Thursday, September 15, 2011

Libres

Je n'ai pas encore parlé du fait que cette année, je suis la seule à avoir fait ma rentrée, et encore, à mi-temps.

Les enfants sont donc déscolarisés.

Princesse a été détruite par sa prof d'histoire-géo l'an dernier. Par l'ambiance générale aussi, même si elle s'en rend moins compte, par les méchancetés entre élèves, les moqueries, les insultes...
Elle a toujours été une bonne élève, voire excellente, élève modèle aussi - jamais punie, le genre d'élève que tous les profs veulent.
L'entrée au collège a été très difficile, elle a eu du mal, à se fondre dans le moule tout en restant elle-même. Et puis devenir la tête de turc d'une prof, surtout la prof principale de la classe, ça n'aide pas.
Elle était devenue pessimiste, renfermée, maussade...
Lorsque, au milieu de l'année, on lui a parlé déscolarisation, elle n'a pas hésité - alors que 6 mois avant, il n'en était pas question pour elle.
Elle s'est redressée, ne s'habille plus systématiquement en noir, elle rigole et rayonne à nouveau.

Pour Viking, c'était encore plus facile: il n'aime pas l'école, c'est normal, ce n'est pas un endroit pour un enfant comme lui, qui n'a jamais réussi à être dans les rails. J'en ai souvent parlé ici, au moins à mi-mots, et depuis le début de ce blog. Viking qui ne s'y fait pas, qui pleure, hurle, qui angoisse... Qui déraille à l'école, qui décompresse à la maison, se faisant punir partout, rejeter par les autres...
Viking qui au final, n'a aucun ami, et une estime de lui plus bas que terre.

Viking qui désormais découvre la liberté.
Il n'a plus la contrainte d'apprendre telle chose à telle heure.
De rester assis.
De se taire.
De se contenir en permanence, lui si remuant, si agité.

Ca a été une grande découverte, pour lui, pour eux, pour nous: ils peuvent faire ce qu'ils veulent, comme ils veulent.
Rassurez-vous, ça ne signifie pas "tout et n'importe quoi", ni que c'est devenu l'anarchie à la maison!

Mais simplement, nous n'avons plus les contraintes horaires imposées par l'école, ce n'est plus la course, on mange quand c'est prêt, ils se couchent plus tard qu'avant (il y a quand même un couvre-feu, sauf les soirées-films ou les soirées où nous avons des invités bien sûr), ils se lèvent quand ils sont réveillés (vers 9h souvent), l'un comme l'autre peuvent passer la matinée ou l'après-midi à jouer, ils peuvent lire tant qu'il veulent quand ils veulent, faire les pitres avec leur petite soeur, travailler sur l'ordinateur...

Tout est plus cool, plus simple.

Tout s'en ressent: leur comportement, le nôtre, notre vie de famille.

La belle vie.

Dommage qu'on ait perdu tout ce temps... Pour Viking surtout, qui a été tellement, tellement abîmé par l'école...

Pour moi, c'est le grand écart entre ce que je crois et ce que je fais semblant de croire, 2 jours par semaine. Mais je fais mon boulot correctement et avec coeur.

N'empêche, vivement que je vive de mon autre boulot...

8 comments:

Amélie said...

C'est vraiment une experience positive! Notre toute petite fille est encore bien jeune, mais je sais deja que l'EN ne sera vraiment que notre dernier recours si nous ne trouvons pas d'autre solution du genre montessori, ecole a la maison, ecole parentale, bien plus respectueuse...

Anonymous said...

Moi qui suis "école laïque " à tout crin, je comprends cependant votre choix, l'école n'est plus ce qu'elle était et beaucoup trop d'enfants en souffrent. Le sabotage de cette institution républicaine ne date pas d'hier, mais on assiste à une accélération de sa dégradation... Quel gâchis!
Bonne année à vos enfants, et à vous. Meilleurs voeux pour votre projet!
Bises

Loulou said...

Face à la souffrance de ses enfants, il faut bien trouver des solutions ! Les vôtres ont la chance que vous vous en préoccupiez, c'est super. Mais étant enseignante moi aussi, je suis catastrophée que l'école puisse parfois être aussi terrible pour les enfants :( !

Tili said...

Super expérience !
Moi, l'année d'école à la maison, j'ai beaucoup angoissé au début de la responsabilité qui m'incombait et du peur de mal faire, du coup j'avais trop chargé les enfants...
Mais ensuite, on s'est détendu et c'est devenu super... Les enfants (qui pourtant adorent leur nouvelle école, leurs classes, leurs camarades) parlent encore de l'école à la maison avec des trémolos dans la voix (bon, c'était l'école du tour du monde, moi aussi j'y retournerai bien ;-)).
A noter, ils sont revenus en avance sur le niveau scolaire et le prof de l'an dernier à souligné que ce qui était très agréable chez mes filles, c'est cet enthousiasme, cette joie de vivre devant les apprentissages à chaque nouvelle activité qu'il proposait...
Concrètement il faut cependant bien s'organiser, il y a (entre autre) ce site de l'éducation nationale qui m'avait pas mal aidé, au cas où
http://www.academie-en-ligne.fr/default.aspx
Bonne route ;-)

Bismarck said...

Il fallait du courage pour franchir ce pas. Je me demande seulement jusqu'à quel niveau une telle démarche est possible (pour avoir eu, en seconde, une élève qui n'avait pas été scolarisée "normalement" jusque là, et qui était perdue et inapte dans certaines matières; mais le bac est-il un but, dans la vie?).

Mamanlit said...

ici nous avons fait le choix de nous tourner vers l'enseignement privé dans des petites structures... c'était faute d'avoir sous la main une ecole "alternative"..
un comble pour moi qui vient d'une famille d'enseignants laics.
mais la ville où j'habite ne m'a pas laisser le choix.
pour l'enseignement à la maison, je sais d'avance qu'ici ce serait plus difficile. pas la patience, pas l'energie et j'aime encore l'idée de la sociabilitation que leur apporte leur toute petite école.
(je dis ça, nous n'en sommes qu'à la maternelle !)

LiliLajeunebergere said...

Je réponds à vos commentaires dans un prochain billet :)

chachou said...

Je lit ce post avec un peu de retard et je vois que nous suivons la même route depuis septembre. J'ai moi aussi déscolarisé Titou alors que j'étais "à fond" pour l'école n'ayant jamais été scolarisée. J'avais pourtant choisi une structure privée et de bon niveau mais la déception fut malgré tout très grande. En 1 mois et demi, Titou lit parfaitement et commence à avoir de bons réflexes lors des dictées... J'appréhende le retour à l'école l'an prochain et je cherche déjà un moyen d'y échapper et de continuer sur le chemin de l'école à la maison.
Bonne chance à toi et tes enfants