Friday, March 12, 2010

Jour après jour

Je ne suis pas très présente sur mon blog en ce moment, mais j'ai des excuses, la fatigue toujours, et l'envie d'être à 100% avec ma fille - pour qui je me suis finalement mise en congé parental.
Je la découvre chaque jour et chaque jour je m'émerveille.
Elle commence à se tortiller pour attraper des jouets inaccessibles - et s'énerve parfois - elle fait des vocalises, et depuis hier, son truc ce sont les bulles de salive. Elle veut toujours se tenir debout, commence à tester le "assis" en notre compagnie.
Elle aime les livres, déjà, elle aime la musique, elle aime qu'on la fasse danser, elle aime quand je joue du tuba (ouf!).
Elle râle quand elle nous voit manger, elle aimerait bien tester ce qu'il y a dans notre assiette! Parfois, on lui met un bout d'endive ou de mandarine sur le bout de la langue, mais pas plus, c'est trop tôt malheureusement...
Elle sourit tout le temps, rigole rarement pour le moment, participe à nos jeux, nous tend le pied pour qu'on l'embrasse encore...

Une merveille...

Qui nous ramène sans cesse à une autre petite merveille partie dans son sommeil il y a un mois. J'hésite à en parler ici, parce que je ne veux pas faire pleurer avec une histoire qui n'est pas la mienne, et pourtant... Pourtant, j'ai souvent le cœur serré, lorsque Libellule se blottit contre moi pour téter ou s'endormir, lorsque je la mets sur le pot, lorsque je l'endors dans l'écharpe, tout ces gestes que faisait mon amie... Je revois Libellule plonger son regard dans celui de cette petite fille et lui parler, et ce tout petit bout de fille qui l'écoutait... Je n'ose imaginer - et pourtant je le fais - ce que fut ce matin-là pour nos amis, leur bébé qui ne respirait plus...

Il y a comme une dette entre eux et nous - soyons clairs, c'est moi qui ressens les choses ainsi. Moi, j'ai toujours mon bébé dans les bras, alors je ne dois pas en perdre une miette, pas une minute...

J'ai déjà évoqué cela, au moment de sa naissance; Libellule est au carrefour de bien des histoires tragiques. Bien sûr, c'est nous, l'entourage, qui projetons ces histoires. Moi, surtout, en réalité. L'envie imbécile de lire à l'avance sa destinée. Mais sans rien de morbide. Plutôt l'envie de transformer d'autant plus cela en force de vie - le simple fait qu'elle ait débarqué à l'improviste nous conduit vers cette voie. Mais il ne faudrait pas que ça paralyse ma Libellule, que ça l'empêche de faire son propre chemin.

Toute la problématique de l'art d'être parent, l'arc dont parle Khali Gibran.

Parlez-nous des enfants

Et une femme qui portait un enfant dans les bras dit,
Parlez-nous des Enfants.

Et il dit :
Vos enfants ne sont pas vos enfants.
Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même.
Ils viennent à travers vous mais non de vous.
Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas.

Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées,
Car ils ont leurs propres pensées.
Vous pouvez accueillir leurs corps mais pas leurs âmes,
Car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter, pas même dans vos rêves.
Vous pouvez vous efforcer d’être comme eux, mais ne tentez pas de les faire comme vous.

Car la vie ne va pas en arrière, ni ne s’attarde avec hier.

Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés.
L’Archer voit le but sur le chemin de l’infini, et Il vous tend de Sa puissance pour que Ses flèches puissent voler vite et loin.
Que votre tension par la main de l’Archer soit pour la joie ;
Car de même qu’Il aime la flèche qui vole, Il aime l’arc qui est stable.

Khalil Gibran, Le prophète

Parfois quand même, on aimerait bien savoir à l'avance où la flèche doit aller :-)
En attendant... Je suis l'arc, et la flèche dort paisiblement dans mon écharpe.

Et demain, nous revoyons nos amis pour la première fois depuis le drame.

5 comments:

sosso said...

On a tous le devoir de profiter chaque jour de tout (et de tous ) ce qui nous entoure. C'est quand un drame arrive que l'on réalise pleinement ce que l'on perd. Les drames chez les autres nous aident à nous en rappeler et c'est bien sûr d'une grande injustice pour ceux que cela touche :-(

Sinon, j'adore ce texte de K.G, je l'avais même lu au baptême de ma fille ;-)

Névrosia said...

J'ai lu cette citation si juste et belle hier, par hasard.
Pour vos amis je ne sais quoi dire...

myriam said...

Et ils seront sûrement très heureux de vous avoir près d'eux.

dany said...

ne pas attendre demain pour donner de l'amour et vivre l'instant présent à fond...

LiliLajeunebergere said...

Sosso, c'est bien résumé.

Névrosia, il n'y a rien à dire...

Myriam, je ne sais pas si ça a été le cas. En tout cas on est là, même maladroitement.

Dany, exactement...