"Quand je vous compare aux parents des autres, je trouve que vous êtes les meilleurs."
C'est Princesse qui le dit.
On ne va pas la contredire :-)
Ca fait d'autant plus plaisir que j'ai l'impression de n'avoir le temps de rien en ce moment, entre les cartons, les démarches pour le déménagement et le café associatif, la classe. Mais on a quand même gagné la médaille d'or des bons parents alors on doit être efficaces; d'ailleurs demain, on emmène la marmaille au Parc Astérix.
Cherchez pas, on est les meilleurs on vous dit :p
Tuesday, May 24, 2011
Friday, May 13, 2011
Etat des lieux
Ca y est, j'aborde enfin le sujet de l'école, 2 mois 1/2 après avoir repris.
Que dire? Le sujet est vaste et mes sentiments divers.
Tout d'abord, la bonne nouvelle, c'est que je me sens bien, légitime enfin, utile pour les élèves. Bonne prof même, parce que j'ai déployé des trésors d'inventivité pour enseigner correctement dans des conditions particulières: une classe de grande section de maternelle dans une élémentaire, une classe manquant de tout, de jouets, de matériel, une école de ZEP terriblement difficile. J'use quotidiennement une énergie considérable à empêcher la moitié de la classe de taper sur l'autre moitié tout en faisant ce pour quoi je suis payée à la base: enseigner.
J'ai mis du temps à me sentir bien avec les collègues, parce que l'une d'elle m'a cassé du sucre sur le dos dès la fin de la première matinée, pas de bol, j'étais dans la même pièce qu'elle! Tant pis, je prends ce qu'il y a à prendre, des discussions sans queue ni tête le midi dans la salle des profs, qui permettent de décompresser.
J'ai un directeur excellent, dénigré par les collègues parce qu'il est assez bougon, mais d'une efficacité hallucinante, au point que je sais d'ores et déjà que je vais le regretter.
Voilà pour le positif.
Le négatif, c'est tout le reste. En vrac et rapidement, les élèves violents, pas motivés (enfin, mes élèves de grande section, ça passe encore), malpolis, gavés de sucreries, de jeux vidéos, fatigués par des nuits trop courtes; les parents, jamais contents, mais qu'ils éduquent déjà leurs enfants et après ils pourront nous faire la leçon sur comment se comporter avec eux; les collègues qui se tirent dans les pattes; ceux qui craquent; ceux qui ne se remettent jamais en cause; ceux qui veulent absolument que chaque élève rentre dans les cases préétablies, sinon c'est qu'ils sont feignants ou idiots; ceux qui sont beaufs et je trouve qu'ils sont de plus en plus nombreux; les heures du samedi en moins; la société qui va mal; notre président et sa cour.
Alors je suis inquiète, sincèrement, profondément, inquiète particulièrement pour chacun de mes petits élèves, qui m'épuisent tous autant qu'ils sont mais qui chacun à leur manière sont si touchants, inquiète en général pour le devenir de l'école et donc des enfants. Inquiète et pessimiste, parce que je ne pense pas que ça s'améliorera dans les années qui arrivent. Et ça m'inquiète encore plus.
Que dire? Le sujet est vaste et mes sentiments divers.
Tout d'abord, la bonne nouvelle, c'est que je me sens bien, légitime enfin, utile pour les élèves. Bonne prof même, parce que j'ai déployé des trésors d'inventivité pour enseigner correctement dans des conditions particulières: une classe de grande section de maternelle dans une élémentaire, une classe manquant de tout, de jouets, de matériel, une école de ZEP terriblement difficile. J'use quotidiennement une énergie considérable à empêcher la moitié de la classe de taper sur l'autre moitié tout en faisant ce pour quoi je suis payée à la base: enseigner.
J'ai mis du temps à me sentir bien avec les collègues, parce que l'une d'elle m'a cassé du sucre sur le dos dès la fin de la première matinée, pas de bol, j'étais dans la même pièce qu'elle! Tant pis, je prends ce qu'il y a à prendre, des discussions sans queue ni tête le midi dans la salle des profs, qui permettent de décompresser.
J'ai un directeur excellent, dénigré par les collègues parce qu'il est assez bougon, mais d'une efficacité hallucinante, au point que je sais d'ores et déjà que je vais le regretter.
Voilà pour le positif.
Le négatif, c'est tout le reste. En vrac et rapidement, les élèves violents, pas motivés (enfin, mes élèves de grande section, ça passe encore), malpolis, gavés de sucreries, de jeux vidéos, fatigués par des nuits trop courtes; les parents, jamais contents, mais qu'ils éduquent déjà leurs enfants et après ils pourront nous faire la leçon sur comment se comporter avec eux; les collègues qui se tirent dans les pattes; ceux qui craquent; ceux qui ne se remettent jamais en cause; ceux qui veulent absolument que chaque élève rentre dans les cases préétablies, sinon c'est qu'ils sont feignants ou idiots; ceux qui sont beaufs et je trouve qu'ils sont de plus en plus nombreux; les heures du samedi en moins; la société qui va mal; notre président et sa cour.
Alors je suis inquiète, sincèrement, profondément, inquiète particulièrement pour chacun de mes petits élèves, qui m'épuisent tous autant qu'ils sont mais qui chacun à leur manière sont si touchants, inquiète en général pour le devenir de l'école et donc des enfants. Inquiète et pessimiste, parce que je ne pense pas que ça s'améliorera dans les années qui arrivent. Et ça m'inquiète encore plus.
Tuesday, May 03, 2011
Une histoire triste
Je n'ai pas trouvé d'autres titres pour raconter Moussa, qui ne s'appelle pas Moussa en réalité, mais Moussa, c'est un prénom que j'aime bien, et c'est celui d'un autre petit garçon que j'ai connu, à la vie pas marrante non plus.
Il a 6 ans à peine, c'est l'un des 23 petits élèves de ma classe de grande section.
Il crève de faim, en a pleuré une ou deux fois en voyant les autres manger leurs biscuits à la récréation du matin (on en avait de réserve dans la classe, heureusement), se rue sur la nourriture quand il s'en présente (goûter d'anniversaire, carnaval).
Il porte toujours les mêmes vêtements, vraiment toujours, le même pull depuis que j'ai commencé début mars. Les mêmes chaussettes dépareillées, des chaussettes de fille. Des chaussures trop petites, trouées, qu'il perd en jouant au foot parce qu'elles n'ont pas de lacet.
Un matin, ses vêtements étaient mouillés, il nous a expliqué que sa mère venait de les sortir de la machine à laver et ne les a donc pas fait sécher avant de les lui refaire porter.
Voilà, c'est Moussa. Toute la misère qu'on imagine. A 10 ou 12 dans un petit appartement, le papa est parti, on se sert avec les cousins.
Moussa, qui, certains jours, laisse la violence avoir le dessus. C'est rare, heureusement.
Moussa, élève brouillon, nerveux, impulsif, mais bon élève, étonnant même.
Moussa, qui, vendredi, a dessiné des nuages de toutes les couleurs, des nuages qui souriaient.
C'est sa soeur qui vient le chercher, le soir. Elle a 9 ans.
Hier, je vois sa maîtresse passer, tous ses élèves étaient sortis, où est donc la grande soeur?
Dans le bureau du directeur, on fait une remontée d'incident, elle était revenue avec un couteau, l'après-midi, pour régler ses comptes avec un camarade.
J'aurais aimé resté, ne pas laisser Moussa comme ça, mais j'avais un bus à prendre, j'avais hâte de retrouver les miens. J'ai laissé la grande caisse de Kapla à Moussa, et puis des biscuits, et mon atsem lui a filé une sucette. Il est resté à côté du bureau du directeur, ne comprenant pas trop, les gâteaux dans une main, les Kapla dans l'autre.
Je revois ce petit bonhomme, si petit, si fragile.. Je suis en colère contre ce monde, contre tous ceux qui empêchent les petits Moussa et leurs grandes soeurs de 9 ans (9 ans, c'est si petit aussi!) de grandir normalement. En colère, et inquiète aussi. Dans ce monde où peu de choses lui sont épargnées, que deviendra-t-il?
Il a 6 ans à peine, c'est l'un des 23 petits élèves de ma classe de grande section.
Il crève de faim, en a pleuré une ou deux fois en voyant les autres manger leurs biscuits à la récréation du matin (on en avait de réserve dans la classe, heureusement), se rue sur la nourriture quand il s'en présente (goûter d'anniversaire, carnaval).
Il porte toujours les mêmes vêtements, vraiment toujours, le même pull depuis que j'ai commencé début mars. Les mêmes chaussettes dépareillées, des chaussettes de fille. Des chaussures trop petites, trouées, qu'il perd en jouant au foot parce qu'elles n'ont pas de lacet.
Un matin, ses vêtements étaient mouillés, il nous a expliqué que sa mère venait de les sortir de la machine à laver et ne les a donc pas fait sécher avant de les lui refaire porter.
Voilà, c'est Moussa. Toute la misère qu'on imagine. A 10 ou 12 dans un petit appartement, le papa est parti, on se sert avec les cousins.
Moussa, qui, certains jours, laisse la violence avoir le dessus. C'est rare, heureusement.
Moussa, élève brouillon, nerveux, impulsif, mais bon élève, étonnant même.
Moussa, qui, vendredi, a dessiné des nuages de toutes les couleurs, des nuages qui souriaient.
C'est sa soeur qui vient le chercher, le soir. Elle a 9 ans.
Hier, je vois sa maîtresse passer, tous ses élèves étaient sortis, où est donc la grande soeur?
Dans le bureau du directeur, on fait une remontée d'incident, elle était revenue avec un couteau, l'après-midi, pour régler ses comptes avec un camarade.
J'aurais aimé resté, ne pas laisser Moussa comme ça, mais j'avais un bus à prendre, j'avais hâte de retrouver les miens. J'ai laissé la grande caisse de Kapla à Moussa, et puis des biscuits, et mon atsem lui a filé une sucette. Il est resté à côté du bureau du directeur, ne comprenant pas trop, les gâteaux dans une main, les Kapla dans l'autre.
Je revois ce petit bonhomme, si petit, si fragile.. Je suis en colère contre ce monde, contre tous ceux qui empêchent les petits Moussa et leurs grandes soeurs de 9 ans (9 ans, c'est si petit aussi!) de grandir normalement. En colère, et inquiète aussi. Dans ce monde où peu de choses lui sont épargnées, que deviendra-t-il?
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