Le 12 novembre 2006, elle a vécu sa dernière journée. Je ne sais pas ce qu'elle a fait ce jour-là.
Elle a été tuée dans la nuit. Au petit matin du 13 novembre.
Ce qui rend les choses difficiles pour moi, c'est que je suis seule dans mon coin pour vivre ça. Personne dans mon entourage ne l'a connue. Personne n'imagine quelle douleur est la mienne, ni combien je ressens cruellement son absence.
Ton absence....
Je me souviens d'un soir de 2002, quelque part entre fin avril et début mai. Nous nous étions retrouvés dans un restaurant parisien, toi, moi, nos maris, leur mère, leur soeur, des amis de leur mère.
Un restaurant mexicain où manger n'était pas ce qui comptait le plus. Vous avez bu, dansé. Pas moi. Moi, je caressais mon ventre, et je vous regardais.
La soirée était avancée, tout le monde est rentré, sauf nous. Nos maris, toi, moi. Tu étais agréablement ivre. Heureuse. Nous discutions avec d'autres noctambules qui s'étaient attardés au restaurant. En fait, non, nous étions déjà dehors à ce moment-là. Je ne sais pas pourquoi, tu as parlé de celui que j'attendais.
"Nous allons lui faire une belle vie", as-tu lancé.
Cette phrase ne m'a pas quittée, sans doute en souvenir de cette soirée unique, pleine de bonheur et d'insouciance. Et aussi parce que c'est l'un des oracles les plus loupés du monde. Si tu savais...
Si tu savais, qu'on n'a pas fait une belle vie à mon fils. Ni à ma fille, ni à la tienne.
Si tu savais, que moi je suis toujours là. Et que je suis seule, seule pour toujours, avec cette douleur qui ne finira jamais, parce que ta mort est injuste, cruelle, absurde, parce que je n'ai pas pu te dire adieu, parce que je n'ai pas pu dire que je t'aimais, toutes ces années à nous fréquenter et jamais je ne te l'ai dit, et pourtant, si tu savais l'importance que tu as eu dans ma vie, si tu savais combien ton absence m'empêche d'être heureuse, même si je proclame sans cesse le contraire, si tu savais combien je regrette, toutes ces années gâchées, toutes ces horreurs que l'on s'est dites, si tu savais combien je souhaite me réveiller de ce cauchemar, te serrer dans mes bras et te le dire, que je t'aime et que tu ne dois pas partir.
Mais tu n'es pas là, tu ne seras plus jamais là, et je ne suis pas d'accord avec ça. Un an que je lutte contre cette idée. Je ne veux pas qu'on arrive au jour anniversaire de ta dernière journée. Je ne veux pas accepter de me réveiller au matin du 13 sans toi... Irrémédiablement...
Pourtant je sais que c'est puéril, je sais que je vais continuer de vivre, je sais que j'aurai à affronter, seule, notre belle-famille, ceux qui nous ont détruits, nos enfants et nous. Je sais que je n'ai pas le choix et que je dois continuer, même si c'est sans toi.... sans toi, pour toujours.
Sunday, November 11, 2007
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2 comments:
Son oracle n'était pas si faux , même s'il sonne faux , malgré tout , evidemment .
Vous vous la faites belle , et vous la ferez belle à vous trois en tous cas , quoi qu'en disent les oiseaux de mauvaise augure , qu'ils aillent croasser ailleurs.
On est le 13 , je pense très fort à toi , l'été prochain tu viens avec tes loulous chez nous en Creuse , fêter en même temps que moi nos anniversaires , t'oublies pas , hein ?
Je te serre fort dans mes bras .
Et je t'embrasse en douceur , avec tout un plein d'amitié.
Je pense à vous trois, à elle et à sa fille. Tant que quelqu'un pensera à elle, elle sera un peu là.
Bises
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