J'ai tenté de retenir le mois de février, en l'agrippant des deux mains, en freinant des deux pieds...
J'ai vécu chaque seconde dans la conscience qu'après, ça serait fini.
Nous avons rempli les vacances jusqu'à ras bord. Il y eut deux escapades parisiennes, au quai d'Orsay pour Viking qui réclamait à voir les œuvres de Claude Monet, et à la Cité des Sciences.
Puis un séjour drômois, juste Mister k, Libellule et moi - les grands chez leurs mamies respectives, les pauvres.
Un séjour pour parler de notre projet à ceux que ça pourrait intéresser, pour chercher un coin où nous installer... pour flâner aussi, être tous les trois, une dernière fois...
Je sais que j'exagère, mais c'est malgré moi, j'ai toujours considéré la fin des vacances comme la fin de quelque chose de plus fort, un temps en dehors du temps avec les enfants, un temps pour nous, dont on pouvait faire ce qu'on voulait... Chaque fois, j'ai essayé d'en faire le maximum en songeant qu'ensuite je ne pourrai plus... Force m'a été de constater que malgré tout, malgré la déprime de fin de vacances que je traîne depuis l'enfance... le retour à l'école, ce n'est pas la fin du monde. On continue de vivre.
J'espère qu'il en sera de même cette fois. Je retourne travailler dans 2 jours, en laissant plein de choses en plan, comme l'atteste la liste des choses à faire. J'espérai tout rayer de cette liste avant la reprise du travail... je finirai bien par y arriver, boulot ou pas.
Je retourne travailler, après une parenthèse magique, une parenthèse de presque deux années, à voir grandir Libellule minute après minute, à profiter de ma vie de couple, puisque Mister k ne travaillait pas non plus. Je devrais me contenter de ça, trouver que c'est déjà pas si mal, que ça aurait pu être pire... Mais non, je ne peux pas, j'ai le cœur qui saigne.
C'est la fin de la parenthèse, quelques mois à travailler loin des miens, pour mettre des sous de côté et présenter des fiches de paie, c'est plus facile pour trouver un appartement à louer...Quelques mois à quitter ma puce le matin (elle reste avec son papa), quelques mois de sacrifice pour améliorer notre vie à tous, parce que dans 4 mois, nous serons ailleurs, loin du froid et de la grisaille parisienne, avec un projet professionnel qui nous ressemble et qui nous permettra de rester ensemble...
Ca vaut le coup... C'est douloureux, mais ça vaut le coup...
Sunday, February 27, 2011
Thursday, February 10, 2011
Rien ne se perd...
Je reprends le travail début mars et nous déménageons en juillet. Je m'affole un peu... J'aimerais que chaque objet trouve naturellement sa place dans "son" carton afin de nous faciliter la tâche... Encore pas mal de choses à trier pour cela, et peu de temps, de moins en moins de temps, c'est mathématique.
Quelles choses?
Les photos par exemple. Celles qui végètent dans leurs boîtes depuis que je les ai récupérées chez le photographe qui les a développées - je vous parle d'un temps...etc...
J'ai une relation compliquée avec les photos.
Ca a été une réelle passion; à 11 ans j'ai réclamé un appareil photo, j'ai entamé un album photo, fouiné dans ceux de mes parents pour récupérer les photos d'eux enfants et les photos de mes frères et sœur et moi avant que moi-même je ne commence à flashouiller...J'ai reconstitué la saga familiale, j'ai pris beaucoup de photos de mon jeune frère né lorsque j'avais 12 ans, et heureusement parce que ma mère n'en prenait plus aucune.
J'ai eu des appareils de meilleure qualité par la suite.
Je ne me suis jamais lassée de prendre des photos, d'écouter les conseils de mes 2 oncles fous de photos, de constituer des albums...
J'ai pris beaucoup de photos de Princesse bien sûr.
A ce moment-là, j'étais très amie avec ma voisine qui avait été prof de photo et qui m'a conseillé de ne plus m'embêter à acheter des albums photos, plutôt chers, et de simplement coller les photos sur des feuilles, de glisser ces feuilles dans des pochettes transparentes, dans des classeurs.
Je n'ai pas la prétention de dire que j'aie jamais fait de jolies photos, j'ai toujours eu conscience de mes compétences/capacités/limites, mais voilà, j'ai toujours aimé ça, faire des photos. Pour garder les traces, les souvenirs, les empêcher de partir...
Et puis, il y a eu le tournant de ma vie, la rupture... En 2002, la séparation d'avec le père de mes enfants.
Bien sûr, il faut garder les traces d'un amour défunt, pour les enfants, pour qu'ils sachent d'où ils viennent... Sauf que pour nous, il s'agissait d'une imposture, d'un mensonge: mon ex et moi, nous ne nous sommes jamais aimés. J'étais là, il était là, je suis tombée enceinte, je l'ai quitté à l'époque puis j'ai eu honte, de moi, d'être mère célibataire à 22 ans, alors nous nous sommes installés ensemble finalement, la suite, c'est un mariage, un autre enfant et une rupture, donc.
Tout cela, je ne l'ai jamais assumé. Le jour de mon mariage, je me demandais pourquoi je faisais cette connerie, d'épouser un homme que je n'aimais pas?
J'avais tellement peur, que personne ne veuille jamais de moi... Je me sentais si moche, si inintéressante, je ne voulais pas finir vieille fille...
Je sais, c'est complètement idiot, mais on ne refait pas l'histoire, et à 22 ans, j'étais incapable de lutter autrement contre les idées dans lesquelles j'avais été élevée.
Et puis comment regretter, avec une Princesse et un Viking dans ma vie?
N'empêche, les photos d'alors, où on nous voit nous sourire, nous embrasser, être "un mignon petit couple" comme on nous étiquetait alors, c'étaient le témoignage de cette imposture, de ce long mensonge qui a duré 4 années.
Puis notre divorce est passé de glauque (un ex alcoolique, violent, absent) à sordide (il a abusé de nos enfants...).
Comment, dans ces conditions, regarder les images d'autrefois?
Je n'ai pas cessé de prendre des photos, mais j'ai cessé de les regarder, j'ai cessé de regarder le passé. Pendant encore un an ou deux, j'ai continué de les coller dans des classeurs, puis je n'ai plus eu le temps. En 2005, j'ai eu un appareil photo numérique. Je n'ai pas développé une seule photo depuis. Les photos ont résisté à plusieurs crashs informatiques, elles sont sur le web pour certaines, sur PC ou sur clé USB pour d'autres.
Princesse et Viking ont grandi dans cette absence des traces d'autrefois. Viking a repéré les albums avec les photos de lui bébé et les feuillette parfois. Pose des questions. Princesse aussi. J'ai longuement esquivé.
Comment parler facilement, librement, de cette histoire si compliquée, si tragique, dont ils sont issus? De ce père, lui-même enfant martyrisé, à l'histoire dont je ne connais que des fragments? De cette double famille, la biologique, l'adoptive? Des deux mères? Des deux sœurs, si vénéneuses l'une comme l'autre? De ce drame, le meurtre de leur tante, de leur oncle en prison, de leur père, coupable d'un crime envers eux? Comment parler de moi dans tout ça, de ma honte, de mon sentiment de culpabilité?
Il m'a fallu des années. Depuis peu, j'arrive à parler. A mettre des mots. A expliquer. A dire qui est qui, qui a fait quoi. Mais voir les photos, voir resurgir des souvenirs plus ou moins heureux, des événements que je préfère oublier, ma belle-sœur qui n'est plus, c'est encore trop douloureux.
Je me souviens de mon avocate qui me demandait si et comment je parlais de leur père à mes enfants, s'il y avait des photos de lui chez nous, parce que c'était obligé, que je le fasse, le juge aux affaires familiales n'en attendrait pas moins de moi, étant donné que le père et les enfants ne se voyaient plus, et ce pendant plusieurs années. Pourquoi l'aurais-je évoqué, comment surtout, avec tout le mal qu'il nous a fait? C'est la dernière psy des enfants qui m'a déculpabilisée à ce sujet. Quand une histoire est finie, elle est finie, qui encadre des photos de son ex chez lui? D'ailleurs, y a-t-il des photos de l'ex de Mister k, mère de son fils, à la maison?
Je crois que ça m'a aidée à oser... Oser en parler, oser dire, oser voir...
Cela faisait très longtemps que je me disais qu'il fallait que je m'occupe de ces photos, dans leurs boîtes pour certaines - celles en provenance directe de chez le photographe-, dans une boîte à chaussures pour d'autres - celles qu'on m'a données au fil des années-, qu'ainsi entreposées, elles prenaient plus de place que dans les albums. Que ces boîtes m'avaient suivie dans 3 déménagements et qu'on allait leur en éviter un 4ème.
En début de semaine, j'ai pris mon courage à deux mains. Sorti les boîtes, les classeurs, les feuilles de couleur, la colle et les ciseaux.
J'ai revu mes enfants petits... Constaté qu'ils étaient heureux.
J'ai remis le nez dans les albums. Je finis le 19ème. Je les ai remis dans l'ordre, j'ai décidé de les numéroter pour faciliter le futur emménagement (et le tri des négatifs par la même occasion), ma main s'est arrêté sur le 6ème... Nos fiançailles... Le baptême de Princesse (encore une chose que je n'assume pas). J'avais réuni ces deux événements éloignés de plus d'un an dans le temps parce que l'album était très joli. Qu'en faire? Arracher les photos où nous sommes dans les bras l'un de l'autre, laisser les autres, parce qu'il y a les membres de notre famille?
Laisser l'album en l'état, et le cacher là où j'ai caché l'album de photos du mariage: dans le grenier de la maison de ma sœur?
J'ai découvert des photos qui ne me plaisent pas... L'époque où je dégainais l'appareil photo les rares fois où le père voyait ses enfants, pour figer l'instant, pour "plus tard", pour Princesse et Viking. Pas encore collées... Qu'en faire?
Il fallait bien qu'un jour ou l'autre, je me confronte à ce problème. Aux témoignages du passé, aux mensonges fixés sur la pellicule. Et que je me demande si je dois les faire passer à la trappe, ou les glisser dans une boîte qui restera quelque part, loin, tout au fond, en attendant le jour où les enfants sauront ce qu'ils veulent en faire - parce que tout cela leur appartient, plus qu'à moi, peut-être. Parce que c'est leur histoire, leur passé, leur famille, leur père, malgré tout; que moi, je peux en partie tourner la page parce que je sais à quoi m'en tenir, parce que je peux continuer ma vie sans tout ça, mais que je n'ai pas le droit de tourner la page pour eux.
Quand j'en aurai fini avec toutes ces photos en souffrance depuis des années, je pourrai, je l'espère, m'occuper des photos d'aujourd'hui: celles de notre famille recomposée, celles de Libellule - nous n'en avons pas une seule d'elle dans la maison! Elles sont toutes dans l'ordinateur, attendant sagement que je sois disponible pour leur donner, à leur tour, la place qu'elles méritent.
Quelles choses?
Les photos par exemple. Celles qui végètent dans leurs boîtes depuis que je les ai récupérées chez le photographe qui les a développées - je vous parle d'un temps...etc...
J'ai une relation compliquée avec les photos.
Ca a été une réelle passion; à 11 ans j'ai réclamé un appareil photo, j'ai entamé un album photo, fouiné dans ceux de mes parents pour récupérer les photos d'eux enfants et les photos de mes frères et sœur et moi avant que moi-même je ne commence à flashouiller...J'ai reconstitué la saga familiale, j'ai pris beaucoup de photos de mon jeune frère né lorsque j'avais 12 ans, et heureusement parce que ma mère n'en prenait plus aucune.
J'ai eu des appareils de meilleure qualité par la suite.
Je ne me suis jamais lassée de prendre des photos, d'écouter les conseils de mes 2 oncles fous de photos, de constituer des albums...
J'ai pris beaucoup de photos de Princesse bien sûr.
A ce moment-là, j'étais très amie avec ma voisine qui avait été prof de photo et qui m'a conseillé de ne plus m'embêter à acheter des albums photos, plutôt chers, et de simplement coller les photos sur des feuilles, de glisser ces feuilles dans des pochettes transparentes, dans des classeurs.
Je n'ai pas la prétention de dire que j'aie jamais fait de jolies photos, j'ai toujours eu conscience de mes compétences/capacités/limites, mais voilà, j'ai toujours aimé ça, faire des photos. Pour garder les traces, les souvenirs, les empêcher de partir...
Et puis, il y a eu le tournant de ma vie, la rupture... En 2002, la séparation d'avec le père de mes enfants.
Bien sûr, il faut garder les traces d'un amour défunt, pour les enfants, pour qu'ils sachent d'où ils viennent... Sauf que pour nous, il s'agissait d'une imposture, d'un mensonge: mon ex et moi, nous ne nous sommes jamais aimés. J'étais là, il était là, je suis tombée enceinte, je l'ai quitté à l'époque puis j'ai eu honte, de moi, d'être mère célibataire à 22 ans, alors nous nous sommes installés ensemble finalement, la suite, c'est un mariage, un autre enfant et une rupture, donc.
Tout cela, je ne l'ai jamais assumé. Le jour de mon mariage, je me demandais pourquoi je faisais cette connerie, d'épouser un homme que je n'aimais pas?
J'avais tellement peur, que personne ne veuille jamais de moi... Je me sentais si moche, si inintéressante, je ne voulais pas finir vieille fille...
Je sais, c'est complètement idiot, mais on ne refait pas l'histoire, et à 22 ans, j'étais incapable de lutter autrement contre les idées dans lesquelles j'avais été élevée.
Et puis comment regretter, avec une Princesse et un Viking dans ma vie?
N'empêche, les photos d'alors, où on nous voit nous sourire, nous embrasser, être "un mignon petit couple" comme on nous étiquetait alors, c'étaient le témoignage de cette imposture, de ce long mensonge qui a duré 4 années.
Puis notre divorce est passé de glauque (un ex alcoolique, violent, absent) à sordide (il a abusé de nos enfants...).
Comment, dans ces conditions, regarder les images d'autrefois?
Je n'ai pas cessé de prendre des photos, mais j'ai cessé de les regarder, j'ai cessé de regarder le passé. Pendant encore un an ou deux, j'ai continué de les coller dans des classeurs, puis je n'ai plus eu le temps. En 2005, j'ai eu un appareil photo numérique. Je n'ai pas développé une seule photo depuis. Les photos ont résisté à plusieurs crashs informatiques, elles sont sur le web pour certaines, sur PC ou sur clé USB pour d'autres.
Princesse et Viking ont grandi dans cette absence des traces d'autrefois. Viking a repéré les albums avec les photos de lui bébé et les feuillette parfois. Pose des questions. Princesse aussi. J'ai longuement esquivé.
Comment parler facilement, librement, de cette histoire si compliquée, si tragique, dont ils sont issus? De ce père, lui-même enfant martyrisé, à l'histoire dont je ne connais que des fragments? De cette double famille, la biologique, l'adoptive? Des deux mères? Des deux sœurs, si vénéneuses l'une comme l'autre? De ce drame, le meurtre de leur tante, de leur oncle en prison, de leur père, coupable d'un crime envers eux? Comment parler de moi dans tout ça, de ma honte, de mon sentiment de culpabilité?
Il m'a fallu des années. Depuis peu, j'arrive à parler. A mettre des mots. A expliquer. A dire qui est qui, qui a fait quoi. Mais voir les photos, voir resurgir des souvenirs plus ou moins heureux, des événements que je préfère oublier, ma belle-sœur qui n'est plus, c'est encore trop douloureux.
Je me souviens de mon avocate qui me demandait si et comment je parlais de leur père à mes enfants, s'il y avait des photos de lui chez nous, parce que c'était obligé, que je le fasse, le juge aux affaires familiales n'en attendrait pas moins de moi, étant donné que le père et les enfants ne se voyaient plus, et ce pendant plusieurs années. Pourquoi l'aurais-je évoqué, comment surtout, avec tout le mal qu'il nous a fait? C'est la dernière psy des enfants qui m'a déculpabilisée à ce sujet. Quand une histoire est finie, elle est finie, qui encadre des photos de son ex chez lui? D'ailleurs, y a-t-il des photos de l'ex de Mister k, mère de son fils, à la maison?
Je crois que ça m'a aidée à oser... Oser en parler, oser dire, oser voir...
Cela faisait très longtemps que je me disais qu'il fallait que je m'occupe de ces photos, dans leurs boîtes pour certaines - celles en provenance directe de chez le photographe-, dans une boîte à chaussures pour d'autres - celles qu'on m'a données au fil des années-, qu'ainsi entreposées, elles prenaient plus de place que dans les albums. Que ces boîtes m'avaient suivie dans 3 déménagements et qu'on allait leur en éviter un 4ème.
En début de semaine, j'ai pris mon courage à deux mains. Sorti les boîtes, les classeurs, les feuilles de couleur, la colle et les ciseaux.
J'ai revu mes enfants petits... Constaté qu'ils étaient heureux.
J'ai remis le nez dans les albums. Je finis le 19ème. Je les ai remis dans l'ordre, j'ai décidé de les numéroter pour faciliter le futur emménagement (et le tri des négatifs par la même occasion), ma main s'est arrêté sur le 6ème... Nos fiançailles... Le baptême de Princesse (encore une chose que je n'assume pas). J'avais réuni ces deux événements éloignés de plus d'un an dans le temps parce que l'album était très joli. Qu'en faire? Arracher les photos où nous sommes dans les bras l'un de l'autre, laisser les autres, parce qu'il y a les membres de notre famille?
Laisser l'album en l'état, et le cacher là où j'ai caché l'album de photos du mariage: dans le grenier de la maison de ma sœur?
J'ai découvert des photos qui ne me plaisent pas... L'époque où je dégainais l'appareil photo les rares fois où le père voyait ses enfants, pour figer l'instant, pour "plus tard", pour Princesse et Viking. Pas encore collées... Qu'en faire?
Il fallait bien qu'un jour ou l'autre, je me confronte à ce problème. Aux témoignages du passé, aux mensonges fixés sur la pellicule. Et que je me demande si je dois les faire passer à la trappe, ou les glisser dans une boîte qui restera quelque part, loin, tout au fond, en attendant le jour où les enfants sauront ce qu'ils veulent en faire - parce que tout cela leur appartient, plus qu'à moi, peut-être. Parce que c'est leur histoire, leur passé, leur famille, leur père, malgré tout; que moi, je peux en partie tourner la page parce que je sais à quoi m'en tenir, parce que je peux continuer ma vie sans tout ça, mais que je n'ai pas le droit de tourner la page pour eux.
Quand j'en aurai fini avec toutes ces photos en souffrance depuis des années, je pourrai, je l'espère, m'occuper des photos d'aujourd'hui: celles de notre famille recomposée, celles de Libellule - nous n'en avons pas une seule d'elle dans la maison! Elles sont toutes dans l'ordinateur, attendant sagement que je sois disponible pour leur donner, à leur tour, la place qu'elles méritent.
Monday, February 07, 2011
Le monde à l'envers
Avant...
je lui expliquais les leçons qu'elle n'avait pas comprises
je me penchais pour l'embrasser
je lui proposais des livres
elle me piquait mes vêtements
Maintenant...
elle m'a expliqué la poussée d'Archimède (bon, ça m'est revenu très vite mais sur le coup, je ne me souvenais plus)
elle se retourne sur le pas de la porte, juste avant de partir, pour m'embrasser - je n'ose plus le proposer
il y a quelques jours, je cherchais désespérément dans la maison un nouveau livre sur lequel jeter mon dévolu, elle m'a mis dans les mains celui qu'elle venait de terminer - elle a découvert les livres d'horreur et ne s'en lasse pas
du coup, j'attends avec impatience qu'elle grandisse encore un peu, pour pouvoir récupérer ses vêtements!
La roue qui tourne a du bon :-D
je lui expliquais les leçons qu'elle n'avait pas comprises
je me penchais pour l'embrasser
je lui proposais des livres
elle me piquait mes vêtements
Maintenant...
elle m'a expliqué la poussée d'Archimède (bon, ça m'est revenu très vite mais sur le coup, je ne me souvenais plus)
elle se retourne sur le pas de la porte, juste avant de partir, pour m'embrasser - je n'ose plus le proposer
il y a quelques jours, je cherchais désespérément dans la maison un nouveau livre sur lequel jeter mon dévolu, elle m'a mis dans les mains celui qu'elle venait de terminer - elle a découvert les livres d'horreur et ne s'en lasse pas
du coup, j'attends avec impatience qu'elle grandisse encore un peu, pour pouvoir récupérer ses vêtements!
La roue qui tourne a du bon :-D
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moi en toute modestie,
Nana la princesse
Thursday, February 03, 2011
L'école...
Le midi, un petit garçon, fils d'une copine, vient manger avec nous. Ca lui évite l'enfer de la cantine.
Mardi, nous étions de retour à l'école pile à 13h30. Les grilles se fermaient, les élèves étaient déjà en rang.
Ce matin, la copine m'a appelée, son fiston s'est fait gronder et punir pour ce que la maîtresse a considéré comme un retard - la classe partait à la piscine dans la foulée, lui n'y allait pas, il fallait l'emmener dans une autre classe avec du travail, nous aurions dû arriver avant.
C'est quoi ce monde où des enfants se font punir pour les erreurs des adultes? Parce qu'un enfant de 6 ans qui est en retard (et techniquement nous ne l'étions pas...) c'est quand même davantage la responsabilité de l'adulte qui l'accompagne, non?
L'école est décidément l'endroit le plus injuste qui existe. Qu'on ne me rétorque pas que "c'est comme partout ailleurs et les enfants doivent se faire leurs armes": non, aucun autre endroit n'est aussi injuste et humiliant que l'école. Nulle part, en tant qu'adulte, on ne nous impose une loi rigide, obtuse, inique, nulle part ailleurs qu'à l'école nous ne sommes soumis au bon vouloir de petits chefs sans aucune possibilité de réagir, de se défendre - nulle part ailleurs si ce n'est à l'armée.
Et ça n'aide pas les enfants à se faire leurs armes, ça leur apprend à s'écraser pour ne pas avoir plus de problème, ça leur apprend à subir en fermant leur g****.
Etrangement, lorsque les parents mettent leur grain de sel, c'est rarement à bon escient. Je crois que peu de personnes réalisent ce qui se passe réellement derrière les grilles.
Peu de personnes, mais j'en fais partie, hélas. J'ai trop d'empathie. Trop mal pour les écoliers, sans cesse brimés, bridés, brisés parfois. Décidément, je n'aime pas l'école, je n'aime pas la manière dont on appréhende l'éducation aujourd'hui, et j'aime encore moins les réformes qui se succèdent et la détruisent sans cesse plus au lieu de proposer autre chose, plus humain, plus ouvert, plus tourné vers l'enfant - plus souple et plus efficace. (Je suis désolée si je peine les collègues enseignants qui me lisent; je sais que le métier est dur pour plein de raisons, je sais que nous sommes nombreux à faire "du mieux que nous pouvons" en pensant sincèrement que "c'est pour leur bien"... Le système et ceux qui y participent restent néanmoins injustes, inhumains et contre-productifs pour les enfants)
Aujourd'hui, j'ai encore plus mal à tout ça pour deux raisons: parce que ma grande est au collège et le collège, c'est encore pire que l'école. On m'avait prévenu, je constate. Elle n'attend qu'une chose, la déscolarisation. Parce qu'actuellement, elle va en cours pour ne rien apprendre, et pour se faire martyriser par les profs, les autres adultes du collège, et les petits caids dont tout le monde a peur, adultes du collège en premier (et si je ne la déscolarise pas immédiatement, c'est pour une raison indépendante de notre volonté.)
Et puis aussi parce que je reprends le travail finalement, pour quelques mois, parce que nous avons besoin de sous pour déménager, un peu loin, d'ailleurs nous avons eu les 500 points supplémentaires pour conjoint handicapé, donc la mutation (autant garder le métier sous le coude en cas de pépin avec notre café associatif) c'est dans la poche. Dans quelques mois nous serons ailleurs, alors ce sacrifice personnel vaut le coup.
Je reprends donc le chemin des écoliers le mois prochain, avec un mois d'avance sur la fin de mon congé parental, parce que le besoin d'argent est pressant, parce que Libellule est plus ou moins prête pour se passer de moi quelques heures par jour - sachant qu'elle restera avec son père dont elle est très proche.
Je reprends un métier qui m'a toujours rendue perplexe, que j'ai de moins en moins aimé à mesure que je l'ai exercé. Pour toutes les raisons que j'ai souvent évoquées ici. Et parce que prise dans le tourbillon des jours et des semaines, je deviens ce que je n'aime pas; je me perds parfois, devenant tout ce que je n'aime pas chez une maîtresse.
Quelques mois... Quitte à reprendre, le cœur d'autant plus lourd que je laisse ma Libellule, autant m'amuser. Prendre ça avec légèreté. J'aimerais être une May Poppins avec un sac à malices....
Mardi, nous étions de retour à l'école pile à 13h30. Les grilles se fermaient, les élèves étaient déjà en rang.
Ce matin, la copine m'a appelée, son fiston s'est fait gronder et punir pour ce que la maîtresse a considéré comme un retard - la classe partait à la piscine dans la foulée, lui n'y allait pas, il fallait l'emmener dans une autre classe avec du travail, nous aurions dû arriver avant.
C'est quoi ce monde où des enfants se font punir pour les erreurs des adultes? Parce qu'un enfant de 6 ans qui est en retard (et techniquement nous ne l'étions pas...) c'est quand même davantage la responsabilité de l'adulte qui l'accompagne, non?
L'école est décidément l'endroit le plus injuste qui existe. Qu'on ne me rétorque pas que "c'est comme partout ailleurs et les enfants doivent se faire leurs armes": non, aucun autre endroit n'est aussi injuste et humiliant que l'école. Nulle part, en tant qu'adulte, on ne nous impose une loi rigide, obtuse, inique, nulle part ailleurs qu'à l'école nous ne sommes soumis au bon vouloir de petits chefs sans aucune possibilité de réagir, de se défendre - nulle part ailleurs si ce n'est à l'armée.
Et ça n'aide pas les enfants à se faire leurs armes, ça leur apprend à s'écraser pour ne pas avoir plus de problème, ça leur apprend à subir en fermant leur g****.
Etrangement, lorsque les parents mettent leur grain de sel, c'est rarement à bon escient. Je crois que peu de personnes réalisent ce qui se passe réellement derrière les grilles.
Peu de personnes, mais j'en fais partie, hélas. J'ai trop d'empathie. Trop mal pour les écoliers, sans cesse brimés, bridés, brisés parfois. Décidément, je n'aime pas l'école, je n'aime pas la manière dont on appréhende l'éducation aujourd'hui, et j'aime encore moins les réformes qui se succèdent et la détruisent sans cesse plus au lieu de proposer autre chose, plus humain, plus ouvert, plus tourné vers l'enfant - plus souple et plus efficace. (Je suis désolée si je peine les collègues enseignants qui me lisent; je sais que le métier est dur pour plein de raisons, je sais que nous sommes nombreux à faire "du mieux que nous pouvons" en pensant sincèrement que "c'est pour leur bien"... Le système et ceux qui y participent restent néanmoins injustes, inhumains et contre-productifs pour les enfants)
Aujourd'hui, j'ai encore plus mal à tout ça pour deux raisons: parce que ma grande est au collège et le collège, c'est encore pire que l'école. On m'avait prévenu, je constate. Elle n'attend qu'une chose, la déscolarisation. Parce qu'actuellement, elle va en cours pour ne rien apprendre, et pour se faire martyriser par les profs, les autres adultes du collège, et les petits caids dont tout le monde a peur, adultes du collège en premier (et si je ne la déscolarise pas immédiatement, c'est pour une raison indépendante de notre volonté.)
Et puis aussi parce que je reprends le travail finalement, pour quelques mois, parce que nous avons besoin de sous pour déménager, un peu loin, d'ailleurs nous avons eu les 500 points supplémentaires pour conjoint handicapé, donc la mutation (autant garder le métier sous le coude en cas de pépin avec notre café associatif) c'est dans la poche. Dans quelques mois nous serons ailleurs, alors ce sacrifice personnel vaut le coup.
Je reprends donc le chemin des écoliers le mois prochain, avec un mois d'avance sur la fin de mon congé parental, parce que le besoin d'argent est pressant, parce que Libellule est plus ou moins prête pour se passer de moi quelques heures par jour - sachant qu'elle restera avec son père dont elle est très proche.
Je reprends un métier qui m'a toujours rendue perplexe, que j'ai de moins en moins aimé à mesure que je l'ai exercé. Pour toutes les raisons que j'ai souvent évoquées ici. Et parce que prise dans le tourbillon des jours et des semaines, je deviens ce que je n'aime pas; je me perds parfois, devenant tout ce que je n'aime pas chez une maîtresse.
Quelques mois... Quitte à reprendre, le cœur d'autant plus lourd que je laisse ma Libellule, autant m'amuser. Prendre ça avec légèreté. J'aimerais être une May Poppins avec un sac à malices....
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