Tuesday, January 09, 2007

Poésie des villes

J’ai mes entrées privées à l’école. MON entrée privée à moi toute seule, même. Vu que je suis la seule piétonne. Dommage pour les autres : ils n’ont jamais eu l’occasion de jeter un œil sur la maison d’en face. Elle est située à l’angle de deux rues. La première fois que mon regard s’est posé dessus, j’ai songé que je devais absolument faire une photo. J’ai toujours remis au lendemain. Dommage.
Une cour minuscule. En fait, je ne sais pas si c’était bien une cour, à l’origine. Un petit réduit à ciel ouvert, d’environ deux mètres sur deux mètres. Et sur environ trois mètres de haut, une montagne de tout.
Ce qui sautait aux yeux, c’était les vélos, surtout les roues. Mais il y avait bien d’autres choses : des morceaux de meubles, des planches, je ne sais quoi d’autre, je n’ai jamais pris la peine de détailler. La première fois toujours, surprise, pensant avoir mal vu, je me suis retournée, tout en continuant de pédaler. Mais non, c’était bien ça. Et dominant l’ensemble, sur leur terrasse, les propriétaires, qui me regardaient en souriant.

Un petit coin de paradis sans autre intérêt que de rendre heureux ceux qui l’ont constitué, durant des années, pièce par pièce. Un petit bout de curieuse poésie, qui aurait ravi Prévert et Doisneau.

Hier matin, j’ai d’abord vu les lumières orange, celles de la pelleteuse. Puis les policiers, une dizaine pour encercler la maison de ces dangereux Robin des Villes. Et puis ses éclats de voix, à lui, celui dont on s’apprêtait à briser un bout de vie. « C’est dégoûtant, y’en a marre maintenant », argumentait un policier. Il n’y avait rien de malodorant pourtant, et la maison étant très isolée, ça ne polluait la vision de personne.
Lorsque je suis partie, un peu plus tôt que prévu donc, la pelleteuse n’avait plus qu’un mètre de haut de choses diverses et variées à jeter. J’ai eu le cœur serré pour cet homme dont la lubie ne dérangeait personne, et à qui on sommait brutalement de rentrer dans le rang…

7 comments:

tirui said...

de nos jours le facteur Cheval il serait interné avant d'avoir posé la 12e pierre de son palais idéal.
(ta jolie histoire me fait penser un peu au jardin de mes voisins, sauf que mes voisins ils transforment leur jardin en décharge publique sans aucun souci esthétique, eux)

FD-Labaroline said...

ben oui, la poésie urbaine, ça n'existe que dans l'uniformité ! Par contre ,des antennes satellites à tous les balcons, ça ça fait pas moche du tout, non non non ;-(

Anonymous said...

oh... quel domage ! j'attendais LA photo... et arrivée au bour du billet, je réalise qu'il n'y aura JAMAIS de photo... quel dommage, vraiment !

Anonymous said...

mince alors, moi aussi j'aurais bien aimé voir la photo !
Je pensais qu'on pouvait faire ce que l'on souhaite chez soi du moment que ça ne dérange personne et s'il n'y avait pas d'odeur, je ne vois pas ce qui peut gêner....

Anonymous said...

J'ai des voisins qui ont une petite maisonnette sans grâce, posée là de guingois..
Dessus, un bout de bois, où est écrit son nom "Rien sans peine"...et on mesure la somme d'efforts et d'amour qu'il a fallu..
pour la ptite maison de guingois

Francois et fier de l'Être said...

On n'est même plus maitre chez soi!

LiliLajeunebergere said...

tirui, oui j'ai pensé à lui aussi (et j'espère que tes fenêtres n'ouvrent pas sur le jardin de tes voisins)

diane, merci, vraiment :-)

fd, bien d'accord :-(

line, souricette, je le regrette vraiment :-(

soeur anne, c'est beau!

François, j'en suis très étonnée également!