En allemand, il existe un mode "neutre". C'est un mode qui permet de rapporter des faits, des paroles, sans aucun jugement. Neutre...
En français, nous avons le mode de la présomption d'innocence. Mes enfants auraient été violés par leur père. Mon ex aurait violé mes enfants.
Du mode à la mode, il n'y a qu'un pas. La mode Outreau, qui pèse sur notre "affaire". La parole des enfants... Pourtant, dans cette affaire, le problème est venu moins de la parole des enfants que de la manière dont elle a été interprétée. Peu importe: les enfants mentent et inventent, c'est bien connu.
Victimes de ce mode, de cette mode, les enfants et moi devons fuir. Hors la loi, puisqu'ils ne vont plus à l'école, puisque je ne les "présente" plus à monsieur. Monsieur qui nous cherche. Monsieur qui ne serait convoqué que d'ici 1 mois. Convoqué, juste. En attendant, je dois protéger mes enfants, en me débrouillant par moi-même. En espérant que ça ne me retombera pas dessus par la suite.
Je découvre tout un monde que je ne connaissais pas. Il n'était pas le mien, jusqu'à aujourd'hui.
Je reviens dès que nous sommes libres. Parler des enfants. Parler de la vie, de l'autre côté.
Je suis très touchée par vos mots ici, vos témoignages d'amitié. Malheureusement je n'accède que trop rarement à internet pour pouvoir y répondre. Mais les lire fait chaud au coeur.
A bientôt
Thursday, March 22, 2007
Wednesday, March 07, 2007
Dérisoire, mais...
Lundi, pendant l'audition de sa soeur, Tom-Tom a joué avec une voiture formidable, quand on appuie dessus, elle s'élève au dessus des roues, l'habitacle peur tourner, et se lever aussi. Bref, une merveille de petite voiture que nous cherchons désespérément depuis. Ca n'arrangera rien, ça ne réparera rien, ça ne soulagera rien. Juste, il aimerait bien en avoir une, et j'ai envie de faire plaisir à mon petit garçon.
Si vous savez où trouver cette merveille...
Sinon, j'ai envie de vomir, en pensant à ce qu'ils ont subi, seuls, en silence, j'ai chaque minute de veille et de sommeil les images issues de ce que j'ai lu, de ce qu'ils me disent depuis, je sais qu'on en n'a pas fini avec les révélations, je sais que le combat le plus dur de ma vie m'attend, j'ai envie d'aller voir Zaza, d'aller voir la tombe de sa maman et de pleurer dessus trois enfances perdues.
Si vous savez où trouver cette merveille...
Sinon, j'ai envie de vomir, en pensant à ce qu'ils ont subi, seuls, en silence, j'ai chaque minute de veille et de sommeil les images issues de ce que j'ai lu, de ce qu'ils me disent depuis, je sais qu'on en n'a pas fini avec les révélations, je sais que le combat le plus dur de ma vie m'attend, j'ai envie d'aller voir Zaza, d'aller voir la tombe de sa maman et de pleurer dessus trois enfances perdues.
Monday, March 05, 2007
Noir
Lundi matin.
La porte à double battant ne s’ouvrait pas… En tout les cas, pas sur ma fille et la policière qui l’interrogeait… C’est là que j’ai su que c’était grave… Je me suis raccrochée à l’idée que non… je l’aurais su… Ce n’est pas possible… pas ma fille… Et l’évidence… Si ça dure, c’est qu’elle a des choses à dire… Graves… Ma fille… ma petite fille… non… Ce n’est pas possible, non… La porte s'ouvrait parfois, avec l'espoir que je me trompais... Mais jamais sur ma fille. Si, au bout d'une éternité, lorsque j'avais admis le fait que l'irréparable avait été commis et qu'il allait nous falloir vivre avec ça. Ensuite ce fut le tour de mon fils… Ca a duré nettement moins longtemps. Je suis retournée dans le bureau de la policière. Seule. Et j’ai basculé, dans l’ailleurs, dans l’horreur. Mon fils. Il a violé mon fils. Lire les comptes-rendus. Imaginer… Mon fils, mon petit garçon…
Je suis redescendue, j’ai pris mon fils dans mes bras. Mon fils qui venait d’embêter ma fille. Je ne l’ai pas grondé. J’ai expliqué à Nana : papa a fait du mal à Tom-Tom. Nana s’étonne. Interroge. Moi aussi maman…. Rappeler la policière… Attendre encore 1h… Penser à tous ceux qui n’ont pas permis d’empêcher ça alors que vous les aviez alertés, parce que monsieur couche avec qui il veut, oui, même avec sa sœur s’il le souhaite, et ses aveux de pédophilie ? mais voyons, il n’est pas passé à l’acte…mais vous, madame, vous osez allaiter un enfant de 2 ans ½ ; nous allons plutôt nous occuper de ça… Et puis si vos enfants ne veulent plus voir leur père, c’est votre faute, d’ailleurs il faudra qu’on parle du vôtre de père… Et ma belle-mère… Celle qui aurait pu par son témoignage …. Mais elle a refusé en m'insultant... Et aujourd'hui...
Les salauds… Tous, ceux qui ne font rien préventivement...
Le salaud… tous les reproches qu’il m’a fait… et lui… lui…
La policière est revenue… votre fille aussi… lire les comptes-rendus, à nouveau, imaginer, tout, et surtout l’immense solitude. Ca va aller madame? Se lever, brisée... Liquéfiée...
Mes enfants… blessés, pour toujours…
La porte à double battant ne s’ouvrait pas… En tout les cas, pas sur ma fille et la policière qui l’interrogeait… C’est là que j’ai su que c’était grave… Je me suis raccrochée à l’idée que non… je l’aurais su… Ce n’est pas possible… pas ma fille… Et l’évidence… Si ça dure, c’est qu’elle a des choses à dire… Graves… Ma fille… ma petite fille… non… Ce n’est pas possible, non… La porte s'ouvrait parfois, avec l'espoir que je me trompais... Mais jamais sur ma fille. Si, au bout d'une éternité, lorsque j'avais admis le fait que l'irréparable avait été commis et qu'il allait nous falloir vivre avec ça. Ensuite ce fut le tour de mon fils… Ca a duré nettement moins longtemps. Je suis retournée dans le bureau de la policière. Seule. Et j’ai basculé, dans l’ailleurs, dans l’horreur. Mon fils. Il a violé mon fils. Lire les comptes-rendus. Imaginer… Mon fils, mon petit garçon…
Je suis redescendue, j’ai pris mon fils dans mes bras. Mon fils qui venait d’embêter ma fille. Je ne l’ai pas grondé. J’ai expliqué à Nana : papa a fait du mal à Tom-Tom. Nana s’étonne. Interroge. Moi aussi maman…. Rappeler la policière… Attendre encore 1h… Penser à tous ceux qui n’ont pas permis d’empêcher ça alors que vous les aviez alertés, parce que monsieur couche avec qui il veut, oui, même avec sa sœur s’il le souhaite, et ses aveux de pédophilie ? mais voyons, il n’est pas passé à l’acte…mais vous, madame, vous osez allaiter un enfant de 2 ans ½ ; nous allons plutôt nous occuper de ça… Et puis si vos enfants ne veulent plus voir leur père, c’est votre faute, d’ailleurs il faudra qu’on parle du vôtre de père… Et ma belle-mère… Celle qui aurait pu par son témoignage …. Mais elle a refusé en m'insultant... Et aujourd'hui...
Les salauds… Tous, ceux qui ne font rien préventivement...
Le salaud… tous les reproches qu’il m’a fait… et lui… lui…
La policière est revenue… votre fille aussi… lire les comptes-rendus, à nouveau, imaginer, tout, et surtout l’immense solitude. Ca va aller madame? Se lever, brisée... Liquéfiée...
Mes enfants… blessés, pour toujours…
Saturday, March 03, 2007
Juste un jeu, ou de l'autre côté de la frontière...
Je ne sais même pas par quoi débuter ce post.
Des jours que j’écris sans rien publier… A quoi bon évoquer ces jours incertains passés en apnée, à jouer au chat et à la souris avec mon ex qui ne sait pas encore, et que j’arrive à plaindre…
Tout le décor est planté, mais le pire n’a pas été dit. Alors il n’a pas eu lieu. Non, il n’a pas pu faire de mal à ses enfants. Il s’était même mis en colère une fois que j’avais évoqué cela. Comment pouvais-je imaginer qu’il toucherait aux enfants ?
Décor planté, donc. Tout est sur le fil. D’accord, il n’est pas net, tout le monde en conviendra. D’accord, il y a des petites choses (petites aux yeux de certains, scandaleuses pour d’autres) que monsieur doit modifier dans son comportement, dans la manière dont se déroulent les séjours des enfants chez lui… Un bon avocat, et tout se retourne contre nous. Ma fille aura mal vu, mal interprété, d’ailleurs c’est exactement ce que lui a dit la psychologue scolaire – sans avoir plus d’éléments que le peu que ma fille raconte. Je ne parle même pas de notre entrevue avec une psychiatre il y a quelques jours… Je suis passée à ses yeux purement et simplement pour le genre de mère qui fait feu de tout bois et détourne tout afin d’ôter ses enfants à un père. Un pauvre père innocent. Innocent…
Tous ces jours, ces semaines de doute… Des années en réalité… Parce que je sais qui il est, ce qu’il a déjà fait… Mais non, il ne fera rien aux enfants… Je dois juste surveiller… Les professionnels ne voyaient aucun mal à ce qui se passait… Pourtant mon entourage frémissait…
Qu’aurais-je pu faire avant ? Avant que ma fille ne parle ? Et pour dire quoi ? Des choses qui pourraient être renversées, comme je l’ai dit… Il m’a fallu trois pages pourtant, trois pages aux juges, pour simplement évoquer ces 4 dernières années, et encore, je n’ai pas tout dit.
Trois pages qui ont donné la nausée à ceux qui les ont lues. Trois pages qui condensent ce dont j’ai parlé pendant plus d’une heure avec l’avocate. Il était temps, selon elle, et même, on pourrait me reprocher de n’avoir rien fait, rien dit avant…
Décidément… Sur quel pied danser ? Trop, ou trop peu… C’est si subjectif… Tout dépendra des juges… Peut-être que je me trompe… Mais ma fille a peur. C’est ce qui me permet de garder le cap : elle n’a pas peur pour rien. Rester sur le pont, pour elle. Et puis décidément, je sais que ce qui se passe est grave, peu importe les psy en tout genre qui ne connaissent qu’un tout petit bout de l’immense histoire. Je sais que tout est prêt à basculer. Ca a déjà basculé une fois, en novembre, faisant une victime. Que mes enfants ne soient pas les prochaines… C’est à ça que je pensais : je ne veux pas avoir un jour à pleurer devant une petite tombe, ou deux.
Les vacances ne furent pas bonnes. Pas du tout.
Ce matin, un jeu. Un jeu innocent. Innocent à leurs yeux. Papa nous le fait.
Voilà. Le décor était planté. Et un acte a déjà été joué. C’était juste un jeu… Y a-t-il déjà eu autre chose ? Pire ?
Et que faire, lorsque l’inacceptable a été dit ? Lorsque désormais, le doute n’est plus permis : il y a eu attouchement…
Effondrée, je me suis allongée quelques instant sur mon lit.
Et puis, j’ai habillé les enfants. Et je leur ai expliqué. Nous devons aller au commissariat. Vous devez dire aux policiers ce que vous m’avez dit. Non, ils ne mettront pas papa en prison.
J’ignore combien d’actes ont déjà été joués. J’ignore combien il nous en reste à subir.
Le décor était planté, tout était là, le climat violent et incestueux. Juste le climat. Un climat sous haute tension. Quelques gestes, juste à la frontière du permissible. J’espérais qu’on faisait dans la prévention. Qu’il ne s’était rien passé, et que peut-être il ne se serait jamais rien passé – d’où les doutes, et les mots qui faisaient mouches lorsqu’on m’accusait de monter les enfants contre leur père, même si ce n’était pas en ces termes.
Depuis des semaines, je me sens toute brisée. Récemment je me demandai depuis combien de temps. Pas depuis le meurtre de ma belle-sœur, à ce moment-là, j’ai eu au contraire une envie de vivre plus forte que jamais. Et soudain j’ai su. C’est depuis les premières révélations de ma fille. Lorsqu’elle m’a dit, surprise « mais je croyais que tu savais, maman. »
Elle croyait que je savais et que je cautionnais par mon silence.
Alors vivre en un seul morceau, avec ça…
Des jours que j’écris sans rien publier… A quoi bon évoquer ces jours incertains passés en apnée, à jouer au chat et à la souris avec mon ex qui ne sait pas encore, et que j’arrive à plaindre…
Tout le décor est planté, mais le pire n’a pas été dit. Alors il n’a pas eu lieu. Non, il n’a pas pu faire de mal à ses enfants. Il s’était même mis en colère une fois que j’avais évoqué cela. Comment pouvais-je imaginer qu’il toucherait aux enfants ?
Décor planté, donc. Tout est sur le fil. D’accord, il n’est pas net, tout le monde en conviendra. D’accord, il y a des petites choses (petites aux yeux de certains, scandaleuses pour d’autres) que monsieur doit modifier dans son comportement, dans la manière dont se déroulent les séjours des enfants chez lui… Un bon avocat, et tout se retourne contre nous. Ma fille aura mal vu, mal interprété, d’ailleurs c’est exactement ce que lui a dit la psychologue scolaire – sans avoir plus d’éléments que le peu que ma fille raconte. Je ne parle même pas de notre entrevue avec une psychiatre il y a quelques jours… Je suis passée à ses yeux purement et simplement pour le genre de mère qui fait feu de tout bois et détourne tout afin d’ôter ses enfants à un père. Un pauvre père innocent. Innocent…
Tous ces jours, ces semaines de doute… Des années en réalité… Parce que je sais qui il est, ce qu’il a déjà fait… Mais non, il ne fera rien aux enfants… Je dois juste surveiller… Les professionnels ne voyaient aucun mal à ce qui se passait… Pourtant mon entourage frémissait…
Qu’aurais-je pu faire avant ? Avant que ma fille ne parle ? Et pour dire quoi ? Des choses qui pourraient être renversées, comme je l’ai dit… Il m’a fallu trois pages pourtant, trois pages aux juges, pour simplement évoquer ces 4 dernières années, et encore, je n’ai pas tout dit.
Trois pages qui ont donné la nausée à ceux qui les ont lues. Trois pages qui condensent ce dont j’ai parlé pendant plus d’une heure avec l’avocate. Il était temps, selon elle, et même, on pourrait me reprocher de n’avoir rien fait, rien dit avant…
Décidément… Sur quel pied danser ? Trop, ou trop peu… C’est si subjectif… Tout dépendra des juges… Peut-être que je me trompe… Mais ma fille a peur. C’est ce qui me permet de garder le cap : elle n’a pas peur pour rien. Rester sur le pont, pour elle. Et puis décidément, je sais que ce qui se passe est grave, peu importe les psy en tout genre qui ne connaissent qu’un tout petit bout de l’immense histoire. Je sais que tout est prêt à basculer. Ca a déjà basculé une fois, en novembre, faisant une victime. Que mes enfants ne soient pas les prochaines… C’est à ça que je pensais : je ne veux pas avoir un jour à pleurer devant une petite tombe, ou deux.
Les vacances ne furent pas bonnes. Pas du tout.
Ce matin, un jeu. Un jeu innocent. Innocent à leurs yeux. Papa nous le fait.
Voilà. Le décor était planté. Et un acte a déjà été joué. C’était juste un jeu… Y a-t-il déjà eu autre chose ? Pire ?
Et que faire, lorsque l’inacceptable a été dit ? Lorsque désormais, le doute n’est plus permis : il y a eu attouchement…
Effondrée, je me suis allongée quelques instant sur mon lit.
Et puis, j’ai habillé les enfants. Et je leur ai expliqué. Nous devons aller au commissariat. Vous devez dire aux policiers ce que vous m’avez dit. Non, ils ne mettront pas papa en prison.
J’ignore combien d’actes ont déjà été joués. J’ignore combien il nous en reste à subir.
Le décor était planté, tout était là, le climat violent et incestueux. Juste le climat. Un climat sous haute tension. Quelques gestes, juste à la frontière du permissible. J’espérais qu’on faisait dans la prévention. Qu’il ne s’était rien passé, et que peut-être il ne se serait jamais rien passé – d’où les doutes, et les mots qui faisaient mouches lorsqu’on m’accusait de monter les enfants contre leur père, même si ce n’était pas en ces termes.
Depuis des semaines, je me sens toute brisée. Récemment je me demandai depuis combien de temps. Pas depuis le meurtre de ma belle-sœur, à ce moment-là, j’ai eu au contraire une envie de vivre plus forte que jamais. Et soudain j’ai su. C’est depuis les premières révélations de ma fille. Lorsqu’elle m’a dit, surprise « mais je croyais que tu savais, maman. »
Elle croyait que je savais et que je cautionnais par mon silence.
Alors vivre en un seul morceau, avec ça…
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