Donc, tout a commencé il y a quelques mois, lorsque j'ai décidé de m'engager au lieu de me cantonner à "qu'est-ce que le pays va devenir avec le président qu'on a".
Ma mère m'a mise en relation avec un de ses ancien collègue, écologiste. Il m'a donné rendez-vous un soir, en compagnie d'un communiste avec qui il voulait parler des municipales.
Or, mes parents sont communistes depuis toujours, et celui qui était là ce soir là me connait donc depuis trèèèèèèèèèèèès longtemps et a donc fondé ses espoirs sur moi.
Pour ma part, je ne souhaitais pas me rallier au PS, qui m'a trop déçu sur le plan national. Restait à choisir entre le vert et le rouge. Ce choix m'embêtait et j'ai donc "autruché"... Jusqu'à qu'on me demande clairement de bien vouloir me porter candidate en tant que communiste. C'était ça où le PCF n'était pas en mesure de présenter des candidats.
Je suis donc candidate communiste sur une liste de gauche.
En 8ème position, dans une ville où 39 élus siègent au conseil municipal. Si nous perdons, je siègerai parmi les 9 de l'opposition.
Si nous gagnons, je serai adjointe au maire! Je réalise chaque jour un peu plus ce à quoi je me suis engagée.... Avec chaque jour un peu plus de ferveur!
Je suppose que des dents ont grincé au PS, à voir catapultés sur la liste, au dernier moment, 5 communistes, dont 3 en position éligible. D'autant plus que les communistes qui étaient jusqu'ici dans l'opposition à l'actuel maire n'étaient pas souvent au conseil municipal et qu'on ne s'est pas privés de me le faire savoir.
Je sais aussi que je suis surtout là pour faire joli. Pour dire qu'il y a des membres du PCF sur la liste. Pour taire les rancoeurs et les rancunes du frère rouge.
Au milieu de tout ça, en un mois, j'ai su faire mon trou. Simplement par ma présence, déjà, lors des réunions - je n'en ai manqué aucune, sauf le soir où ma grande a brûlé les planches. Par ma disponibilité pour les soirées de porte à porte, pour les distributions de tracts... Et puis j'ai su me faire apprécier pour ma bonne humeur et mon sourire à toute épreuve.
Rien à voir avec la politique je vous l'accorde, mais difficile de se faire écouter lorsqu'on débute, qu'on maîtrise mal les impératifs d'une campagne électorale, plus mal encore l'administration d'une ville et que les copains de votre groupe vous ont lâchée... Les socialistes et écolo qui ne siègeront pas au conseil municipal même en cas de victoire sont présents et actifs... Les sympathisants également. Alors que même les deux communistes qui seront conseillers municipaux en cas de victoire sont totalement absents! Voilà qui n'est pas pour redorer le blason des communistes, dont la voix se fait de plus en plus difficilement entendre...
L'avantage pour moi, c'est que personne n'a à m'indiquer la route à suivre. Personne n'a rien à attendre de moi. Personne n'a à me dire ce que je dois dire ou faire. Moi qui avait peur de me faire piéger en prenant ma carte...
Maintenant, à la question " avons-nous une chance de gagner ou non?", je ferai une réponse de normands: p'têt bin qu'oui, p'têt bin qu'non!
Non, parce que la ville a toujours été à droite et conserve un gros centre bourgeois content des fleurs installées par le maire.
Oui, parce que:
- la gauche n'a cessé de gagner du terrain à chaque élection, et qu'aux municipales de 2001, la liste de gauche a été battue à 177 voix seulement!
- depuis 2001, la conscience politique s'est accrue, et avec elle l'envie de voter.
- dans cette grande ville de près de 40 000 habitants à fort taux d'immigration, il y a toujours plus de personnes obtenant le droit de vote et que leurs voix vont le plus souvent à gauche.
- le ras le bol est de plus en plus palpable, ras le bol envers la mairie actuelle qui ne s'occupe que de son centre-ville, délaissant totalement les quartiers difficiles.
- le maire ne brosse pas dans le sens du poil l'électorat de mon âge, qui bosse et qui se demande quoi faire de ses enfants avant 8h30 le matin et après 16h30 le soir, puisqu'il n'y a aucun accueil périscolaire.
- notre ville, pourtant grande, préfecture, hébergeant une faculté et un Institut Universitaire de Formation des Maîtres est l'une des villes les plus mortes qui soit! Une ville où on s'ennuie...
Oui surtout parce que notre programme répond à tout cela, aux attentes des habitants et à leurs envies - les socialistes font du porte à porte et des réunions publiques depuis des mois dans ce sens.
Je crois à notre victoire, à condition que les électeurs se mobilisent les 9 et 16 mars prochains. C'est pour cela que je prends du temps sur mon temps avec les enfants, pour ces réunions, ces portes à portes.... J'ose croire que ce n'est pas pour rien!
Les enfants m'ont accompagnée à des distributions de tracts, à un tournage vidéo hier (je vous en mettrai un extrait si j'y parviens, c'est très rigolo et je suis parfaitement ridicule!), après la grogne de me voir me sauver le soir, ils sont gagnés par la fièvre.
Encore 3 semaines! Suivies de 6 années, je l'espère...
Sunday, February 24, 2008
Thursday, February 21, 2008
Dans le mur
Ils m'ont eue. Les élèves, leurs parents, la directrice.
Cette classe a failli avoir l'instit de l'an dernier, qui avait plus de 20 ans de métier et qui a failli en changer, de métier.
Moi, ils m'ont eu. A l'usure. En un mois 1/2. Ils sont perdants, tous. A la rentrée, il n'y aura pas d'instit pour cette classe. Etant donnée la pénurie d'enseignants dans notre coin, c'est une situation qui pourrait durer.
Tant pis, ce n'est plus mon problème. (Enfin, c'est ce dont j'essaie de me convaincre... J'ai l'impression de trahir mes collègues- qui sont au courant de ma décision et la comprennent - et de baisser les bras lâchement)
Mon problème, ce soir, c'est de me demander si je vais aller travailler, demain, dans cette classe, pour le dernier jour.
C'est de me demander si je vais simplement demander à l'inspection de me remettre sur des remplacements courts, et soyons clair, il n'y a que l'argent que ces remplacements me procurent en plus de ma paye habituelle qui me motive, ou si je vais encore plus simplement me mettre en arrêt.
Je n'arrive pas à savoir si ce sont ces enfants-là avec ces parents-là dans cette école-là qui m'ont dégoûtée du métier, ou s'ils m'ont permis d'ouvrir les yeux et d'admettre que ce métier, je ne peux plus l'exercer.
J'ai le sentiment d'avoir franchi un seuil et que je ne parviendrai plus à revenir en arrière.
Du flou, beaucoup, devant moi, pour les jours, les mois qui viennent.
Grosse remise en question, à un moment déjà si difficile...
J'ai vu mon avocate, hier. Ca va être encore long, si long... Plusieurs années.
Heureusement, la campagne municipale me fait penser à autre chose, et entre réunions et porte-à-porte, je m'occupe exclusivement des enfants. Et aussi, j'ai été accaparée par plusieurs bons livres coup sur coup. Alors je ne suis certes pas très présente dans la blogosphère, mais ça ne signifie pas que je sois tombée. Je suis juste au bord du gouffre, et j'essaie encore de me retenir aux branches.
Cette classe a failli avoir l'instit de l'an dernier, qui avait plus de 20 ans de métier et qui a failli en changer, de métier.
Moi, ils m'ont eu. A l'usure. En un mois 1/2. Ils sont perdants, tous. A la rentrée, il n'y aura pas d'instit pour cette classe. Etant donnée la pénurie d'enseignants dans notre coin, c'est une situation qui pourrait durer.
Tant pis, ce n'est plus mon problème. (Enfin, c'est ce dont j'essaie de me convaincre... J'ai l'impression de trahir mes collègues- qui sont au courant de ma décision et la comprennent - et de baisser les bras lâchement)
Mon problème, ce soir, c'est de me demander si je vais aller travailler, demain, dans cette classe, pour le dernier jour.
C'est de me demander si je vais simplement demander à l'inspection de me remettre sur des remplacements courts, et soyons clair, il n'y a que l'argent que ces remplacements me procurent en plus de ma paye habituelle qui me motive, ou si je vais encore plus simplement me mettre en arrêt.
Je n'arrive pas à savoir si ce sont ces enfants-là avec ces parents-là dans cette école-là qui m'ont dégoûtée du métier, ou s'ils m'ont permis d'ouvrir les yeux et d'admettre que ce métier, je ne peux plus l'exercer.
J'ai le sentiment d'avoir franchi un seuil et que je ne parviendrai plus à revenir en arrière.
Du flou, beaucoup, devant moi, pour les jours, les mois qui viennent.
Grosse remise en question, à un moment déjà si difficile...
J'ai vu mon avocate, hier. Ca va être encore long, si long... Plusieurs années.
Heureusement, la campagne municipale me fait penser à autre chose, et entre réunions et porte-à-porte, je m'occupe exclusivement des enfants. Et aussi, j'ai été accaparée par plusieurs bons livres coup sur coup. Alors je ne suis certes pas très présente dans la blogosphère, mais ça ne signifie pas que je sois tombée. Je suis juste au bord du gouffre, et j'essaie encore de me retenir aux branches.
Monday, February 18, 2008
Mon ombre ténébreuse
Voilà que je me fais poète... On dirait du Verlaine un peu non?
Mon ombre ténébreuse... Celle qui m'empêche d'écrire ici depuis des mois... Avant j'avais toujours une anecdote à narrer, mais depuis des mois, c'est la page blanche - ou la page que je ferais mieux de ne pas écrire.
L'ombre ténébreuse qui me donne l'impression de me noyer dans ma vie...
C'est une vieille amie, elle est restée tapie des années dans un coin de mon existence, et a attendu le meilleur moment pour surgir.
Je ne voulais pas la voir. Mettant le blues qui m'accable presque en permanence et que je tente de repousser au mieux sur le compte des mille et une choses qui compliquent mon existence en ce moment - la justice qui n'avance pas, mes problèmes d'argent, ma candidature aux municipales, mon boulot que je supporte de moins en moins, un amoureux transi "qui m'attend". Mettant mes trous noirs sur le compte de ma fatigue.
Ce matin, en classe, j'ai eu la tentation de ne pas me lever de ma chaise. De ne pas me mettre face aux élèves pour leur faire cours. Je ne pouvais pas. Je n'en pouvais plus.
Je l'ai fait, pourtant. Me lever, me mettre face à eux, parler. Au prix d'un effort surhumain. Je n'en reviens pas d'avoir réussi l'exploit de me lever et de faire cours aux élèves assis derrière leurs pupitres. Avec la nausée.
J'ai expliqué ça à un collègue, après. Qui m'a dit, avec des mots simples, avec des mots qu'on a pour les amis, ce que je sais depuis longtemps, ce que je ne peux plus ne pas voir.
J'ai toujours dit que je saurai ne pas tirer sur la corde. M'arrêter avant de m'effondrer.
Mais sait-on bien à quel moment on atteint le point d'extrême limite?
J'ai peur de ne plus pouvoir me lever, un matin.
J'ai peur d'attendre qu'il soit trop tard pour réagir et qu'alors, je pourrisse l'enfance de mes enfants avec ça en plus.
Je vais tenter de tenir encore 3 jours. Ces 3 jours qui nous mèneront jusqu'aux vacances. Ensuite... Ensuite... Il faudra bien que je la regarde en face, mon ombre ténébreuse, et que je l'empêche de m'envahir davantage.
Mon ombre ténébreuse... Celle qui m'empêche d'écrire ici depuis des mois... Avant j'avais toujours une anecdote à narrer, mais depuis des mois, c'est la page blanche - ou la page que je ferais mieux de ne pas écrire.
L'ombre ténébreuse qui me donne l'impression de me noyer dans ma vie...
C'est une vieille amie, elle est restée tapie des années dans un coin de mon existence, et a attendu le meilleur moment pour surgir.
Je ne voulais pas la voir. Mettant le blues qui m'accable presque en permanence et que je tente de repousser au mieux sur le compte des mille et une choses qui compliquent mon existence en ce moment - la justice qui n'avance pas, mes problèmes d'argent, ma candidature aux municipales, mon boulot que je supporte de moins en moins, un amoureux transi "qui m'attend". Mettant mes trous noirs sur le compte de ma fatigue.
Ce matin, en classe, j'ai eu la tentation de ne pas me lever de ma chaise. De ne pas me mettre face aux élèves pour leur faire cours. Je ne pouvais pas. Je n'en pouvais plus.
Je l'ai fait, pourtant. Me lever, me mettre face à eux, parler. Au prix d'un effort surhumain. Je n'en reviens pas d'avoir réussi l'exploit de me lever et de faire cours aux élèves assis derrière leurs pupitres. Avec la nausée.
J'ai expliqué ça à un collègue, après. Qui m'a dit, avec des mots simples, avec des mots qu'on a pour les amis, ce que je sais depuis longtemps, ce que je ne peux plus ne pas voir.
J'ai toujours dit que je saurai ne pas tirer sur la corde. M'arrêter avant de m'effondrer.
Mais sait-on bien à quel moment on atteint le point d'extrême limite?
J'ai peur de ne plus pouvoir me lever, un matin.
J'ai peur d'attendre qu'il soit trop tard pour réagir et qu'alors, je pourrisse l'enfance de mes enfants avec ça en plus.
Je vais tenter de tenir encore 3 jours. Ces 3 jours qui nous mèneront jusqu'aux vacances. Ensuite... Ensuite... Il faudra bien que je la regarde en face, mon ombre ténébreuse, et que je l'empêche de m'envahir davantage.
Sunday, February 17, 2008
La Fée des Bébés
Il y a quelques années, désemparée par mes fausses-couches à répétition, et nullement réconfortée ni rassurée par les paroles que j'entendais à droite (les médecins) à gauche (les copines) à ce sujet (c'est rien, t'es jeune, t'en auras d'autres, la voisine de la soeur de mon oncle par alliance en a fait 10 des FC et maintenant elle a un bébé), je suis allée à la rencontre de la Fée des Bébés, qui officie incognito dans un hôpital parisien (il ne faut donc pas le répéter).
Elle m'a dit la même chose que ce dont on m'avait déjà rebattu les oreilles, mais pas sur l'air habituel de ceux qui veulent surtout se débarasser du problème. Non, au contraire, elle a écouté ma peine, mon angoisse, m'a expliqué que je n'avais sans doute qu'un problème sanguin, qu'il était aisé d'y remédier, et qu'à tout hasard elle allait pousser un peu plus les examens.
Je suis ressortie de la grotte magique, et quelques jours après, j'étais enceinte. D'un bébé qui a tenu, grâce à la potion magique donnée par la Fée, mais chut, c'est un secret. D'un bébé viking, même.
Il y a un mois, ma soeur, désamparée par son incapacité à tomber enceinte, nullement réconfortée ni rassurée par les paroles qu'elle entendait à droite (les médecins) à gauche (les copines) à ce sujet (c'est rien, t'es jeune, t'as le temps, la voisine de la soeur de mon oncle par alliance a mis 23 ans à tomber enceinte), ma soeur donc, est allée à son tour à la rencontre de la Fée des Bébés dans sa grotte parisienne (mais chut, hein, promis, vous n'avez rien lu).
Elle lui a dit la même chose que ce dont on lui avait rebattu les oreilles, mais pas sur l'air habituel de ceux qui veulent surtout se débarasser du problème (comment ça je me répète?).
Non, au contraire, elle a écouté sa peine, son angoisse, lui a expliqué je ne sais quoi (vous voyez, je ne me répète pas en fin de compte!) mais toujours est-il que 3 jours après, ma soeur tombait enceinte, comme ça, paf (enfin, elle a dû chahuter sous la couette avec son amoureux quand même).
Si ce n'est pas de la magie, moi je ne suis pas bergère.
Et c'est doux, de savoir qu'il y a encore des Fées en activité dans nos contrées (et une toute petite vie qui s'est nichée dans le ventre de ma soeur)
Elle m'a dit la même chose que ce dont on m'avait déjà rebattu les oreilles, mais pas sur l'air habituel de ceux qui veulent surtout se débarasser du problème. Non, au contraire, elle a écouté ma peine, mon angoisse, m'a expliqué que je n'avais sans doute qu'un problème sanguin, qu'il était aisé d'y remédier, et qu'à tout hasard elle allait pousser un peu plus les examens.
Je suis ressortie de la grotte magique, et quelques jours après, j'étais enceinte. D'un bébé qui a tenu, grâce à la potion magique donnée par la Fée, mais chut, c'est un secret. D'un bébé viking, même.
Il y a un mois, ma soeur, désamparée par son incapacité à tomber enceinte, nullement réconfortée ni rassurée par les paroles qu'elle entendait à droite (les médecins) à gauche (les copines) à ce sujet (c'est rien, t'es jeune, t'as le temps, la voisine de la soeur de mon oncle par alliance a mis 23 ans à tomber enceinte), ma soeur donc, est allée à son tour à la rencontre de la Fée des Bébés dans sa grotte parisienne (mais chut, hein, promis, vous n'avez rien lu).
Elle lui a dit la même chose que ce dont on lui avait rebattu les oreilles, mais pas sur l'air habituel de ceux qui veulent surtout se débarasser du problème (comment ça je me répète?).
Non, au contraire, elle a écouté sa peine, son angoisse, lui a expliqué je ne sais quoi (vous voyez, je ne me répète pas en fin de compte!) mais toujours est-il que 3 jours après, ma soeur tombait enceinte, comme ça, paf (enfin, elle a dû chahuter sous la couette avec son amoureux quand même).
Si ce n'est pas de la magie, moi je ne suis pas bergère.
Et c'est doux, de savoir qu'il y a encore des Fées en activité dans nos contrées (et une toute petite vie qui s'est nichée dans le ventre de ma soeur)
Monday, February 11, 2008
Les devoirs du soir...
J'ai lu récemment plusieurs bloggeuses s'interroger sur l'intérêt de noyer les élèves dans les devoirs le soir.
L'une d'elle se demande s'il s'agit pour le maître de se rassurer.
Ce soir, je peux affirmer, après une étude de terrain, que c'est plutôt pour satisfaire les parents.
La preuve par l'équation: pas de devoir=ils n'ont rien foutu en classe aujourd'hui et c'est avec mes impôts que je paye l'autre feignasse qui boit son café pendant que les gosses font des dessins toute la journée.
C'est à peu près ce que pensait la maman qui est venu me voir ce matin.
Je ne donne pas de devoirs à mes élèves.
Si, une lecture chaque soir et des mots une fois par semaine (au cas où elle ne s'en soit pas aperçue)
Je trouve que ça suffit, après une journée à les avoir fait tellement bosser (trop parfois je pense) que certains se plaignent d'avoir mal à la main!
La maman me répond qu'il n'y avait pas de devoirs les 2 derniers jours.
Normal, sur 23 élèves, j'en ai eu 12 vendredi, 10 samedi (une véritable épidémie, il faut dire que bon nombre d'élèves arrivent malades à l'école - angine, grippe, gastro, bronchite, joyeux bouillon de culture dont je sors miraculeusement indemne pour le moment!)(et donc autant vous dire qu'on ne s'est pas tué à la tâche ces jours-là)
Je devrais donner des révisions alors (Non mais c'est qu'elle me donne des conseils en plus!)
D'ailleurs elle-même aimerait faire réviser sa fille (qui n'en a strictement pas besoin), sur quoi travaillons-nous en ce moment?
Je lui bredouille les derniers trucs en date, elle en fera ce qu'elle voudra.
C'est après que j'ai compris réellement le message qu'elle essayait de me faire passer, et dont la teneur tient dans le 3ème paragraphe de mon brillant exposé.
On m'a déjà fait le coup l'année dernière, et là c'est pire, parce que je suis remplaçante, autant dire, dans l'esprit d'une majorité de parents, débutante pas formée.
Heureusement que les parents sont là pour m'expliquer comment il faut faire. Pour me glisser implicitement qu'il serait temps que je redresse la barre, les jeunes âmes dont j'ai la charge sont en perdition, c'est clair!
Ce soir (15 élèves ce matin, 17 cet après-midi, toussant et morveux à souhait, on a fait des paris pour demain avec les collègues), j'ai hésité au moment où il fallait noter les devoirs.
Pas longtemps.
J'ai donné une lecture.
On ne se refait pas, hein.
L'une d'elle se demande s'il s'agit pour le maître de se rassurer.
Ce soir, je peux affirmer, après une étude de terrain, que c'est plutôt pour satisfaire les parents.
La preuve par l'équation: pas de devoir=ils n'ont rien foutu en classe aujourd'hui et c'est avec mes impôts que je paye l'autre feignasse qui boit son café pendant que les gosses font des dessins toute la journée.
C'est à peu près ce que pensait la maman qui est venu me voir ce matin.
Je ne donne pas de devoirs à mes élèves.
Si, une lecture chaque soir et des mots une fois par semaine (au cas où elle ne s'en soit pas aperçue)
Je trouve que ça suffit, après une journée à les avoir fait tellement bosser (trop parfois je pense) que certains se plaignent d'avoir mal à la main!
La maman me répond qu'il n'y avait pas de devoirs les 2 derniers jours.
Normal, sur 23 élèves, j'en ai eu 12 vendredi, 10 samedi (une véritable épidémie, il faut dire que bon nombre d'élèves arrivent malades à l'école - angine, grippe, gastro, bronchite, joyeux bouillon de culture dont je sors miraculeusement indemne pour le moment!)(et donc autant vous dire qu'on ne s'est pas tué à la tâche ces jours-là)
Je devrais donner des révisions alors (Non mais c'est qu'elle me donne des conseils en plus!)
D'ailleurs elle-même aimerait faire réviser sa fille (qui n'en a strictement pas besoin), sur quoi travaillons-nous en ce moment?
Je lui bredouille les derniers trucs en date, elle en fera ce qu'elle voudra.
C'est après que j'ai compris réellement le message qu'elle essayait de me faire passer, et dont la teneur tient dans le 3ème paragraphe de mon brillant exposé.
On m'a déjà fait le coup l'année dernière, et là c'est pire, parce que je suis remplaçante, autant dire, dans l'esprit d'une majorité de parents, débutante pas formée.
Heureusement que les parents sont là pour m'expliquer comment il faut faire. Pour me glisser implicitement qu'il serait temps que je redresse la barre, les jeunes âmes dont j'ai la charge sont en perdition, c'est clair!
Ce soir (15 élèves ce matin, 17 cet après-midi, toussant et morveux à souhait, on a fait des paris pour demain avec les collègues), j'ai hésité au moment où il fallait noter les devoirs.
Pas longtemps.
J'ai donné une lecture.
On ne se refait pas, hein.
Sunday, February 10, 2008
Blessés, pour toujours
C'est ce que j'ai écrit ici au soir du 5 mars 2007 au sujet de mes enfants.
Et c'est si vrai, et ça dure tant...
(Il se roule par terre en hurlant)
Lorsque j'expose parfois mes craintes (de moins en moins) concernant l'avenir de mes enfants, on me rétorque, à la limite de l'indignation, que ça-va-aller-tu-es-là-pour-eux-ils-ne-subissent-plus-rien-il-faut-tourner-la-page-et-y'a-la-résilience-et-tu-es-trop-pessimiste-et-négative-forcément-si-tu-vas-comme-ça-ils-vont-mal-tourner.
(Elle mange pour se remplir)
Super, après avoir été la mère qui rejetait mille et une fautes sur son ex alors qu'elle même allaitait (honte sur moi!), je suis désormais celle qui sans doute savait mais ne voulait pas voir ("Non parce que franchement, comment a-t-elle pu ne pas voir? Elle s'est aveuglée, c'est certain, elle ne voulait pas voir, un enfant violé ça se voit") en même temps que celle qui ne peut imaginer une vie sereine pour ses enfants.
(Il s'arrache les ongles)
Culpabilité à tous les étages, j'ai gagné le gros lot.
(Elle ne s'autorise pas à être aimée)
Je suis là pour eux... Mais je ne suis pas magicienne (et pourtant, j'aimerais bien)
(Super! il vient de s'offrir une nouvelle coupe de cheveux sauvage....)
Ils ne subissent plus.... Mais ils ont subi! Refuser d'assimiler ça, de considérer combien c'est grave, c'est amoindrir le geste, et sous-estimer sa portée. C'est grave! Le tabou, encore et toujours le tabou... Et la demande faite aux victimes de la boucler pour ne pas déranger.
(Elle est triste, si triste)
Tourner la page, ah ah ah! Tourner la page... Ca ne se tourne pas comme ça, ces pages, là encore c'est nier le drame que mes enfants ont subi. Et je crois même que cette page-là, on ne la tourne jamais, si j'en crois les témoignages...
(Il casse un truc pas jour à la maison)
La résilience, aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah, cette fameuse résilience qu'on met aujourd'hui à toute les sauces... Aussi pratique et péremptoire que le "tout se joue avant 6 ans" en son temps.
Y'a la résilience, je n'ai pas à m'en faire! Ca va même se faire tout seul, c'est magique.... Je suis vraiment bien bête de m'inquiéter comme ça.
(Elle perd un peu plus confiance en elle chaque jour)
Je ne suis ni pessimiste ni négative. Juste réaliste. Mes enfants vont grandir, le moins mal possible j'espère, en se contruisant leur bonheur et en dérapant le moins possible je le souhaite, et avec tout mon optimiste, toute ma bonne humeur pour les aider, mais il y a une part d'eux sur laquelle je n'ai pas de prise, et leur vie m'échappera un jour, quoi qu'elle soit devenue.
(Il devient un petit délinquant précoce à l'école)
Zut, ce n'est pas rien ce qu'ils ont subi quand même. Pas juste un petit événement perturbateur. Ce sont les victimes d'une drame assez grave pour qu'on le classe dans la catégorie des crimes. Un drame dont on peut mettre des années à se remettre, dont on peut ne pas se remettre du tout. Un drame qui restera toujours ancré en soi lorsqu'on l'a vécu.
(Elle se met en colère pour des riens, tout le temps, gâche tous les petits moments que nous pourrions passer ensemble si simplement)
Qu'on ne décide pas à la place de mes enfants si tout ira bien ou non. Tous nous le souhaitons, mais qui peut prédire quoi que ce soit en la matière?
Qui peut m'assurer qu'un avenir sans nuage attend mes enfants, alors qu'aujourd'hui leur comportement ne cesse de se détériorer?
Et c'est si vrai, et ça dure tant...
(Il se roule par terre en hurlant)
Lorsque j'expose parfois mes craintes (de moins en moins) concernant l'avenir de mes enfants, on me rétorque, à la limite de l'indignation, que ça-va-aller-tu-es-là-pour-eux-ils-ne-subissent-plus-rien-il-faut-tourner-la-page-et-y'a-la-résilience-et-tu-es-trop-pessimiste-et-négative-forcément-si-tu-vas-comme-ça-ils-vont-mal-tourner.
(Elle mange pour se remplir)
Super, après avoir été la mère qui rejetait mille et une fautes sur son ex alors qu'elle même allaitait (honte sur moi!), je suis désormais celle qui sans doute savait mais ne voulait pas voir ("Non parce que franchement, comment a-t-elle pu ne pas voir? Elle s'est aveuglée, c'est certain, elle ne voulait pas voir, un enfant violé ça se voit") en même temps que celle qui ne peut imaginer une vie sereine pour ses enfants.
(Il s'arrache les ongles)
Culpabilité à tous les étages, j'ai gagné le gros lot.
(Elle ne s'autorise pas à être aimée)
Je suis là pour eux... Mais je ne suis pas magicienne (et pourtant, j'aimerais bien)
(Super! il vient de s'offrir une nouvelle coupe de cheveux sauvage....)
Ils ne subissent plus.... Mais ils ont subi! Refuser d'assimiler ça, de considérer combien c'est grave, c'est amoindrir le geste, et sous-estimer sa portée. C'est grave! Le tabou, encore et toujours le tabou... Et la demande faite aux victimes de la boucler pour ne pas déranger.
(Elle est triste, si triste)
Tourner la page, ah ah ah! Tourner la page... Ca ne se tourne pas comme ça, ces pages, là encore c'est nier le drame que mes enfants ont subi. Et je crois même que cette page-là, on ne la tourne jamais, si j'en crois les témoignages...
(Il casse un truc pas jour à la maison)
La résilience, aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah, cette fameuse résilience qu'on met aujourd'hui à toute les sauces... Aussi pratique et péremptoire que le "tout se joue avant 6 ans" en son temps.
Y'a la résilience, je n'ai pas à m'en faire! Ca va même se faire tout seul, c'est magique.... Je suis vraiment bien bête de m'inquiéter comme ça.
(Elle perd un peu plus confiance en elle chaque jour)
Je ne suis ni pessimiste ni négative. Juste réaliste. Mes enfants vont grandir, le moins mal possible j'espère, en se contruisant leur bonheur et en dérapant le moins possible je le souhaite, et avec tout mon optimiste, toute ma bonne humeur pour les aider, mais il y a une part d'eux sur laquelle je n'ai pas de prise, et leur vie m'échappera un jour, quoi qu'elle soit devenue.
(Il devient un petit délinquant précoce à l'école)
Zut, ce n'est pas rien ce qu'ils ont subi quand même. Pas juste un petit événement perturbateur. Ce sont les victimes d'une drame assez grave pour qu'on le classe dans la catégorie des crimes. Un drame dont on peut mettre des années à se remettre, dont on peut ne pas se remettre du tout. Un drame qui restera toujours ancré en soi lorsqu'on l'a vécu.
(Elle se met en colère pour des riens, tout le temps, gâche tous les petits moments que nous pourrions passer ensemble si simplement)
Qu'on ne décide pas à la place de mes enfants si tout ira bien ou non. Tous nous le souhaitons, mais qui peut prédire quoi que ce soit en la matière?
Qui peut m'assurer qu'un avenir sans nuage attend mes enfants, alors qu'aujourd'hui leur comportement ne cesse de se détériorer?
Tuesday, February 05, 2008
Du petit animal rose avec l'extrémité caudale en tire-bouchon
Tom-Tom discute avec sa soeur.
Soudain, "grand animal rose avec l'extrémité caudale en tire-bouchon" (en réalité, il n'a pas du tout dit ça, mais si je donne le nom de l'animal ou si je mentionne ce que j'entends exactement par "extrémité caudale", je vais voir débouler sur mon blog tous les pervers du net, beurk), "grand animal rose avec l'extrémité caudale en tire-bouchon", donc, lance-t-il à sa soeur.
Je le reprends: "ne dis pas ça à ta soeur!"
Il s'en va, vexé, revient illico, penaud, et m'explique "mais c'est mignon, les petits animaux roses avec l'extrémité caudale en tire-bouchon".
Bin oui, finalement, pourquoi leur en veut-on tellement à ces bêbêtes? Qui a érigé cet animal en insulte populaire?
Si j'avais le temps, je lancerais une grande campagne de réhabilitation du cochon à la queue en tire-bouchon (argh, zut! ça m'a échappé...)
Si quelqu'un a le temps de s'intéresser à la cause du noble animal...
Soudain, "grand animal rose avec l'extrémité caudale en tire-bouchon" (en réalité, il n'a pas du tout dit ça, mais si je donne le nom de l'animal ou si je mentionne ce que j'entends exactement par "extrémité caudale", je vais voir débouler sur mon blog tous les pervers du net, beurk), "grand animal rose avec l'extrémité caudale en tire-bouchon", donc, lance-t-il à sa soeur.
Je le reprends: "ne dis pas ça à ta soeur!"
Il s'en va, vexé, revient illico, penaud, et m'explique "mais c'est mignon, les petits animaux roses avec l'extrémité caudale en tire-bouchon".
Bin oui, finalement, pourquoi leur en veut-on tellement à ces bêbêtes? Qui a érigé cet animal en insulte populaire?
Si j'avais le temps, je lancerais une grande campagne de réhabilitation du cochon à la queue en tire-bouchon (argh, zut! ça m'a échappé...)
Si quelqu'un a le temps de s'intéresser à la cause du noble animal...
Friday, February 01, 2008
Les risques du métier
Samedi dernier, à 8h25, une folle furieuse a déboulé dans ma classe, hurlante, complètement hystérique.
Motifs: j'avais osé demander la raison de l'absence de son fils le jeudi, et c'était de ma faute, je n'avais pas fait grève.
J'avais osé réclamé l'euro qu'elle devait pour un spectacle depuis près de 2 mois, en disant que la maîtresse titulaire les attendait "toujours".
Fatale erreur, ce "toujours".
Ne jamais écrire "toujours".
Apparemment, c'est la goutte d'eau qui a fait déborder son vase.
J'avais beau tenter de la calmer, argumenter, expliquer, rien à faire, elle continuait d'hurler, de me reprocher tout et n'importe quoi, totalement incohérente (et que son fils mente et vole, par contre....)
Elle m'a intimé l'ordre de la suivre chez la directrice, ce qui m'était totalement impossible, les élèves attendaient en rang devant la porte, mais ça lui était égal, elle n'avait pas de temps à perdre paraît-il. Elle est partie, furieuse, de plaindre à la directrice (de quoi exactement, je me le demande)
Jeudi matin, j'entends à la radio qu'un collègue a été placé 24h en garde à vue pour une gifle à un élève.
J'arrive à l'école. Un père vient se plaindre, j'aurais traité son fils de "pauvre garçon" (ou sale garçon, les versions diffèrent)
Imaginez ma surprise! Et ma défense, face à un tel mensonge auquel je ne m'attendais pas....
Monsieur travaille dans une prison et voit de tout, même des instituteurs, me dit-il... Intéressant... Il s'en va.... Et là, pour la première fois, j'ai su que je ne ferais pas ce métier toute ma vie.
Le gamin avoue avoir menti (je le confronte à l'élève présent lors de notre conversation au cours de laquelle cette insulte m'aurait échappé)
L'après-midi, il fait partie de la bande des 6 qui passe à tabac une fillette - je rappelle que j'ai des CE1, soit même pas 8 ans.
Je les punis... La directrice passe après la récrétion, je lui explique la situation, elle sermonne les gamins, et le petit menteur du matin se marre... Evidemment, les parents prenant fait et cause pour lui...
Je le reprends, il est déjà dans une mauvaise situation suite à son mensonge... Dans la foulée, la directrice (dépressive m'a-t-on dit, mais bon...) m'apprend que le père est venu se plaindre de moi ce matin.
Je l'ai pris de haut, lui a-t-il dit... mouarf, j'ai encore le courage de me marrer de l'expression avec mon mètre 53 et ses 2 mètres à lui....
"Ca fait déjà 2 parents, encore un et je suis obligée d'en référer à l'inspection"
Je suis sciée... Je ne suis coupable de rien, et elle ne me défend pas, pire, m'enfonce, me menace?
Quoi que je fasse, dans le genre de quartier où j'enseigne, on a tout à craindre, tout, (ma soeur en fait largement les frais, mais elle est épaulée par sa directrice, elle) et en particulier les mensonges des enfants, qui peuvent nous mener loin, trop loin.... je ne fais pas ce métier pour ça, me justifier, me défendre sans cesse... Et surtout, pas avec une épée de Damoclès sur la tête.
La journée s'achève... Coups de pieds, insultes... Punitions....Je suis épuisée.
Je rentre chez moi. Je retrouve mon délinquant maison, qui a déchiré le travail d'un élève en classe, "parce qu'il en avait envie". Je lui demande d'écrire un mot d'excuse, "pardon J."
Journée impeccable aujourd'hui pour lui à l'école (ça faisait longtemps)
Pas pour moi... Coups, insultes, mensonges, vol... Mot des parents d'hier dans le cahier de liaison (1 page le père, 1 page la mère) avec demande de rendez-vous parce que, paraît-il, je délaisse leur fils, pire, je le défie!
Au bord de jeter l'éponge, je file à l'inspection. Gentiment accueillie par l'inspectrice à qui je raconte tout, et surtout l'attitude de la directrice.
Elle me remonte, me rassure, m'apaise, me donne des conseils pour l'entrevue avec les parents... Me promet de téléphoner à la directrice (elle va m'avoir à la bonne après tiens... tant pis...)
Je retourne à l'école en trainant des pieds; le coeur au bord des lèvres.
Coupsinsultesmenacesmensonges.... Lot quotidien, trop quotidien.
Je suis consciente de ce que vivent ces enfants chez eux, consciente que leur vie n'est pas toujours rose, ni celle de leurs parents... Mais je ne suis ni psy, ni assistante sociale, juste une instit! Ni pire ni meilleure que les autres... J'aimerais juste pouvoir enseigner, parce que j'aime ça, malgré tout... mais ce malgré tout ne tiendra peut-être plus longtemps.
Motifs: j'avais osé demander la raison de l'absence de son fils le jeudi, et c'était de ma faute, je n'avais pas fait grève.
J'avais osé réclamé l'euro qu'elle devait pour un spectacle depuis près de 2 mois, en disant que la maîtresse titulaire les attendait "toujours".
Fatale erreur, ce "toujours".
Ne jamais écrire "toujours".
Apparemment, c'est la goutte d'eau qui a fait déborder son vase.
J'avais beau tenter de la calmer, argumenter, expliquer, rien à faire, elle continuait d'hurler, de me reprocher tout et n'importe quoi, totalement incohérente (et que son fils mente et vole, par contre....)
Elle m'a intimé l'ordre de la suivre chez la directrice, ce qui m'était totalement impossible, les élèves attendaient en rang devant la porte, mais ça lui était égal, elle n'avait pas de temps à perdre paraît-il. Elle est partie, furieuse, de plaindre à la directrice (de quoi exactement, je me le demande)
Jeudi matin, j'entends à la radio qu'un collègue a été placé 24h en garde à vue pour une gifle à un élève.
J'arrive à l'école. Un père vient se plaindre, j'aurais traité son fils de "pauvre garçon" (ou sale garçon, les versions diffèrent)
Imaginez ma surprise! Et ma défense, face à un tel mensonge auquel je ne m'attendais pas....
Monsieur travaille dans une prison et voit de tout, même des instituteurs, me dit-il... Intéressant... Il s'en va.... Et là, pour la première fois, j'ai su que je ne ferais pas ce métier toute ma vie.
Le gamin avoue avoir menti (je le confronte à l'élève présent lors de notre conversation au cours de laquelle cette insulte m'aurait échappé)
L'après-midi, il fait partie de la bande des 6 qui passe à tabac une fillette - je rappelle que j'ai des CE1, soit même pas 8 ans.
Je les punis... La directrice passe après la récrétion, je lui explique la situation, elle sermonne les gamins, et le petit menteur du matin se marre... Evidemment, les parents prenant fait et cause pour lui...
Je le reprends, il est déjà dans une mauvaise situation suite à son mensonge... Dans la foulée, la directrice (dépressive m'a-t-on dit, mais bon...) m'apprend que le père est venu se plaindre de moi ce matin.
Je l'ai pris de haut, lui a-t-il dit... mouarf, j'ai encore le courage de me marrer de l'expression avec mon mètre 53 et ses 2 mètres à lui....
"Ca fait déjà 2 parents, encore un et je suis obligée d'en référer à l'inspection"
Je suis sciée... Je ne suis coupable de rien, et elle ne me défend pas, pire, m'enfonce, me menace?
Quoi que je fasse, dans le genre de quartier où j'enseigne, on a tout à craindre, tout, (ma soeur en fait largement les frais, mais elle est épaulée par sa directrice, elle) et en particulier les mensonges des enfants, qui peuvent nous mener loin, trop loin.... je ne fais pas ce métier pour ça, me justifier, me défendre sans cesse... Et surtout, pas avec une épée de Damoclès sur la tête.
La journée s'achève... Coups de pieds, insultes... Punitions....Je suis épuisée.
Je rentre chez moi. Je retrouve mon délinquant maison, qui a déchiré le travail d'un élève en classe, "parce qu'il en avait envie". Je lui demande d'écrire un mot d'excuse, "pardon J."
Journée impeccable aujourd'hui pour lui à l'école (ça faisait longtemps)
Pas pour moi... Coups, insultes, mensonges, vol... Mot des parents d'hier dans le cahier de liaison (1 page le père, 1 page la mère) avec demande de rendez-vous parce que, paraît-il, je délaisse leur fils, pire, je le défie!
Au bord de jeter l'éponge, je file à l'inspection. Gentiment accueillie par l'inspectrice à qui je raconte tout, et surtout l'attitude de la directrice.
Elle me remonte, me rassure, m'apaise, me donne des conseils pour l'entrevue avec les parents... Me promet de téléphoner à la directrice (elle va m'avoir à la bonne après tiens... tant pis...)
Je retourne à l'école en trainant des pieds; le coeur au bord des lèvres.
Coupsinsultesmenacesmensonges.... Lot quotidien, trop quotidien.
Je suis consciente de ce que vivent ces enfants chez eux, consciente que leur vie n'est pas toujours rose, ni celle de leurs parents... Mais je ne suis ni psy, ni assistante sociale, juste une instit! Ni pire ni meilleure que les autres... J'aimerais juste pouvoir enseigner, parce que j'aime ça, malgré tout... mais ce malgré tout ne tiendra peut-être plus longtemps.
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