Wednesday, July 05, 2006

C'est fini

C’est fini.

C’est fini, et j’ai encore du mal à le croire.

J’avais envie d’écrire plein de choses sur le sujet.

Parler des derniers jours d’école, si triste, interminables, où l’on erre désœuvrés des classes vides à la cour surchauffée en passant par les murs d’où on a tout décrochés.
Et en parallèle, mêlée à cette langueur, la joie que procurent le soleil revenu et la perspective des vacances qui approchent.

Égrener les jours, se sentir de plus en plus légère, rire aux éclats des dernières frasques des collègues, des atsem, de la directrice, rappeler à la gentille remplaçante qui « n’a jamais vu ça en 20 ans de métier dont 10 de remplacement », qui sombre petit à petit, que c’est bientôt fini. Ne pas parvenir à s’apitoyer sur la nouvelle atsem qui pleure, « c’est trop hypocrite ici », moi ça fait 10 mois que je subis tout ça, et l’heure de la libération approche.

J’aurais aimé expliquer mon incrédulité hier lorsque le réveil a sonné pour le dernier jour d’école. Plus qu’aujourd’hui, et c’est fini. Comment ai-je pu arriver au bout de cette éprouvante année? Je me souviens de ce matin de rentrée de février, la découverte des vacheries, mon découragement, mon épuisement nerveux, mon envie de partir et d’appeler l’inspection pour demander un autre poste. Et puis le visage des élèves qui défilent devant mes yeux, et ma certitude que je vis avec eux quelque chose de fort. J’ai tenu et je n’en reviens pas. J’ai tenu pour eux. J’ai cru qu’ils me manqueraient, j’ai cru que les derniers jours seraient difficiles, mais non, ce qui a dominé, ce qui domine toujours, c’est ce sentiment de soulagement, et j’en veux aux collègues pour ça.

Pour ça et pour d’autres choses. Pour m’avoir fait me remettre en cause sans cesse, me demandant ce qui clochait chez moi. Pour m’avoir donné le sentiment d’être une grosse m****. J’ai compris que ce n’était pas chez moi que ça clochait mais chez elles, le jour où j’ai été étonnée que les collègues de primaire m’écoutent. Et me répondent. Et même relancent la conversation. Hier encore, j’ai été étonnée que 2 collègues de primaire me voient arriver de loin, m’attendent, me tiennent la porte. Les fille de maternelles avec lesquelles j’ai eu affaire tout au long de l’année n’ont jamais eu ces attentions là pour moi - dès le début, elles ne me disaient même pas bonjour le matin- et j’avais fini par oublier combien elles étaient naturelles. Jamais elles ne m’ont laissé une chance et leur attitude vis-à-vis de moi a toujours été choquante. Si je m’en étais aperçue plus tôt, je ne me serais pas bouffée les sangs comme ça pendant 10 mois.

10 mois!!!! 10 mois d’humiliation. J’exagère, le dernier mois fut presque bien. Les collègues ont été plus agréables, et l’ont été également avec mes enfants - je réalise combien ils sont souffert de la situation….. Mais il fallait bien qu’elles prouvent une dernière fois leur noirceur.

Tout le monde sait quelque chose que moi j’ignore, pourtant, ça me concerne en premier lieu. C’est bien, elles se sentent fortes comme ça. Importantes. La gentille remplaçante est venue me prévenir, bénie soit-elle. Un poste s’est libéré en maternelle et c’est moi qui en hériterais.

Lorsque j’ai appris cela, j’ai eu la nausée. Vrai de vrai. Réaction physique qui résume tout.

JAMAIS. JAMAIS je ne reviendrai dans cette foutue école.

C’est ce que je me suis dit encore en claquant la porte de l’école à 16h30, sans même dire au revoir aux collègues - je n’en avais pas l’intention de toute façon. Je me suis demandée si j’irais au repas de fin d’année. J’y suis allée, pour les collègues de primaire. Les filles de maternelle ont tenté d’être gentilles avec moi -surprenant-, j’ai évité de leur parler et même de les regarder.

Il y avait beaucoup d’enfants, ceux des collègues, de tout âge, c’était très joyeux. Mais il a bien fallu partir. Se dire au revoir, et je n’aime pas les au-revoir qui ont un goût de définitif. Surtout lorsqu’ils concernent mes enfants - ma fille a une nouvelle fois dû dire adieu à ses copines. Le hasard a fait que j’ai franchi une dernière fois le seuil de l’école en même temps que les filles de maternelle; je me suis éloignée sans les saluer, je me suis enfoncée dans la nuit, avec mes enfants, la rage et la tristesse au ventre.

C’est fini, bel et bien fini. Je peux arrêter de pleurer alors.

7 comments:

a n g e l said...

tu as été très courageuse, et je t'admire pour ça. J'ai vécu une situation similaire bien que moins dure, et je compatis complètement.

Des bisous tiens.

Anonymous said...

Ben oui c'est fini ! Tu as survécu, tu vas le coeur léger vers d'autres horizons professionnels où certainement plus tu ne rencontreras ça... (et ce qui ne tue pas blablabla) donc youpi, bergerette déjà bardée d'expérience humaine.Il y a toujours un pincement à quitter, partir, à laisser un bout de soi malgré tout (parceque c'est toujours dur de se désengluer, même si c'est une question de survie...)
Et en avant vers de nouvelles aventures ! et pour moi aussi (tout le monde s'en fout mais j'aime partager ma joie!) , les Dieux de l'Olympe Académique ont su s'attendrir de ma lettre desespérée (j'en voulais pas de leur poste fixe à 130 km de mes plein d'enfants !) et me donnent une 2è chance au mvt des TZR le 11 juillet, youpiiii !!

Anonymous said...

Je vois à travers ton récit combien l'ambiance de l'école peut tout faire, dans un sens comme dans un autre. J'espère pour toi que la rentrée sera synonyme d'équipe sympa. Que peuvent enseigner des instits qui se comportent de la sorte, qui ne dialoguent pas, qui ne tolèrent pas ?... Tu auras peut-être encore besoin de pleurer. 10 mois de vacheries, ça ne s'efface pas en une journée.

Frankie said...

C'est vraiment fini !
Passe de bonnes vacances, tourne la page ... l'année prochaine sera belle ;-)
biz

Anonymous said...

on est en final
on est en final
on est
on est
on est en final!!!!

Yeah!!!!!!

ca fait du bien de se laisser griser pour une connerie de ballon rond non? Et en plus si ca peut servir de medoc pour repartir de plus belle!!!!

Anonymous said...

Que de souffrance...
En tant que parent, on se rend compte rapidement des mésententes dans les équipes car bien souvent quand les enseignants ne s'entendent pas entre eux, ils ont toujours un ennemi commun : les parents. Ils croient faire illusion...
Dommage que tu aies vécu celà de l'intérieur, j'imagine comme c'est affreux et à quel point on doit se sentir seule. Mais on survit et on est plus fort. Simplement, des fois on se demande si autant de souffrances sont nécessaires...
Je te souhaite de très bonne vacnaces reposantes avec tes enfants et je croise les doigts pour que tu trouves de gentils collègues à la rentrée.

LiliLajeunebergere said...

angel, merci, des bises aussi tiens!

fd, je ne m'en fous pas, au contraire! tiens moi au courant.... J'espère que tu vas obtenir un poste dans le lycée à côté de chez toi ( ceci dit après la frontière suisse y'a de bons chocolats, ça se défend)

sarah, quand l'ambiance est bonne, on soulève des montagnes! et ce qui s'est passé cette année m'a rendu très méfiante...

frankie, la page est bel et bien tournée ( ce qui n'empêche pas viking d'angsoisser tous les matins: "y'a école?" :-S)

jemetone, oui, ça fait du bien ;-) fais gaffe, ce soir c'est 20h et pas 21h ;-)

femme active, c'est vrai, les parents sont des ennemis, mais y'en avait bien d'autres, et le pire c'est que la bande de copines (une partie des collègues étaient assez soudée) ne se rendait pas compte que l'ennemi venait de l'intérieur.... Et que dire de la directrice.... sinon "au secours!!!"
Bref rien n'allait..... Sauf les enfants.... et leurs parents, avec qui je me suis toujours bien entendue!