Il y a des chansons qui nous parlent jusqu'au fond de notre être, qui semblent écrites pour nous.
J'ai souvent parlé de "tu es là", de Pierre Bachelet, qui me ramène à la relation que j'ai avec mon fils, à mon rendez-vous manqué avec lui les premiers jours de sa vie.
Les rendez-vous d'amour on croit que c'est facile
On a fixé le jour, on compte les heures
Si certains mots d'amour ne passent pas ma bouche
J'espère qu'au fond de toi tu vas deviner
J'en ai fait du chemin pour aller jusqu'à toi
J'attendais ce moment et maintenant me voilà
Qu'importe le décor et qu'importe le droit
J'en ai fait du chemin et c'est le dernier pas
Lorsqu'elle était petite, je chantais à ma fille "Lucile et les Libellules", ça lui va bien encore aujourd'hui, à cette petite fille qui tente désespérément de rendre la vie aussi douce et légère que le vent...
Hier, sur la route qui m'emmenait à la fête, une chanson de Pierre Perret a surgi... Je l'ai trouvée parfaite actuellement pour mes enfants, pour leur dire ce que j'ai envie de leur dire, à ces deux petits cabossés par la vie, mes espoirs pour eux, la vie que je tente de leur bricoler malgré tout, jour après jour...
Et aujourd'hui, j'ai récupéré mon fils à la fin de l'heure d'étude, les vêtements réduits en lambeaux (slip compris) par les ciseaux - qui ont fini cassés par l'effort.
Personne ne s'en est rendu compte.
Comment réagir? Rien, il n'y a rien à faire... On sait tous que c'est un appel à l'aide, auquel nous ne pouvons répondre.
J'ai eu une bouffée de haine pour le type qui l'a bousillé.
J'ai lu ce qu'il a subi - je l'ai entendu, aussi, mon petit garçon, raconter son enfer.
J'évite de trop le dire, mais je suis inquiète, très inquiète, de plus en plus.
Je vois trop d'enfants, trop de comportements alarmants, pour pouvoir me voiler la face, pour ne pas me dire que ça devient grave.
Bien sûr, à elle seule, cette "bêtise" ne veut rien dire, mais c'est un ensemble que moi je vois...
Je me souviens, lorsque l'avocate, totalement sciée par mes révélations, m'a secouée en me disant que la situation était grave. Je le savais, moi, mais personne ne m'avait écoutée jusque là. Personne. Tout le monde a laissé faire l'horreur - pire, certains professionnels l'ont couverte, et on me traitait, moi, de mauvaise mère, trop ceci ou pas assez cela.
Alors la question que je me pose, là, maintenant, c'est: qui va enfin m'écouter et quand, maintenant que je tire le signal d'alarme pour mon fils? Qui va enfin considérer, comme moi, que ce n'est pas "juste" un enfant de 6 ans qui teste les limites mais un petit garçon qui s'enfonce sous nos yeux à tous?
Ce soir, j'ai le coeur et l'âme en miettes.
J'aimerais, parfois, que la vie soit aussi simple qu'une chanson...
T'en fais, pas mon p'tit loup,
C'est la vie, ne pleure pas.
T'oublieras, mon p'tit loup,
Ne pleur' pas.
Je t'amèn'rai sécher tes larmes
Au vent des quat' points cardinaux,
Respirer la violett' à Parme
Et les épices à Colombo.
On verra le fleuve Amazon'
Et la vallée des Orchidées
Et les enfants qui se savonn'nt
Le ventre avec des fleurs coupées.
Allons voir la terre d'Abraham.
C'est encore plus beau qu'on le dit.
Y a des Van Gogh à Amsterdam
Qui ressemblent à des incendies.
On goût'ra les harengs crus
Et on boira du vin d'Moselle.
J'te racont'rai l'succès qu'j'ai eu
Un jour en jouant Sganarelle.
Je t'amèn'rai voir Liverpool
Et ses guirlandes de Haddock
Et des pays où y a des poul's
Qui chant'nt aussi haut que les coqs.
Tous les livres les plus beaux,
De Colette et d'Marcel Aymé,
Ceux de Rab'lais ou d'Léautaud,
Je suis sûr qu'tu vas les aimer.
J't'apprendrai, à la Jamaïque
La pêche' de nuit au lamparo
Et j't'emmènerai faire un pique-nique
En haut du Kilimandjaro
Et tu grimperas sur mon dos
Pour voir le plafond d'la Sixtine.
On s'ra fasciné au Prado
Par les Goya ou les Menine.
Connais-tu, en quadriphonie,
Le dernier tube de Mahler
Et les planteurs de Virginie
Qui ne savent pas qu'y a un hiver.
On en a des chos's à voir
Jusqu'à la Louisiane en fait
Où y a des typ's qui ont tous les soirs
Du désespoir plein la trompett'.
T'en fais pas, mon p'tit loup,
C'est la vie, ne pleur' pas.
Oublie-les, les p'tits cons
Qui t'ont fait ça.
T'en fais pas, mon p'tit loup,
C'est la vie, ne pleur' pas.
J't'en supplie, mon p'tit loup,
Ne pleure pas.
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8 comments:
J'ai les larmes aux yeux en te lisant... Je comprends tellement ce que tu vis, et ça ressemble tellement aux comportements de Petitefille. Chez nous il y a une pédopsy qui a réagi et qui a écrit à la juge.... Est-ce que cette dernière va en tenir compte???
Tu n'as pas quelqu'un pour te soutenir ? Ton avocate ne peut pas t'aider à trouver un psy pour soutenir tes enfants ? Je suis comme dany, effondrée derrière mon écran, et pleine de rage que l'on te laisse si seule.
Rien d'autre à dire que les autres. Personne de professionnel pour vous soutenir ?
On saigne pour vous...
Totale compassion, un peu triste de ne pouvoir faire plus.
que rajouter..
pas facile..
des bisous..pour vous...
Je sais qu'il n'est pas tout seul mais a-t-il un psy qui l'aide ? tu ne peux pas porter ça toute seule ni t'autoflageller en permanence...
pareil que les autres... je suis révoltée par ce qui arrive, qu'on te laisse te débrouiller seule...
Un psy, oui, mais il y a aussi des associations, non ? mais tu as peut être déjà été voir...
courage
bises
Ce soir je n'ai pas le courage... je réponds demain :-)
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