneur aient la même robe. Toutes les petites filles d’honneur= ma fille, notre nièce qui aura 11 mois ½ , la nièce du futur mari qui aura 8 mois. Lesquelles donc ne marcheront pas et passeront toutes la cérémonie dans les bras de leurs parents. J’ai donc fait remarquer à ma mère que c’était inutile qu’elles aient les mêmes robes, « oui mais c’est pour les photos »….. Ouais mais bon, ça fait plaisir aux parents d’acheter une jolie robe pour leur fille, de la choisir tout ça, on va pas imposer un truc particulier aux autres juste pour les photos hein? Ouf, j’ai eu gain de cause.
J’ai acheté une chouette robe pour ma fille dans un dépôt-vente, un truc qui fait un peu cérémonie, mais remettable à d’autres occasions.
Mais du coup, ma mère a acheté 3 ROBES pour ma fille. Gné? Bon il y a encore quelques semaines de répit, on verra.
Mais là, ma mère évoque de plus en plus le fait que la robe que j’ai choisie sera pour le vendredi, l’autre, une de celle qu’elle a choisie, pour le samedi - le jour le plus "important".
Là, ça commence à me gaver un peu, quand même. Mais bon, comme fait remarquer ma sœur, à juste titre, « tfaçon, ce sera moi la reine du jour ».
Tout aurait pu en rester là sans l’histoire des socquettes blanches. Ma mère a pondu ça la semaine dernière. Mes enfants doivent porter des socquettes, « je vois pas l’intérêt », « si, ça finit la toilette », assène-t-elle de son ton grande dame que j’exècre (celui qui ne souffre aucune réplique, juste parce que c’est comme ça) « oui mais bon, on s’en fout des pieds des enfants d’honneur, tout le monde n’aura d’yeux que pour la mariée », ah oui mais quand même ils seront devant la mariée, et pis la mère du futur est d’accord, les socquettes sont indispensables, et pis de toute façon, « c’est pour les photos ».
Là ça fait trop, et ça me gonfle, vous n’imaginez pas. Parce que ça me ravale au rang de la gamine qui ne sait rien et qui n’a pas son mot à dire. Parce que ça me rappelle l’époque où elle me menaçait de ne pas me laisser faire ma communion solennelle (j’ai eu un époque mystique) parce que j’avais de l’acné et ça aurait fait moche pour les photos. Toujours le même argument, 18 ans après…. Pourtant, arrêtez moi si je me trompe, mais au delà des photos, y’a quand même un truc important qui se passe, non?
J’ai demandé à ma sœur ce qu’elle en pensait, parce que c’est son mariage avant tout, ne faisons pas comme les deux futures belles-mères en oubliant ce détail. Elle m’aurait dit qu’elle tenait aux socquettes, j’aurais accepté sans problème. Mais elle trouve aussi que ça fait moche.
Quand je pense que ma mère s’est fait suer toute une après-midi à trouver les socquettes et que mes enfants ne les porteront pas…..Je la connais. Je connais sa colère froide. Qui ne tombera forcément pas sur ma sœur (ce sera pas le jour) mais sur moi. J’imagine déjà le visage fermé, les yeux qui me fusillent, comme chaque fois que je m’oppose à elle (sur des détails stupides, mais c’est ceux-là auxquelles elle tient: par exemple, elle refusait que je boive du café le matin lorsque j'ai habité chez elle après mon divorce). En plus, j’ai envie que ma fille porte le samedi la robe que j’ai choisie, parce que ce n’est pas souvent que j’achète de jolis vêtements aux enfants; peut-être surtout parce qu’elle ne m’a pas demandé mon avis, et peut-être que c’est le pire à mes yeux. Qu’elle continue de me percevoir comme une gamine incorrecte, une petite sotte qui n‘a pas à donner son avis, même sur des choses qui la regardent ou regardent ses enfants.
Heureusement, pour la robe, ma sœur a trouvé une alternative: on laisse le choix à princesse, tout simplement (plus qu’à expliquer ça à ma mère, mouarf). Mais pour les socquettes, j’ai envie d’être intransigeante.
Je perçois très bien le ridicule de la chose, et en écrivant tout cela, je rigole à moitié, je suis même à deux doigts de laisser tomber, d’enfiler les socquettes aux enfants juste au moment des photos (à imbécile, imbécile et demi), parce que, ainsi que je l’ai dit plus haut, y’a autre chose qui se passe ce jour là.
Mais d’un autre côté, j’aimerais que ma mère prenne en compte mon avis, arrête de m’imposer des choses. Et d'autant plus en ce jour où j'aurais 30 ans, quand même faudrait qu'elle prenne ça en compte, aussi, enfin.
C’est fou tout ce qu’on focalise autour d’une paire de socquettes blanches, quand même.
(ça se trouve il va pleuvoir et je mettrai des bottes aux enfants)
Monday, July 24, 2006
D'une blondozieubleux
Jamel, j’ai effectué ma scolarité dans une banlieue « black blanc beur », comme toi. Je viens de regarder toutes mes photos de classe, de la primaire au lycée (et au collège j‘étais en 6è1 puis 5è1 etc): les années fastes, nous étions 4 blonds (et encore, pas franchement du style scandinave). Fallait vraiment le vouloir pour réussir à faire une classe d’aryens.
Parce que c’est ça, le problème. Toujours mettre en avant le blond aux yeux bleus comme ennemi des « minorités ». Comme le seul et unique (et surtout injuste) « privilégié ».
Quand je lis ou entends ça, j’ai envie de hurler que c’est pas ma faute, si je suis châtain très clair (oui, j’ai foncé depuis l’enfance) aux yeux verts ( à mettre dans le même panier que les ozieubleu) . A une époque, ça m’a fait gerber. Quand j’ai eu conscience que c’était un laisser-passer. Parce que je ne suis pas naïve, je sais que c’est plus facile d’avoir un boulot quand on est de type européen - j’ai même refusé un boulot une fois où ça avait été clairement dit. Mais ce n’est pas réservé aux seuls blondozieubleu. Y’a aussi les châtains et même les bruns. Ou les roux.
Je plaisante, un peu. Mais le fond est sérieux: il faut arrêter de fustiger les blondozyeubleu, comme on fustige les maghrébins. Non, parce que dire que tous les 6è1 sont des blondozieubleu, c’est comme dire que tous les maghrébins sont des voleurs. Les dérives commencent comme ça.
Je dis ça aussi parce que mon fils il est blondozieubleu. On en plaisantait avec des mamans d’élèves, lorsque j’accompagnais ma fille en sortie scolaire, avec mon fils porté en écharpe. « Ah lui, ce sera LE blond de l’école ».
Je n’aimerais pas qu’il soit mis à l’écart (voire pire) pour ça. Pas plus que je ne supportais que mon petit frère se fasse traiter de « sale arabe » dans la cour de l’école (que ce soit clair, c’était le fait que ça soit une insulte qui me révoltait)
C’était un détail, Jamel, mais de ces détails qui comptent. A part ça, j’ai aimé tout ce que tu as dit dans télérama, comme je t’aime tout simplement pour tout ce que tu fais. Parole d’une fausse roussozieuverts qui a même des taches de rousseur, l’été.
Friday, July 21, 2006
Ma soeur
Parce qu'elle est ma cadette de 6 ans, parce que, peut-être, j'ai une idée fausse des relations entre frères et soeur, entre mon père qui ne sait même pas si ses frère et soeur aînés sont vivants ou non, ma mère qui n'appelle jamais les siens alors qu'ils habitent près de chez elle, mon frère aîné parti très tôt de la maison et qui n'est, comme on dit pudiquement, "pas famille", parce que simplement j'ai oublié de la voir grandir, je ne l'avais pas encore capté.
A mon retour de Lyon, elle m'a invitée un soir chez elle. Puis le lendemain. C'est là que j'ai compris. Et que j'ai apprécié notre relation. Nous n'avons plus besoin de l'entremise de nos parents pour l'entretenir. Nous sommes toutes les deux de grandes filles, et nous nous aimons, et nous aimons nous voir. Et nous rendre service.
Nous avons suffisamment de différences pour nous apporter mutuellement des choses, sufissamment de ressemblances pour en faire une belle complicité (je sais pas si c'est bien français cette phrase, c'est l'émotion).
Nous nous connaissons assez pour pouffer des mêmes choses et pour savoir ce qui fera plaisir à l'autre - je ne me remets pas de la fois où nous avons failli nous offrir la même chose pour Noel!
Je pourrais écrire encore bien des choses mais l'heure tourne et je dois partir.
Une chose encore sur elle: je l'admire énormément pour la manière dont elle se tient droite face à la maladie. Enormément et même plus encore.
Allez ch'tite soeur, le jour de mes 30 ans, je te l'offre avec plaisir. Le principal, c'est qu'on fasse le chemin ensemble encore 2 fois 30 ans. Au moins.
Je file à son enterrement de vie de jeune fille - c'est juste histoire de faire la fête!
Thursday, July 20, 2006
Quelques fleurs face à la douleur
Juste avant que les bombes ne remplacent les colombes au pays des cèdres.
Aujourd'hui, nous sommes allés manger dans son restaurant. Princesse et Viking lui ont tendu un bouquet de fleurs. "Nous imaginons ce que vous endurez, nous pensons à vous."
Extrêment ému, les larmes aux yeux, il nous a embrassés. "Avez-vous des nouvelles de votre famille?" " Non, le téléphone ne passe pas".
A mes parents venus nous rejoindre, il a dit "elles sont gentilles vos filles, elles m'ont apporté des fleurs."
Nous avions hésité, peu certaines que notre geste soit compris et accepté, mais nous avons touché juste. Juste quelques fleurs, minuscule attention pour épauler quelqu'un dans la peine, quelqu'un qui - il nous l'a dit- ne sait absolument pas ce que ses enfants et ses frères et soeurs sont devenus.
Aucun de nous ne peut faire quoi que ce soit pour le Liban. Mais pour les libanais installés en France, si. Ne pas se détourner.....
Monday, July 17, 2006
Vivante
Mais l'amie de mon frère voulait voir Saint-Malo. Alors on a mis les maillots dans un sac et cap sur la bretagne au saut du lit, à 8h.
C'était complètement n'importe quoi mais c'était bien. La mer, le sable, les crêpes, le cidre.... Un périple pour à peine 3 h volées à la routine. Pour me réconcilier avec moi-même.
Je n'ai sans doute pas pris les bonnes routes, je me suis trompée bien souvent, mais j'ai toujours vécu ce qu'il me fallait vivre. Je ne vis pas avec le regret de n'avoir pas osé, même lorsque c'était perdu d'avance, même lorsque cela relevait de la pure inconscience. J'en ai toujours été consciente, comme j'ai toujours été consciente que je suis incapable de faire autrement.
Tant que je lâcherais tout pour une crêpe à Saint-Malo, que je sourirai malgré tout, et que ma fille me demandera si là, ce n'est pas le moment de m'emmener à l'hôpital "sipitiatrique", que j'irai au bout de mes petites ou grande folies envers et contre tout, je saurai que je suis vivante et que ça vaut le coup.
Saturday, July 15, 2006
Voyage
Il y eu Vienne que je ne connaissais pas, Vienne son champagne et ses crevettes grillées à 2h du matin, Vienne son théâtre antique et son fabuleux festival de jazz, la nuit qui tombe lentement, et Eddie Bo magnifique.
Et soudain à nouveau le blues de la trentaine, je pensais en avoir fini, avoir accepté le bilan pas très positif que j’avais tiré de mes trente premières années, avoir accepté d’être celle que je suis aujourd’hui, je n’avais pas réalisé qu’accepter d’avoir 30 ans c’est aussi accepter de continuer de vieillir et là je suis moins sûre de supporter, de supporter le vide de ma vie, cette vie étriquée, cette vie sans avenir. Une vie qui n’arrive pas à se poser, sans doute parce qu’un jour je me suis trompée de chemin, et je ne retrouve pas le bon. Imaginer toutes ces années à venir où je vais encore me cogner, quel abîme…..
Je ferme les yeux, et je ne pense plus qu’au mariage de ma sœur…. Les livrets à relier, le coussin à broder, les sachets de dragées à préparer….. 3 jours de fête tourbillonnante... Et puis après, j’espère, quelques jours au bord de la mer avec une amie. Et après, je verrai, si du moins il y a quelque chose à voir…..
J’aimerais être toujours sur les marches du théâtre antique de Vienne, à écouter Eddie Bo, si rayonnant, si beau si jeune malgré son âge avancé, peut-être trouverai-je là une réponse à la vie.
Sunday, July 09, 2006
Valise
Pour être précise, j’ai dû téléphoner à mon ex hier à 15h pour savoir si je devais lui amener les enfants. « Ah mais je croyais qu’ils étaient chez ma mère », c’est bien de s’intéresser. « Tu penses que c’est bien que tu les amènes maintenant? », dans la mesure où tu es leur père que tu leur manques et qu’ils ne t’ont pas vu depuis un mois, je dirais oui. Mais je ne dois pas aller les chercher trop tard ce soir, parce qu’il y a le foot.
Les enfants ne sont pas là, donc, et je dois faire leur valise pour demain. Parce que demain, je les emmène à Rennes, chez la mère de leur père. Cette fois, je ne peux y couper. Cette fois, elle a appelé au lieu de passer par une tierce personne, et a invité ses 2 petits-enfants.
C’est bien qu’ils aient un minimum de liens avec la famille de leur père. Et puis c’est leur mamie. Alors j’ai dit oui, parce que je trouvais ça aussi bien que normal.
Et puis à mesure que les jours approchaient, j’ai commencé à me sentir mal à l’idée de laisser les enfants chez elle. J’ai compris pourquoi il y a quelques nuits, parce que l’idée m’a réveillée en sursaut en me transperçant la poitrine.
Viking ne la connaît pas. Je vais le laisser une semaine chez une personne qui s’occupera sans doute bien de lui, mais qu’il ne connaît pas.
Viking, sous ses dehors à l’aise Blaise, lorsque j’arrive quelque part j’enlève mon manteau mes chaussures et je fais bisou, Viking est un immense angoissé.
Exemples.
Première idée au saut du lit: « c’est l’école? - Oui. - Je mange à la cantine? - Oui. - Je mange à la cantine? - Oui. - Mais je mange pas la viande. -Non. - Je mange pas la viande? - Non. -Je mange pas la viande. - Non.» Tous les matins pendant 2 mois.
Et si par hasard la réponse à la première question est non, il redemande illico: « c’est l’école? ». Et redemande une nouvelle fois, on ne sait jamais. Puis redemande 1/4h plus tard, puis encore 2 ou 3 fois dans l’heure, et entre deux il affirme « c‘est pas l‘école » .
Un lundi d’école où il était déçu de savoir que sa sœur mangeait une nouvelle fois avec moi le midi et pas lui, je lui ai promis qu’il mangerait avec moi le lendemain.
Dès le saut du lit: « je mange avec toi. - Oui. - Je mange avec toi. - Oui. - Je mange avec toi. - Oui-eu! - Je mange avec toi. » Etc.
Lors de la récré: « je mange avec toi. - Oui, des frites même. - Je mange avec toi. - Oui. - Des frites. - Oui. » Il va jouer, revient 30 secondes après. « Je mange avec toi? -Oui. - Des frites?. -Oui. -Je mange avec toi! - Oui - Des frites! - Oui. »
Ma gentille collègue a halluciné: il est venu au moins 20 fois pendant la récré pour poser la même question ou donner le fait comme inéluctable - d’où le point d’exclamation lorsque j’écris.
Mais c’est pas fini: sa maîtresse était absente, et il a passé la matinée dans la classe de ma gentille collègue. Il lui a posé la question une dizaine de fois entre la récré et l’heure du repas.
Et c’est comme ça pour tout! Tout! Ça paraît drôle mais c’est surtout épuisant. Il est capable de poser la question 10 fois de suite - je dis bien 10 fois de suite. Ou même plus. Et de la reposer 40 fois dans la journée. Pour les choses les plus anodines. Ou pas: lorsque je l’emmène chez mes parents ou chez son père « après tu viens me chercher? -Oui. - Et on rentre dans ma maison. - Oui. -Après tu viens etc. »
Dans mon entourage, tout le monde trouve ça compréhensible. C’est normal d’être angoissé lorsqu’on fut abandonné par son père, et même rejeté par lui, et même rejeté par sa mère (tout le monde a tendance à oublier ce dernier fait, pourtant…). Est-ce que ça joue d’être un enfant abandonné par un père qui fut lui-même abandonné? Vous savez, ce qu’on appelle la patate chaude…. Je veux croire que non. Mais lorsque j’observe le comportement de mon fils, je me dis que peut-être….. Mais qu’y puis-je de toute façon? Que puis-je faire d’autre que tenter de le rassurer en donnant autant de fois qu’il faut la réponse à sa question, en espérant que justement il n’espère pas une autre réponse que je ne trouve pas?
Et il y a d’autres choses aussi…. Comme sa grande difficulté à s’endormir le soir. Parfois il exprime clairement ce que ça cache: « tu pars pas? ». Il a peur que je le laisse…
Princesse est passée par cette peur de l’abandon, mais pas de la même manière. Et surtout, elle a passé le cap. Et puis, elle a déjà passé une semaine sans sa maman, et elle connaît sa mamie, a des souvenirs avec elle. Je ne m’en fais pas pour elle. Mais j’angoisse pour Viking. J’ai demandé à mon ex-belle-mère de m’appeler si ça n’allait pas, que je viendrais le chercher. Ça m’a apaisée de pouvoir lui dire, et qu‘elle comprenne.
Demain, je vais les emmener à Rennes. Avec leur valise. Et je reviendrai seule. Et le trajet est long. Terrible, j’imagine déjà. J’ai peur qu’il pleure, peur qu’il me réclame, peur qu’il angoisse. Et moi c’est sûr, je vais pleurer et angoisser à l’idée qu’il angoisse.
Heureusement, pour tenter de survivre à ça, je vais dès le lendemain matin prendre le train, rejoindre une amie pour 2 jours, puis prendre un autre train, pour une autre ville où quelqu’un m’attend….. Quelques jours pour moi, pour la première fois depuis que je suis maman….. Mais je reste une maman, et le téléphone portable ne sera pas loin…
Trois fois depuis ce matin que j'essaie de faire leur valise..... D'habitude, je fais les bagages en un tour de main, et là, je n'y arrive pas...
Saturday, July 08, 2006
La photo mystère
C’est une photo que j’aime énormément. Difficile de savoir à quelle époque elle a été prise, quelque part entre les année 70 peut-être et aujourd’hui, et ça lui donne un caractère intemporel qui la rend à la fois proche et lointaine.
Sujet toujours émouvant: une mère, son enfant, côte à côte, dans cet appartement étrangement vide, regardant par la fenêtre. La mère, les mains dans les poches, semblant si sereine, si confiante. L’enfant, son bonnet à la main.
Est-ce un départ ou une arrivée? Le dernier adieu ou la découverte d’un nouveau lieu?
Cette scène a-t-elle été méditée? Calculée? Ou possède-t-elle la vraie magie de la spontanéité?
Oui, vraiment, j’aime cette photo, son étrangeté, son mystère, tout ce qu’elle nous livre et tout ce qu’elle ne nous livre pas.
Cet enfant, le bonnet à la main, regardant par la fenêtre le spectacle de la neige qui tombe, à côté de sa mère, dans la même attitude complice, c’est moi. En décembre 1980, à notre arrivée dans cet appartement.
Et cette photo, je ne la comprends pas. Je ne comprends pas ce que nous faisons, dans cet appartement vide, pourquoi nous n’avons pas enlevé nos manteaux. Où sont les cartons? Les meubles à reconstituer? Qu’attendons-nous? Ca ne colle pas avec ce que je sais… Ma mère nous a emmené mon frère et moi, en voiture, et mon père a pris le train - ou l’inverse, lui en voiture, nous en train, je me souviens d’un voyage en train sous la neige, était-ce celui-là? Je ne sais plus s’il est arrivé avant ou après nous, après je crois parce qu'il travaillait encore, mais dans tous les cas, les meubles et cartons devraient envahir la pièce, non?
Et qui a pris la photo? Ca aussi c’est un mystère. Nous étions avec mon frère - seule certitude que j’aie-, il avait 6 ans, ma mère ne lui a sûrement pas laissé l’appareil photo. Peut-être ma tante, qui nous a accompagnés dans tous les moments importants de notre vie. Peut-être mon père, si nous avons visité l’appartement quelques temps avant d’emménager, mais mon père ne prend jamais de photo.
Je sais, mes parents pourraient répondre à toutes ces questions. Je pourrais leur demander des détails sur le déménagement de Nevers à Melun, des explications sur cette photo.
Mais alors, elle perdrait toute sa magie. Elle deviendrait lourde de sens. Et je veux qu’elle continue d’évoquer la même chose qu’aujourd’hui: ma mère et moi, côte à côte, dans l’attente mais confiantes, quelque part au début des années 80.
Friday, July 07, 2006
Kafka
Avec le temps j'avais oublié, mais ma soeur m'a rappelé ce que l'annonce du résultat de mon bac à moi il y a *bip* ans a eu de kafkaïen.
Dans le lycée où j'ai passé les épreuves - à 30 km du mien, il n'y avait pas ces magnifiques panneaux d'affichage devant lesquels on se marche sur les pieds pour tenter de voir si on l'a ou pas, le bac.
Non, nous, c'étaient les secrétaires ou je ne sais quoi qui nous annonçaient les résultats individuellement. J'ai repéré la table qui s'occupait des pauvres jeune gens dont le nom commençait pas *bip*, comme le mien, et je me suis bravement avancée.
La charmante secrétaire ou je ne sais quoi, qui devait jouir dans tous les sens du terme du pouvoir qu'elle exerçait sur les pauvres gamins que nous étions, exige de voir ma convocation aux épreuves du bac.
Bin je ne l'ai pas, il n'était mentionné nulle part que nous devions nous en munir pour connaître les résulats, madame la secrétaire ou je ne sais quoi, mais tenez, j'ai ma carte d'identité avec photo.
Ah oui mais non, parce que, me répond la secrétaire ou je ne sais quoi, et là tenez-vous bien, j'espère que vous êtes assis, une carte d'identité, ça peut se falsifier.
Avec le recul, je comprends que des fans énamourées aient pu se faire de fausses cartes d'identité à mon nom pour savoir si j'avais eu le bac, mais sur le coup, ça m'a paru assez obscur comme argument.
Et là, je vous jure que c'est vrai, mais je sais que vous n'allez pas me croire, un autre pauvre jeune comme moi arrive, il n'avait ni sa convocation, ni sa carte d'identité, mais son carnet de conduite accompagnée, un truc pas du tout officiel avec une photo agraffée qu'on peut arracher pour en mettre une autre pour avoir le résulat du bac de quelqu'un qui n'est pas nous.
je viens de comprendre en tapant de message qu'il doit y avoir un vrai traffic de résultat du bac et que l'autre cerbère, là, tentait de le faire tomber, parce que c'est inadmissible, de se faire passer pour quelqu'un d'autre pour savoir si ce quelqu'un d'autre a eu le bac, quand même!
Bref, là je me suis crue en pleine science-fiction, et je suis partie en pleurant, et l'autre abrutie ou je ne sais quoi (enfin si mais j'essaie de rester polie sur mon blog) m'a suivie en disant que "han là là voilà ça part en pleurant et faut leur courir après" et elle m'a balancé mon dossier dans les bras, et moi je pleurais toujours et ce sont mes copines qui ont ouvert le dossier à la bonne page et m'ont dit "mais tu l'as tu l'as", mais moi je pleurais toujours, et en même temps c'était un peu honteux dans la mesure où 2 copines qui essayaient de me réconforter ne l'avaient pas eu alors qu'elles le tentaient pour la deuxième fois.
Comme je suis assez tragédienne dans ce genre de situation, je pleurais toujours en arrivant chez moi et mes parents ont cru que j'étais recalée.
Finalement, c'est assez drôle, quand on y pense.
Ce qui n'est pas drôle, par contre, c'est que j'avais plus bossé que mon petit frère et que je n'ai même pas obtenu la mention assez bien!!
Y'a pas de justice.
Thursday, July 06, 2006
Pour Bellzouzou
Celui-là, il doit faire 15cm de haut et au pire, il peut malencontreusement tomber de la table.
Ceci dit, je suis rudement contente de ne pas avoir de belle-mère!
Comment calmer un Viking excité
Tout faux tout le monde!!
Ce qui calme les vikings, c'est ça
ou tout autre instrument à vent, d'ailleurs la seule chose qui a énervé mon viking, c'était de devoir attendre la fin du concert pour pouvoir souffler dans le truc.
Il ne faut pas que je loupe la période des inscriptions au conservatoire!
Wednesday, July 05, 2006
C'est fini
C’est fini, et j’ai encore du mal à le croire.
J’avais envie d’écrire plein de choses sur le sujet.
Parler des derniers jours d’école, si triste, interminables, où l’on erre désœuvrés des classes vides à la cour surchauffée en passant par les murs d’où on a tout décrochés.
Et en parallèle, mêlée à cette langueur, la joie que procurent le soleil revenu et la perspective des vacances qui approchent.
Égrener les jours, se sentir de plus en plus légère, rire aux éclats des dernières frasques des collègues, des atsem, de la directrice, rappeler à la gentille remplaçante qui « n’a jamais vu ça en 20 ans de métier dont 10 de remplacement », qui sombre petit à petit, que c’est bientôt fini. Ne pas parvenir à s’apitoyer sur la nouvelle atsem qui pleure, « c’est trop hypocrite ici », moi ça fait 10 mois que je subis tout ça, et l’heure de la libération approche.
J’aurais aimé expliquer mon incrédulité hier lorsque le réveil a sonné pour le dernier jour d’école. Plus qu’aujourd’hui, et c’est fini. Comment ai-je pu arriver au bout de cette éprouvante année? Je me souviens de ce matin de rentrée de février, la découverte des vacheries, mon découragement, mon épuisement nerveux, mon envie de partir et d’appeler l’inspection pour demander un autre poste. Et puis le visage des élèves qui défilent devant mes yeux, et ma certitude que je vis avec eux quelque chose de fort. J’ai tenu et je n’en reviens pas. J’ai tenu pour eux. J’ai cru qu’ils me manqueraient, j’ai cru que les derniers jours seraient difficiles, mais non, ce qui a dominé, ce qui domine toujours, c’est ce sentiment de soulagement, et j’en veux aux collègues pour ça.
Pour ça et pour d’autres choses. Pour m’avoir fait me remettre en cause sans cesse, me demandant ce qui clochait chez moi. Pour m’avoir donné le sentiment d’être une grosse m****. J’ai compris que ce n’était pas chez moi que ça clochait mais chez elles, le jour où j’ai été étonnée que les collègues de primaire m’écoutent. Et me répondent. Et même relancent la conversation. Hier encore, j’ai été étonnée que 2 collègues de primaire me voient arriver de loin, m’attendent, me tiennent la porte. Les fille de maternelles avec lesquelles j’ai eu affaire tout au long de l’année n’ont jamais eu ces attentions là pour moi - dès le début, elles ne me disaient même pas bonjour le matin- et j’avais fini par oublier combien elles étaient naturelles. Jamais elles ne m’ont laissé une chance et leur attitude vis-à-vis de moi a toujours été choquante. Si je m’en étais aperçue plus tôt, je ne me serais pas bouffée les sangs comme ça pendant 10 mois.
10 mois!!!! 10 mois d’humiliation. J’exagère, le dernier mois fut presque bien. Les collègues ont été plus agréables, et l’ont été également avec mes enfants - je réalise combien ils sont souffert de la situation….. Mais il fallait bien qu’elles prouvent une dernière fois leur noirceur.
Tout le monde sait quelque chose que moi j’ignore, pourtant, ça me concerne en premier lieu. C’est bien, elles se sentent fortes comme ça. Importantes. La gentille remplaçante est venue me prévenir, bénie soit-elle. Un poste s’est libéré en maternelle et c’est moi qui en hériterais.
Lorsque j’ai appris cela, j’ai eu la nausée. Vrai de vrai. Réaction physique qui résume tout.
JAMAIS. JAMAIS je ne reviendrai dans cette foutue école.
C’est ce que je me suis dit encore en claquant la porte de l’école à 16h30, sans même dire au revoir aux collègues - je n’en avais pas l’intention de toute façon. Je me suis demandée si j’irais au repas de fin d’année. J’y suis allée, pour les collègues de primaire. Les filles de maternelle ont tenté d’être gentilles avec moi -surprenant-, j’ai évité de leur parler et même de les regarder.
Il y avait beaucoup d’enfants, ceux des collègues, de tout âge, c’était très joyeux. Mais il a bien fallu partir. Se dire au revoir, et je n’aime pas les au-revoir qui ont un goût de définitif. Surtout lorsqu’ils concernent mes enfants - ma fille a une nouvelle fois dû dire adieu à ses copines. Le hasard a fait que j’ai franchi une dernière fois le seuil de l’école en même temps que les filles de maternelle; je me suis éloignée sans les saluer, je me suis enfoncée dans la nuit, avec mes enfants, la rage et la tristesse au ventre.
C’est fini, bel et bien fini. Je peux arrêter de pleurer alors.