(Je n’ai pas eu le temps d’écrire récemment, et pourtant j’ai des milliers de choses à dire. Je devrais écrire plus régulièrement et plus souvent désormais: j’ai fourni le gros travail nécessaire à la bonne marche de la classe, cela m’a demandé du temps mais me permet d’en gagner aujourd’hui.)
Je n’ai pas encore eu l’occasion de vous parler de ma collègue de CLISS. La Cliss, c’est cette classe qui change sans cesse de nom, mais qui, pour faire court, reçoit les enfants « à problème », et ces problèmes peuvent être aussi divers que variés.
Le premier jour, elle nous annonce qu’elle a l’habilitation d’anglais; cela n’intéresse pas mes autres collègues, qui ne se voient pas prendre les élèves de la cliss pendant que leur enseignante fait cours d’anglais aux leurs. Plus tard dans la journée, je vais la voir: je suis d’accord pour l’échange de service. Elle saute sur l’occasion: elle aimerait regrouper nos 2 classes pour le cours d’anglais. Tiens? Pourquoi pas….. J’accepte…. Et nous voilà embarquées dans un formidable pas de deux.
D’une manière un peu tacite, nous avons pris tous nos créneaux de sport (avec intervenant) ensemble.
Je lui ai proposé de faire du théâtre. Nous avons commencé à monter un projet autour d’un très bel album sans paroles que j’ai toujours rêvé de bosser avec une classe,
Clown, de Quentin Blake. Coup de bol, nous avons eu droit à un intervenant théâtre du coup (ce qui n’était pas du tout prévu à l’origine), qui n’est jamais parti d’un album sans paroles et est ravi de tenter l’expérience.
Finalement, nous coupons notre grosse classe (33 élèves) en 2, une moitié en anglais, l’autre en théâtre, et on tourne au bout de 3/4h: tout le monde s’y retrouve.
Dans la foulée, ma collègue m’a demandé d’intégrer 2 de ses élèves dans ma classe, l’un pour les cours de français, l’autre pour les cours de mathématiques.
Les élèves dans tout ça? Ca ne leur pose pas de problème.
Les parents? J’ai eu ma réunion parents-prof samedi dernier, et je n’ai pas tout avoué; le risque en parlant de la mixité que nous avons mise en place, c’est qu’ils pointent les élèves de la cliss du doigt au moindre problème. Ils ont bien le temps d’apprendre que les classes sont mélangées pour certaines activités et que 2 élèves sont intégrés une partie de la journée dans ma classe, et ils constateront dans la foulée que ça n’empêche nullement les apprentissages.
A propos, j’appréhendais cette réunion. J’avais peur que les parents ne prennent pas au sérieux le travail d’expression écrite, le théâtre, la chorale (oui, j’ai monté une chorale! J’en reparlerai)….. Finalement, tous avaient l’air d’apprécier tout ce que j’avais mis en place! Nous avons eu un vrai échange, qui me « force » à aller plus loin dans la méthode Freinet - dont je n’ai pas cité le nom- et ça aussi, j’en reparlerai.
Je finirai par cette bonne nouvelle: à la fin de la réunion, plusieurs parents sont venus me voir pour me parler du cas de leur enfant. Une maman a commencé par me remercier: c’est la première fois que sa fille est heureuse d’aller à l’école! Rien ne pouvait me faire plus plaisir que ça…. La maman ajoute qu’elle peut venir animer mes séances d’arts plastiques; tiens, une artiste? Non, une ancienne prof d’arts plastiques à l’iufm! Elle a certainement reconnu ma démarche, ce vers quoi je tends, et cette proposition qu’elle m’a faite -qu’elle n’avait faite à aucune enseignante jusque là -sonne pour moi comme une validation… Je sens plus que jamais que je suis dans la bonne direction, même si je tâtonne beaucoup.