J'ai toujours appris à mes enfants à ne pas taper les autres, pour aucune raison que ce soit. Même pas pour se venger ou se défendre. Ils doivent se tourner vers les adultes, qui sont là pour ça.
En tant qu'instit, je connais la limite de cette interdiction: dans une cour de récréation, il se passe mille et une choses que les enseignants ne voient pas; les enfants n'osent pas forcément se plaindre. Ou ils se plaignent toujours des mêmes, des petites terreurs, dont les profs ne savent plus quoi faire. Ils ne font parfois plus rien.
Il y a quelques semaines, Princesse a donné un coup de pied dans le tibia de Machin, qui l'agaçait une nouvelle fois, son grand jeu depuis que Princesse est arrivée dans cette école il y a 2 ans. La maîtresse l'a vue, l'a grondée, et Princesse, élève modèle, n'a pas l'habitude d'être grondée. Je l'ai rassurée: la maîtresse sait à qui elle a affaire. Elle ne pouvait faire autrement que de gronder l'enfant usant de violence (puisque la violence entraîne la violence et ne mène à rien, tout ça tout ça), mais au fond, elle sait que Machin méritait ce que Princesse lui a fait!
Je suis allée plus loin, j'ai dit à Princesse qu'elle avait eu raison, que rien n'avait fonctionné jusqu'ici, et que désormais Machin lui ficherait peut-être enfin la paix.
C'est bien le cas, même s'il a fallu que je mette mon petit grain de sel; Machin a tenté un dernier truc, Princesse a dit que je viendrais le gronder, il s'est moqué, il a l'habitude d'être grondé à la sortie par les autres parents!
Sauf que je ne l'ai pas grondé, je lui ai juste dit que je trouvais dommage qu'ils ne soient pas amis tous les deux, ça serait plus sympa que de se disputer à longueur de journée non?
Trop, ce fut trop pour Machin, entre la fille qui donne des coups de pied et la mère qui ne rentre pas dans le jeu habituel... Je n'entends plus parler de Machin depuis des mois.
Truc s'y est mis, un affreux "pticon" qu'on ne supporte pas Mister k et moi. En plus il se moque du prénom de Libellule (uniquement auprès de Princesse évidemment). Et son grand jeu, c'est d'appeler Princesse "Ugly Betty", du nom d'une série télévisée. Et "Ugly", pour ceux qui ne le savent pas, ça veut dire "moche". L'héroïne de la série porte des lunettes et est affublée d'un appareil dentaire... comme Princesse (enfin, Princesse ne doit porter ses lunettes que pour lire, écrire... par contre, l'appareil dentaire, c'est du non-stop forcément!)
Cela fait des années que mon discours est le même: si on se moque de toi, ne réponds pas, ne réagis pas, fais comme si on ne t'avait rien dit, comme si l'autre n'existait pas, la meilleure riposte est le mépris...
Plus facile à dire qu'à faire bien sûr! Princesse y travaille mais Ugly Betty, c'est trop.
Mister k et moi l'avons incitée à lui trouver des surnoms ridicules à lui aussi: comme il est petit, on a suggéré Razmoket, nain de jardin ou Golum. Truc a été choqué, "ça se fait pas" a-t-il lancé! Mais la vexation a été de courte durée. Les "Ugly Betty" ont recommencé. Et ont brutalement cessé, pour ne pas revenir.
L'astuce?
Princesse lui a retourné le poignet.
Je ne pensais vraiment pas qu'un jour j'en arriverais à dire ça, mais je lui ai affirmé qu'elle avait eu raison.
Je continue de prôner la non-violence, le mépris quand on nous attaque, le recours aux adultes en cas d'agression physique...
Mais Princesse rentre au collège en septembre, les adultes seront beaucoup moins présents, les collégiens doivent vite se débrouiller seuls dans leurs relations avec les autres.
Et les vilains surnoms peuvent coller à la peau pendant des années; le mépris ne suffit pas pour les éviter.
J'avoue avoir encore un peu honte et un peu de mal à l'assumer, mais au fond, que Princesse sache recourir à la force si nécessaire, c'est sans doute une bonne chose, dans un monde où les "pticons", y'en a quand même des tas.
Sunday, May 23, 2010
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6 comments:
j'apprend à mes enfants qu'il ne faut pas taper. Mais vu la non surveillance dans leur cour, j'ai revu mon jugement : s'ils se font taper, s'ils ont d'abord prévenu les maitresses ou surveillantes et qu'il n'y a eu aucun effet, alors ils peuvent se défendre, mais uniquement pour se défendre.
Par contre, pour les grands à chéwi, là y'a du boulot, avec eux, les coups partent plus vite que la parole... je désespère mais ne peut rien faire, en les voyant une semaine tous les deux mois...
Je me retrouve vraiment là... je trouve ces situations vraiment difficiles à gérer : comment leur apprendre à ne pas se laisser faire en refusant la violence ? Doit-on, parents, intervenir ou non ? A quel moment ? Je me souviens de mon aîné, qui s'était pris en réponse à son "La violence ne mène à rien !" un coup de poing sur le nez (oui, comme dans le Petit Nicolas !). Il avait cinq ans, et n'a rien compris...
J'ai toujours prôné moi aussi la non-violence, la discussion, dans les cours de récré...
Mais c'est vrai que comme me le font régulièrement remarquer mes ados(ultes) j'ai tendance à croire qu'on vit au pays des bisounours.... Du coup, mes enfants ont pris quelques libertés avec les principes que je leur ai inculqués.... Ils ne cherchent pas, mais quand il faut, filles et garçons, ils n'hésitent pas à se faire comprendre et respecter...
Avec le recul, je pense qu'ils sont dans le vrai !
Pticon, va!
Ici, le prénom du P'tit Mousse (au fait, tu as eu les photos?) fait fureur: à trois ans, les copains rêvent d'avoir un petit frère qui s'appelle pareil.
Tu parles de la violence physique. Mais la violence verbale n'est pas moindre. Donc répondre a des surnoms "violent" par des surnoms violents est aussi une violence destructrice.
Dire qu'il n'y a pas d'autre réponse que la violence, veux qu'il n'y a pas de solution pour les enfants qui en sont incapables physiquement (handicapé).
Il y a la solution du verbe en se faisant passer pour demeuré : dire au garcon "a je suis moche, tu as bien raison, qu'est-ce qu'il faudrait que je face, je ne sais comment m'en sortir..."
cdlmt
Zoro
J'ai vécu la même chose avec mon ainé. Un non violent dans l'ame qui plus est, harcelé par une gamine qui a fini par lui coller une gifle qui lui a explosé les lunettes ... J'ai dit à mon grand de lui rentrer dans le 'lard', fille ou pas ! Mon fils l'a fait et puis, comme connaissait bien les parents de la gamine est aussi allé leur expliquer que ce n'était qu'un avertissement et qu'il fallait qu'elle se calme car bien que non violent il n'en pouvait plus. Elle a arrêté ... il avait 8 ans !
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