Gamine puis ado, j'habitais avec mes parents un appartement de la tour de la caserne des pompiers, parce que mon papa était pompier.
D'un côté, y'avait la forêt. De l'autre la gendarmerie, puis l'école. Rien d'autre. Il fallait prendre sa voiture pour acheter une baguette de pain.
Et se taper les pompiers - leurs tronches je veux dire, et les tronches de leurs femmes et de leur gamins aussi, je ne vous explique même pas l'enfer de la promiscuité, les pères qui bossent ensemble, les mères inactives qui n'ont que ça à faire, commérer, et les gamins à l'école ensemble. Pas drôle du tout.
Et puis mes parents ont emménagé dans un quartier à mauvaise réputation, où tu ferais mieux de ne pas venir vivre si t'es raciste ou le style "non je suis pas raciste mais quand même".
A une époque je suis revenue vivre chez eux avec mes enfants. Je faisais fureur, moi la petite blonde qui portait son bébé délavé à l'africaine et dégainait le sein à la demande.
"t'es pas française toi hein????
-heu bin si
-non sérieux t'es pas française??"
Après j'ai déménagé mais je passe un temps plus qu'appréciable dans ce quartier. Surtout depuis septembre et la passion de mon viking pour les trains. A l'autre bout de la rue par rapport à la crèche. Des épiceries. Des restaurants. Des boulangeries. Une libraire.
"veux des frites". "veux une pomme". "veux un magazine". "veux du pain".
Comme on est de nature infidèle, on n'a pas de fournisseurs attitrés. C'est comme ça vient. Les commerçants nous connaissent, on a le sentiment de ne pas être que des clients. On a droit à une petite discussion sympa et au bonbon supplémentaire (aux numéros de portable aussi des fois)
On déambule, sans se presser. On répond aux sourires et remarques. On s'arrête et on parle. On regarde et on écoute. Et il y a de quoi. Ce quartier est toujours vivant, quelles que soient la saison et l'heure du jour (ou de la nuit). Vivant, multiple, riche de ses diversités. Souriant et gai.
"c'est quand même pas le genre d'endroit où tu vas passer toute ta vie avec tes enfants"
bin je préfère à une glauque tour de caserne de pompiers avec sa glauque ambiance, coincée contre une gendarmerie en état de siège. Mes enfants aussi, je suis sûre.
Sunday, May 22, 2005
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2 comments:
beau texte :)
bouhou, quand je pense que je le quitte ce quartier.....
j'aime bien ta dernière phrase alizarine ;-)
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