Mon dernier jour avec ces enfants-là de cette classe-là... leur maîtresse revient jeudi.
La journée a commencé par le cours de natation. Les maîtres nageurs m'avaient prévenus: ils allaient me lancer dans la flotte. Alors j'avais prévu le maillot de bain, et des vêtements de rechange... qui se sont avérés inutiles: un de mes élèves s'est blessé et nous avons dû appeler les pompiers. Un menton à recoudre et une incisive peut-être irrécupérable. Alors le lancer de la maîtresse dans l'eau, on oublie.
La journée s'est faite comme toutes les autres, avec son lot d'histoires tordues - comme cette maman partie en vacances hier en Tunisie sans avoir prévenu son fils, qui s'est retrouvé seul à midi et est revenu en larmes à l'école! - ou sordides.
Comment ai-je fait pour supporter cette année insupportable, dans cette école dont une grande partie des enfants sont déjà brisés par la vie et me tendaient ainsi dans un miroir le reflet de mes propres enfants? Comment ai-je pu supporter ces parents irresponsables, maltraitants, qui tuent leurs enfants à petit feu, alors que le soir je rentrais retrouver mes enfants maltraités par un irresponsable et avec qui tout part de plus en plus de travers?
Ce que je n'ai pas supporté, c'est mon inutilité. Qu'ai-je fait pour eux, si ce n'est refuser cette souffrance, cette misère, refuser tout ce mal-être qu'ils m'envoyaient dans la tête, la refuser jusqu'à m'en rendre malade? La refuser et ne rien faire pour l'amoindrir.
J'ai eu toute la journée l'impression d'un immense gâchis. J'aurais pu, j'aurais dû, faire mieux, faire plus. Mais comme je suis irrémédiablement optimiste, je me suis dit que l'expérience est faite de ratés, et que la prochaine fois, oui, je ferais mieux. J'accepterai tout ça, je ne m'en rendrai pas malade, je ferai ce que j'ai à faire, avec autant de passion que de recul.
A 16h30 ce soir, adieux des enfants, certains émus voire bouleversés - mais grandir c'est ça, leur ai-je dit, dire au-revoir parfois, et continuer.
Salutations des collègues, que j'ai promis de revenir embêter pour éviter qu'ils ne versent leurs larmichettes! Ah, le pouvoir des remplaçants... Semer des graines un peu partout, et revenir les arroser de temps à autre...
Tuesday, June 24, 2008
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7 comments:
s émouvant...
Quand je te lis, je me rend compte à quel point je suis favorisée dans ma campagne du sud-ouest, avec mes élèves rugbyman bourrins mais gentils...
je pense fort à toi et à tes loulous
Revenir trois jours avant les vacances ? Etait ce utile de rajouter cela aux enfants ? Et pour toi, ce départ juste avant te frustrait aussi du dernier jour scolaire souvent si différent. Je te souhaite à toi et tes enfants de pouvoir prendre du bon temps cet été.
inutile ? jamais totalement. chez les enfants aussi tu as semé des choses, tu les as regardés avec respect, tu leur as traités humainement... tu sais qu'ils en avaient besoin.
bonnes vacances à toi en espérant que tu trouves des solutions pour avoir du temps pour vous deux.
je suis émue..pour ce jeune enfant...
et pour toi aussi..;
profites des tes vacances..avec tes enfants
D'accord avec Clara tu n'as pas été inutile. Tu leur as appoté de la sérénité et de la stabilité.
Bonnes vacances !
Un peu d.amour n'est jamais inutile, parfois cela tombe dans une terre tellement assèchée que rien n'y parait, mais cela entretient la graine qui un jour germera ou pas, mais ça c'est n'est pas de ta responsabilité.
réellement, je n'ai pas été une bonne maîtresse. J'étais trop occupée à ériger une barrière entre eux et moi... Il y a eu de belles choses quand même, mais je suis passée à côté de l'essentiel...
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