J'ai suivi le conseil de Caroline dans le post précédent; jeudi dernier, j'ai laissé 1/2h à mes élèves pour écrire ce qu'ils voulaient.... J'ai pensé que beaucoup n'oseraient pas se lancer sans consigne, sans direction à suivre, sans filet. Il n'en a rien été, tous étaient emballés et ont écrit au moins un petit texte. Les CE1 ont eu plus de mal bien sûr, mais ont chacun écrit une phrase.
Ceux qui le souhaitaient ont pu lire leur production. J'étais étonnée de découvrir une telle richesse, les histoires étaient souvent pleines d'humour, et dans d'autres nous retrouvions les traces de textes lus en classe.... ou de dessins animés connus!
Dès le lendemain, j'ai donné à chacun des élèves un cahier destiné aux productions d'écrit libre. Le piège! Ils ne cessent de noircir des pages entières dès que j'ai le dos tourné! Me voilà obligée de leur laisser du temps chaque jour! Ils peuvent également écrire dès qu'ils ont un moment libre: voilà qui est motivant pour finir vite - et bien- son travail. Certains élèves - les filles surtout- rajoutent des illustrations. Il me faut à présent dégager un créneau chaque jour pour leur permettre de lire leurs oeuvres - c'était difficile cette semaine à cause des évaluations des CE2, qui ont pris beaucoup de temps. En attendant, je vois parfois des groupes d'élèves pouffer de rire autour d'un cahier.... Ils sont fiers.... et heureux de cet espace de liberté! Je n'imaginais pas une telle envie d'écrire!
Certains emmènent leur cahier chez eux pour continuer. Un de mes petits caïds a lu une production qui m'a surprise de sa part, une longue histoire avec de multiples rebondissements.... on découvre les enfants autrement.
La prochaine étape, c'est de leur demander, chaque mois, de choisir chacun un de leur texte, de le corriger - et là il faudra qu'ils se débrouillent au maximum en utilisant les outils mis à leur disposition - et de le taper sur l'ordinateur, afin que tous ces textes soient regroupés dans un journal que chaque élève pourra ramener chez lui.
Lundi matin, A. est arrivée en courant: "je pars lundi prochain, ça y est, je rejoins mes parents!"
C'était prévu depuis la rentrée, j'étais contente pour elle.
Aujourd'hui, elle a lu son texte. Elle y racontait que son père l'avait amenée en France lorsqu'elle avait 5 ans, l'avait confiée à son oncle et sa tante et était reparti. Elle a parlé de sa tristesse, de la promesse non tenue de ses parents: l'appeler tous les dimanches. Mais enfin elle va retrouver ses parents et sa maman et elles ne se quitteront plus.
A 16h30, le directeur et moi attrapons l'oncle au passage, pour lui demander quand la fillette part exactement afin de lui donner les papiers nécessaires: non, en fait rien n'est encore établi, il faudra bien encore une quinzaine de jours.... Mine décomposée de la fillette: "mais maman m'a dit lundi".... Je la revoyais, lisant son texte devant la classe pétrifiée de découvrir qu'elle n'avait pas vu ses parents depuis plusieurs années....
Thursday, September 21, 2006
Wednesday, September 13, 2006
Enfant, je détestais l'école. En réalité, j'ai détesté l'école de la maternelle à la fin de la fac. Ca a empiré à l'entrée au collège puis à l'entrée au lycée, avec le stress des contrôles, des leçons pas apprises (bin oui....), des devoirs baclés (bin oui....), avec donc la crainte d'être interrogée, les matières que je ne maîtrisais pas et les mauvaises notes au bout.
L'enfer.... comme sans doute beaucoup d'entre vous.... Que celui qui adorait l'école et y allait en courant lève le doigt, j'aimerais faire une enquête sociologique à son sujet.
C'est sans doute la raison pour laquelle j'ai tant hésité à devenir prof moi-même.... Quoi? Moi, bourreau d'enfants à mon tour? Vous plaisantez j'espère!
Bon voilà, je le suis, j'y reste, pour un bout de temps au moins.
L'année dernière, ça allait, les petits aiment bien l'école maternelle, on joue, on fait de la peinture tout ça, ça passe encore.
Cette année, CE1-CE2, premier jour, des parents viennent me voir: vous savez, mon enfant est mort de trouille....
Mort de trouille à 8 ans!!! Mais qu'avons-nous fait de l'école? Ce lieu où on est simplement censé enseigner aux élèves ce qu'ils ne savent pas encore? Et leur donner le goût d'apprendre? de chercher? de créer?
Une usine à notes et à punitions.....
Dès les premiers jours, j'ai senti que l'école et moi, ça ne collait pas. Pas comme ça. Je le savais avant déjà, mais là j'étais dedans et forcée de réagir.
Je ne veux pas faire apprendre des règles de grammaire absconses et abstraites que beaucoup d'élèves ne sauront pas réinvestir. Je ne veux pas les faire trimer des heures sur du français et des maths. Je ne veux pas, et je ne peux pas. Je serais la première à m'ennuyer. En plus, on sait que ça ne donne guère de résultats: ceux qui s'en sortent sont souvent ceux qui s'en seraient sortis sans nous, on arrive à en attraper certains par ci par là, beaucoup sombrent, s'en fiche et n'ont plus envie de rien.
Je n'ai pas la prétention de révolutionner quoi ce que soit, d'autres l'ont fait avant moi, et tout mon cheminement me conduit à ce qu'ils ont mis en place. Je pense à Freinet en particulier.... Je vais tenter de mettre en place cette méthode cette année, petit à petit.... En attendant, j'essaie avec mes propres moyens de donner aux élèves l'envie de décrouvrir et d'apprendre.... Et de rêver....
Hier, ils ont récité Le cancre, de Prévert.... Beaucoup étaient pétrifiés, regardaient le sol, trituraient leurs vêtements, tordaient leurs mains, se liquéfiaient sur place en cas d'erreur...
Comme c'est triste de ne plus envisager la poésie que comme une épreuve à surmonter.... J'espère qu'à la fin de l'année, ils réciteront leurs poésies avec plaisir, et qu'ils en écriront....
L'enfer.... comme sans doute beaucoup d'entre vous.... Que celui qui adorait l'école et y allait en courant lève le doigt, j'aimerais faire une enquête sociologique à son sujet.
C'est sans doute la raison pour laquelle j'ai tant hésité à devenir prof moi-même.... Quoi? Moi, bourreau d'enfants à mon tour? Vous plaisantez j'espère!
Bon voilà, je le suis, j'y reste, pour un bout de temps au moins.
L'année dernière, ça allait, les petits aiment bien l'école maternelle, on joue, on fait de la peinture tout ça, ça passe encore.
Cette année, CE1-CE2, premier jour, des parents viennent me voir: vous savez, mon enfant est mort de trouille....
Mort de trouille à 8 ans!!! Mais qu'avons-nous fait de l'école? Ce lieu où on est simplement censé enseigner aux élèves ce qu'ils ne savent pas encore? Et leur donner le goût d'apprendre? de chercher? de créer?
Une usine à notes et à punitions.....
Dès les premiers jours, j'ai senti que l'école et moi, ça ne collait pas. Pas comme ça. Je le savais avant déjà, mais là j'étais dedans et forcée de réagir.
Je ne veux pas faire apprendre des règles de grammaire absconses et abstraites que beaucoup d'élèves ne sauront pas réinvestir. Je ne veux pas les faire trimer des heures sur du français et des maths. Je ne veux pas, et je ne peux pas. Je serais la première à m'ennuyer. En plus, on sait que ça ne donne guère de résultats: ceux qui s'en sortent sont souvent ceux qui s'en seraient sortis sans nous, on arrive à en attraper certains par ci par là, beaucoup sombrent, s'en fiche et n'ont plus envie de rien.
Je n'ai pas la prétention de révolutionner quoi ce que soit, d'autres l'ont fait avant moi, et tout mon cheminement me conduit à ce qu'ils ont mis en place. Je pense à Freinet en particulier.... Je vais tenter de mettre en place cette méthode cette année, petit à petit.... En attendant, j'essaie avec mes propres moyens de donner aux élèves l'envie de décrouvrir et d'apprendre.... Et de rêver....
Hier, ils ont récité Le cancre, de Prévert.... Beaucoup étaient pétrifiés, regardaient le sol, trituraient leurs vêtements, tordaient leurs mains, se liquéfiaient sur place en cas d'erreur...
Comme c'est triste de ne plus envisager la poésie que comme une épreuve à surmonter.... J'espère qu'à la fin de l'année, ils réciteront leurs poésies avec plaisir, et qu'ils en écriront....
Friday, September 01, 2006
Verdict.....
J'ai fait des cauchemars durant ces vacances. Horribles. Hyper réalistes. Avec les collègues. Ca s'est calmé un temps, puis c'est revenu, approche de la rentrée aidant.
Une pensée m'a tenaillée durant tout l'été: je risque de retourner dans cette école. Je savais que j'avais un choix à faire entre plusieurs propositions, mais sans voiture, je ne peux pas aller dans certaines des villes de ma circonscription, ce qui restreint ce choix (pour tout dire, il n'y a que 2 villes desservies depuis chez moi). Et puis l'année dernière, on ne m'a donné le choix qu'entre 2 villes.... Alors si cette année, on me propose l'école des sorcières -en pensant me rendre service puisque j'en viens- ou une école que je ne peux rejoindre en transport, la question ne se pose même pas....
Je m'y suis faite, à la longue. Ok, je retourne dans l'école infernale, au moins, je sais ce qui m'attend.
Et puis avec un peu de chance, on me proposera d'autres postes. Et là aussi j'ai commencé à cogiter: comment on fait pour choisir lorsqu'on ne connait pas les écoles, et puis faut pas que ce soit trop loin des gares RER, et puis choisir une école qui bosse le mercredi ou le samedi? sachant que mes enfants auront classe le samedi cette année, mais le mercredi y'a les activités, rha zutzutzut.
Des fois j'arrêtais de cogiter quand même, parce que cogiter sur le vide ça n'est pas productif du tout et ça ne sert carrément à rien.
Ce matin, convocation à l'inspection à 9h. On m'apprend que j'ai le barème le plus haut, je suis donc la première à choisir dans la liste. 9 postes. Wahou!
J'écarte l'école des sorcières, la ville entière de l'école des sorcières parce que décidément bosser le mercredi ça n'ira pas, la ville sans train (aucun poste dans les autres villes sans train), je vérifie l'emplacement des 2 ou 3 écoles qui restent, je préfèrerais un niveau simple, mais je n'ai pas le courage d'affronter une classe maternelle cette année (une moyenne section pourtant...j'adore, et juste à côté de la gare!)(c'est surtout une atsem que je n'ai pas le courage d'affronter)(et les collègues de maternelle)(et puis j'ai envie de changer)(enfin bref), j'opte pour un CE1-CE2, à 10 minutes à pieds de la gare...
Ecole de vieilles, je suis ravie, elles ne se prétendront pas mes copines pour mieux me piéger, elles n'ont rien à prouver, elles me ficheront sans doute la paix tant que je n'empiéterai pas sur leurs plates-bandes, ce dont je me garderai bien.
Bon, là, j'ai une pile de manuels sur la table, je ne sais pas quel bout prendre les choses, je commence à paniquer,et à me demander si je n'aurai pas dû choisir la classe de moyenne section finalement! Il faut que je m'y mette, y'a pas de doute...
Une pensée m'a tenaillée durant tout l'été: je risque de retourner dans cette école. Je savais que j'avais un choix à faire entre plusieurs propositions, mais sans voiture, je ne peux pas aller dans certaines des villes de ma circonscription, ce qui restreint ce choix (pour tout dire, il n'y a que 2 villes desservies depuis chez moi). Et puis l'année dernière, on ne m'a donné le choix qu'entre 2 villes.... Alors si cette année, on me propose l'école des sorcières -en pensant me rendre service puisque j'en viens- ou une école que je ne peux rejoindre en transport, la question ne se pose même pas....
Je m'y suis faite, à la longue. Ok, je retourne dans l'école infernale, au moins, je sais ce qui m'attend.
Et puis avec un peu de chance, on me proposera d'autres postes. Et là aussi j'ai commencé à cogiter: comment on fait pour choisir lorsqu'on ne connait pas les écoles, et puis faut pas que ce soit trop loin des gares RER, et puis choisir une école qui bosse le mercredi ou le samedi? sachant que mes enfants auront classe le samedi cette année, mais le mercredi y'a les activités, rha zutzutzut.
Des fois j'arrêtais de cogiter quand même, parce que cogiter sur le vide ça n'est pas productif du tout et ça ne sert carrément à rien.
Ce matin, convocation à l'inspection à 9h. On m'apprend que j'ai le barème le plus haut, je suis donc la première à choisir dans la liste. 9 postes. Wahou!
J'écarte l'école des sorcières, la ville entière de l'école des sorcières parce que décidément bosser le mercredi ça n'ira pas, la ville sans train (aucun poste dans les autres villes sans train), je vérifie l'emplacement des 2 ou 3 écoles qui restent, je préfèrerais un niveau simple, mais je n'ai pas le courage d'affronter une classe maternelle cette année (une moyenne section pourtant...j'adore, et juste à côté de la gare!)(c'est surtout une atsem que je n'ai pas le courage d'affronter)(et les collègues de maternelle)(et puis j'ai envie de changer)(enfin bref), j'opte pour un CE1-CE2, à 10 minutes à pieds de la gare...
Ecole de vieilles, je suis ravie, elles ne se prétendront pas mes copines pour mieux me piéger, elles n'ont rien à prouver, elles me ficheront sans doute la paix tant que je n'empiéterai pas sur leurs plates-bandes, ce dont je me garderai bien.
Bon, là, j'ai une pile de manuels sur la table, je ne sais pas quel bout prendre les choses, je commence à paniquer,et à me demander si je n'aurai pas dû choisir la classe de moyenne section finalement! Il faut que je m'y mette, y'a pas de doute...
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