Je marchais dans la rue, les enfants derrière moi jouaient avec le ballon. Nous allions rejoindre les autres membres de ma famille dans notre crêperie fétiche. Ma famille, notre crêperie fétiche… Ici et maintenant… Soudain, j’ai songé « je suis heureuse ». C’est abominable, mais je le suis – pas tellement en ce moment, mais globalement.
J’ai depuis longtemps cette certitude ; même lorsque je me suis retrouvée sans maison, sans boulot, sans argent, que je suis retournée chez mes parents avec mes deux petits bouts sous les bras, je ne cessais de me dire que ça pouvait être pire. Au moins, j’avais un toit sur la tête et mes petiots mangeaient à leur faim.
J’en ai déjà parlé, mes enfants et moi sommes les seuls membres de la famille non malades. J’ai le sentiment d’être une incroyable veinarde, et je réalise à quel point la santé est l’un des points essentiels dans la vie.
Je n’ai pas retrouvé la fameuse photo où nous sommes tous les 4, le jour de mes fiançailles. Mais je l’ai dans la tête, et d’autres semblables dans l’album photo… 4 jeunes gens souriants qui se lançaient dans leur vie d’adulte. 8 ans ½ plus tard, le bilan est désastreux. Une assassinée, un assassin, un marginal, et une gamine en plein cauchemar. Et sinon, les enfants et moi.
Je suis une rescapée… La seule qui tienne debout. C’est ce que je me dis depuis l’annonce de la « chose horrible » comme l’appelle Nana.
Je suis heureuse, parce que je n’ai pas de raison d’être malheureuse. Pas après tout ce que je viens d’évoquer.
Je n’ai jamais trop aimé les vœux que l’on s’adresse à la nouvelle année, parce que je ne les ai jamais bien compris. On se souhaite bonheur et chance juste pour l’année à venir, et en laissant penser que ça tient au hasard, qu'on verra bien ce que la nouvelle année nous réserve.
Ce que je vous souhaite, maintenant et toujours, c’est une jolie vie. Certes, le hasard a son mot à dire, mais n’oubliez pas que le reste, l'énorme reste, ce sont vos choix. Le gobelet est souvent bien plus plein qu’on ne l’imagine, et le bonheur derrière les portes qu’on n’ose pas ouvrir.
Sunday, December 31, 2006
Monday, December 25, 2006
Petite histoire de Noël
Nous venions de quitter l’église où nous avions accompagné ma sœur qui voulait vérifier l’heure de la messe de minuit. C’était un prétexte qui devait permettre à nos complices de répandre les cadeaux sous le sapin pendant ce temps.
La journée avait été terrible… Ma nouvelle amie la chape de plomb m’est tombée dessus dès le lever pour ne pas me quitter... C’est lorsque je me suis retrouvée vers 18h avec deux enfants affamés dont l’un dans l’écharpe porte-bébé – grande nouveauté depuis l’annonce du drame, qui reste un concept inconcevable pour lui (la mort et le meurtre à 4 ans…)- que j’ai décidé de réagir. J’ai câliné Tom-Tom, puis nous nous sommes habillés, j’ai rassemblé nos affaires dans un sac, et ma mère est venue nous chercher pour nous emmener chez ma sœur. Le brouillard commençait à se dissiper doucement…Je dois offrir un doux Noël à mes enfants.
Nous avons tourné le dos à l’église, donc, à temps pour voir passer sur la route des rennes sur une voiture, qui tiraient le Père Noël dans son traîneau.
Ma sœur m’en avait parlé il y a quelques semaines, on pouvait s’inscrire à la mairie pour que le bonhomme rouge passe nous voir, chez nous, avec musique et lumière et même des cadeaux à offrir aux petits enfants, mais j’avais refusé sa proposition, je trouvais ça trop, trop tout, et le plus bel endroit où le père Noël puisse apparaître, c’est dans l’imaginaire des enfants, et puis on avait décidé de passer Noël chez elle parce qu’elle a une cheminée, pour que le père Noël puisse y passer, et non stationner devant la porte.
Le Père Noël est passé juste sous nos yeux, et filait en direction de chez ma sœur, le Père Noël, c'est fou non?
Tom-Tom a mis quelques secondes à réaliser, et soudain, il s’est mis à courir, alors Nana et moi avons couru aussi, laissant le reste de la famille à la traîne, nous avons couru dans la petite ville, en riant, un vrai grand rire joyeux capable de briser toute la noirceur du monde.
Nous avons tourné à droite, encore à droite, et là, là !! Devant la maison voisine de celle de ma sœur, le traîneau, le Père Noël occupé avec les enfants des voisins, les lutins qui nous ont souhaité un joyeux Noël en nous voyant arriver. Mes enfants ouvrant des yeux comme des soucoupes devant cet imposant personnage, lui, en personne, en chair en os et en barbe, lui !
Les lutins me demandent les prénoms des enfants dans un murmure, je réponds de même, ils se penchent vers le Père Noël pour signaler la présence de deux enfants non prévus, mais c’est Noël et tout est permis, tout est magique, alors le Père Noël se tourne vers mes enfants et leur parle et même leur offre une peluche à l’un et une poupée à l’autre, Tom-Tom est bouleversé, rendez-vous compte, le Père Noël est là et lui parle et y’a même ses lutins, la famille est là pour fixer l’instant sur la pellicule, le Père Noël a encore toute sa tournée à faire alors on lui dit au revoir à lui et aux lutins qui continuent de nous souhaiter un joyeux Noël, alors nous aussi on leur souhaite un joyeux Noël, à cet instant et parce qu’on a le cœur endeuillé, on a envie d’y croire, et même on y croit.
Le reste, c’est la monstrueuse montagne de cadeaux au pied du sapin, le déballage des paquets, les exclamations, les rires, les remerciements, les essais de jeux, la nuit trop courte, la journée familiale.
Ce soir, au moment du coucher, je glisse à Nana « nous avons eu un joyeux Noël, n’est-ce pas ? » Et elle me répond « presque »… C’est vrai, pour elle comme pour moi, presque seulement… Une étoile particulière nous comprimait le cœur…
Magie et tristesse, notre Noël 2006…
La journée avait été terrible… Ma nouvelle amie la chape de plomb m’est tombée dessus dès le lever pour ne pas me quitter... C’est lorsque je me suis retrouvée vers 18h avec deux enfants affamés dont l’un dans l’écharpe porte-bébé – grande nouveauté depuis l’annonce du drame, qui reste un concept inconcevable pour lui (la mort et le meurtre à 4 ans…)- que j’ai décidé de réagir. J’ai câliné Tom-Tom, puis nous nous sommes habillés, j’ai rassemblé nos affaires dans un sac, et ma mère est venue nous chercher pour nous emmener chez ma sœur. Le brouillard commençait à se dissiper doucement…Je dois offrir un doux Noël à mes enfants.
Nous avons tourné le dos à l’église, donc, à temps pour voir passer sur la route des rennes sur une voiture, qui tiraient le Père Noël dans son traîneau.
Ma sœur m’en avait parlé il y a quelques semaines, on pouvait s’inscrire à la mairie pour que le bonhomme rouge passe nous voir, chez nous, avec musique et lumière et même des cadeaux à offrir aux petits enfants, mais j’avais refusé sa proposition, je trouvais ça trop, trop tout, et le plus bel endroit où le père Noël puisse apparaître, c’est dans l’imaginaire des enfants, et puis on avait décidé de passer Noël chez elle parce qu’elle a une cheminée, pour que le père Noël puisse y passer, et non stationner devant la porte.
Le Père Noël est passé juste sous nos yeux, et filait en direction de chez ma sœur, le Père Noël, c'est fou non?
Tom-Tom a mis quelques secondes à réaliser, et soudain, il s’est mis à courir, alors Nana et moi avons couru aussi, laissant le reste de la famille à la traîne, nous avons couru dans la petite ville, en riant, un vrai grand rire joyeux capable de briser toute la noirceur du monde.
Nous avons tourné à droite, encore à droite, et là, là !! Devant la maison voisine de celle de ma sœur, le traîneau, le Père Noël occupé avec les enfants des voisins, les lutins qui nous ont souhaité un joyeux Noël en nous voyant arriver. Mes enfants ouvrant des yeux comme des soucoupes devant cet imposant personnage, lui, en personne, en chair en os et en barbe, lui !
Les lutins me demandent les prénoms des enfants dans un murmure, je réponds de même, ils se penchent vers le Père Noël pour signaler la présence de deux enfants non prévus, mais c’est Noël et tout est permis, tout est magique, alors le Père Noël se tourne vers mes enfants et leur parle et même leur offre une peluche à l’un et une poupée à l’autre, Tom-Tom est bouleversé, rendez-vous compte, le Père Noël est là et lui parle et y’a même ses lutins, la famille est là pour fixer l’instant sur la pellicule, le Père Noël a encore toute sa tournée à faire alors on lui dit au revoir à lui et aux lutins qui continuent de nous souhaiter un joyeux Noël, alors nous aussi on leur souhaite un joyeux Noël, à cet instant et parce qu’on a le cœur endeuillé, on a envie d’y croire, et même on y croit.
Le reste, c’est la monstrueuse montagne de cadeaux au pied du sapin, le déballage des paquets, les exclamations, les rires, les remerciements, les essais de jeux, la nuit trop courte, la journée familiale.
Ce soir, au moment du coucher, je glisse à Nana « nous avons eu un joyeux Noël, n’est-ce pas ? » Et elle me répond « presque »… C’est vrai, pour elle comme pour moi, presque seulement… Une étoile particulière nous comprimait le cœur…
Magie et tristesse, notre Noël 2006…
Saturday, December 23, 2006
La cupabilité des vivants
On a le droit d’être heureux… Qui, de Nana ou de moi, ai-je essayé de convaincre en disant cela ?
Je suis vivante, elle est morte.
J’ai survécu, elle a été détruite jusqu’à l’anéantissement.
Comment marcher, respirer, aimer, vivre, en songeant à celle qui s’est débattue pendant que deux mains lui serraient le cou ?
Comment survivre chaque journée aux multiples remords et regrets que me laisse sa disparition brutale ?
Pourtant je sais… Que rien ne la fera revenir… Que la réponse à la mort, c’est la vie, c’est l’amour…
Qu’elle était si pleine de vie et de chaleur, que continuer de vivre et d’aimer serait le plus bel hommage à lui rendre.
Qu’elle n’était plus rien pour moi depuis mon divorce et je ne l’avais pas vue depuis plusieurs mois – ou comment nier mon chagrin et le deuil que j’ai à faire, compliqué encore par les barrières que m’impose le père des enfants.
Mais non. Je n’y arrive pas. On n'efface pas neuf années comme ça. Elle n’est pas morte, ce n’est pas possible. Je n’arrive pas à accepter. Je ne peux pas continuer.
J’avais encore de la route à faire avec elle.
J’ai froid. J’ai mal. Je ne suis pas sûre d’avoir envie de me relever, cette fois.
Et demain c’est Noël et je dois faire bonne figure.
Merci pour votre soutien, ici et ailleurs.
Je suis vivante, elle est morte.
J’ai survécu, elle a été détruite jusqu’à l’anéantissement.
Comment marcher, respirer, aimer, vivre, en songeant à celle qui s’est débattue pendant que deux mains lui serraient le cou ?
Comment survivre chaque journée aux multiples remords et regrets que me laisse sa disparition brutale ?
Pourtant je sais… Que rien ne la fera revenir… Que la réponse à la mort, c’est la vie, c’est l’amour…
Qu’elle était si pleine de vie et de chaleur, que continuer de vivre et d’aimer serait le plus bel hommage à lui rendre.
Qu’elle n’était plus rien pour moi depuis mon divorce et je ne l’avais pas vue depuis plusieurs mois – ou comment nier mon chagrin et le deuil que j’ai à faire, compliqué encore par les barrières que m’impose le père des enfants.
Mais non. Je n’y arrive pas. On n'efface pas neuf années comme ça. Elle n’est pas morte, ce n’est pas possible. Je n’arrive pas à accepter. Je ne peux pas continuer.
J’avais encore de la route à faire avec elle.
J’ai froid. J’ai mal. Je ne suis pas sûre d’avoir envie de me relever, cette fois.
Et demain c’est Noël et je dois faire bonne figure.
Merci pour votre soutien, ici et ailleurs.
Friday, December 22, 2006
Un bout d'enfance en moins
J'ai écrit d'autres textes ces derniers jours, mais il n'est peut-être pas utile que je les publie tous.
J’ai dit à Nana qu’elle avait le droit d’être heureuse. Nous avons elle et moi le droit d’être triste, le droit d’être en colère, mais aussi celui d’être heureuses.
(et j'ai même le droit d'avoir le coeur qui pétille...)
En fait, nous avons même le devoir d’être heureuses, parce que nous en avons la possibilité. Qui peut en dire autant dans les deux familles brisées par le drame ? Combien de temps mettra Zaza à retrouver la sensation de bonheur ? Combien de temps passera avant que les parents de l’absente esquissent un semblant de sourire ? Et la mère de mon ex-mari ?
Ce n’est pas tout à fait notre histoire… J’essaie de garder ça en tête pour les mois et années qui arrivent.
Mercredi, nous avons passé un long moment en ville, à profiter des attractions de Noel. Les enfants ont été maquillés, ont fait du ski, entre deux allers-retours au conservatoire pour Nana.
Nous avons également cherché LE cadeau parfait pour Zaza. Nous l'avons déniché dans un magasin de jeux et jouets en bois et tissus: un petit sac en bandoulière, que nous avons rempli de petits accessoires.
A un moment où Tom-Tom s'était un peu éloigné, Nana m'a glissé "maman, en fait, je ne crois plus au Père Noel... Alors il faut qu'on achète un autre cadeau pour Zaza, et je lui dirai que c'est de la part du Père Noel"
Ma petite Princesse...Cela couvait depuis un bout de temps sans doute.... Elle avait encore envie d'y croire... Mais depuis dimanche soir, elle a pénétré dans un monde que certains adultes rendent brutal, et elle a perdu un bout d'enfance, un bout d'innocence...
J’ai dit à Nana qu’elle avait le droit d’être heureuse. Nous avons elle et moi le droit d’être triste, le droit d’être en colère, mais aussi celui d’être heureuses.
(et j'ai même le droit d'avoir le coeur qui pétille...)
En fait, nous avons même le devoir d’être heureuses, parce que nous en avons la possibilité. Qui peut en dire autant dans les deux familles brisées par le drame ? Combien de temps mettra Zaza à retrouver la sensation de bonheur ? Combien de temps passera avant que les parents de l’absente esquissent un semblant de sourire ? Et la mère de mon ex-mari ?
Ce n’est pas tout à fait notre histoire… J’essaie de garder ça en tête pour les mois et années qui arrivent.
Mercredi, nous avons passé un long moment en ville, à profiter des attractions de Noel. Les enfants ont été maquillés, ont fait du ski, entre deux allers-retours au conservatoire pour Nana.
Nous avons également cherché LE cadeau parfait pour Zaza. Nous l'avons déniché dans un magasin de jeux et jouets en bois et tissus: un petit sac en bandoulière, que nous avons rempli de petits accessoires.
A un moment où Tom-Tom s'était un peu éloigné, Nana m'a glissé "maman, en fait, je ne crois plus au Père Noel... Alors il faut qu'on achète un autre cadeau pour Zaza, et je lui dirai que c'est de la part du Père Noel"
Ma petite Princesse...Cela couvait depuis un bout de temps sans doute.... Elle avait encore envie d'y croire... Mais depuis dimanche soir, elle a pénétré dans un monde que certains adultes rendent brutal, et elle a perdu un bout d'enfance, un bout d'innocence...
Wednesday, December 20, 2006
Fragments 2
Ce matin [dimanche] J’ai essayé de ne pas me réveiller.
Lorsque j’ai appris que tu avais été assassinée, une chape de plombs m’est tombée dessus et ne m’a pas quittée. Je suis épuisée et ma tête est prête à exploser. Je me suis couchée trop épuisée pour m’endormir vite. Et j’ai essayé de dormir le plus longtemps possible, pour ne pas avoir à repenser trop vite. Repousser le plus tard possible le moment où j’allais devoir affronter le jour et ton absence…Mais une pensée me harcelait : il faut remplir les bulletins pour demain ! J’ai fini par m’extraire du lit, toujours aussi épuisée, comme si je n’avais pas dormi, écrasée de chagrin, maudissant les bulletins, soudain si vide de sens, si dérisoires…
J’ai corrigé les derniers contrôles – oui, je me laisse souvent déborder mais habituellement je retombe sur mes pattes… Mais là… Corriger les contrôles, et te voir te débattre… tu dormais, tu as senti soudain des mains t’enserrer le cou, tu t’es débattue sans doute,tu as lutté pour vivre, et la dernière image que tu as emmenée dans la mort, c’est celle-ci, effroyable… ton mari qui te tuait… Où était Zaza à ce moment-là ? A-t-elle vu ? entendu ?
J’ai fini de corriger les contrôles… Il ne me reste plus qu’à remplir les 22 bulletins… D’abord appeler la mère de mon ex-mari… Apprendre que tu attendais que ton mari se remette de son opération vitale pour le quitter… Pour un autre… Zaza a été réveillée par les policiers lorsqu’ils sont venus la chercher… Comment a-t-elle appris que sa maman était morte ? J’imagine la chambre envahie par les policiers, les lumières de l’ambulance, le médecin qui essayait de te réanimer… parce qu’il y avait encore une flamme en toi mais elle n’a pas résisté… Zaza… Maman emmenée dans l’ambulance, recouverte d’un drap, papa menotté, dans la voiture de police… Zaza... comment surmonter ça à six ans ?
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Je suis allée chercher les enfants. Leur père ne leur a rien dit, rien de rien.
Je suis rentrée, je leur ai demandé de s’asseoir, j’ai quelque chose de difficile à vous annoncer. La maman de Zaza est morte. Stupeur. Larmes. Mais comment ? Tentative de mensonge : un accident. De voiture ? Ne pas tout dire mais ne pas bâtir de mensonge… Non, pas un accident de voiture. Alors quoi ? Je n’ai pas envie d’en parler pour le moment. Si, s’il te plaît, dis-nous. Elle a été tuée. Tuée ? Mais qui ? Qui l’a tuée, maman ? Je vous dirai plus tard, aujourd’hui ce n’est pas utile, elle est morte et c’est triste. Mais qui l’a tuée maman ? Papa ? Tonton ? Je ne me souviens plus des autres hypothèses proposées… Plus le choix. Foncer dans le mur… C’est tonton…
Voilà, tout est dit. Tout. L’abominable, l’inenvisageable. Les larmes, l’inquiétude pour Zaza, l’incompréhension vis-à-vis de l’acte en lui-même… Tonton était malade dans sa tête, il est devenu fou… Oui, d’accord, c’est à cause d’une maladie… Plus facile à encaisser pour eux je suppose…
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Tu as couché ta fille en lui souhaitant bonne nuit. Vous deviez vous revoir le lendemain matin. C’était un soir banal, un soir comme tant d’autres. Comme la banalité est insupportable parfois… Tu n’imaginais pas… Elle non plus… Que c’étaient le dernier regard, le dernier baiser, la dernière parole.
J’espère que vous aviez passé une bonne journée. J’espère que vous vous êtes échangées des mots d’amour. J’espère que les dernières heures, les dernières minutes, ont été emplies de sérénité et d’affection. J’espère que vous avez eu ça, au moins…
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Hier soir [mardi], j’ai fait une chose incroyable.
Il y a au fond de mon cagibi, sous une tonne de sacs et d’affaires en tout genre, un petit carton que je pensais fermé pour plusieurs années. S’il est là, c’est uniquement pour mes enfants, pour plus tard. C’est le carton maudit, comme toutes ces années dont j’essaie d’enfouir la mémoire au plus profond des méandres de mon esprit.
Hier, j’ai attendu que les enfants soient endormis, et j’ai plongé dans le cagibi.
Il m’en a fallu du courage, pour en arriver là. Et je ne sais pas vraiment pourquoi je fais ça, après avoir rapidement feuilleté les albums des années d’avant… mais j’ai besoin de le faire maintenant, de regarder en arrière, une fois le bouquet final jeté sur ta tombe. Peut-être par besoin de réaliser davantage à quel point tout était faux, à quel point nous nous sommes leurrées toutes les deux… Pour aller jusqu’au bout de ma douleur, afin de donner un coup de pied au fond pour remonter.
J’ai eu beaucoup de peine à extraire le carton. Je me suis assise à même le sol, et je l’ai ouvert.
Je n’ai pas déplié le drap, pas la peine de relire ce qu’il y avait écrit dessus. C’était le drap qui avait été fixé sur l’arrière de la voiture-balai, le jour de mon mariage. Convoi d’ange-heureux… Convoi dangereux… Ca me fait froid dans le dos, aujourd’hui.
Ma robe, mon horrible robe que je n’ai jamais aimée, imposée par mon ex, est roulée en boule dans un sac. Je l’y laisse. On m’a conseillé de la conserver pour les enfants, quelle blague…
J’ai essayé de repousser l’échéance, mais voilà, j’y suis… Les albums de mon mariage… J’ai tourné les pages en pleurant...
Quelle mascarade… Jolie fête mais mariage sans amour… Chaque photo de ces deux jours m’est une blessure… Mais j’ai besoin de te voir, et sur bien des photos tu es absente… Et lui, l’assassin, présent partout à tout moment… En représentation permanente… Comment regarder ces photos aujourd’hui ? Comme même les conserver ?
Et soudain, au détour d’une page, toi et moi, le soir du mariage civil, nos têtes collées l’une à l’autre. Nous ne sommes ni maquillées ni coiffées. Je fais l’andouille, dommage. Et toi tu souris. Ensemble, toi et moi, complices, jeunes, heureuses parce qu’on ne sait pas ce qui nous attend. J’ai arraché la photo de l’album, j’ai tout remis dans le carton, que j’ai remisé dans l’oubli, le seul lieu qu’il mérite.
Mais toi, ton sourire accompagnera mes journées.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Noël approche… Les enfants ont décoré la maison au début du mois. Mais depuis trois jours, le sapin en plastique que les chats font sans cesse tomber a été remplacé par deux matelas… Tom-Tom et Nana ne peuvent plus s’endormir sans moi, depuis qu’ils ont réalisé qu’une maman, ça peut être tuée par un papa…
Lorsque j’ai appris que tu avais été assassinée, une chape de plombs m’est tombée dessus et ne m’a pas quittée. Je suis épuisée et ma tête est prête à exploser. Je me suis couchée trop épuisée pour m’endormir vite. Et j’ai essayé de dormir le plus longtemps possible, pour ne pas avoir à repenser trop vite. Repousser le plus tard possible le moment où j’allais devoir affronter le jour et ton absence…Mais une pensée me harcelait : il faut remplir les bulletins pour demain ! J’ai fini par m’extraire du lit, toujours aussi épuisée, comme si je n’avais pas dormi, écrasée de chagrin, maudissant les bulletins, soudain si vide de sens, si dérisoires…
J’ai corrigé les derniers contrôles – oui, je me laisse souvent déborder mais habituellement je retombe sur mes pattes… Mais là… Corriger les contrôles, et te voir te débattre… tu dormais, tu as senti soudain des mains t’enserrer le cou, tu t’es débattue sans doute,tu as lutté pour vivre, et la dernière image que tu as emmenée dans la mort, c’est celle-ci, effroyable… ton mari qui te tuait… Où était Zaza à ce moment-là ? A-t-elle vu ? entendu ?
J’ai fini de corriger les contrôles… Il ne me reste plus qu’à remplir les 22 bulletins… D’abord appeler la mère de mon ex-mari… Apprendre que tu attendais que ton mari se remette de son opération vitale pour le quitter… Pour un autre… Zaza a été réveillée par les policiers lorsqu’ils sont venus la chercher… Comment a-t-elle appris que sa maman était morte ? J’imagine la chambre envahie par les policiers, les lumières de l’ambulance, le médecin qui essayait de te réanimer… parce qu’il y avait encore une flamme en toi mais elle n’a pas résisté… Zaza… Maman emmenée dans l’ambulance, recouverte d’un drap, papa menotté, dans la voiture de police… Zaza... comment surmonter ça à six ans ?
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Je suis allée chercher les enfants. Leur père ne leur a rien dit, rien de rien.
Je suis rentrée, je leur ai demandé de s’asseoir, j’ai quelque chose de difficile à vous annoncer. La maman de Zaza est morte. Stupeur. Larmes. Mais comment ? Tentative de mensonge : un accident. De voiture ? Ne pas tout dire mais ne pas bâtir de mensonge… Non, pas un accident de voiture. Alors quoi ? Je n’ai pas envie d’en parler pour le moment. Si, s’il te plaît, dis-nous. Elle a été tuée. Tuée ? Mais qui ? Qui l’a tuée, maman ? Je vous dirai plus tard, aujourd’hui ce n’est pas utile, elle est morte et c’est triste. Mais qui l’a tuée maman ? Papa ? Tonton ? Je ne me souviens plus des autres hypothèses proposées… Plus le choix. Foncer dans le mur… C’est tonton…
Voilà, tout est dit. Tout. L’abominable, l’inenvisageable. Les larmes, l’inquiétude pour Zaza, l’incompréhension vis-à-vis de l’acte en lui-même… Tonton était malade dans sa tête, il est devenu fou… Oui, d’accord, c’est à cause d’une maladie… Plus facile à encaisser pour eux je suppose…
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Tu as couché ta fille en lui souhaitant bonne nuit. Vous deviez vous revoir le lendemain matin. C’était un soir banal, un soir comme tant d’autres. Comme la banalité est insupportable parfois… Tu n’imaginais pas… Elle non plus… Que c’étaient le dernier regard, le dernier baiser, la dernière parole.
J’espère que vous aviez passé une bonne journée. J’espère que vous vous êtes échangées des mots d’amour. J’espère que les dernières heures, les dernières minutes, ont été emplies de sérénité et d’affection. J’espère que vous avez eu ça, au moins…
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Hier soir [mardi], j’ai fait une chose incroyable.
Il y a au fond de mon cagibi, sous une tonne de sacs et d’affaires en tout genre, un petit carton que je pensais fermé pour plusieurs années. S’il est là, c’est uniquement pour mes enfants, pour plus tard. C’est le carton maudit, comme toutes ces années dont j’essaie d’enfouir la mémoire au plus profond des méandres de mon esprit.
Hier, j’ai attendu que les enfants soient endormis, et j’ai plongé dans le cagibi.
Il m’en a fallu du courage, pour en arriver là. Et je ne sais pas vraiment pourquoi je fais ça, après avoir rapidement feuilleté les albums des années d’avant… mais j’ai besoin de le faire maintenant, de regarder en arrière, une fois le bouquet final jeté sur ta tombe. Peut-être par besoin de réaliser davantage à quel point tout était faux, à quel point nous nous sommes leurrées toutes les deux… Pour aller jusqu’au bout de ma douleur, afin de donner un coup de pied au fond pour remonter.
J’ai eu beaucoup de peine à extraire le carton. Je me suis assise à même le sol, et je l’ai ouvert.
Je n’ai pas déplié le drap, pas la peine de relire ce qu’il y avait écrit dessus. C’était le drap qui avait été fixé sur l’arrière de la voiture-balai, le jour de mon mariage. Convoi d’ange-heureux… Convoi dangereux… Ca me fait froid dans le dos, aujourd’hui.
Ma robe, mon horrible robe que je n’ai jamais aimée, imposée par mon ex, est roulée en boule dans un sac. Je l’y laisse. On m’a conseillé de la conserver pour les enfants, quelle blague…
J’ai essayé de repousser l’échéance, mais voilà, j’y suis… Les albums de mon mariage… J’ai tourné les pages en pleurant...
Quelle mascarade… Jolie fête mais mariage sans amour… Chaque photo de ces deux jours m’est une blessure… Mais j’ai besoin de te voir, et sur bien des photos tu es absente… Et lui, l’assassin, présent partout à tout moment… En représentation permanente… Comment regarder ces photos aujourd’hui ? Comme même les conserver ?
Et soudain, au détour d’une page, toi et moi, le soir du mariage civil, nos têtes collées l’une à l’autre. Nous ne sommes ni maquillées ni coiffées. Je fais l’andouille, dommage. Et toi tu souris. Ensemble, toi et moi, complices, jeunes, heureuses parce qu’on ne sait pas ce qui nous attend. J’ai arraché la photo de l’album, j’ai tout remis dans le carton, que j’ai remisé dans l’oubli, le seul lieu qu’il mérite.
Mais toi, ton sourire accompagnera mes journées.
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Noël approche… Les enfants ont décoré la maison au début du mois. Mais depuis trois jours, le sapin en plastique que les chats font sans cesse tomber a été remplacé par deux matelas… Tom-Tom et Nana ne peuvent plus s’endormir sans moi, depuis qu’ils ont réalisé qu’une maman, ça peut être tuée par un papa…
Monday, December 18, 2006
Fragments
Tant de temps perdu en disputes…
Comment avons-nous pu si souvent nous détester en si peu d’années ? Nos maris n’y étaient pas pour rien, bornés et lâches qu’ils étaient… Mais quand même… Tout ce temps désormais irrattrapable, que nous avons perdu à nous traiter de tous les noms, entre deux retrouvailles pleines d'amitié… Si nous avions su…
Et ce temps qui a filé bêtement… Il faut qu’on se voie, qu’on aille escalader les rochers de Fontainebleau avec les enfants…Mais il y a toujours tant de choses si peu essentielles à faire… On aura toujours le temps de se voir, plus tard… Et puis finalement, c’est trop tard… Toutes ces discussions qu’on n’aura plus… Si intimes parfois… Cette complicité irrémédiablement perdue… Ces rires partagés… C'est pas possible...Reviens… Tu me manques…
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
J’ai mis beaucoup de temps à regarder les photos d’avant, après ma séparation d’après le père des enfants. Et aujourd’hui encore, pour ne pas avoir à m’expliquer avec les enfants, je les regarde peu.
Sans doute parce que c’est inutile, aussi : certaines sont imprimées dans ma mémoire.
Il y en a une de toi que j’aime particulièrement, prise le lendemain de mon mariage. Je ne sais pas pourquoi, mais depuis toujours, quand je pense à toi, je visualise cette photo.
Il y en a une autre, à laquelle j’évite de penser, et qui me fait plus mal que jamais aujourd’hui.
Nous quatre, le jour de notre rencontre. C’était le jour de mes fiançailles, oui, nous avions fait les choses en grand, comme ça me paraît ridicule aujourd’hui…
Nous quatre, jeunes, beaux, forts, prêts à affronter la vie du haut de nos 20 ans à peine passés.
C’était le 3 mai 1998. Je ne le savais pas encore, mais Nana était nichée dans mon ventre depuis quelques heures à ce moment-là.
Toi, moi, et les deux frères.
Nous sourions.
Nous sommes heureux.
Qui aurait pu prédire comme tout allait basculer dans le sordide et l’horreur quelques années plus tard à peine ?
3 mai 1998… Eté 2002, lorsque tout a basculé pour moi… Novembre 2006… Je ne sais même pas quel jour tu es morte, quel jour il t’a tuée, lui, celui auprès duquel nous sourions toutes les deux ce jour-là ; insouciantes… Inconscientes…
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Ce matin, sur le chemin de l’école, j’ai visualisé le trou que tu as fait dans mon cœur. Je ne sais pas pourquoi, j’y ai mis des brindilles, comme un oiseau fait son nid pour ses oisillons. Je me suis dit qu’un jour, lorsque la rage et la déchirure se seraient atténuées, tu pourrais venir t’y nicher, et que tu y serais bien. J’ai même rajouté une couverture pour que tu n’aies pas froid.
Et soudain, là, à l’intérieur de moi, je t’ai vue, et tu m’as souri. Je sais que ce n’est que le fruit de mon imagination, mais tu m’as souri. Un sourire chaud et doux, au-delà de la souffrance et de l’horreur. Puis tu t’es enroulée dans la couverture et tu t’es endormie, là, dans le nid que je t’avais fait dans mon cœur. Alors j’ai pleuré. Ce sourire m’a apaisée quelques heures. Il y a encore trop de tempête, mais je sais qu’un jour tu reviendras et que tu resteras.
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Je me souviens de ta voix, de ta manière de parler, de ton sourire, plus grand d’un côté que de l’autre, de ton rire, de tes attitudes, de tes coups de gueule, de ton franc-parler parfois agaçant…De la chaleur que tu dégageais… De ta complicité avec ta fille, au prénom chanté par Gainsbourg… Ton humour… Tes larmes… Fini… Fini tout ça, foutu, fichu, gâché… Pour toujours…
Comment avons-nous pu si souvent nous détester en si peu d’années ? Nos maris n’y étaient pas pour rien, bornés et lâches qu’ils étaient… Mais quand même… Tout ce temps désormais irrattrapable, que nous avons perdu à nous traiter de tous les noms, entre deux retrouvailles pleines d'amitié… Si nous avions su…
Et ce temps qui a filé bêtement… Il faut qu’on se voie, qu’on aille escalader les rochers de Fontainebleau avec les enfants…Mais il y a toujours tant de choses si peu essentielles à faire… On aura toujours le temps de se voir, plus tard… Et puis finalement, c’est trop tard… Toutes ces discussions qu’on n’aura plus… Si intimes parfois… Cette complicité irrémédiablement perdue… Ces rires partagés… C'est pas possible...Reviens… Tu me manques…
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J’ai mis beaucoup de temps à regarder les photos d’avant, après ma séparation d’après le père des enfants. Et aujourd’hui encore, pour ne pas avoir à m’expliquer avec les enfants, je les regarde peu.
Sans doute parce que c’est inutile, aussi : certaines sont imprimées dans ma mémoire.
Il y en a une de toi que j’aime particulièrement, prise le lendemain de mon mariage. Je ne sais pas pourquoi, mais depuis toujours, quand je pense à toi, je visualise cette photo.
Il y en a une autre, à laquelle j’évite de penser, et qui me fait plus mal que jamais aujourd’hui.
Nous quatre, le jour de notre rencontre. C’était le jour de mes fiançailles, oui, nous avions fait les choses en grand, comme ça me paraît ridicule aujourd’hui…
Nous quatre, jeunes, beaux, forts, prêts à affronter la vie du haut de nos 20 ans à peine passés.
C’était le 3 mai 1998. Je ne le savais pas encore, mais Nana était nichée dans mon ventre depuis quelques heures à ce moment-là.
Toi, moi, et les deux frères.
Nous sourions.
Nous sommes heureux.
Qui aurait pu prédire comme tout allait basculer dans le sordide et l’horreur quelques années plus tard à peine ?
3 mai 1998… Eté 2002, lorsque tout a basculé pour moi… Novembre 2006… Je ne sais même pas quel jour tu es morte, quel jour il t’a tuée, lui, celui auprès duquel nous sourions toutes les deux ce jour-là ; insouciantes… Inconscientes…
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Ce matin, sur le chemin de l’école, j’ai visualisé le trou que tu as fait dans mon cœur. Je ne sais pas pourquoi, j’y ai mis des brindilles, comme un oiseau fait son nid pour ses oisillons. Je me suis dit qu’un jour, lorsque la rage et la déchirure se seraient atténuées, tu pourrais venir t’y nicher, et que tu y serais bien. J’ai même rajouté une couverture pour que tu n’aies pas froid.
Et soudain, là, à l’intérieur de moi, je t’ai vue, et tu m’as souri. Je sais que ce n’est que le fruit de mon imagination, mais tu m’as souri. Un sourire chaud et doux, au-delà de la souffrance et de l’horreur. Puis tu t’es enroulée dans la couverture et tu t’es endormie, là, dans le nid que je t’avais fait dans mon cœur. Alors j’ai pleuré. Ce sourire m’a apaisée quelques heures. Il y a encore trop de tempête, mais je sais qu’un jour tu reviendras et que tu resteras.
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Je me souviens de ta voix, de ta manière de parler, de ton sourire, plus grand d’un côté que de l’autre, de ton rire, de tes attitudes, de tes coups de gueule, de ton franc-parler parfois agaçant…De la chaleur que tu dégageais… De ta complicité avec ta fille, au prénom chanté par Gainsbourg… Ton humour… Tes larmes… Fini… Fini tout ça, foutu, fichu, gâché… Pour toujours…
Saturday, December 16, 2006
Sans titre
Sans titre, parce qu'il y a tellement de mots qu'il n'y en a plus. Qu'il n'y a plus rien, en fait, que l'immense solitude.
Des mots, pourtant, qui se cognent dans ma tête depuis hier soir, qui tordent mon ventre, qui m'empêchent de respirer.
Tristesse, colère, haine, rage, désespoir.
L'envie d'hurler, de pleurer jusqu'à ne plus rien sentir.
De prendre mes enfants sous les bras et de fuir, loin, ne plus jamais revenir...
Elle avait le même prénom que moi. Et le hasard de la vie et des rencontres nous a fait partager le même patronyme pendant quelques années, parce que nous avions épousé deux frères.
Je me souviens d'une aventure il y a 2 ans. A cette époque, j'avais repris mon nom de jeune fille, mais je me trompais encore avec celui d'épouse parfois; je n'avais plus de nouvelle de la famille de mon ex depuis la naissance de Tom-Tom. Un dimanche matin, le téléphone a sonné, et au bout du fil, une jeune femme a dit qu'elle était moi. J'ai mis quelques secondes à comprendre.
Elle, c'était moi. Moi, j'étais elle. Mon double. Positif, négatif.
Bien sûr, il y a eu les disputes de nos 20 ans, parce que nous ne nous comprenions pas. Mais vu les types que nous avions épousé, il fallait mieux qu'on se serre les coudes. Oh bien sûr, ma séparation d'avec mon ex mari a mis un temps la distance, mais ensuite, nous appréciions toujours de nous retrouver, de nous parler, même si c'était rare.
Je l'aimais, ma petite soeur de peine.
Elle voulait fuir elle aussi, fuir une vie pas possible avec un mec qui flanchait. J'aurais dû lui tendre davantage la main.
J'ai appris hier qu'elle était morte dans son sommeil.
J'ai appris aujourd'hui que c'est son mari, le frère de mon ex mari, qui l'a étranglée.
Pardon, mon autre moi, de m'être enfuie sans toi, et d'être vivante sans toi. Je vivrai pour toi, la vie que tu n'as pas vécue, cette vie que l'homme que tu as aimé a foutu en l'air durant 15 ans jusqu'au geste final.
Quand j'aurai retrouvé les mots.
Des mots, pourtant, qui se cognent dans ma tête depuis hier soir, qui tordent mon ventre, qui m'empêchent de respirer.
Tristesse, colère, haine, rage, désespoir.
L'envie d'hurler, de pleurer jusqu'à ne plus rien sentir.
De prendre mes enfants sous les bras et de fuir, loin, ne plus jamais revenir...
Elle avait le même prénom que moi. Et le hasard de la vie et des rencontres nous a fait partager le même patronyme pendant quelques années, parce que nous avions épousé deux frères.
Je me souviens d'une aventure il y a 2 ans. A cette époque, j'avais repris mon nom de jeune fille, mais je me trompais encore avec celui d'épouse parfois; je n'avais plus de nouvelle de la famille de mon ex depuis la naissance de Tom-Tom. Un dimanche matin, le téléphone a sonné, et au bout du fil, une jeune femme a dit qu'elle était moi. J'ai mis quelques secondes à comprendre.
Elle, c'était moi. Moi, j'étais elle. Mon double. Positif, négatif.
Bien sûr, il y a eu les disputes de nos 20 ans, parce que nous ne nous comprenions pas. Mais vu les types que nous avions épousé, il fallait mieux qu'on se serre les coudes. Oh bien sûr, ma séparation d'avec mon ex mari a mis un temps la distance, mais ensuite, nous appréciions toujours de nous retrouver, de nous parler, même si c'était rare.
Je l'aimais, ma petite soeur de peine.
Elle voulait fuir elle aussi, fuir une vie pas possible avec un mec qui flanchait. J'aurais dû lui tendre davantage la main.
J'ai appris hier qu'elle était morte dans son sommeil.
J'ai appris aujourd'hui que c'est son mari, le frère de mon ex mari, qui l'a étranglée.
Pardon, mon autre moi, de m'être enfuie sans toi, et d'être vivante sans toi. Je vivrai pour toi, la vie que tu n'as pas vécue, cette vie que l'homme que tu as aimé a foutu en l'air durant 15 ans jusqu'au geste final.
Quand j'aurai retrouvé les mots.
Wednesday, December 13, 2006
Un clic contre l'inacceptable
Vous avez sans doute remarqué ma rubrique "ils ont disparu" parmi mes liens. Dans quelques jours, j'en ôterai un. En effet, le corps de Céline Henry a été retrouvé il y a peu.
Mais les proches de Marc Beltra sont toujours sans nouvelles de lui, tout comme ceux de Fred Nérac, Guy-André Kieffer, et d'autres dont je rajoute ce soir les blogs.
Je ne peux rien faire, pas plus que vous, mais j'imagine, comme vous, la douleur, voire le désespoir des familles. Ne rien savoir, imaginer le pire... Et se sentir seul face au gouffre. Qui ne peut se mettre à leur place?
Alors un petit clic sur leurs blogs, de temps en temps, pour prendre des nouvelles, leur laisser un mot de soutien parfois, parce que personne ne mérite de vivre ça, et surtout pas tout seul.
Mais les proches de Marc Beltra sont toujours sans nouvelles de lui, tout comme ceux de Fred Nérac, Guy-André Kieffer, et d'autres dont je rajoute ce soir les blogs.
Je ne peux rien faire, pas plus que vous, mais j'imagine, comme vous, la douleur, voire le désespoir des familles. Ne rien savoir, imaginer le pire... Et se sentir seul face au gouffre. Qui ne peut se mettre à leur place?
Alors un petit clic sur leurs blogs, de temps en temps, pour prendre des nouvelles, leur laisser un mot de soutien parfois, parce que personne ne mérite de vivre ça, et surtout pas tout seul.
Tuesday, December 12, 2006
Je l'ai fait craquer!
Vous souvenez-vous de la visite du conseiller pédagogique qui m'avait tant stressée?
Malgré mes craintes (alors que je l'avais déjà vu, ce conseiller - mais pas dans ma pratique de classe - à plusieurs reprises et qu'il est loin d'être effrayant!), ça s'est très bien passé, il a trouvé que je menais plutôt bien ma barque, et m'a proposé des pistes pour améliorer l'ensemble.
Il a bien aimé mes débuts dans l'étude des insectes, et en particulier les grillons prêtés par ma collègue de CLIS, qui chantent dans la classe par intermittence.
Samedi, celle-ci a rencontré, dans le cadre d'une formation, une personne qui travaille à l'inspection.
C'est ainsi que j'ai appris que le pauvre conseiller a été très perturbé par la visite de ma classe: en rentrant à l'inspection après m'avoir quittée, il s'est posté sous les lampes en faisant "cri-cri, je suis un grillon"!
Je n'ai plus qu'à inviter le nouvel instit de Tom-Tom, l'intervenant de sport (ah!!! les cuisses musclées de l'intervenant de sport!) et l'animateur de l'accueil dans ma classe, pour tenter de les faire craquer aussi. Bel élevage non?
Malgré mes craintes (alors que je l'avais déjà vu, ce conseiller - mais pas dans ma pratique de classe - à plusieurs reprises et qu'il est loin d'être effrayant!), ça s'est très bien passé, il a trouvé que je menais plutôt bien ma barque, et m'a proposé des pistes pour améliorer l'ensemble.
Il a bien aimé mes débuts dans l'étude des insectes, et en particulier les grillons prêtés par ma collègue de CLIS, qui chantent dans la classe par intermittence.
Samedi, celle-ci a rencontré, dans le cadre d'une formation, une personne qui travaille à l'inspection.
C'est ainsi que j'ai appris que le pauvre conseiller a été très perturbé par la visite de ma classe: en rentrant à l'inspection après m'avoir quittée, il s'est posté sous les lampes en faisant "cri-cri, je suis un grillon"!
Je n'ai plus qu'à inviter le nouvel instit de Tom-Tom, l'intervenant de sport (ah!!! les cuisses musclées de l'intervenant de sport!) et l'animateur de l'accueil dans ma classe, pour tenter de les faire craquer aussi. Bel élevage non?
Monday, December 11, 2006
Etude culturelle
Je parlais récemment de mon plaisir à lire dans le train.
Ca s’est dans l’absolu, avec cette idée de temps volé au temps.
Dans la réalité, il m’est très difficile de lire tranquille, parce que je suis sans cesse envahie par une curieuse espèce d’être humain. Échapper à ses ressortissants, sur le quai de la gare puis dans le train, est quasiment mission impossible, tant ils sont nombreux et bruyants.
Nous appelons cette espèce, curieux spécimen de la diversité que nous offre la nature humaine, le « djeune de banlieue ».
Chaque fois - c’est-à-dire plusieurs fois par jour, du coup- je songe que je dois absooooooooolument filer d’ici parce que non, je ne veux pas que mes enfants deviennent comme eux.
Parce que sinon ils vont se faire pécho par les keuf, la vie d’ma mère j’avais envie de le bastonner le bâtard qu’il cause mal à ma meuf, vazy comment elle m’a trop énervée l’ôt pétasse j’avais envie d’y foutre mon poing dans la *bip*, p*tain ça fait trop ch*ier les cours et la prof elle me fait ch*ier p’tain zyva ça sert trop à rien, ta g*eule sale blaireau va, j’la kiffe trop cte meuf elle est trop bonne, j’m’en bats les steaks de ta face.
(si vous n’avez rien compris, c’est que vous êtes normaux)
Et encore, ça, c’est tout ce que je comprends et/ou retiens, ceci dit les conversations n’ont pas vraiment d’autres sujets (flic, cours, mecs/meufs), et le vocabulaire reste bien pauvre. Si au moins ils baissaient la sourdine… mais non, on dirait qu’ils veulent faire profiter les rames entières de leurs conversations impérissables et de leurs vies si bien remplies.
Ca s’est dans l’absolu, avec cette idée de temps volé au temps.
Dans la réalité, il m’est très difficile de lire tranquille, parce que je suis sans cesse envahie par une curieuse espèce d’être humain. Échapper à ses ressortissants, sur le quai de la gare puis dans le train, est quasiment mission impossible, tant ils sont nombreux et bruyants.
Nous appelons cette espèce, curieux spécimen de la diversité que nous offre la nature humaine, le « djeune de banlieue ».
Chaque fois - c’est-à-dire plusieurs fois par jour, du coup- je songe que je dois absooooooooolument filer d’ici parce que non, je ne veux pas que mes enfants deviennent comme eux.
Parce que sinon ils vont se faire pécho par les keuf, la vie d’ma mère j’avais envie de le bastonner le bâtard qu’il cause mal à ma meuf, vazy comment elle m’a trop énervée l’ôt pétasse j’avais envie d’y foutre mon poing dans la *bip*, p*tain ça fait trop ch*ier les cours et la prof elle me fait ch*ier p’tain zyva ça sert trop à rien, ta g*eule sale blaireau va, j’la kiffe trop cte meuf elle est trop bonne, j’m’en bats les steaks de ta face.
(si vous n’avez rien compris, c’est que vous êtes normaux)
Et encore, ça, c’est tout ce que je comprends et/ou retiens, ceci dit les conversations n’ont pas vraiment d’autres sujets (flic, cours, mecs/meufs), et le vocabulaire reste bien pauvre. Si au moins ils baissaient la sourdine… mais non, on dirait qu’ils veulent faire profiter les rames entières de leurs conversations impérissables et de leurs vies si bien remplies.
Sunday, December 10, 2006
Mort d'une ordure
Un "ancien" dictateur sud-américain est mort.
Jeune adolescente, j'avais été très impressionnée par la chanson que Sting avait consacré au pays qu'il a écrasé- je n'en retrouve pas le titre.
Longtemps après, j'ai rencontré un ressortissant de ce pays qui est devenu le père de mes enfants.
Lorsqu'il est question de ce dictateur dans les médias, cela me ramène à mes enfants. Parce que sans la dictature, mon ex serait resté dans son pays d'origine, je ne l'aurais pas rencontré, les enfants ne seraient pas là. Notre naissance à tous est issue d'une multitude de hasards, d'une multitude de "et si"... Et parfois, les "et si" sont monstrueux, même si nous n'en sommes pas responsables. Et cela me met mal à l'aise parfois. Que mes enfants doivent leur naissance à une dictature sanglante.
Ce soir, la planète compte une ordure de moins, une ordure qui n'a rien eu à payer, une ordure jusqu'au bout, donc.
Jeune adolescente, j'avais été très impressionnée par la chanson que Sting avait consacré au pays qu'il a écrasé- je n'en retrouve pas le titre.
Longtemps après, j'ai rencontré un ressortissant de ce pays qui est devenu le père de mes enfants.
Lorsqu'il est question de ce dictateur dans les médias, cela me ramène à mes enfants. Parce que sans la dictature, mon ex serait resté dans son pays d'origine, je ne l'aurais pas rencontré, les enfants ne seraient pas là. Notre naissance à tous est issue d'une multitude de hasards, d'une multitude de "et si"... Et parfois, les "et si" sont monstrueux, même si nous n'en sommes pas responsables. Et cela me met mal à l'aise parfois. Que mes enfants doivent leur naissance à une dictature sanglante.
Ce soir, la planète compte une ordure de moins, une ordure qui n'a rien eu à payer, une ordure jusqu'au bout, donc.
Friday, December 08, 2006
Bonne nouvelle!
Les sud Seine-et-Marnais s’en seront aperçu, il a plu ce matin. Beaucoup, et même plus que ça. Or je vais travailler en ? en ? Ouiiiii, train, bravo pour ceux qui suivent malgré les changements de blog. Jusque récemment, je faisais en vélo le trajet de chez moi à la gare de départ, puis de la gare d’arrivée à l’école. Mais depuis un petit mois, j’ai la flemme, et je fais les trajets avec mes petites pattes. J’aime bien marcher, moment d’intimité et d’observation.
Mais ce matin, donc, il flottait. Pas grave. Je mets ma capuche sur la tête, mes mains dans les poches, et c’est parti pour la grande aventure.
Peu de temps avant mon arrivée à la gare, j’ai senti l’humidité gagner mon dos. Tiens ? Bizarre… Le bas de mon jean est mouillé sur cinq bon centimètres, rien de méchant, ça sèchera bien. J’ai loupé le train habituel, heureusement je compte large, le suivant me permet d’arriver à l’heure à l’école malgré tout. Je m’assois, ôte mon manteau trempé, mon écharpe mouillée… Gare d’arrivée. Je me rhabille, descend du train, sors de la gare, me remets en marche.
Et je sens l’eau me gagner de partout, petit à petit. Le dos, les bras, les pieds… J’arrive à l’école, remarque que les enfants sont toujours dans la cour, j’ai une minute pour me faire un truc chaud dans la salle des maîtres. Pendant que l’eau chauffe, j’ouvre mon manteau : mon pull est trempé, mon jean aussi, des fesses aux pieds, trop glamour. Ma tasse à la main, j’arrive dans la cour : mes collègues ont fait monter mes élèves, d’ailleurs tous les élèves sont montés. Ne reste qu’un homme qui me salue, un beau-papa d’élève qui demande un rendez-vous de la part de la maman. Je suis trempée, presque en retard, une tasse à la main, ça fait un peu mauvais genre pour une instit non ?
Me voici en classe. Je suis gelée. Je glisse sur la première demi-heure. A 9h, on enfile les manteaux, et youpiiiiiiiii !! Nous allons au gymnase. A un quart d’heure de marche, et il flotte toujours. J’arrive dégoulinante, je me désape, cherche un endroit où étendre mon pull, mon écharpe, mon manteau, dans l’espoir qu’ils sèchent un peu, le gentil (et mignon) intervenant, pris de pitié, tente de dénicher un radiateur, en vain. Une heure plus tard, je remets mes vêtements trempés -pull, manteau, écharpe-sur mes vêtements trempés- jeans, tee-shirt- sur mon corps trempé-mon corps, tout court. Dehors, il ne pleut plus, mais le vent glacial se charge de m’achever. Dans la classe, je me visse sur la chaise, transformée en glaçon, je fais défiler les élèves pour la récitation, puis je leurs ponds une petite dictée de mots sur ardoise. Habitués qu’ils sont à ce que je me déplace, ils écrivent trop petits : « non pas possible que je me lève, écrivez plus gros !» Ils gloussent dans leur coin mais ils ont pitié de la pauvre maîtresse tremblante au jeans qui ne sèche pas.
Enfin ! 11h30. Je me lève, et m’étonne de découvrir une mare d’eau sous ma chaise ? Je ne suis plus à ça près… Je largue les gamins, et me précipite dans la voiture d’une collègue qui m’emmène dans un centre commercial ; au pas de course, j’y achète un jean, un pull, des chaussettes, je me change dans les toilettes, c’est dur d’enlever un jeans mouillé ! Et enfin je suis au sec et au chaud ! Nous mangeons avec un lance-pierres et nous revenons au moment où les élèves se rangent, et je tombe nez à nez avec la maman d’élève qui sollicite un rendez-vous, pour le soir même c’est bon. Décidément, ils vont avoir une piètre opinion de moi ! J’ai passé l’après-midi à vider la boîte de mouchoirs de la classe et à répondre entre deux éternuements aux élèves hilares. Mais à la fin j’ai pu chanter la blatte quand même, et cette fois, le mignon jeune animateur est apparu à un moment décent (je venais juste de finir d’éternuer) et je lui ai envoyé mon plus beau sourire (enfin mon sourire habituel quoi, il est toujours beau)
Et donc la bonne nouvelle dans tout ça ? He bien, mon manteau n’est pas étanche, mes chaussures ne sont pas étanches, mais ma capuche, si !! C’est bien la seule chose qui ait tenu le choc. Je suis certes apparue à l’intervenant de sport en serpillière, mais uniquement du cou aux pieds. L’honneur est sauf.
Mais ce matin, donc, il flottait. Pas grave. Je mets ma capuche sur la tête, mes mains dans les poches, et c’est parti pour la grande aventure.
Peu de temps avant mon arrivée à la gare, j’ai senti l’humidité gagner mon dos. Tiens ? Bizarre… Le bas de mon jean est mouillé sur cinq bon centimètres, rien de méchant, ça sèchera bien. J’ai loupé le train habituel, heureusement je compte large, le suivant me permet d’arriver à l’heure à l’école malgré tout. Je m’assois, ôte mon manteau trempé, mon écharpe mouillée… Gare d’arrivée. Je me rhabille, descend du train, sors de la gare, me remets en marche.
Et je sens l’eau me gagner de partout, petit à petit. Le dos, les bras, les pieds… J’arrive à l’école, remarque que les enfants sont toujours dans la cour, j’ai une minute pour me faire un truc chaud dans la salle des maîtres. Pendant que l’eau chauffe, j’ouvre mon manteau : mon pull est trempé, mon jean aussi, des fesses aux pieds, trop glamour. Ma tasse à la main, j’arrive dans la cour : mes collègues ont fait monter mes élèves, d’ailleurs tous les élèves sont montés. Ne reste qu’un homme qui me salue, un beau-papa d’élève qui demande un rendez-vous de la part de la maman. Je suis trempée, presque en retard, une tasse à la main, ça fait un peu mauvais genre pour une instit non ?
Me voici en classe. Je suis gelée. Je glisse sur la première demi-heure. A 9h, on enfile les manteaux, et youpiiiiiiiii !! Nous allons au gymnase. A un quart d’heure de marche, et il flotte toujours. J’arrive dégoulinante, je me désape, cherche un endroit où étendre mon pull, mon écharpe, mon manteau, dans l’espoir qu’ils sèchent un peu, le gentil (et mignon) intervenant, pris de pitié, tente de dénicher un radiateur, en vain. Une heure plus tard, je remets mes vêtements trempés -pull, manteau, écharpe-sur mes vêtements trempés- jeans, tee-shirt- sur mon corps trempé-mon corps, tout court. Dehors, il ne pleut plus, mais le vent glacial se charge de m’achever. Dans la classe, je me visse sur la chaise, transformée en glaçon, je fais défiler les élèves pour la récitation, puis je leurs ponds une petite dictée de mots sur ardoise. Habitués qu’ils sont à ce que je me déplace, ils écrivent trop petits : « non pas possible que je me lève, écrivez plus gros !» Ils gloussent dans leur coin mais ils ont pitié de la pauvre maîtresse tremblante au jeans qui ne sèche pas.
Enfin ! 11h30. Je me lève, et m’étonne de découvrir une mare d’eau sous ma chaise ? Je ne suis plus à ça près… Je largue les gamins, et me précipite dans la voiture d’une collègue qui m’emmène dans un centre commercial ; au pas de course, j’y achète un jean, un pull, des chaussettes, je me change dans les toilettes, c’est dur d’enlever un jeans mouillé ! Et enfin je suis au sec et au chaud ! Nous mangeons avec un lance-pierres et nous revenons au moment où les élèves se rangent, et je tombe nez à nez avec la maman d’élève qui sollicite un rendez-vous, pour le soir même c’est bon. Décidément, ils vont avoir une piètre opinion de moi ! J’ai passé l’après-midi à vider la boîte de mouchoirs de la classe et à répondre entre deux éternuements aux élèves hilares. Mais à la fin j’ai pu chanter la blatte quand même, et cette fois, le mignon jeune animateur est apparu à un moment décent (je venais juste de finir d’éternuer) et je lui ai envoyé mon plus beau sourire (enfin mon sourire habituel quoi, il est toujours beau)
Et donc la bonne nouvelle dans tout ça ? He bien, mon manteau n’est pas étanche, mes chaussures ne sont pas étanches, mais ma capuche, si !! C’est bien la seule chose qui ait tenu le choc. Je suis certes apparue à l’intervenant de sport en serpillière, mais uniquement du cou aux pieds. L’honneur est sauf.
Wednesday, December 06, 2006
Batteries à plat
J'évite de me plaindre de ma vie d’habitude.
On n’a pas à se plaindre lorsqu’on a un boulot, un toit sur la tête, de quoi nourrir ses enfants, et la santé.
Mais il y a des moments où j’aimerais m’asseoir et pleurer, un peu.
Pourtant je suis heureuse, presque, du moins je devrais l’être, non? C’est peut-être dans ce presque que tout réside…
Lorsque je ne m’occupe pas de mes enfants, je suis avec ceux des autres. Oh, pas de panique, j’aime mon métier, je ne m’en plains pas. Mais le mener de front avec une vie de maman-solo de deux enfants, sans voiture de surcroît, c’est cumuler les difficultés.
Lorsque je colmate d’un côté (ouééééééé la vaisselle de deux jours faite!) ça déborde de l’autre (argh le linge!)
Lorsque mes enfants sont couchés, je file préparer les cours et faire les corrections.
Lorsque mes enfants sont éveillés, je m’occupe d’eux, entre la préparation des repas et les tâches ménagères qui ne peuvent attendre.
Le mercredi, nous filons prendre le bus pour emmener Nana au solfège. Deux bus aller, deux bus retour, et rebelotte l’après-midi pour le cours de flûte, après avoir déposé Tom-Tom au sport.
Comme promis à ma grande fille, au retour, nous regardons un film-interdit-aux-petits… Malheureusement, nous rentrons trop tard du cours de flûte pour avoir le temps de le regarder en entier avant que je retourne chercher Tom-Tom. Elle finit donc de le regarder seule, pendant que je joue avec Tom-Tom, tout en regardant l’heure tourner, en songeant à tout ce qu’il me reste à faire…
Je sature un peu, pas souvent parce que je trouve de la satisfaction dans bien des domaines, dans le rire de mes enfants, dans les yeux de mes élèves, dans mes relations avec mes collègues… Mais je sature parfois simplement parce que dans cet emploi du temps chargé, je n’ai pas de temps pour moi.
Et ce soir, le découragement me prend, parce que ma fille a encore pleuré hier à cause de ses camarades de classe, parce qu’elle a donné à deux reprises des coups de pied très violents à son petit frère aujourd’hui, puis une fois, de rage, dans le mur, chose à laquelle elle ne m’avait pas habituée, parce que je n’ai personne qui me prendra dans ses bras ce soir, ni aucun autre soir, parce que je n’arrive pas à faire les courses de Noël puisque je suis toujours avec mes enfants, parce que je vis dans un endroit exécrable et que je n’ai pas de solution à court ni moyen terme pour changer la donne, parce que sans voiture, j’ai finalement perdu une part de mon indépendance, parce que demain, le conseiller pédagogique vient me voir, et que ça me semble une épreuve insurmontable, d‘autant plus qu‘à force de courir après le temps je n‘arrive pas à aller au bout des choses et qu‘il le constatera, forcément.
Heureusement, j’ai un refuge. Tout petit, minuscule, qui ne suffit pas à longue échéance mais qui me permet d’être ailleurs le temps d’un voyage. Ce sont ces deux moments de transport en commun de la journée, l’un le matin, l’autre le soir au retour, où j’ouvre mon livre du moment pour me plonger dans ses mots. Ca ne rechargera pas mes batteries, mais je continuerai de m’en contenter, faute de mieux.
Pensez à moi, demain matin!
On n’a pas à se plaindre lorsqu’on a un boulot, un toit sur la tête, de quoi nourrir ses enfants, et la santé.
Mais il y a des moments où j’aimerais m’asseoir et pleurer, un peu.
Pourtant je suis heureuse, presque, du moins je devrais l’être, non? C’est peut-être dans ce presque que tout réside…
Lorsque je ne m’occupe pas de mes enfants, je suis avec ceux des autres. Oh, pas de panique, j’aime mon métier, je ne m’en plains pas. Mais le mener de front avec une vie de maman-solo de deux enfants, sans voiture de surcroît, c’est cumuler les difficultés.
Lorsque je colmate d’un côté (ouééééééé la vaisselle de deux jours faite!) ça déborde de l’autre (argh le linge!)
Lorsque mes enfants sont couchés, je file préparer les cours et faire les corrections.
Lorsque mes enfants sont éveillés, je m’occupe d’eux, entre la préparation des repas et les tâches ménagères qui ne peuvent attendre.
Le mercredi, nous filons prendre le bus pour emmener Nana au solfège. Deux bus aller, deux bus retour, et rebelotte l’après-midi pour le cours de flûte, après avoir déposé Tom-Tom au sport.
Comme promis à ma grande fille, au retour, nous regardons un film-interdit-aux-petits… Malheureusement, nous rentrons trop tard du cours de flûte pour avoir le temps de le regarder en entier avant que je retourne chercher Tom-Tom. Elle finit donc de le regarder seule, pendant que je joue avec Tom-Tom, tout en regardant l’heure tourner, en songeant à tout ce qu’il me reste à faire…
Je sature un peu, pas souvent parce que je trouve de la satisfaction dans bien des domaines, dans le rire de mes enfants, dans les yeux de mes élèves, dans mes relations avec mes collègues… Mais je sature parfois simplement parce que dans cet emploi du temps chargé, je n’ai pas de temps pour moi.
Et ce soir, le découragement me prend, parce que ma fille a encore pleuré hier à cause de ses camarades de classe, parce qu’elle a donné à deux reprises des coups de pied très violents à son petit frère aujourd’hui, puis une fois, de rage, dans le mur, chose à laquelle elle ne m’avait pas habituée, parce que je n’ai personne qui me prendra dans ses bras ce soir, ni aucun autre soir, parce que je n’arrive pas à faire les courses de Noël puisque je suis toujours avec mes enfants, parce que je vis dans un endroit exécrable et que je n’ai pas de solution à court ni moyen terme pour changer la donne, parce que sans voiture, j’ai finalement perdu une part de mon indépendance, parce que demain, le conseiller pédagogique vient me voir, et que ça me semble une épreuve insurmontable, d‘autant plus qu‘à force de courir après le temps je n‘arrive pas à aller au bout des choses et qu‘il le constatera, forcément.
Heureusement, j’ai un refuge. Tout petit, minuscule, qui ne suffit pas à longue échéance mais qui me permet d’être ailleurs le temps d’un voyage. Ce sont ces deux moments de transport en commun de la journée, l’un le matin, l’autre le soir au retour, où j’ouvre mon livre du moment pour me plonger dans ses mots. Ca ne rechargera pas mes batteries, mais je continuerai de m’en contenter, faute de mieux.
Pensez à moi, demain matin!
Monday, December 04, 2006
Mais quand même....
Quand même, ce fut un joli week-end.
D'abord parce qu'il m'a été donné de le passer avec les enfants, alors qu'ils auraient dû être chez leur père. Mais celui-ci n'a pas appelé... Le rythme diminue doucement... Tant pis pour mon ex, tant mieux pour moi, quant aux enfants, ils ne s'en rendent même plus compte.
Nana a ramené son classeur de classe. Sur l'une des fiches, elle devait écrire trois phrases, l'une au présent, une autre au passé, la dernière au futur. Pour cette dernière, Nana annonce " un jour papa m'emmènera dans son pays." Hypothétique futur... Sans commentaire...
Je me suis une nouvelle fois occupée du présent, si riche en ce moment.
Jeux, découpages, lectures, ballade, achat de fromages - nous en sommes très friands, c'est une vraie fête pour nous d'aller chez le fromager-, confection d'une merveilleuse tarte au citron, décoration de la maison par les enfants
(grrr, il faut vraiment que ma soeur vienne chercher ces sommiers!)
Et patouillage dans la terre pour confectionner les santons dont voici un aperçu
Pour le moment, ça fait un peu "armée des zombis", je vous l'accorde! Mais nous avons eu tant de plaisir à les façonner tous les trois...
Et puis des bisous, des calins, des "je t'aime"... N'oublions pas que c'est la réponse la plus essentielle de la vie aux douleurs qui nous accablent parfois... Ce sera sans doute le seul héritage que je laisserai à mes enfants, mais c'est le seul qui importe.
D'abord parce qu'il m'a été donné de le passer avec les enfants, alors qu'ils auraient dû être chez leur père. Mais celui-ci n'a pas appelé... Le rythme diminue doucement... Tant pis pour mon ex, tant mieux pour moi, quant aux enfants, ils ne s'en rendent même plus compte.
Nana a ramené son classeur de classe. Sur l'une des fiches, elle devait écrire trois phrases, l'une au présent, une autre au passé, la dernière au futur. Pour cette dernière, Nana annonce " un jour papa m'emmènera dans son pays." Hypothétique futur... Sans commentaire...
Je me suis une nouvelle fois occupée du présent, si riche en ce moment.
Jeux, découpages, lectures, ballade, achat de fromages - nous en sommes très friands, c'est une vraie fête pour nous d'aller chez le fromager-, confection d'une merveilleuse tarte au citron, décoration de la maison par les enfants
(grrr, il faut vraiment que ma soeur vienne chercher ces sommiers!)
Et patouillage dans la terre pour confectionner les santons dont voici un aperçu
Pour le moment, ça fait un peu "armée des zombis", je vous l'accorde! Mais nous avons eu tant de plaisir à les façonner tous les trois...
Et puis des bisous, des calins, des "je t'aime"... N'oublions pas que c'est la réponse la plus essentielle de la vie aux douleurs qui nous accablent parfois... Ce sera sans doute le seul héritage que je laisserai à mes enfants, mais c'est le seul qui importe.
Sunday, December 03, 2006
Journée ordinaire
Tom-Tom a ressenti le besoin urgent de taper dans le ballon hier après-midi, alors que nous l’avions déjà fait 1/2h le matin même après avoir pas mal marché.
Il faut mieux se geler un peu dehors qu’avoir un viking monté sur ressort à la maison, je vous assure.
Nous n’avons que 500 mètres à faire pour arriver à une grande place entièrement piétonne à la périphérie de laquelle sont érigés quelques jeux. Nous tapons un peu dans le ballon, et au bout de quelques minutes je remarque la curieuse attitude de quelques jeunes habillés en noir… Ils étaient déjà là à notre arrivée, un type s’est mis à leur crier dessus de loin, de manière assez agressive… Zut j’ai loupé le ballon… Je le récupère, le renvoie. Le type s’est approché, en continuant d’hurler, ils ont posé des trucs par terre, pas bien compris, et se sont éloignés… Oué Tom-Tom, super! Rester naturelle... J’attrape la balle du pied, la renvoie. Des policiers arrivent, je vois les jeunes courir au loin, entre temps ils se sont encagoulés. Vas-y Tom-Tom, lance le ballon. Les policiers cherchent quelque chose, je n’ose pas les déranger, j’ai peur de paraître bête si je leur montre l’endroit où j’ai vu les autres poser je ne sais quoi. J’attrape la balle, je la renvoie. Les policiers rebroussent chemin. Moins d’une minute après surgissent les gamins. « Ils les ont pris? - Non, regarde, c’est là. » Du coin de l’œil, tout en tapant dans le ballon, j’observe ce qu’ils récupèrent. Et zut!!!! Des pierres! Quelques-unes me paraissent vraiment dangereuses. Ils prennent le chemin des policiers. Des policiers qui n’ont pour tout bouclier que leurs uniformes. Les prévenir. Et éloigner les enfants. Le tout calmement. Je sors mon portable. 17. Ca sonne dans le vide… Venez par là les enfants…Au bout de 20 sonneries, je raccroche. Que se passe-t-il maman? Je rappelle, ça met du temps à répondre mais ça raccroche aussi sec. Venez, il y a des méchants qui attaquent les policiers, il faut mieux qu’on s’éloigne un peu. Je rappelle, rebelotte. Quelques personnes arrivent en courant, s’éloignant du lieu de la bataille. Pourquoi ils attaquent les policiers maman? Larmes. Au bout du 4è essai, enfin quelqu’un, j’explique la situation, tout en continuant d‘éloigner mes enfants qui pleurent, « oui, vous êtes de quelle ville? Ne quittez pas, je vous mets en relation avec le commissariat. » Les jeunes reviennent en courant. Trop tard de toute façon. Je raccroche. Nous continuons notre chemin vers le centre-ville, c’est pas bien d’attaquer les policiers, hein, maman?, nous croisons des voitures de police, et encore au retour.
Deux feux de voitures sous nos yeux en l’espace de quelques jours, dont un dans la cour du collège, une attaque de policiers par une bande de voyous (il paraît qu’on doit parler d’esclandre entre forces de l’ordre et jeunes de la cité mais je préfère appeler les choses par leur nom), c’est plus possible. Je ne veux plus voir mes enfants pleurer de peur.
« Promis, nous allons partir. »
Partir, oui, vite, re oui… Encore faut-il avoir les moyens…
Il faut mieux se geler un peu dehors qu’avoir un viking monté sur ressort à la maison, je vous assure.
Nous n’avons que 500 mètres à faire pour arriver à une grande place entièrement piétonne à la périphérie de laquelle sont érigés quelques jeux. Nous tapons un peu dans le ballon, et au bout de quelques minutes je remarque la curieuse attitude de quelques jeunes habillés en noir… Ils étaient déjà là à notre arrivée, un type s’est mis à leur crier dessus de loin, de manière assez agressive… Zut j’ai loupé le ballon… Je le récupère, le renvoie. Le type s’est approché, en continuant d’hurler, ils ont posé des trucs par terre, pas bien compris, et se sont éloignés… Oué Tom-Tom, super! Rester naturelle... J’attrape la balle du pied, la renvoie. Des policiers arrivent, je vois les jeunes courir au loin, entre temps ils se sont encagoulés. Vas-y Tom-Tom, lance le ballon. Les policiers cherchent quelque chose, je n’ose pas les déranger, j’ai peur de paraître bête si je leur montre l’endroit où j’ai vu les autres poser je ne sais quoi. J’attrape la balle, je la renvoie. Les policiers rebroussent chemin. Moins d’une minute après surgissent les gamins. « Ils les ont pris? - Non, regarde, c’est là. » Du coin de l’œil, tout en tapant dans le ballon, j’observe ce qu’ils récupèrent. Et zut!!!! Des pierres! Quelques-unes me paraissent vraiment dangereuses. Ils prennent le chemin des policiers. Des policiers qui n’ont pour tout bouclier que leurs uniformes. Les prévenir. Et éloigner les enfants. Le tout calmement. Je sors mon portable. 17. Ca sonne dans le vide… Venez par là les enfants…Au bout de 20 sonneries, je raccroche. Que se passe-t-il maman? Je rappelle, ça met du temps à répondre mais ça raccroche aussi sec. Venez, il y a des méchants qui attaquent les policiers, il faut mieux qu’on s’éloigne un peu. Je rappelle, rebelotte. Quelques personnes arrivent en courant, s’éloignant du lieu de la bataille. Pourquoi ils attaquent les policiers maman? Larmes. Au bout du 4è essai, enfin quelqu’un, j’explique la situation, tout en continuant d‘éloigner mes enfants qui pleurent, « oui, vous êtes de quelle ville? Ne quittez pas, je vous mets en relation avec le commissariat. » Les jeunes reviennent en courant. Trop tard de toute façon. Je raccroche. Nous continuons notre chemin vers le centre-ville, c’est pas bien d’attaquer les policiers, hein, maman?, nous croisons des voitures de police, et encore au retour.
Deux feux de voitures sous nos yeux en l’espace de quelques jours, dont un dans la cour du collège, une attaque de policiers par une bande de voyous (il paraît qu’on doit parler d’esclandre entre forces de l’ordre et jeunes de la cité mais je préfère appeler les choses par leur nom), c’est plus possible. Je ne veux plus voir mes enfants pleurer de peur.
« Promis, nous allons partir. »
Partir, oui, vite, re oui… Encore faut-il avoir les moyens…
Saturday, December 02, 2006
Des fois, chez moi, c'est rangé
Friday, December 01, 2006
Maudite blatte!
Mes élèves se sont découverts une passion pour les insectes depuis que l’un d’eux a ramené des phasmes. Ca tombait bien, on en avait fini avec l’alimentation, alors sus aux insectes!!! Je n’y connais pas grand chose, mais c’est l’occasion…
Du coup j’ai trouvé rigolo de leur faire chanter la blatte de Thomas Fersen.
Je le leur fais écouter, ils accrochent à fond. On commence à l’apprendre, et immédiatement, ils "jouent le texte", et je les accompagne, accentuant les mimiques.
Dans ma chambre d’hôtel
Je souffle la chandelle
Jusqu’ici, tout va bien.
J’entends un petit bruit
On s’étonne, on cherche...
C’est une blatte!
On n’est pas contents du tout, même très énervés.
Et c’est au moment où tout mon visage respirait la colère d’une personne en présence d’une blatte dans une chambre d’hôtel que le beau jeune animateur de l’accueil est entré dans l’école et m’a aperçue par la porte vitrée de la salle polyvalente où nous répétions.
Maudite blatte!
Encore un homme à rayer de ma liste de potentiels… Déjà qu’elle était maigre… je crois même qu’il n’y avait que lui.
Du coup j’ai trouvé rigolo de leur faire chanter la blatte de Thomas Fersen.
Je le leur fais écouter, ils accrochent à fond. On commence à l’apprendre, et immédiatement, ils "jouent le texte", et je les accompagne, accentuant les mimiques.
Dans ma chambre d’hôtel
Je souffle la chandelle
Jusqu’ici, tout va bien.
J’entends un petit bruit
On s’étonne, on cherche...
C’est une blatte!
On n’est pas contents du tout, même très énervés.
Et c’est au moment où tout mon visage respirait la colère d’une personne en présence d’une blatte dans une chambre d’hôtel que le beau jeune animateur de l’accueil est entré dans l’école et m’a aperçue par la porte vitrée de la salle polyvalente où nous répétions.
Maudite blatte!
Encore un homme à rayer de ma liste de potentiels… Déjà qu’elle était maigre… je crois même qu’il n’y avait que lui.
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