Monday, December 18, 2006

Fragments

Tant de temps perdu en disputes…

Comment avons-nous pu si souvent nous détester en si peu d’années ? Nos maris n’y étaient pas pour rien, bornés et lâches qu’ils étaient… Mais quand même… Tout ce temps désormais irrattrapable, que nous avons perdu à nous traiter de tous les noms, entre deux retrouvailles pleines d'amitié… Si nous avions su…

Et ce temps qui a filé bêtement… Il faut qu’on se voie, qu’on aille escalader les rochers de Fontainebleau avec les enfants…Mais il y a toujours tant de choses si peu essentielles à faire… On aura toujours le temps de se voir, plus tard… Et puis finalement, c’est trop tard… Toutes ces discussions qu’on n’aura plus… Si intimes parfois… Cette complicité irrémédiablement perdue… Ces rires partagés… C'est pas possible...Reviens… Tu me manques…

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J’ai mis beaucoup de temps à regarder les photos d’avant, après ma séparation d’après le père des enfants. Et aujourd’hui encore, pour ne pas avoir à m’expliquer avec les enfants, je les regarde peu.
Sans doute parce que c’est inutile, aussi : certaines sont imprimées dans ma mémoire.
Il y en a une de toi que j’aime particulièrement, prise le lendemain de mon mariage. Je ne sais pas pourquoi, mais depuis toujours, quand je pense à toi, je visualise cette photo.
Il y en a une autre, à laquelle j’évite de penser, et qui me fait plus mal que jamais aujourd’hui.
Nous quatre, le jour de notre rencontre. C’était le jour de mes fiançailles, oui, nous avions fait les choses en grand, comme ça me paraît ridicule aujourd’hui…
Nous quatre, jeunes, beaux, forts, prêts à affronter la vie du haut de nos 20 ans à peine passés.
C’était le 3 mai 1998. Je ne le savais pas encore, mais Nana était nichée dans mon ventre depuis quelques heures à ce moment-là.
Toi, moi, et les deux frères.
Nous sourions.
Nous sommes heureux.
Qui aurait pu prédire comme tout allait basculer dans le sordide et l’horreur quelques années plus tard à peine ?
3 mai 1998… Eté 2002, lorsque tout a basculé pour moi… Novembre 2006… Je ne sais même pas quel jour tu es morte, quel jour il t’a tuée, lui, celui auprès duquel nous sourions toutes les deux ce jour-là ; insouciantes… Inconscientes…

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Ce matin, sur le chemin de l’école, j’ai visualisé le trou que tu as fait dans mon cœur. Je ne sais pas pourquoi, j’y ai mis des brindilles, comme un oiseau fait son nid pour ses oisillons. Je me suis dit qu’un jour, lorsque la rage et la déchirure se seraient atténuées, tu pourrais venir t’y nicher, et que tu y serais bien. J’ai même rajouté une couverture pour que tu n’aies pas froid.
Et soudain, là, à l’intérieur de moi, je t’ai vue, et tu m’as souri. Je sais que ce n’est que le fruit de mon imagination, mais tu m’as souri. Un sourire chaud et doux, au-delà de la souffrance et de l’horreur. Puis tu t’es enroulée dans la couverture et tu t’es endormie, là, dans le nid que je t’avais fait dans mon cœur. Alors j’ai pleuré. Ce sourire m’a apaisée quelques heures. Il y a encore trop de tempête, mais je sais qu’un jour tu reviendras et que tu resteras.

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Je me souviens de ta voix, de ta manière de parler, de ton sourire, plus grand d’un côté que de l’autre, de ton rire, de tes attitudes, de tes coups de gueule, de ton franc-parler parfois agaçant…De la chaleur que tu dégageais… De ta complicité avec ta fille, au prénom chanté par Gainsbourg… Ton humour… Tes larmes… Fini… Fini tout ça, foutu, fichu, gâché… Pour toujours…

10 comments:

Anonymous said...

Que de douleur! Et cette petite fille .... Sa mère, son père. Saleté de vie!

Anonymous said...

J'ai beaucoup aimé, et je suis sûre qu'elle aussi , la place que tu lui as faite dans ton coeur. Elle y sera bien dans ce petit nid et t'aidera à continuer ta vie avec la force qui t'a guidée jusque là, et à penser à elle avec moins de chagrin...

Anonymous said...

Petit nid douillet qui ne craint pas le froid de l'oubli.

FD-Labaroline said...

Profiter du présent à 100%, dire aux gens qu'on les aimes tant qu'on les a à portée de coeur, faire le plein de souvenirs divers...pour ensuite se els garder bien au chaud,même si ça fait du mal. Pleure, maudis Noël qui réjouie tout le monde sauf... tape du poing contre les murs... et avance. Même à petits pas. Plein de bises.

a n g e l said...

continue à mettre des mots sur ce que tu ressens

encore des bises (plein)

mon coeur se brise en pensant à ta nièce...

franz said...

Quoi dire... courage... et plein de bisous et calins à toi, ainsi qu'aux enfants

Anonymous said...

Mes pensées amicales dans ce dur moment.

Anonymous said...

Bel hommage.

Je te souhaite force et courage.
Comme le dit Angel, continue d'écrire...

Bises

Anonymous said...

Quelle horreur.
Et cette petite qui reste.
Effectivement, il faut continuer d'écrire...
Grosses bises pleines de réconfort

sborja1 said...

Comment trouver les mots? Je n'y arrive pas, alors je t'embrasse.