Wednesday, April 07, 2010

Ces profs qui nous ont marqués, la suite!

J'en étais arrivée aux profs d'histoire-géo lorsque Libellule s'est réveillée.

Mais j'ai oublié de parler d'une prof d'anglais que j'ai eue.
Comment ai-je pu l'oublier?
Elle avait peur des élèves, sursautait et rentrait la tête dans les épaules quand l'un d'eux faisait un mouvement trop brusque dans les couloirs, s'était même faite enfermer dans un placard!
Inutile de vous parler du chahut de ses cours! C'était un bordel sans nom.
Mon frère aîné l'avait eue 3 ans avant moi. Mes parents ont demandé à la voir, ont été surpris, c'était une jeune femme à l'aise avec les adultes. Mais elle avait la trouille des ados. Surtout ceux en troupeau.
Quand j'ai atterri dans sa classe, elle a tout de suite reconnu le nom. Et j'ai alors bénéficié de sa légendaire manière de noter. Quand mon frère en parlait, je doutais, mais j'avais tort: elle notait à la tête. Ceux dont elle avait le plus peur avaient de très bonnes notes.
Mon frère m'avait raconté qu'il filait les réponses à ses copains, et qu'ensuite aucun n'avait la même note. Lui avait toujours les plus mauvaises, étrange...
Moi j'ai eu les meilleures, pendant toute l'année: elle ne voulait surtout pas avoir à nouveau affaire à mes parents! Dans un premier temps c'étaient des notes méritées, j'étais vraiment bonne en anglais. Mais ensuite... Pourquoi vouliez-vous que je me foulasse, franchement? Les 18 étaient moins mérités. Et je faisais comme mon frère, je filais les réponses aux autres. Et effectivement, les notes faisaient les montagnes russes malgré des copies identiques! On ne se cassait même pas la tête, on trichait et copiait ouvertement.
Heureusement, je l'ai eue en 1ére. J'ai eu toute l'année de terminale pour rattraper!

Faste année que cette année de première... J'ai donc eu une prof d'anglais particulière, une prof de maths catastrophique (voir note précédente) et.... un prof d'histoire-géo... Comment dire... singulier...

C'étaient LES 3 profs dont la légende passait d'année en année, de famille en famille. Quand je suis revenue à la maison cette année-là en donnant le nom de ces 3 profs (qui ont d'ailleurs pour deux d'entre eux des noms de nourriture, pour l'autre un nom apparenté à un acte de résistance... Inoubliables pour ça aussi!), mes parents ont failli défaillir!

Le prof d'histoire-géo, je l'avais eu l'année précédente, il avait une réputation exécrable, de vieux facho pervers, qui avait fait écouter des musiques nazis aux élèves, qui plaçait les élèves en couple par table "pour repeupler la France"... Il faisait des cours comme on raconte une histoire, ne s'arrêtant pas pour insister sur un nom ou une date, c'était vraiment un récit, charge à nous de suivre... ou non. On était un peu paumés, il faut le dire. Il parlait beaucoup de lui aussi, de l'actualité, de tout, de rien, de n'importe quoi.
Étonnamment, je ne me souviens pas de ses bilans, ni même de mes notes (je pourrais chercher tiens, par curiosité...)

La 2ème année, quand j'étais en première donc, je me suis trouvée en charge du cahier de textes de la classe. Il me fallait rester à chaque fin de cours pour que les profs notent ce qui avait été fait et ce qui était donné à faire.
Intéressant, ça m'a permis de découvrir l'autre visage des profs. De celui-là, en particulier. Je me suis mise à mieux l'écouter en classe. J'ai discuté avec lui. J'ai entendu ce qu'il avait à dire. Entendu ce qu'il disait réellement, une fois dépouillé de tous les artifices.
C'était quelqu'un de bien. Qui avait pour but de nous ouvrir l'esprit, parfois en provoquant. S'il y a un prof qui a réussi, pour moi (et en fait il y en a eu 3 autres, j'y arrive), ce fut lui. A sa manière. Il a dû toucher peu d'élèves avec cette méthode, si décriée pour tous, mais ceux-là, il les a touchés durablement.
Autre chose: je crois qu'il était prof pour s'amuser. Il avait envie de raconter des histoires. C'était un amuseur. J'espère que la vie ne l'a pas trop abîmé.

Dans la série "prof d'histoire-géo", je demande...Celle de terminale. J'ai beau garder un excellent souvenir du prof que j'avais avant, il faut reconnaître qu'il nous avait bien mal préparé à l'épreuve finale. La prof de terminale a réussi l'exploit de nous amener à bon port. Elle avait une particularité; elle portait le nom d'un dictateur. De par certaines choses qu'elle nous a dites, je reste persuadée qu'elle était de sa famille - mais elle avait viré à gauche toute!
En fin de compte, je n'ai pas grand chose de plus à dire sur elle. Elle était très bien, vraiment très bien, bosseuse, humaine, patiente, exigeante... Nous l'aimions tous bien. C'est rare, un prof qui fait l'unanimité. Elle fait partie de ceux qui m'ont beaucoup apporté. Qui m'ont appris à interroger les documents avec pertinence, à être critique, et c'est précieux, dans notre monde. Mais il y a une question de maturité aussi, et j'étais prête à recevoir son enseignement.

De même que celui de mon prof de philo, qui était extraordinaire. Il a rempli son rôle de prof de philo, que peu remplissent: il nous a fait grandir. Il nous a incités à aller voir de l'autre côté des choses.
Je me souviens de la fois où il nous a emmenés au Louvre. On avait mangé dans un fastfood et il avait bu une bière.
Lors d'un cours sur l'art, il avait râlé sur les colliers de nouilles que les enseignants de maternelle font faire aux enfants - lui même était jeune papa et redoutait ce moment! Des copines lui en ont offert un le jour de son anniversaire... Il l'a porté tout le long du cours!
Il nous a parfaitement préparés à l'épreuve du bac. J'ai vraiment eu du mal à comprendre ce qu'on attendait de nous au début, mais finalement, j'ai eu 13 au bac!

A cette époque, j'étais vraiment dépressive, je me demandais quelle était la meilleure façon de mettre fin à ses jours - enfin surtout, celle où on ne risquait pas de se louper - oui, même pour ça, j'avais la phobie de l'échec!
Lors d'un échange en classe, il m'a sentie partir. Il m'a rattrapée, et en quelques mots, m'a montré combien la vie valait d'être vécue. Sait-il que ce jour-là, il m'a sauvé la vie? Ça tient à peu de choses, tout ça... Il fallait vraiment être extraordinaire, pour sentir un ado partir loin à la dérive et lancer la bouée pile comme il le fallait.
Quand on parle prof, c'est toujours l'image de celui-là qui arrive en premier.

Je reviens un peu en arrière, en 6ème et 5ème. Ma prof d'histoire-géo (oui, encore).
Je crois qu'elle n'a jamais réussi à nous finir une leçon! Je me souviens de ses "laissez une page, on finira plus tard, là on passe aux Égyptiens"
Mais ses cours, quelle richesse! Je me souviens de la fois où elle nous a ramenés des fruits et des légumes en provenance d'Afrique, qu'elle avait réussi à dégoter dans un marché spécialisé à Paris, pour illustrer un cours sur je ne sais plus quel pays d'Afrique (désolée, c'était il y a longtemps :-) )
Elle voyageait beaucoup et nous parlait de ses diverses escapades, nous montrait des photos (heu... des diapositives.... que c'est vieux!), ça égayait les cours, les rendait plus vivants, plus captivants.

Mais surtout... Elle avait lutté avec le proviseur et certainement aussi avec le rectorat pour nous faire bénéficier en plus de cours de vidéo. C'était une fois par mois, le vendredi après-midi, en groupes réduits.
La première fois, elle nous a laissé la caméra, on pouvait faire ce qu'on voulait.
Puis on a visionné.... Le désastre! Personnellement, j'avais oublié d'arrêter la caméra (ou j'avais cru le faire), et on nous entendait déblatérer un nombre invraisemblable de conneries sur le chemin du retour. D'autres avaient oublié de mettre en route, d'autres d'ôter le cache, il y avait des séquences entières de prises de pieds ou de plafond...
Après cette bonne tranche de rigolade, elle nous a demandé de prendre une feuille:
1- Ne pas oublier d'enlever le cache
2- Ne pas oublier d'appuyer sur "on"

Etc...
Elle avait insisté sur le fait qu'elle ne nous l'avait pas dit avant parce qu'on aurait levé les yeux au ciel en songeant qu'elle nous prenait pour des cruches :-D

C'est l'une des expériences fondatrices de ma vie; on apprend à partir de nos erreurs... Laisser les enfants expérimenter, se tromper, et ainsi apprendre vraiment et progresser.
Ca ne veut pas dire que je leur laisse suffisamment le champ libre, à mes enfants ou à mes élèves, mais une petite voix revient régulièrement me chatouiller l'esprit à ce propos.

Nous avons monté quelques sketchs dont je me souviens mal, mais je n'oublierai jamais le petit film réalisé sur Lavoisier, dans le cadre d'un concours. Evidemment, comme nous étions face à des étudiants de grandes écoles, nous n'avons pas gagné, mais les organisateurs s'étaient fendus d'une petite lettre personnelle pour nous féliciter.
Je n'ai jamais oublié cette prof... ni monsieur Lavoisier, qui a perdu la tête sous la révolution française.

J'ai été longue! Mais j'ai vraiment adoré évoquer tous ces souvenirs.
C'est vrai que les mauvais profs nous marquent durablement (je vous assure que ce sont vraiment des cauchemars que je fais, au sujet des maths!); mais tous nous avons eu aussi quelques profs - moins nombreux- qui ont participé à faire de nous ce que nous sommes. Des humanistes, au sens de la renaissance. Des profs au dessus du lot.
La plupart des autres profs - dont je fais partie en tant qu'instit - font simplement leur métier avec cœur, en se trompant parfois, en tentant de faire au mieux la plupart du temps.Simplement, honnêtement... Le charisme, ce n'est pas donné à tout le monde. La médiocrité et la méchanceté, elles sont réservées à quelques aigris.

Que tous les instit et profs que j'ai laissés dans l'ombre soient ici remerciés pour l'enseignement qu'ils m'ont apporté.

6 comments:

Bismarck said...

Il faut de tout pour faire un monde...
Ce que tu dis de tes profs de première reflète bien ce qu'étaient les "B" à cette époque: considérée souvent comme une classe poubelle, on y mettait les profs qu'on ne pouvait pas donner aux bonnes classes.
Quand je pense que les inspecteurs me tombent dessus à chaque fois, et que je lis ce que tu racontes, je me dis que le monde n'est pas toujours juste. J'aime mon métier, moi!

Valérie de Haute Savoie said...

Bismarck non ! Les poubelles étaient les classes G ! Je le sais... j'y étais !
Et sinon, avant les classes G. j'étais au collège :) Et là aussi j'ai eu une prof de latin qui notait à la tête de l'élève. Nous savions toujours l'exacte sujet des contrôles et une amie excellente en latin nous avait donné à tous, la copie des réponses à faire. Donc trente réponses identiques qui ont été notées de 0 (moi) à 20 (celle qui nous avait donné les réponses) Fortes de cette preuve manifeste d'injustice, nous étions allées ensemble chez la principale... et nous avions toutes été collées pour triche... la prof n'a jamais été inquiétée. J'avoue que cela n'a pas contribué à me donner envie d'aimer l'école.

Anonymous said...

Allez, j'y vais de mon petit commentaire également:
Moi j'étais en A3-P (Lettres & Arts), classe en dehors du tronc commun démarrant en seconde donc.
Cette filière étant très spécifique (inscription sur dossier également), nous n'étions que 13 en cours en général (hormis philo, HG et anglais), top!
Mais aussi une très mauvaise réputation (des apprentis artistes déjà!) accentuée par le fait que les classes précédentes 'étaient avérées désastreuses, à tel point que le lycée songeait à fermer la filière.
Mais chance extraordinaire, nous étions une très bonne classe (au final 12 bacheliers sur les 13), et avons sauvé la filière ^^.
Mais que ce fut rude au départ!
Une réputation, ça vous colle, même quand vous n'y êtes pour rien.
Je me souviens en particulier du prof de maths (les A3 étaient un véritable bizutage pour eux à la base) débarquant et nous lachant tout de go: "je sais que vous n'en avez rien à foutre des maths, moi je suis là pour vous faire le programme alors tachez de pas me faire chier sinon de toutes façons c'est direct colle et proviseur!".
On venait juste de poser nos fesses sur nos chaises!
Stupéfaction, puis révolte, discussions, on a pas laissé passer cette agression, c'était pas le genre de la maison (forts en classes, forts en gueule, on avait pas mal d'atouts ;) ).
Au final, ce prof s'est vite rendu compte de son erreur (on était véritablement cools), on était malheureusement culturellement toujours nuls en maths mais dans la bonne humeur et le prof adorait venir pour tenter de nous sortir de notre ornière génétique.

Anonymous said...

Sinon, spéciale dédicace à mon instit' de CM2 (à Douais, dans le 59), M. Baraka, un type inoubliable et fantastique.
Je me rappelle tout particulièrement d'un cours de lecture basé sur une transcription de ce qui s'est avéré être... des commentaires d'un match de foot à la radio!
Excellent! ça m'a ouvert les yeux sur l'écriture, marqué à vie!

Dédicace aussi à mon prof d'HG d'Uzès, qui comme pour Margoton avait le goût du récit et de la provoc' pour nous apprendre à lire la trame de l'Histoire.
Et avec nous les cours prenaient bien souvent l'aspect de débats (on était déjà bien engagés/enragés!), le prof buvait du petit lait.

Crazy Cat Lady said...

J'ai eu des démêlés avec une prof de maths. 2 de moyenne toute l'année, une horreur. Elle faisait exprès de nous faire peur, d'envoyer les mauvais au tableau, j'en avais des maux de ventre avant chaque cours !
J'ai eu un prof d'économie très drôle sinon, d'ailleurs j'ai récemment retrouvé mon agenda de cette année dans lequel j'avais noté ses meilleures phrases, j'ai bien rigolé en les relisant !

Sothy said...

Souvent les profs de langues m'ont laissé des mauvais souvenirs, l'exemple une prof d'espagnol de collège qui me disait de faire ce que je voulais pendant ses cours et si je me taisais elle me donnerait 16 de moyenne, en sachant que je suis bilingue espagnol!! quelle p...!
Au contraire j'avais dans le même collège une prof d'anglais antipathique pour beaucoup mais avec qui j'échangeais des 33T de James Harvest par ex.