Saturday, March 03, 2007

Juste un jeu, ou de l'autre côté de la frontière...

Je ne sais même pas par quoi débuter ce post.
Des jours que j’écris sans rien publier… A quoi bon évoquer ces jours incertains passés en apnée, à jouer au chat et à la souris avec mon ex qui ne sait pas encore, et que j’arrive à plaindre…
Tout le décor est planté, mais le pire n’a pas été dit. Alors il n’a pas eu lieu. Non, il n’a pas pu faire de mal à ses enfants. Il s’était même mis en colère une fois que j’avais évoqué cela. Comment pouvais-je imaginer qu’il toucherait aux enfants ?

Décor planté, donc. Tout est sur le fil. D’accord, il n’est pas net, tout le monde en conviendra. D’accord, il y a des petites choses (petites aux yeux de certains, scandaleuses pour d’autres) que monsieur doit modifier dans son comportement, dans la manière dont se déroulent les séjours des enfants chez lui… Un bon avocat, et tout se retourne contre nous. Ma fille aura mal vu, mal interprété, d’ailleurs c’est exactement ce que lui a dit la psychologue scolaire – sans avoir plus d’éléments que le peu que ma fille raconte. Je ne parle même pas de notre entrevue avec une psychiatre il y a quelques jours… Je suis passée à ses yeux purement et simplement pour le genre de mère qui fait feu de tout bois et détourne tout afin d’ôter ses enfants à un père. Un pauvre père innocent. Innocent…

Tous ces jours, ces semaines de doute… Des années en réalité… Parce que je sais qui il est, ce qu’il a déjà fait… Mais non, il ne fera rien aux enfants… Je dois juste surveiller… Les professionnels ne voyaient aucun mal à ce qui se passait… Pourtant mon entourage frémissait…

Qu’aurais-je pu faire avant ? Avant que ma fille ne parle ? Et pour dire quoi ? Des choses qui pourraient être renversées, comme je l’ai dit… Il m’a fallu trois pages pourtant, trois pages aux juges, pour simplement évoquer ces 4 dernières années, et encore, je n’ai pas tout dit.
Trois pages qui ont donné la nausée à ceux qui les ont lues. Trois pages qui condensent ce dont j’ai parlé pendant plus d’une heure avec l’avocate. Il était temps, selon elle, et même, on pourrait me reprocher de n’avoir rien fait, rien dit avant…

Décidément… Sur quel pied danser ? Trop, ou trop peu… C’est si subjectif… Tout dépendra des juges… Peut-être que je me trompe… Mais ma fille a peur. C’est ce qui me permet de garder le cap : elle n’a pas peur pour rien. Rester sur le pont, pour elle. Et puis décidément, je sais que ce qui se passe est grave, peu importe les psy en tout genre qui ne connaissent qu’un tout petit bout de l’immense histoire. Je sais que tout est prêt à basculer. Ca a déjà basculé une fois, en novembre, faisant une victime. Que mes enfants ne soient pas les prochaines… C’est à ça que je pensais : je ne veux pas avoir un jour à pleurer devant une petite tombe, ou deux.

Les vacances ne furent pas bonnes. Pas du tout.

Ce matin, un jeu. Un jeu innocent. Innocent à leurs yeux. Papa nous le fait.

Voilà. Le décor était planté. Et un acte a déjà été joué. C’était juste un jeu… Y a-t-il déjà eu autre chose ? Pire ?
Et que faire, lorsque l’inacceptable a été dit ? Lorsque désormais, le doute n’est plus permis : il y a eu attouchement…
Effondrée, je me suis allongée quelques instant sur mon lit.

Et puis, j’ai habillé les enfants. Et je leur ai expliqué. Nous devons aller au commissariat. Vous devez dire aux policiers ce que vous m’avez dit. Non, ils ne mettront pas papa en prison.

J’ignore combien d’actes ont déjà été joués. J’ignore combien il nous en reste à subir.

Le décor était planté, tout était là, le climat violent et incestueux. Juste le climat. Un climat sous haute tension. Quelques gestes, juste à la frontière du permissible. J’espérais qu’on faisait dans la prévention. Qu’il ne s’était rien passé, et que peut-être il ne se serait jamais rien passé – d’où les doutes, et les mots qui faisaient mouches lorsqu’on m’accusait de monter les enfants contre leur père, même si ce n’était pas en ces termes.

Depuis des semaines, je me sens toute brisée. Récemment je me demandai depuis combien de temps. Pas depuis le meurtre de ma belle-sœur, à ce moment-là, j’ai eu au contraire une envie de vivre plus forte que jamais. Et soudain j’ai su. C’est depuis les premières révélations de ma fille. Lorsqu’elle m’a dit, surprise « mais je croyais que tu savais, maman. »
Elle croyait que je savais et que je cautionnais par mon silence.
Alors vivre en un seul morceau, avec ça…

15 comments:

Anonymous said...

Peut-être savais-tu, je veux dire inconsciemment, dans tes tripes de mère. C'était peut-être ça qui te bouffait la vie depuis tout ce temps.
Je vous souhaite beaucoup beaucoup de courage à tous les 3 pour tout ce qui va suivre dans les années à venir. Sois forte car on va continuer à mettre en doute ta parole et celle de tes enfants et pourtant il faudra continuer à te battre, à te relever et à relever tes enfants. J'espère au moins qu'avec ces révélations une procédure va être enclenchée pour que tes enfants ne voient pas leur père seuls.

Anonymous said...

Courage...

Anonymous said...

C'est terrible, il n'y a pas de mots... mes tripes de mère se tordent avec les tiennes... terrible.

Anonymous said...

Quelle foutue système judiciaire que vous avez... Ça complique tellement les choses. Courage et demande, nous sommes là.

Anonymous said...

De tout coeur avec toi, ça paraît peu mais je ne sais que dire d'autre...

a n g e l said...

courage, pour eux, pour toi

et bien sûr, il n'y a aucun doute à avoir, tu fais au mieux.

Je t'embrasse.

Anonymous said...

Je pleure en me mettant à ta place. Bas toi, tu as raison, pour qu'il ne voit plus ses(?) enfants seuls. Ca va être dur pour vous 3, mais c'est votre avenir qui est en jeu. Pleins de pensées positives vers toi!

Anonymous said...

je suis toute chamboulée...j'avais compris des choses dans ton non-dit..;mais là les mots..je te souhaite beaucoup de courage..;et l'amour que tu as pour tes enfants va te permettre de faire ce que tu as déjà commencé...
courage...je pense fort à vous...

Marianne said...

Jeune bergère, je ne pense pas pouvoir comprendre ta peine mais je pense bien fort à vous trois. Tu as déjà montré que tu savais garder le cap, continue comme ça !

Anonymous said...

Courage...

Anonymous said...

C'est déjà tellement essentiel que vos enfants vous sentent avec eux, qu'ils se sentent compris. Rien n'est plus insupportable que de ne pas être cru.
Je vous souhaite à tous les trois beaucoup de force.

FD-Labaroline said...

Tout est dit... tu as pris les bonnes décisions, fait les bons choix...de ça sois-en certaine. Je t'envoie plein de bonnes ondes et je pense souvent à vous...

Anonymous said...

Je suis en panne de mots, mais je voulais juste te dire que je pense à vous trois.

Anonymous said...

Tu as réussi à dire les mots, l'impensable...l'horrible...
Courage...

griffoninne_la_couche_tard said...

Comme Moukmouk a raison !
Non,tu ne savais pas ! Parce que sinon tu aurais agi , comme tu viens de le faire.Mais je comprends que la phrase de nana ,t'ait fait mal.Ce n'est pas à prendre au 1er degré.
Elle le croyait.C'était une croyance .Que tu vas lui enlever.
Bien sûr.
Rien d'autre, ma belle ...
Je t'embrasse fort ...
A tout bientôt.