Saturday, November 20, 2010

Lâcher prise

C'est un état d'esprit dont il est beaucoup question en matière d'éducation.
Lâcher prise.... Estimer que tout ne nous regarde pas chez nos jeunes enfants, qu'on n'a pas à avoir le contrôle sur tout, sur ce qu'ils regardent à la télé et combien de temps, sur ce qu'ils mangent, quand et en quelle quantité, sur l'heure à laquelle ils vont dormir, sur les vêtements qu'ils ont envie de porter.
Rien à voir avec le laxisme. Il ne s'agit ni de désintérêt, ni de refus d'affronter certaines situations.
Il s'agit au contraire d'avoir confiance en l'enfant et en ses capacités d'appréhender le monde.
Cela lui laisse la responsabilité de ses actes et de ce qui peut en découler; il ne veut pas mettre son manteau? Il risque d'avoir froid. Et là 2 possibilités: il n'a pas froid - on n'est pas tous égaux, ce que ne prend pas en compte l'obligation parentale de mettre son manteau et de le fermer jusqu'au menton - ou il a froid et l'expérience le persuadera de prendre son manteau la fois suivante.

Les adeptes du "lâcher prise" estiment également que l'inutile frustration créé le manque qui conduit à la boulimie/dépendance. Laisser son enfant manger des bonbons ou regarder la télévision tant qu'il veut le conduira à se restreindre de lui-même, naturellement, parce qu'il n'éprouvera pas la crainte qu'on l'en prive de manière arbitraire. Le cadre, les limites, se fixent d'elles-mêmes - ceci dit il existe un cadre familial, l'enfant dépend de ses parents et du fait qu'ils aient ou non la télévision, des bonbons ou gâteaux... Quant aux frustrations qui sont inévitables dans la vie et donc il faut bien y préparer l'enfant, bin justement, il aura déjà ces inévitables frustrations à gérer, donc pourquoi lui en imposer des inutiles/stériles?

Lâcher prise donc... mais jusqu'au où? A une époque, Princesse était devenue boulimique et Viking est à la limite de l'être. Et Viking comme Petit Elfe sont de vrais lobotomisés du cerveau lorsqu'on laisse la télévision libre d'accès (ils regardent sans réagir, la bouche grande ouverte, ça peut durer des heures, c'est effrayant).
Du coup, il a bien fallu que j'aborde le sujet avec Princesse à un moment, et nous surveillons l'alimentation de Viking, capable de s'empiffrer à s'en faire éclater la panse sinon (alors que jamais ils n'ont été obligés ou interdits de manger quoi que ce soit)
Et nous avons interdit la télé les matins sans école (il n'y avait déjà pas de télé les matins d'école); nous avons remarqué que ça joue grandement sur l'état d'excitation de Viking, d'une part. D'autre part, ils dorment tous plus longtemps le matin - ils préféraient donc se priver de sommeil que louper des débilités télévisuelles!
Du coup, ils "oublient" presque l'existence du petit écran, ne le réclament plus de la journée... nous nous contentons de louer ou emprunter des vidéos de temps en temps, et là ils sont réactifs, discutent, réagissent...

Alors, lâcher prise, oui mais... Si je suis convaincue en théorie, dans la pratique, ce n'est pas forcément adaptable à toutes les situations, tous les enfants, toutes les familles.

Par contre, je sens que je devrais vraiment lâcher prise en matière de propreté: après tout, s'ils sentent mauvais, tant pis pour eux... mais non, c'est plus fort que moi, c'est insupportable comme idée! Du coup c'est régulièrement la guerre pour ça, surtout avec Viking. Je sens bien ce que signifie le lâcher prise dans ces cas-là: ça ne concerne que l'enfant et il nous le fait savoir. Insister conduit à des batailles stériles - stériles puisque soit on "laisse tomber" (ce qui s'apparente au laxisme puisque ça nous gêne mais on n'a pas envie de "se battre") soit on obtient gain de cause mais par la force, la menace... bref, rien qui n'apporte quoi que ce soit à long terme à l'enfant (il ne sera pas convaincu par lui-même qu'il est mieux d'être propre).

J'ai l'air de me torturer l'esprit pour pas grand chose mais ça a été assez tendu ces derniers temps avec mes grands, surtout avec Princesse en fait, et je sens que ça vient en partie des "limites". Je n'ai jamais su réellement déterminer quelles étaient les miennes et ce n'est pas facile de faire attention à celles des enfants - l'éducation traditionnelle n'aidant pas beaucoup à les prendre en compte. Les limites d'ailleurs ne devraient être posées qu'en fonction des besoins des uns et des autres, et justement, j'ai du mal à établir les miens; ceci dit, depuis que j'ai posé nos problèmes relationnels en terme de besoins (ceux de tous étant à prendre en compte et à respecter), Princesse a vraiment changé son comportement.

Voilà, c'était surtout pour vous faire part de mes questionnements actuels. J'essaie de trouver les meilleures réponses possibles, pour Princesse qui entre dans une période réputée pas facile et encore moins dans son cas, pour Libellule que je veux élever dans le plus grand respect possible (et puis pour Vikings et P'tit Elfe bien sûr mais il n'y a pas trop de souci en ce moment avec eux)

Qu'est-ce que tout cela vous évoque?

10 comments:

mam'lou said...

Mon fils a 1 an, et je me pose déjà les mêmes questions... Enfin je me posais déjà ces questions avant, étant animatrice en colo.. Ce lâcher prise, mais avec certaines petites limites ADAPTES à chaque enfant. Je n'en suis pas sorti de toute ces interrogations. Mais ca me plait, même si des fois j'ai l'impression de me fixer des objectifs trop haut pour moi, à ce moment de ma vie, avec ce que j'ai déjà entrepris. Et je suis déçu. Déçu de ne pas y arriver.

Alors oui, le lâcher prise. Mais on est pas parfait. Il faut faire comme on peux, avec ce que l'on est, avec ce que l'on a vécu. Même si atteindre un idéal peut rester dans un petit coin de notre tête!

co de contes said...

oh comme tes mots me parlent...
en pleine crise avec N°4.;à qui on avait décidé de faire confiance.;de lui laisser la bride sur le cou..tout en restant là..
et ben.;catastrophe.;il séche les cours,ment....et je suis désemparée...
alors je ne sais plus..et pourtant...j'y croyais.;tellement..pour lui

Luna Part said...

Le problème c'est que lâcher-prise ne veut pas dire lâcher la bride et oublier les limites, un enfant a vraiment besoin de ces limites pour savoir où s'arrêter, sinon ils les cherchent constamment en les repoussant toujours plus loin.

Concernant l'hygiène, je ne suis pas une ayatollah de la savonnette, et je ne vais pas hurler si certains jours mes filles se font une toilette de chat mais là aussi il y a des limites. A partir du moment où l'entourage en pâtit j'assimile ça à un manque de respect pour les autres. Ce n'est pas agréable pour l'entourage d'avoir un membre de la famille qui pue ni de partager la table de quelqu'un qui est sale.
Je ne vais pas lâcher prise sur les mauvaises odeurs sous prétexte que mon enfant va se laver quand il en ressentira l'envie. Les limites elles sont aussi au seuil de tolérance de l'entourage. Je pense que l'enfant peut comprendre ça facilement. D'ailleurs ma mère me répétait souvent "ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas qu'on te fasse" ce que je trouvais très logique, en y regardant bien c'est une façon de poser des limites aussi.

zora said...

J'essaie de lacher prise tout en maintenant des limites... Il y a bain ou douche obligatoire deux fois par semaine, et s'ils ne se lavent pas entre, tant pis.
Mon grand gère ses devoirs tout seul, et au vu de ses notes, tout va bien.
Les devoirs, justement, étaient de vraies parties de torture avec ma grande. Alors en accord avec la maitresse, j'ai laché prise deux semaines, la laissant se gérer, en lui expliquant bien. Hé bie, la maitresse a dit "catastrophique"... a 9 ans, elle est complètement incapable de se gérer seule, que ce soit les devoirs mais aussi le coiffage, l'habillage, etc... je désespère, car elle ne se gère pas mais ne supporte pas la moindre contrainte non plus.... bref, pas de solution pour l'instant...

christellemars said...

J'aime beaucoup ta conclusion: je pense que les limites indispensables sont celles qui touchent leur santé ( le surpoids ) et nos propres limites.
L'accès libre à la télé, ça me semble vraiment dangereux, surtout avec des pré-ados qui savent trouver tout ce qu'ils veulent en streaming, on sait bien sur quelle genre d'horreur ils peuvent tomber.
Donc les limites, c'est surtout: on parle, on parle, on parle... pour définir ensemble ce qui est permis ou pas.

Delphine said...

Ils ont quel âge tes grands? J'y pense souvent, à l'éducation et aux limites. J'en parlais avec ma soeur et ai une anecdote intéressante et vraie à te rapporter: son beau-frère (parlant de leur père décédé) racontait que lorsqu'il avait 5 ans, on fêtait son frère qui avait reçu un cadeau (d'anniversaire), lui de piquer une crise de rage pour recevoir à son tour un cadeau. Son père lui dit non, une fois, hurlements, deux fois, hurlements plus forts et lassé, le père se lève, ouvre une armoire et prend une petite voiture dans le stock de cadeaux (c'étaient des coloniaux qui faisaient des courses une fois tous les X) et la lui tend: le gamin qui attendait qu'on lui fixe ses limites après un affrontement a perdu toute estime pour son père ce jour-là! Les enfants ont besoin de limites bien définies, et c'est aux deux parties à les respecter, tu ne crois pas?

Bismarck said...

Entre lâcher prise et laxisme, comment être sûre que les enfants perçoivent la différence? Je crois qu'il est important de parler avec eux, de leur expliquer qu'on leur fait confiance et qu'on ne les laisse pas tomber, même si on a l'air de laisser faire...

myriam said...

Lâcher prise, oui, histoire de ne pas se pourrir la vie en permanence avec des conflits qui n'en valent souvent pas la peine. Pour des choses pas graves, la couleur des chaussettes, ok...
Mais je reste convaincue qu'un cadre est sécurisant. L'enfant va l'éprouver, aller se frotter contre pour tester sa solidité, et s'il lâche ?... Et bien, il perd sa fonction sécurisante.
Je suis assez d'accord avec Christelle : les limites, j'essaie de les poser là où il y a risque de mise en danger et de manque de respect, pour l'enfant et pour les gens qui l'entourent.
Une autre réflexion me vient : traditionnellement, c'est le rôle paternel que d'établir le cadre. Avec votre vécu familial passé, et le temps que tu as passé seule avec tes aînés, j'imagine bien que ce cadre soit terriblement difficile à poser. Pas facile de jouer les deux rôles parentaux à la fois, de ne jamais pouvoir souffler. Tout cela est peut-être à rediscuter avec ton homme (à condition que son autorité soit acceptée), à vous de jouer !

LiliLajeunebergere said...

Mam'lou, le fait d'adapter à chacun n'est pas évident. Quant à la déception que tu éprouves, elle fait avancer, non?

Co de Contes, je suis si désolée de lire cela... J'espère sincèrement que ça va s'arranger...

Luna, je pense que ça ne gênerait pas mon fiston qu'on ne se lave pas et qu'on pue. C'est donc difficile de lui faire comprendre/admettre qu'on n'a pas le même tolérance que lui à ce sujet...
Je suis d'accord, lâcher prise ne veut pas dire oublier les limites, c'est toute la difficulté de la chose d'ailleurs!

Eddye, étonnamment ici, c'est sans doute mon 8ans1/2 le plus débrouillard! Contrairement aux 2 grands qui se sont beaucoup laissés portés, lui est pas mal observateur et aime participer,donc il a acquis pas mal de trucs.
Concernant les devoirs (ou autre chose d'ailleurs), quand l'enfant y met de la mauvaise volonté/n'y arrive pas/ne veut pas etc, c'est vraiment déstabilisant... Le lâcher prise ne fonctionne pas, testé aussi. Enfin, j'ai été tenté mais je culpabilise trop, alors j'ai tapé du poing sur la table et mon homme aussi, on a redéfini les limites, les possibilités etc, et en ce moment ça se passe plutôt correctement (concernant Viking, Princesse est lente, n'a pas de méthode, rêvasse, ça dure des heures :-/ )

Christellemars, oui, c'est ce qu'on fait pas mal. On explique les raisons de nos interdits/limites etc...et rien n'est figé, c'est important qu'ils le sachent aussi.

Delphine, elle est terrible ton histoire, ça voudrait dire qu'à 5 ans, un enfant serait capable de juger irrémédiablement ses parents sur une seule "erreur"? Je me demande si ce n'est pas une interprétation tardive de la part du beau-frère?
Mais les limites doivent être claires, je suis totalement d'accord!

Bismarck, ça dépend comment c'est présenté bien sûr, donc oui, parler parler :-)

Myriam, tu as raison, j'ai eu du mal tant que j'étais solo, en plus moi-même, enfant, j'ai manqué de limites (pour le coup, c'était bien du laxisme, mes parents n'osaient pas affronter nos colères). Mon homme est bien plus sûr que moi, et nous a beaucoup aidés les enfants et moi, c'est certain :-)

Jid said...

Le "lacher prise" ne peut pas fonctionner avec la télévision: ce n'est pas une chose inerte mais bien une (in)activité avec des adultes derrière qui agresse/hypnotise.