Bon, je voulais travailler ce soir.
L'amour donne des ailes, je suis retournée à l'école, motivée comme je ne l'avais plus été depuis très longtemps.
Je voulais travailler, et puis j'ai ouvert le blog de Bellzouzou et je suis tombée sur ce post.
L'histoire d'une petite fille qui sera sauvée, peut-être.
L'histoire d'un ratage, surtout. Parce qu'on sait, qu'on sent et qu'on se tait, trop souvent.
Mes enfants se sont tus, pendant des années. N'ont pas dit ce que papa leur faisait subir. N'ont rien dit de la pression psychologique, des moqueries et méchancetés, de l'abandon, des viols.
J'ignore ce qui les a poussés exactement à parler, un jour.
Depuis ce jour, depuis un peu plus d'un an, j'ai une conscience accrue de la violence subie par nombre d'enfants. Je ressens au plus profond de moi-même ceux qui ne vont pas bien. Totalement branchée sur eux, je prends dans la figure toute leur souffrance, et en même temps, mon impuissance et ma colère contre la société qui s'aveugle - ce qui me conduit, par moments, à être complètement incapable d'exercer mon métier, tant j'étouffe.
J'entends trop d'idioties à ce sujet, idioties qui vont de la simple naiveté au refus d'admettre certaines réalités.
J'ai entendu une fois, d'un proche, qu'un enfant qui paraît malheureux ou est anormalement violent n'est pas forcément un enfant maltraité.
Alors qu'au fond, tout le monde sait bien qu'il y a 99% de probabilité qu'il le soit.
Et je ne parle pas forcément de la violence physique ou sexuelle. Il y a aussi la maltraitance psychologique, la négligence physique (l'enfant livré à lui-même très jeune) ou psychologique.
Il y a simplement les parents épuisés, débordés, qui "n'y arrivent plus".
En France (j'ignore comment ça se passe ailleurs), règne le refus de l'ingérence.
Chacun élève ses enfants comme il veut...
J'estime que les services sociaux devraient avoir le droit de donner un coup de pied dans la fourmilière en cas de maltraitance psychologique, de négligence, ou de démission des parents, quelles que soient les raisons de ceux-ci. Ce sont des parents qui ont besoin d'aide, qui ne savent pas faire autrement... Ou qui sont franchement incapable d'élever des enfants, là aussi quelles qu'en soient les raisons, mais dans tous les cas, il faut penser à l'enfant d'abord!
Quant à la maltraitance physique, on nous a bien appris à l'IUFM qu'on devait faire des signalements au procureur de la république si un enfant arrivait les fesses en sang à l'école.
Vous connaissez beaucoup de parents assez crétins pour envoyer leur enfant à l'école dans cet état? La violence physique est soigneusement cachée. Le viol, plus encore.
Le résultat de tout ceci, c'est que chaque année, les enseignants passent à côté de cas de maltraitance. Parce qu'on ne la voit pas. Tout au plus avons-nous des soupçons...
Moi, plus. Je sais.
Je ne sais pas ce que tel ou tel enfant vit ou subit exactement, et je ne me permettrais surtout pas de prétendre quoi que ce soit à ce sujet (quoi que pour certains, une sordide négligence au moins ne fait aucun doute). Je sais juste qu'il y a quelque chose de gravement anormal. Mais "il n'y a rien à faire, on va convoquer les parents, ce n'est pas de notre ressort, oui mais bon, ce n'est pas un enfant facile non plus."
Je vois des enfances mourir sous mes yeux, et je ne peux rien faire.
Je vois des enfants crier au secours en silence dans l'indifférence générale, et je ne peux qu'en être l'inutile témoin.
J'essaie de ne pas trop penser en plus aux enfants qui, comme les miens, subissent sans rien en laisser paraître.
Petite parenthèse au sujet des violence sexuelles: le plus grand silence règne dessus. Alors qu'il suffit de gratter un peu le vernis pour s'apercevoir que nous sommes nombreux - particulièrement les filles, et je m'inclus dans le lot...- à avoir subi des violence sexuelles plus ou moins importantes. Mais admettre que "ça n'arrive pas que dans la famille Groseille", c'est admettre que ça pourrait arriver à mon enfant, que mon propre conjoint/père/voisin pourrait s'en rendre coupable... Quel tabou subsiste à ce sujet...
Et puis, on rejette couramment le problème sur l'enfant. "Si tu te fais suivre dans la rue, réfugie toi à la boulangerie". On fait bien de prévenir les enfants, mais on ferait bien mieux de les prévenir contre les personnes de leur entourage, et encore bien mieux d'être à leur écoute et de ne pas hésiter à agir en cas de doute (Oserais-je ajouter qu'il serait bon que la justice fasse son boulot? Le père de mes enfants est toujours libre...)
Alors le tabou perdure.
L'inceste et la pédophilie n'existent que dans des films/ chez les Groseille.
Chacun élève ses enfants comme il veut.
Même s'ils sont imparfaits, les enfants ont besoin de leurs parents, de toute façon ça vaut toujours mieux que d'être placé.
C'est un enfant difficile.
Ces pauvres parents, ils ont une vie si dure...
Refus de voir, d'admettre, d'agir... De chacun de nous et des acteurs sociaux... Manque de moyens...
Et pendant ce temps, les cimetières d'enfance grandissent...
Message perso pour Bellzouzou: merci de nous avoir fait partager cette histoire.
Thursday, March 20, 2008
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2 comments:
billet très émouvant, jeune bergère qui porte mieux que jamais ton pseudo. ;-)
En te lisant j'ai repensé aussi à des blogs d'expatriés aux usa où à l'inverse, dans les quartiers bourgeois tes voisins appellent la police si tu envoies ton enfant seul mettre une lettre dans la boite au coin de la rue. Il doit falloir trouver un juste milieu dans l'ingérence nécessaire.
c'est vrai que c'est flippant aussi...
au bout d'un moment, on ne sait plus ce qui est "normal" ou non...
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