Monday, March 10, 2008

La défaite en pleurant

Oui, j'ai pleuré hier soir.

J'avais supporté le dépouillement, tous ces bulletins pour le maire sortant, le maigre score de ma liste. Le "c'est pas bon" du colistier qui était avec moi.
L'espoir encore que ce soit différent dans les autres bureaux de vote, parce que celui où j'étais vote notoirement à droite.

J'avais supporté l'arrivée au bureau de vote centralisateur. Mes copains et copines abattus. Le candidat tête de liste a levé la tête de son portable, m'a regardée et m'a envoyé un sourire, pas celui que j'espérais. "Alors?". "Pas bon", m'a-t-il répondu.

J'avais supporté l'écran géant, la litanie des chiffres, bureau après bureau. J'ai supporté cette claque, dignement, comme les autres.

Et puis il est arrivé. L'autre communiste de la liste, dont le discours tient en deux idées: "tous les non communistes sont des c*ons et sont méchants avec les communistes" et "tout le monde est c*on, sauf moi qui suis si intelligent".
Je vous épargne les détails, sachez juste que j'ai rongé mon frein pendant toute la campagne, devant les discours de ce type qui se fout des gens et ne cherche qu'à les utiliser.

Il est arrivé, donc, fier comme un paon, et m'a lancé "tu vois, il faut toujours croire les anciens".
Parce que lui, son pronostic, c'était qu'on perdrait. Il ne prenait pas beaucoup de risques, c'est si facile de partir battu et ne de rien faire...

Alors j'ai pleuré. Parce qu'un type de notre liste était content qu'on ait perdu, alors que tous, on s'est battu, minute après minute, foyer après foyer. J'ai pensé à D., sympathisant, toujours sur le terrain, à nous aider, à nous parler par touches de sa vie de misère, souvent salarié précaire, souvent licencié. J'ai pensé à mes enfants, à leurs longues marches pour mettre les tracts dans les boîtes aux lettres, aux heures passées avec moi sur le marché, à leurs larmes parfois lorsque je devais les quitter une fois de plus... A toute la misère vue ou entrevue au cours de cette campagne, misère sociale, misère familiale, tous ces gens qui avaient besoin de nous, qui espéraient....

J'ai pleuré. Tout le monde savait pourquoi. Personne n'a eu besoin d'explication lorsqu'ensuite je me suis disputée avec ce type, lui demandant de me laisser tranquille, vraiment.

J'ai pleuré, quelques larmes de révolte, de colère et d'épuisement. Juste quelques larmes, puis je me suis reprise. La lutte n'est pas finie. Nous irons jusqu'au bout. Et quoi qu'il arrive, je me battrai après, différemment. Il y a des choses à faire dans cette ville et je les ferai.

A l'issue de la réunion, tard le soir, une amie s'est glissée près de moi. "Tu es quand même la grande gagnante de ces élections", m'a-t-elle lancé malicieusement.

C'est vrai.... D'ailleurs, celui dont je ne suis absolument pas amoureuse, je ne vois pas pourquoi vous insistez, me l'a dit, en me déposant devant chez moi. Maintenant, nous sommes deux.

6 comments:

Bismarck said...

Il y a un deuxième tour, chez toi, je crois comprendre (chez moi, non, la droite passe dès le premier tour)?
Et un nouvel homme pour t'accompagner.
Encore plein de combats à gagner.
Bonne chance!

FD-Labaroline said...

Ben tu vois, tu y a gagné un amoureux et une belle expérience, ne vois pas tout en négatif ! n'empêche, c'est rageant. Pareil chez nous... un village de vieux réac.. c'est à pleurer... Garde tes forces et ton courage pour les fois suivantes..; la route est longue et ça n'est que le début
PS : chais pas pourquoi mais en ce moment j'ai eu envie de relire Rosa Luxembourg...Je te dédis donc mes lecture, bergerette.
Bises

Anonymous said...

ohla mais il y a ballotage dans ta ville et avec une triangulaire qui s'annonce alors tout n'est pas perdu

bises à toi et tes enfants

Michel

zora said...

j'ai souri à la fin de ton post...
Allez, tes enfants t'ont aidée, ils se rappelleront de ça, de la campagne, pas de la défaite, le vieux con, faut lui fermer son clapet une bonne fois pour toute...
Toi, au moins, tu as eu le courage de te présenter.
Allez, on attend la suite avec impatience (il y a un deuxième tour, alors ?)
Bises :-)

tanette said...

1 à 1
Une défaite peut-être....mais....un amoureux ! (Dommage que tu n'en sois absolument pas amoureuse...!)

Anonymous said...

Merdre! Garde ton courage et ta volonté! on finira par les avoir les malheureux qui croient encore à la droite! Bises à tous les 3!